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Un semi en demi-teintes

(domenica)

 

J'en avais fait un objectif majeur de ma saison 2022 /2023, je visais un sub 2h30 en me disant que si j'y parvenais je prendrais le risque de tenter le marathon de Bruxelles à l'automne prochain.

 

Je m'étais entraînée le plus sérieusement possible compte tenu de mes contraintes de gagne-pain et des aléas de la vie (un décès dans ma famille, avec rapide séjour en Italie ; une opération pour quelqu'un de la famille).

OK, j'avais mis 2h56 pour faire les 20 km de Paris à Turin mais j'étais en deuil et devais composer avec la traversée de la ville jusqu'à un parc qui se prêtait à la course dans interruptions.

Je souhaitais partir à l'avance, déposer calmement mon sac à la consigne, passer aux toilettes et faire un échauffement en bonne et due forme. Pour cause de réveil relativement tardif et peu d'entrain du partenaire (lui préfère en tous lieux, tous temps et toutes occasions arriver en dernière minute en se stressant en se hâtant (ou en faisant attendre les gens s'il s'agit de choses amicales)), ce ne fut pas le cas. Mais nous avons bien eu le temps de poser mon sac posément. Puis d'attendre dans notre sas > 1h50

J'ai plutôt bien démarré, ne me faisant dépasser par les meneurs et meneuses d'allures pour 2h15 qu'entre le 3ème et le 4ème km et parvenant à les garder non loin jusque vers 5 ou 6 km.
Aux ravitos j'ai pris le temps d'un gobelet d'eau et d'un ou deux quartiers d'orange. J'ai eu aussi une pause pipi et un peu plus, de 2'30'' d'arrêt. Il a plu par deux fois, une fois en mode petit crachin l'autre en belle averse mais j'étais parfaitement équipée (1).
Discuté par deux fois avec deux vieux messieurs, je veux dire messieurs de mon âge, l'un lors du croisement avec les champions (carrément une autre planète que nous autres les lents) et l'autre lors de la drache alors que nous "ramassions les morts" (mais lui à un rythme supérieur au mien, je n'ai pas tenté de le suivre).
Nickel sauf le manque patent d'énergie et le cardio qui indique clairement, n'accélère pas (2), à partir du 15 ème kilomètre j'y suis allée au mental. Le dos vaguement douloureux mais pas pire en courant qu'en ne courant pas, c'est ainsi depuis plus ou moins notre retour d'Arras, les jambes en bon état, zéro crampes, tout bien. J'aurais pu, en ralentissant, faire 5 km de plus sans tracas.

 

 

 

Après la ligne d'arrivée, j'ai craqué, car j'avais raté mon sub 2h30 de peu et que je n'en peux plus dans les différents domaines de la vie de me cogner sans fin contre mes limites d'énergie et d'oxygénation, alors que ma carcasse et mon cerveau sont costauds.
Le Joueur de Pétanque était là qui lui a fait un excellent 2h02 par rapport à lui-même, et qui tentait de me consoler mais une femme à l'air un peu espagnol (?) et qui m'a offert des raisins dans un gobelet a joué pour moi les anges de Wim et trouvé les mots justes. Je lui ai dit merci mais j'aimerai le lui redire.

Bu un bouillon fort bienvenu, récupéré le sac qui n'était pas le dernier du camion (on a les victoires que l'on peut) et puis nous sommes allés au gymnase Paul Bert, moi enfiler des vêtements sec, Jean-François se faire masser (il s'en est sorti tout ragaillardi). On nous a offert à nouveau de l'eau Veolia.

Retour en métro mais ça n'était pas la moindre épreuve. Jean-François qui était allé "en tenue" : deux épaisseurs de tee-shirt et un simple coupe vent, était transi et malgré mon rechange je commençais à avoir des fourmis dans les doigts.

Après-midi de récupération, collation légère après la douche, regardé des résumés de cyclo-cross (aaaah MVDP ! Et Tom Pidcock pliant une roue), un vieux Maigret (et le fou de Bergerac) avec un endormissement instantané de ma part vers les 2/3. 

L'Homme s'est gentiment occupé du dîner, toujours sur l'élan du massage miraculeux et puis soirée tranquille.

Les amis du triathlon m'ont encouragée / consolée sur FB et ça n'est pas rien.
Une journée de récupération (du samedi 19 novembre, travaillé) m'attend en ce lundi et ÇA NE SERA PAS UN LUXE

 

(1) Il faisait environ 7°c  avec un vent d'environ 10 km/h SSE ; et j'avais :
un collant long 2XU avec un short léger Décathlon
un des dessous thermique à mailles de chez Verjari, le tee-shirt de la course, et le coupe vent sans manches imperméable de mon club de triathlon.
chaussures Saucony avec voute plantaire bien renforcées : perfect shoes.
ceinture pour glisser le téléphone, des gels (n'ont pas servi), les mouchoirs
petites mitaines Castelli

 

(2) pas d'emballement mais une sorte d'incontournable plafonnement. Et une connaissance de mes ressources qui fait que mon cerveau obtempère, car il sait que ne pas obéir à cette limite ressentie pourrait donner des résultats risqués.

