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Filer un mauvais coton

(lunedi)

Converser avec Simone me fait pousser mon raisonnement jusqu'au bout, concernant monsieur Poutine, et j'en ressors plus flippée qu'en arrivant. J'ai trouvé moyen de me pousser à la panique.

Pour autant, les nouvelles du monde que je cueille en rentrant, après la longue journée de travail et en vélibant près de l'Élysée en me demandant si ça ne serait pas la dernière fois avant longtemps, et en me disant, Tout est calme, bon, sont plutôt moins paniquante que la veille. Il y a des négo et Biden conserve calme et sang froid. Je leur fais grande confiance pour que ça ne dégénère pas totalement mais n'ai pas oublié la propension des Américains à ne pas hésiter à faire table rase, ou laisser faire table rase et Paris serait une des premières cibles si ça venait à dégénérer.

Après, je ne vois ni quand nous pourrions partir - il faut bien aller bosser tant que le boulot y est -, ni où (la Normandie étant aussi une cible puissance 10 avec tout son arsenal nucléaire). Je me vois mal aller voir le boss pour lui dire : je vais prendre un petit congé sans solde pour quitter Paris avant qu'elle ne soit bombardée.

Pour la première fois, un thread de la com' présidentielle, même si c'est fishing for compliments, me donne l'impression que notre délégué fait du bon boulot. Il n'est pas bon ou fort mal conseillé en politique intérieur mais vis-à-vis de la politique internationale il aura toujours "fait le job". Et là, il s'y emploie. Personnellement je doute fort du résultat, mais c'est pas si mal tenté.

Entre cette pensée, celle de "bien joué" lorsqu'Elon Musk à "offert" les services de Starlink à l'Ukraine et d'avoir passé une commande sur truczone et pensé ce week-end du bien de leur efficacité, je file un fors mauvais coton.

Vu la situation générale, c'est hélas raccord.


PS : Une personne que je connais de l'internet a eu dans sa famille élargie un décès dû au Covid_19 et il y a eu des cas dont un totalement asymptomatique, dans la famille de mon boss (lequel n'est pas parti en vacances mais a dû se contenter de rester chez lui pendant ses congés). La pandémie est très très loin d'être finie.

PS' : Soudain je me suis rappelée de Brice Fleutiaux (dont j'ai toujours eu l'impression irrationnelle et folle qu'il était mort d'avoir serré la main au président russe, lequel n'était pourtant pas pour rien dans sa libération)

 


Back to the no-future

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Plus tard (s'il existe) je me souviendrai que je l'ai appris comme ça, au retour d'un sunday morning run ensoleillé, au moment où, prenant aussi mon café après un bref déjeuner, je me reconnectais. L'amie @Celinextenso venait depuis 33 s de publier ce touite.

Le retour au pire de nos enfances, pour les personnes de ma génération, et même si c'est pour négocier, ça fait copieusement flipper.

Keep calm, mais pas résignée.

En attendant pire, c'est impressionnant de combien la pandémie semble désormais sinon inexistante du moins oubliée. Dans un angle mort.

 

PS : éléments de réponse sur la question des langues, l'alphabet non plus n'est pas vraiment le même.

500 phrases en ukrainien
500 phrases en russe

Lire la suite "Back to the no-future " »


 

"Chère lectrice, cher lecteur,

Je vous écris ces lignes vendredi soir, sans savoir si les chars russes seront – ou pas – sous mes fenêtres à l’heure où ce message vous parviendra ce samedi matin. Ces blindés ont été le sujet de toutes les discussions hier. J’ai parcouru Kiev en tous sens, sans les voir. Ambiance irréelle, alors que les forces russes semblaient être en train d’encercler la ville. Ici, de jeunes soldats se préparaient à leur baptême du feu, fusil pointé sur le vide et doigt sur la gâchette. Là, des volontaires de la protection civile bavardaient sans savoir d’où viendrait le danger, ni quand. Situation bien plus tendue sur la route menant à l’aéroport militaire de Gostomel, théâtre de combats acharnés depuis deux jours.

Le siège en règle sera-t-il pour aujourd’hui? En attendant, les rumeurs, notamment sur ces fameux tanks russes qui auraient toujours été aperçus dans la rue d’après, minent le moral des habitants bien davantage que les explosions sporadiques. Sans entamer la volonté de résister. «La Russie est née en Ukraine, elle pourrait bien y succomber», m’a dit un badaud à la station de métro Minska.

