Comment on apprend (les mauvaises nouvelles)
26 novembre 2022
Il y aurait quelque chose à écrire (mais je ne vais pas en avoir le temps) sur la façon dont les mauvaises nouvelles nous parviennent.
Elles disent beaucoup des façons de vivre et de l'air du temps.
Je me souviens d'avoir appris la mort de George Harrison par une Une du Monde affichée en début d'après-midi en chevalet devant un marchand de journaux, alors qu'à La Défense où je travaillais alors, je retournais bosser après la pause déjeuner. Je m'étais précisément dit : C'est sans doute une des dernières fois où j'apprendrais de cette façon là le décès de quelqu'un de connu dont la disparition m'émeut.
L'an passé j'ai appris la mort par un blog ami de quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi et c'était particulièrement triste - mais un peu moins que de l'avoir appris par des médias généraux -.
Pendant un paquet d'années, concernant les personnes que je connaissais mais dont je n'étais pas suffisamment proche pour être avertie par personnellement, Twitter aura été la source d'information principale.
À présent, Instagram a pris le relais.
C'est donc sur Instagram que j'ai appris la mort de Christian Bobin, d'abord par des citations inhabituellement nombreuses puis par un hommage et la confirmation est venue par France Culture.
Son travail était délicat et ténu, à une époque j'aimais beaucoup puis j'avais décroché car j'avais besoin pour ma vie de lire des choses qui donnaient de l'énergie. J'éprouve à cette annonce une tristesse qui l'est aussi, pas violente mais qui, je le sais, persistera. Une petite musique qui désormais ne sera plus là, ou du moins ne se renouvellera pas.