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Ces minutes qui ne t'appartiennent pas

 

    C'est un billet du blog "Journal d'usine chronique ouvrière" qui m'y a fait penser. Il y est question de journées durant lesquelles l'heure de fin de travail n'est pas tout à fait pré-déterminée. 

J'avais eu un peu la même chose dans un emploi que j'avais occupé. C'était dans une petite structure et une partie du commerce nécessitait des précautions particulières de sécurité. La sortie de toute l'équipe s'effectuait par une porte donnant sur une cour, laquelle était soigneusement fermée. Généralement le rideau de fer côté boutique était fermé à l'heure ou peu s'en fallait, un rituel d'extinction des lumières dissuadait les derniers clients de réellement s'attarder. 

Seulement ensuite les personnes qui avaient tenu les caisses devaient les vérifier, il y avait toujours des ouvrage à finir de remettre en place, bref, du boulot résiduel. 

Et même si l'on était raccord du sien, comme la sortie était close tant que le patron ne l'ouvrait pas, il fallait patienter. Quitte à rater son train si on utilisait les transports en commun. 

Ce qui faisait qu'au bout du compte et de façon bien plus systématique que dans une librairie où l'on peut faire comprendre aux ultimes clients que nous avons notre vie qui nous attend, nous terminions dix à quinze minutes après l'heure. Ou parfois pas tant que ça. 

Et donc il y avait ainsi à la fin de chaque demi-journée - car il existait une pause déjeuner - un temps incertain dont on ne pouvait prévoir à l'avance s'il serait libre ou contraint. 

Du fait que c'était systématique et qu'on était physiquement enfermé·e·s, même s'il ne s'agissait que de quelques minutes, je le ressentais comme une contrainte très forte, plus forte qu'elle ne l'était. Sans doute aussi parce que l'heure flottante évoquée par @JPGuedas dépendait un peu de l'intensité que chacun mettait à l'ouvrage. Alors que dans le cas de l'établissement pour lequel je bossais nous étions captives et captifs d'éléments aléatoires, de flux de dernière minute, d'une erreur de caisse quand nous ne l'avions pas tenue, d'un dysfonctionnement de certaines transmissions. Nous n'avions donc même pas cette illusion que la libération à l'heure dite dépende un peu de nous (1).

 

(1) Il était tout à fait possible de demander de quitter pile à l'heure, par exemple un soir où nous avions un engagement à horaire strict, les patrons savaient se montrer compréhensifs. Il n'empêche qu'il fallait faire cette démarche, et inévitablement un peu justifier. Alors qu'en théorie il n'y aurait rien dû avoir à négocier. 

 


Quand l'énergie est là, le cerveau frétille

(venerdi)

    Je n'ai rien compris à cet étrange phénomène mais après une journée de boulot à nouveau infernale (le retard dû à une panne semi-générale la veille + les congés des collègues), laquelle parachevait une semaine éprouvante et d'avoir en plus été patraque la veille, j'ai subi par surprise, alors que je terminais mon trajet de retour maison à pied (1) en contemplant le nombre impressionnant de petits restos qui ont bourgeonné pendant les confinements dans les rues du XVIIème "populaire", une bouffée d'énergie.

Effet de la marche à pied dans la belle ville ? Illusion d'une fin de pandémie (toutes ces personnes, attablées, plaisantant, donnaient l'impression d'une vie sans qu'aucun Covid n'ait sévi) ? Satisfaction et soulagement du simple fait d'avoir survécu ? Perspective de trois jours de congés (le week-end + un jour férié) ? Je l'ignore mais c'était assez miraculeux et surprenant comme sensation.

J'ai pu de ce fait boucler quelques bricoles de l'ordre des choses à faire en soirée, et lire et écrire un brin.
À l'heure où je devrais déjà dormir mais me sens bien, ma stupéfaction demeure.

Cela dit, disposer de davantage d'énergie, active également le cerveau ce qui est très agréable. Seulement les chagrins en cours n'en sont que plus forts. En même temps il est normal qu'ils le soient, les personnes récemment décédées le méritaient et ce qui est anormal est de n'éprouver pas plus de peine que cela quand l'épuisement et le surmenage anesthésient pensées et sentiments.

 

 

 

(1) J'avais vaguement eu l'intention de faire métro + Vélib, plutôt que métro + métro (parce que trop de monde sur le quai ligne 13 et que le métro me fatigue), et puis pas trouvé de Vélib alors métro + marche à pied, c'était bien aussi. 


Could have been a bad day

(giovedi)

    Pas de télétravail, à croire que le boss adjoint avait pressenti un plantage général qui eut lieu. Journée de boulot d'enfer, les appels qu'on enchaîne vite vite vite. 
L'effet de deuil, l'épuisement du surmenage, et peut-être un brin d'intoxication suite au dîner au restaurant, m'ont balancée dans les ennuis gastriques toute la matinée. 
Je me suis réveillée trop tard, suis rentrée trop tard du travail, n'avais pas assez de forces pour aller courir. 

Le chagrin, les chagrins sont toujours aussi forts, ce qui est normal.

Et puis alors qu'à peine rentrée du boulot et douchée, je tombe de fatigue, une vidéo inattendue (non annoncée à l'avance) de Syblo vient soudain donner un petit secours au moral et à l'énergie. Je lui en sais gré.

À partir de là j'ai été fière d'avoir su tenir le coup dans cette difficile journée, plutôt qu'accablée par le cumul de celles-ci.