Bonne lecture,

 – Boris Mabillard, à Kiev"
 
Je reçois ce matin ces mots via l'infolettre du journal Le Temps, j'espère que partager est autorisé. Ils me rappellent de lointains souvenirs : au Burkina Faso en 1987 après le coup d'État au cours duquel avait été assassiné Thomas Sankara il était question d'une partie de l'armée qui lui était restée fidèle marche sur Ouagadougou en venant de Ouahigouya où elle était basée. Rien à voir avec la puissance de feu d'une armée russe, je ne veux pas comparer plus que ça d'autant plus qu'il n'était pas question de bombardements, seulement l'attente angoissée décrite est la même, et ces mots écrits de Kiev m'ont remis en mémoire ce qu'on peut éprouver dans ces moments-là.

Je me sens solidaire des personnes qui subissent la guerre, ne la désirent, ni ne la souhaitent, admire celles et ceux qui résistent là où elle leur est imposée et celles et ceux qui appellent à la paix là où leurs dirigeants se lancent dans un concours de C'est moi le plus puissant et je veux des morts en mon nom.

Non seulement je me sens impuissante - je ne dispose ni de pouvoir ni de temps ni d'argent (1), seulement d'un droit de vote local qui en l'occurrence ne changera rien et ne pourra peut-être pas même être exercé du fait même de la situation -, mais ne sais que penser, être Européen et vouloir la paix, c'est dans l'immédiat laisser tomber un pays de notre entité géographique qui se fait attaquer, accepter la guerre c'est aller vers l'escalade de l'horreur et foncer vers du pire. Les peuples sont toujours perdants.

En attendant la suite de cet enchaînement négatif, qui semble voulu par un seul homme, nous sommes tenus de continuer nos vies, aller au travail, tenir la maison, maintenir notre condition physique, poursuivre nos petits projets tant qu'ils ne sont pas directement remis en cause. Étrangeté des transitions. 
Il faut être assez aisés pour pouvoir se permettre de se décentrer d'un gagne-pain ou de sa recherche, lorsque surviennent des événements majeurs. Mais ça n'empêche pas de penser aux gens, les comme nous de sur place.

 
(1) Fors petits dons d'entraide, ponctuellement


Apophénie


    C'est la guerre et ne pouvant rien faire, je continue à apprendre des mots nouveaux, dès que j'en ai l'occasion.

Voici donc apophénie, que j'avais peut-être déjà croisé mais oublié, et (re)découvert grâce à Fanny Chiarello.

une apophénie est une altération de la perception qui conduit un individu à attribuer un sens particulier à des événements banals en établissant des rapports non motivés entre les choses. Tout lui paraît avoir été préparé pour lui ne serait-ce que pour tester s'il remarque ces bizarreries. (d'après article wikipédia)

Une autre définition ici. Percevoir des structures ou des relations dans des données purement aléatoires ou sans signification. Le terme a été formé en 1958 par Klaus Conrad, qui l'a défini comme " voir des rapports non motivés " ainsi qu'une " perception anormale de significations ". 

J'en profite pour redéposer ce lien vers quelques figures de styles (mots que je connais puis oublie, puis retrouve assez régulièrement). Et celui-ci vers la paronomase que j'avais oubliée mais que Samovar m'a remise en tête.


Un avant-goût de black out

(venerdi)

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Bossé du matin au soir sans réelle pause, et mes collègues étaient peu ou prou sur le même rythme.
Pas forcément une conséquence du conflit ou alors ça serait qu'ayant moins de clients en boutique les libraires en ont profité pour tenter de régler leurs problèmes informatiques tous en même temps. 
Pour cause de congés scolaires (le Covid ayant sévi semble nous laisser enfin) nous sommes un peu moins. Comme dans beaucoup d'entreprise la période de pandémie a été défavorable aux vacances et nous sommes nombreux à avoir beaucoup de jours à récupérer.

Grosse journée, donc.

Alors lorsqu'en passant près de la Tour Eiffel je l'ai vue presque éteinte j'ai eu de l'inquiétude. 

En fait elle s'apprêtait à revêtir les couleurs de l'Ukraine. Mais je ne l'ai su qu'après.

Je passe la soirée à rattraper mon retard d'informations, admirant les prises de paroles du président de l'Ukraine Zelensky , de Sergio Mattarella, aussi. Ainsi que bien des anonymes présents dans des manifestations, des Russes qui ne se sentent aucune velléité belliqueuse envers leurs voisins, des Ukrainiens en pleurs pensant à leurs proches au pays, des Italiens (je regarde toujours les infos de Rai News 24), des personnes qui disent des choses bien plus censées que d'aucuns politiciens.