 


Journée de veille de course

(sabato)

Dans la nuit nous avons été réveillés au même moment par chacun un mauvais rêve (le sien dû à des événements qui obligeaient à prendre des trains très loin en galérant pour tenter de donner des nouvelles à ses proches, le mien dû à des tempêtes créant des dégâts qui faisaient des victimes). Au moins nous avons pu nous réconforter.

C'est veille de course alors j'ai appliqué à la lettre la pratique sage du footing d'activation. J'aime bien parce que c'est le moment où l'on peut faire semblant de croire que l'on est bons. 
La bizarrerie du moment fut que nous comptions faire nos 30 minutes dans le parc moyen en face de chez nous et qu'il a ouvert avec 1 heure de retard. Alors on a fait des tours du pâté de maisons qui entourent le parc et quand même un tour de parc pour le plaisir pour finir.

Je voulais aller rejoindre une amie invitée par une libraire de ma ville, mais voilà que, rançon du succès, il était impossible d'entrer sans pousser du monde. J'étais heureuse pour elles, mais suis repartie - d'autant plus que juste avant moi entrait un jeune père avec un bébé dans les bras, je n'allais quand même pas le tasser pour m'infiltrer -.
Entre heure qui filait et bricoles de type "choses à faire" à caser le samedi par nécessité, je n'ai finalement pas pu repasser.

À défaut de nous voir en vrai nous nous sommes échangées des nouvelles par courriel. 
La combinaison (pandémie,travail à temps plein) est redoutable pour nous éloigner des personnes que l'on apprécie et avec lesquelles on aime partager du temps. Il y a tant d'ami·e·s que je n'ai pas revu·e·s depuis début 2020, voire fin 2019 car l'emploi que j'avais tenu en maison de la presse m'avait littéralement engloutie pendant deux mois. Ça me peine, ces éloignements.

Je suis enfin parvenue à voir en entier le documentaire d'Arte sur ce crash d'un avion venant de Berlin le 20 avril 1945. Il y a un travail sur l'esthétique du document qui m'impressionne. Quelque chose m'a gênée dans leur façon de ne pas laisser comprendre où ils voulaient en venir, peut-être à trop vouloir rester neutres en juxtaposant sans les relier des témoignages parfois absolument contradictoires ; le début donne l'impression d'une sorte d'enquête prête à être menée (qui étaient les personnes dans l'avion) puis on suit le fils d'un (du ?) survivant mais on passe à autre chose au moment précis où l'on pense que ça va déboucher sur une découverte, une explication. Ensuite on part vers ce qui s'était passé au village en ces jours décisifs de la guerre finissante et l'avion et son histoire passent au second plan. Je serais curieuse d'en savoir davantage sur la genèse de ce projet et un éventuel arrière-fond discutable (ou alors peut-être que plusieurs personnes n'étaient pas d'accord sur ce qu'elles souhaitaient produire, ou l'intention première a été détournée, ou à un moment trop vite il a fallu boucler ; bref, quelque chose m'a semblé ne pas tout à fait coller). Il n'en demeure pas moins que c'est intéressant et mystérieux à souhait, que la bande son est formidablement en phase avec son sujet.

J'ai profondément dormi, ce qui est souhaitable en veille de course importante.

Le Joueur de Pétanque était à la pétanque, mais il est rentré tôt et a fait les courses. Le Fiston nous a envoyé des photos.
En raison du premier qui a tenu à regarder la fin du match de l'équipe de France je n'ai pas pu échapper au but de Mbappé face au Danemark. 
Comme le Joueur de Pétanque a dit, Mbappé il est parti pour faire comme Maradona, nous avons eu une conversation pas inintéressante. J'étais en effet à partir de cette seule phrase dite d'un ton plutôt neutre, incapable de comprendre le sens de son propos. Comme Maradona pour ce qui était de son génie du jeu ? Comme Maradona pour ce qui était de son destin tragique ? De sa déchéance prématurée ? De ses addictions ?
Il s'est avéré qu'il voulait dire Comme Maradona devenir une légende. J'espère qu'au jeune français sera épargné le chaos.

À l'heure où j'écris je suis entrée dans la phase, je peux faire différentes bricoles, et lire des trucs et regarder des documentaires (je suis en cours d'une Beatlesserie), au fond de moi, je pense à ma course et je rassemble d'ores et déjà mes forces pour bien faire. En cela les compétitions sportives (ou donner des concerts quand on est musicien·nes) sont une bonne, une excellente façon de se reposer des tracas de la vie.


