Je découvre Le Triomphe
26 novembre 2021
(giovedi)
Journée essentiellement consacrée au travail. La défection pour cause de problèmes de logistique et d'emplois (à créer, à pourvoir) chez un distributeur de la chaîne du livre qui a énormément grossi ces derniers temps et s'est pris la manga-mania déclenchée par les Pass Culture, est en train de créer une onde de choc impressionnante dans toute la chaîne du livre. Et du type de poste que j'occupe, petit maillon bien en aval, je subis les appels de nos clients - heureusement certains sont conscients que nous n'y sommes pour rien - et tente, sans doute maladroitement (je ne dispose à ce stade de la crise d'aucune infos qu'ils n'aient) de les rassurer (1).
Je termine épuisée, et file courir pour marquer une coupure et tenter de profiter de ma soirée.
Un article du Monde, à la dernière phrase que l'on croirait ajoutée par un vieux type aigri - très décalée par rapport à l'ensemble qui donne l'impression d'avoir été écrit par une journaliste qui a tout bien saisi -, témoigne du mouvement de fond de créations de librairies. Il se pourrait que j'aie encore du boulot pour un bout de temps.
Grâce à Dr Caso je découvre "Le triomphe de l'anarchie", chanson de 1901, paroles de Charles d'Avray et musique de Marc Ogeret
Certaines paroles sont très datées, et touchantes de combien certaines générations d'antan croyaient aux beaux lendemains, mais d'autres qu'on croirait de maintenant notamment :
Sans préjugés, suis les lois de nature,
Et ne produis que par nécessité,
Travail facile ou besogne très dure
N'ont de valeur qu'en leur utilité.
La stupéfaction du jour : quelqu'un (que je remercie s'il passe jusqu'ici) m'a laissé un commentaire encouragement dans lequel il indique au passage avoir un an de moins que la publication du billet commenté. Si on m'avait dit qu'un jour ce blog serait l'aîné de ses lectrices et lecteurs, jamais je ne l'aurais cru. Et en tout cas jamais imaginé au moment où je me lançais dans cette aventure.
(1) Je peux sans mentir leur dire que l'entreprise pour laquelle je travaille fait de son mieux pour tenter de limiter les désagréments que les libraires subissent. Il n'en demeure pas moins que l'entreprise distributrice défaillante ayant du jour au lendemain annoncé en substance "dans tel et tel cas nous ne fourniront pas" au bord du rush de Noël, dans le fond ça tient du Ne vous inquiétez pas, vous ne pouvez pas faire grand chose et ça va mal se passer ... mais pour tout le monde. Wait and see.
S'ajoute à cette délicieuse panade, la pénurie de papier qui a mis un arrêt à certaines réimpressions et en limite d'autres.
Je recopie les paroles de la chanson ici, afin qu'elles ne se perdent. Au soir où j'écris ce billet, la source en est ici.
Tu veux bâtir des cités idéales,
Détruis d'abord les monstruosités,
Gouvernement, casernes, cathédrales
Qui sont pour nous autant d'absurdités.
Dès aujourd'hui vivons le communisme,
Ne nous groupons que par affinités,
Notre bonheur naîtra de l'altruisme,
Que nos désirs soient des réalités!
REFRAIN:
Debout, debout, compagnons de misère,
L'heure est venue, il faut nous révolter.
Que le sang coule et rougisse la terre,
Mais que ce soit pour notre liberté.
C'est reculer que d'être stationnaire,
On le devient de trop philosopher.
Debout, debout, vieux révolutionnaires,
Et l'anarchie enfin va triompher!
Et l'anarchie enfin va triompher!
Empares-toi maintenant de l'usine,
Du Capital, ne sois plus serviteur,
Reprends l'outil et reprends la machine,
Tout est à tous, rien n'est à l'exploiteur.
Sans préjugés, suis les lois de nature,
Et ne produis que par nécessité,
Travail facile ou besogne très dure
N'ont de valeur qu'en leur utilité.
REFRAIN
On rêve amour au-delà des frontières,
On rêve amour aussi de ton côté,
On rêve amour dans les nations entières,
L'erreur fait place à la réalité.
Oui, la Patrie est une baliverne,
Un sentiment doublé de lâcheté,
Ne deviens pas de la viande à caserne,
Jeune conscrit, mieux te vaut déserter.
REFRAIN
Quand ta pensée invoque ta confiance,
Avec la science il faut te concilier,
C'est le savoir qui forge la conscience,
L'être ignorant est un irrégulier.
Si l'énergie indique un caractère,
La discussion envie la qualité,
Entends, réponds, mais ne soit pas sectaire,
Ton avenir est dans la vérité.
REFRAIN
Place pour tous au banquet de la vie,
Notre appétit seul peut se limiter,
Que pour chacun la table soit servie,
Le ventre plein, l'Homme peut discuter.
Que la nitro comme la dynamite
Soient là pendant qu'on discute raison,
S'il est besoin, renversons la marmite,
Mais de nos maux, hâtons la guérison.
REFRAIN