Le pape m'a fait rire avec une blague pourrie (1). 
Et aussi un politicien français qui a tenté d'invoquer l'état des pneus de sa voiture en preuve de la non fictivité d'un emploi qu'il occupa longtemps sans y servir à rien (de décelable).
On parvient encore à rire.

En revanche le ministre de l'éducation nationale qui dans une bouffée d'indécence se réjouit publique de la finale de coupe d'Europe de football qui va se jouer au Stade de France au lieu d'en Ukraine m'a seulement emplie d'affliction. C'est tant la honte que le mauvais esprit n'est même plus possible.

À l'heure (très tard, passé minuit, car j'ai couru après mon retour, puis dîné et me suis occupée du linge (pendant les débuts de guerres les tâches quotidiennes ne sont pas abolies)) où j'écris, Kiev se fait bombarder et des images circulent de civils réfugiés dans les couloirs de leur métro. Je pense fort à elles et eux. Immense sentiment d'impuissance persistant.


(1) de l'autodérision sur son genou malade

 


jeudi 24 février 2022 : début d'une guerre


    Ce n'est pas la première que les gens de ma zone géographique et de mon âge ont connue. 
Depuis la deuxième guerre mondiale, elles se logeaient généralement sur d'autres continents, les grandes puissances se gardant bien d'entre-attaquer chez elles leurs propres populations, dont le travail au calme (relatif, mais néanmoins) fournissait les financements.
Elles sont aussi survenues plus proches mais localisées, conflits nés de la fin du bloc monolithique de l'Est et ce fut Sarajevo (par exemple), mais circonscrits aux régions mêmes.

Cette fois-ci, c'est différent.

Je crains très fort qu'en Europe de l'Ouest nous ne soyons concernés sous peu très directement et pas seulement par conséquences d'augmentations des prix de denrées et approvisionnements et coûts de fabrication (le blé, le gaz et les engrais).

(et la pandémie n'est pas finie)


Sérénité saturée

(mercoledi)

J'ai été saisie par une sorte de double saturation, de travail (salarié) et d'informations (la situation en Ukraine disent les médias mainstream, singeant le mot anglais emprunté au français, mais dans l'acception anglo-saxonne). Alors j'ai fini la journée dans une absolue sérénité puisque d'être certaine malgré tous les efforts que je pourrais faire de ne pouvoir assumer la charge de travail qui se présentait, et d'être lucide sur mon absolue impuissance quant aux velléités guerrières des grands de ce monde, m'a ôté toute pression. 

N'y pouvant rien, me restait pour seule option de conserver mon calme et tant que possible ma santé.

Capture d’écran 2022-02-23 à 21.48.11   Alors je suis rentrée à Vélib au gré d'une belle balade dans Paris, des rues inhabituelles, un bout de Champs (Élysées), un moment de récréation utile puisqu'au bout du compte j'étais chez moi.

En vitesse, constate mon Fiston, auquel je relatais ma séance de la veille, petits sprints en côtes, je vaux 1/30 ème d'Ingebrigtsen (Jakob). Ce fut mon sourire dans un jour si sérieux.

 

La pandémie se calme même si dans ma TL (mais plus tellement dans ma vie) je vois passer de nouveaux cas. Des enfants, en particuliers, tombent malades et certains violemment. En revanche des profs constatent, stupéfaits, qu'iels se retrouvent à nouveau avec des classes en entiers.

Je lis grâce à Erika un bon roman historique sur la nuit du 4 août. Un tantinet trop bien troussé, et benoîtement lyrique mais c'est rafraîchissant. 


This escalated quickly

(martedi)

On ne saurait mieux dire. Je ne vois pas comment échapper à la guerre qui gronde. 
Sentiment d'impuissance absolue, en tant que citoyenne de base. Tout le monde a à perdre dans cette affaire fors mercenaires et marchands d'armes.

Je pense à l'ISIS et à Thomas Pesquet.

On a traversé Station Eleven et La constellation du chien, nous voici peut-être au bord du moment qui rendra Enig Marcheur plus récit que fiction.

Après une journée de travail de toute intensité, je parviens à caler une séance d'entraînement de CAP avec de petits sprints lors desquels je m'applique à aller aussi vite que Jakob Ingebrigtsen sur 1500 m. L'écart est impressionnant. 