Comment on apprend (les mauvaises nouvelles)


    Il y aurait quelque chose à écrire (mais je ne vais pas en avoir le temps) sur la façon dont les mauvaises nouvelles nous parviennent. 
Elles disent beaucoup des façons de vivre et de l'air du temps.

Je me souviens d'avoir appris la mort de George Harrison par une Une du Monde affichée en début d'après-midi en chevalet devant un marchand de journaux, alors qu'à La Défense où je travaillais alors, je retournais bosser après la pause déjeuner. Je m'étais précisément dit : C'est sans doute une des dernières fois où j'apprendrais de cette façon là le décès de quelqu'un de connu dont la disparition m'émeut.

L'an passé j'ai appris la mort par un blog ami de quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi et c'était particulièrement triste - mais un peu moins que de l'avoir appris par des médias généraux -. 

Pendant un paquet d'années, concernant les personnes que je connaissais mais dont je n'étais pas suffisamment proche pour être avertie par personnellement, Twitter aura été la source d'information principale.
À présent, Instagram a pris le relais.

C'est donc sur Instagram que j'ai appris la mort de Christian Bobin, d'abord par des citations inhabituellement nombreuses puis par un hommage et la confirmation est venue par France Culture
Son travail était délicat et ténu, à une époque j'aimais beaucoup puis j'avais décroché car j'avais besoin pour ma vie de lire des choses qui donnaient de l'énergie. J'éprouve à cette annonce une tristesse qui l'est aussi, pas violente mais qui, je le sais, persistera. Une petite musique qui désormais ne sera plus là, ou du moins ne se renouvellera pas.


Test qui confirme ce que je craignais (les colis)


D'ordinaire en tant qu'ancienne libraire d'encore il n'y a pas si longtemps, je fuis l'usage du géant de la commande en ligne devenu quasi-monopolistique pour certaines choses (mais pas les livres, pas en France, pas pour l'instant).
Je connais le circuit de distribution professionnel en ce pays et sais attendre mes commandes de livres patiemment.

Seulement voilà, Le Fiston, ô miracle, se met à la lecture. Comme il voyage un peu, du moins ces temps derniers, le voilà avec des requêtes d'ouvrages jointes à des délais - il a cherché lundi un livre précis pour ce vendredi qu'il souhaitait emporter lors d'un trajet -. Comme l'ouvrage me disait bien pour découvrir moi aussi, qu'il existait en poche et qu'il était de ceux semi classiques dans leur genre qui ne sont ni introuvables ni disponibles partout, j'ai décidé d'en profiter pour faire un test.

J'ai écarté (pardon les amies) l'achat en librairie : si je le leur commandais lundi soir, la commande aurait lieu mardi matin, l'ouvrage arriverait jeudi ou vendredi et ça aurait pu être jouable sauf qu'en raison de mon emploi je n'allais pas disposer du temps matériel de passer à la boutique lors de leurs heures d'ouverture. Je n'ai pas un job où l'on peut se dire, je pars plus tôt un jour, je rattraperai après, ou bien j'arrive plus tard un matin. On peut bien sûr en obtenir l'autorisation, nos responsables sont compréhensifs mais il faut quémander, justifier, et que le motif soit jugé digne de faveur accordée.

Alors j'ai passé trois commandes : une chez le grand machin honnis, une chez un moyen gros machin mais parisien avec ses entrepôts en banlieue et la dernière d'occasion.
Force est de constater que le grand machin en terme de délais l'a emporté haut la main malgré ma non disponibilité à la réception et ensuite la non disponibilité du voisin au même moment que moi (lequel voisin avait gentiment récupéré le petit colis). J + 2 en pratique (qui aurait fait du J + 1 si j'avais été en télétravail par exemple). Le moyen gros machin m'a servie en J + 4 (via un Colissimo, expédié à J + 2) et à l'heure où j'écris je n'ai pas reçu l'exemplaire d'occasion.

C'est un peu triste, j'ai ce sentiment qu'on ne peut pas lutter et que plus nos emplois sont lourds et nos contraintes précises, plus on participe qu'on le veuille ou non, au quasi-monopole déjà présent.
Il est clair que le fait que la poste ne soit plus un service public dont on pouvait vanter l'excellence (avant que les restrictions de budget et les obligations de profitabilité de s'en mêlent, ainsi que la fin de métiers avec une tradition de conscience professionnelle) y contribue.
Il est à noter que les systèmes de relais colis, s'ils sont économiques, ne sont pas nécessairement les plus efficaces et à moins de pick-up stations accessibles à larges horaires, présentent les mêmes contraintes qu'aller commander en boutique. Ça manque un peu de relais colis où l'on aurait plaisir à aller, il y a peut-être un créneau à prendre, le relais colis chic avec accueil aux petits oignons et colis qui donnent l'impression d'avoir été choyés et non balancés, entassés, jetés.