Un arc en ciel
11 mars 2022
Une journée avec un arc-en-ciel ne saurait être une journée perdue.
Pourtant celle-ci n'a pas été glorieuse.
Les nouvelles de la guerre sont de pire en pire, les puissances qui pourraient aider souhaitant éviter l'escalade d'un conflit ouvert jouent la montre en agissant sur le volet financier (mais pas à 100 % car le gaz russe est devenu indispensable un peu partout) seulement en attendant que ce type de sanction fassent de l'effet, sur le terrain ça bombarde et ça tire et le froid et la faim et les maladies ne vont pas tarder à faire davantage de victimes que les affrontements eux-mêmes. Je les cueille en rentrant, après le dîner, vers 21:30, mais elles ne présentent pas de surprises.
On va assouplir les mesures pour tenter de freiner la pandémie mais hélas elle ne ralentit pas tant que ça (euphémisme).
Au boulot, je bosse a grandes goulées, et parfois sur quelques rares sujets qui me semblent me dépasser. Comme je ne suis pas en forme, car particulièrement fatiguée, ça me rappelle (de très loin) l'"Usine" jadis où l'on se retrouvait parfois désignés pour être le nom à invoquer sur un dossier au sujet duquel nous n'avions pas les clefs. Nous n'avions pas les moyens de donner satisfaction aux clients. Et quand nous transmettions leur inévitable mécontentement, nous prenions les reproches de nos hiérarchies en retour. Souvent derrière ces organisations bancales, des enjeux de pouvoir ou des conflits antérieurs qu'en étant au niveau grouillot de base nous ne connaissions guère.
À l'"Usine" c'était aussi une manière comme une autre d'éviter de verser aux gens le salaire mérité : on collait à chacun quelques dossiers sans issues et il était facile ensuite sur un bilan annuel de leur reprocher de n'avoir pas été excellents. Souvenirs d'un vieux temps, qui n'était pas de ceux qui font dire aux vieillissants que "C'était mieux avant".
Nous avons tous été tellement occupés qu'il a donc plu sans que nous n'en sachions rien, c'est l'arc en ciel et l'état de la chaussée, plus tard, qui nous l'aura fait constater.
J'essuie également quelques tracas bancaires avec conseillère injoignable - ça n'est pas faute d'avoir tenté ma chance à mes rares pause -. Dès 16:15 "Votre agence est fermée."
Soucis de personne qui dispose d'un emploi rémunéré et a la chance de vivre encore pour l'instant dans des lieux où la guerre ne menace pas directement. Je n'ai donc pas à me plaindre. D'autant plus que la bonne ambiance entre collègues (en toute fin de journée quand les sollicitations se sont espacées) et certains clients adorables sont sources de réconfort.
L'heure tardive de départ du bureau me fait renoncer à un retour Vélib puisque je dois travailler à nouveau le lendemain (1), et même la ligne 14 m'exaspère avec comme depuis quelques temps des messages inutiles qui nous prennent pour des cons.
Quand je dis inutile c'est sans exagération, ainsi ce soir à 19:30
"La ligne 14 vous souhaite une bonne journée. Et n'oubliez pas de garder le sourire"
Il ne manque plus que "The flavor of the day is strawberry" et le tableau serait complet.
Pour compléter l'ambiance, un message, fonctionnel celui-là était donné Porte de Clichy sur "un incident à la sortie cimetière des Batignolles" qui avait nécessité sa fermeture, et enfin en arrivant dans mon quartier une rue fermée à la circulation car garnie à peine plus loin par deux véhicules de pompiers et un du SAMU,
et le moment vient vite où l'on se dit qu'il conviendrait de se coucher de bonne heure avant que les choses ne s'obscurcissent encore d'un ton.
Demain ne sera pas nécessairement meilleur, mais peut-être un tantinet moins fastidieux.
PS : Terminé la lecture de "L'Abolition des privilèges" de Bertrand Guillot (Les Avrils) découvert grâce à l'amie et libraire Erika. Je me passerai bien de la sur-couche narrative mais sais en apprécier les mérites pour rendre prenante la relation des moments historiques, leurs tenants et aboutissants et certaines subtilités. Il m'a donné envie de lire d'autres ouvrages du même auteur.
(1) Et donc ne pas rentrer trop tard pour ne pas me coucher trop tard pour tenir le coup le lendemain.