I know there's something going on

(lunedi)

La journée de travail était intense avec des moments de travail collectifs, et il n'y avait pas un seul instant pour voir autre chose. 
J'ai choisi de rentrer à Vélib (électrique, j'étais très fatiguée) et comme je traverse tout Paris du sud au nord, sans avoir consulté la moindre info j'ai su qu'un cran de plus vers l'escalade guerrière entre Russie et Occident partant du conflit en Ukraine.

Des gens chics et hâtifs traversant n'importe comment vers le VIII ème arrondissement dont une dame qui a quasiment sauté sous mes roues, hors de tout passage piéton, supposant sans doute qu'elle était reconnaissable et que j'allais m'arrêter (j'ai calmement esquivé, il était de toutes façons trop tard pour que je freine). De groupes de piétons voisinés lors de feux rouges, j'ai entendu des mots "Russie" et une femme au téléphone vers le parc Monceau semblait donner des ordres brefs et précis desquels les mots "passeports" "Russes" étaient distinguables.

Rue de Messines devant l'ambassade d'Equateur, une double file de taxi. Alors bien sûr peut-être qu'il y avait un événement particulier ce soir, rien à voir. Seulement une sorte de nervosité générale était palpable.

20220221_223544    Lire en rentrant que Vladimir Poutine venait de reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes de l'Est de l'Ukraine ne m'a donc surprise en rien.  D'autant plus que je m'attendais à ce qu'il attende précisément la fin de la trêve olympique pour avancer d'un cran.

Il n'en demeure pas moins que je continue à ne pas comprendre : 
Pourquoi maintenant ?
à plus d'un titre ;

côté russe pourquoi avoir débuté une nouvelle offensive de prétextes belliqueux pile en cette fin d'hiver (la fin d'hiver, OK mais pourquoi cette année ?) ;

côté américain pourquoi avoir décidé de réagir à présent alors qu'il y avait déjà eu la Crimée et la guerre dans le Donbass sans que ça émeuve grand monde à part les cinéphiles voyant effarés et légèrement perplexes les films Ukrainiens décrivant une vie en temps de guerre.

N'auraient-ils pas pu attendre la fin réelle de la pandémie ?
Craignaient-ils à ce point l'ennui ?

Il me manque d'un côté comme de l'autre des éléments de compréhension, qui sont peut-être simplement des informations qui auront été communiquées au grand public en des jours où je suis tombée de sommeil en rentrant du boulot qui avait englouti ma journée.

 

À Codogno ils datent d'il y a exactement deux ans (le 21/02/2020 ore 17:00) le moment où la réanimatrice Annalisa Malara a envoyé d'urgence le patient Mattia Maestri (1) à l'hôpital à Pavie pour analyses plus poussées malgré qu'il ne revenait pas de Chine et n'avait a priori eu aucun contact avec des personnes qui en revenaient, du moins à ce qu'il en savait.

Il y a déjà une série télé sur les premiers soignants, sur Codogno, sur leur héroïsme. À ce moment-là, beaucoup de soignantes et soignants ont payé de leurs vies d'avoir pris soins de ces malades porteurs d'un virus mortel dont alors aucun vaccin ne pouvait protéger.

 

(1) ou alors le moment où il a été déclaré Covid +, grâce à son initiative à elle de le faire tester malgré tout.

PS : Les beaucoup plus de 20 ans auront reconnu ce titre de Frida, qui n'a rien à voir avec la situation internationale mais voilà, en passant devant les files de taxis et en raison des deux phrases clefs 

I know there's something going on
I know it won't be long

a déclenché le #JukeBoxFou de dedans ma tête. 


S'entraîner malgré tout

(sabato e domenica)

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Pas facile quand on n'a pas vraiment de week-end de pouvoir s'entraîner les deux jours.

D'autant plus que ma séance du jeudi soir avait été reportée pour cause de soirée à l'Attrape-Cœurs. 

Alors j'ai trouvé comme solution de rentrer du bureau samedi soir en courant, par un trajet qui voisinait les 20 km (1) en passant par l'ouest parisien.

Et de reporter la séance brève d'endurance fondamentale au dimanche. Ce qui n'était pas idéal mais la seule façon de la caser dans la semaine. 

Au bout du compte un seul jour libre mais au moins 25 km de courus sur l'ensemble du week-end, à un rythme pour moi décent (2).
Et l'impression en courant presque un semi marathon après une journée de 7h30 de travail - même s'il n'est pas physique il requiert concentration et tension -, d'avoir réalisé à mon échelle un exploit.

 

 

(1) Je me prépare à des trails d'environ 25 km
(2) Pour les coureuses et coureurs normaux, ce serait un rythme très lent.