Un petit bouchon flottant

(mercoledi)

En ce moment plus encore qu'à l'ordinaire, j'ai la sensation d'être un petit bouchon flottant, les courants le poussent ici ou là, il suit, bien obligé, le mouvement ; il est fait de liège alors il flotte, il n'est pas en danger, mais il ne décide de rien, les choses s'enchaînent.
Alors il faut soudain s'organiser pour venir travailler au lieu de bosser de chez soi, il faut répondre au travail à toutes sortes de questions qui s'enchaînent, et puis la question se pose de Qu'avons-nous le droit de faire des cendres d'un être humain après crémation ?, et puis on pleure et puis quelques heures après, c'est un grand éclat de rire car le Fiston aura imité un pêcheur à la ligne qui en même temps cueillait des champignons, et puis on tourne le coin de la rue parce qu'il faut rentrer se coucher et le chagrin reprend son emprise. 
La vie des vivants, à qui l'on veut faire croire qu'ils sont maîtres de leur destin alors qu'ils sont seulement en capacité d'empirer les choses par des conduites à risque ou le refus de consentir à occuper la place exigüe que leur accorde la société.

Je ne me plains pas, bon an mal an, je m'en sors. Seulement d'autres ont cessé de pouvoir tenter d'améliorer les choses en général et leur propre sort en particulier et ce soir c'est ça qu'est triste.

PS : Ce matin j'ai eu le temps de descendre à Cité Universitaire, Oh la belle petite balade sous un soleil levant rasant déjà teinté d'hiver.


Bosser, courir et puis ... plus la force

(martedi)

L'effet du deuil en plein ; comme dab j'assure bon an mal an le boulot (encore que, j'ai pris du retard), je parviens à maintenir l'entraînement prévu (ça me semble vital, ne pas renoncer) et ensuite c'est l'effondrement. Rien de spectaculaire, pas de pleurs, mais l'énergie disponible qui disparaît d'un coup.
J'ai tout donné pour tenir le travail malgré tout et il ne me reste plus rien.

Triste pour le vieux copains. Et ses proches.


Deuil

(lunedi)

Un de mes vieux amis est mort. Je veux dire "de longue date", 35 ans, quand même. Et il n'était pas si vieux. Tout jeune retraité en fait.
Je lui savais des soucis de santé, mais ignorais une dégradation récente, une hospitalisation. Et soudain son état général s'est effondré.
Je sais gré à celle qui m'a averti et qui se retrouve en charge, en première ligne, alors qu'ils ne vivaient plus ensemble depuis longtemps. Seulement lorsque personne ne prend la suite et que les enfants, devenus adultes, sont loin géographiquement, il faut bien que quelqu'un s'y colle, à l'urgent.
Avec les ami·e·s nous nous efforçons d'avertir les différents cercles de ses connaissances. Elle s'efforce de joindre de lointains cousins. 

Par Laure Limongi j'apprends le décès de Manuel Joseph, que je connaissais peu mais que j'admirais bien.

Et bien sûr le livre arrive qui comporte les ultimes mots publiés du mort de fin septembre, qui avait tant compté.

What a hell of a deadly monday.


Rire en rentrant du boulot

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Pois chiche des confins m'a bien fait rire. Je dépose les copies d'écran pour le souvenir si jamais il devient inaccessible.

Sinon un délicieux retour nuit tombée à Vélib électrique (je suis en train de prendre goût à l'assistance, c'est mal), par le Bois de Boulogne mais c'était un peu chaud ... à cause de portions d'arbres parfois conséquentes tombées à cause de la tempête. Les loupiotes du Vélib étaient un peu juste pour ces cas, heureusement que je roulais à une vitesse adaptée aux limites de leur faisceau.
Réserver désormais cet itinéraire aux jours où j'aurais une lumière forte. 

C'est l'automne. Avec la tempête, chute des températures. Finies les illusions d'été. 

J'ai retrouvé sur Youtube trace du reportage que mentionne Marion Sicot dans son livre.

Sur un tournage de western, les balles étaient des vraies. Alec Baldwin a tué accidentellement la directrice de la photographie et blessé le réalisateur du film qu'il tournait.
Quelque chose me dit que l'affaire va rebondir. Pain béni pour parler d'autres choses en temps de présidentielles + pandémie. 

Je ne suis pas couchée : il y a une fête en face. Puisqu'ils me tiennent éveillée autant en profiter (lire, écrire, écouter plus que regarder Rai Storia)

J'apprends incidemment qu'un enfant de 5 ans a déjà été acheté par un grand club. Je note son nom pour le cas où un futur adviendrait, ce qui me paraît fou - tant de choses peuvent interférer entre temps, même s'il semble doué - : Zayn Ali Salman

Bel entraînement de natation le matin, qu'est-ce que ça faisait du bien. Hélas ce sont déjà les congés scolaires.

 

 

 


Mémoire des attentats

(giovedi)

C'est une conversation de cantine (même si nous n'avons pas vraiment au boulot de cantine, plutôt une salle commune) qui démarre anodine : un collègue est allé vite fait chercher sa voiture tombée en panne près d'où le travail avait lieu avant. Alors les collègues présents depuis longtemps ce sont souvenus de ce temps-là et voilà que c'était au pied de l'immeuble de Clarissa Jean-Philippe avait été tuée par un terroriste le 8 janvier 2015, lequel c'était au lendemain rabattu sur l'Hyper Cacher, et toutes et tous d'y aller de leurs souvenirs de ce jour funeste. 
Un des collègues disposait également d'un souvenir direct de l'attentat de la rue de Rennes (le 17 septembre 1986), il sortait de son travail et avait croisé des gens qui fuyaient en panique.

Pour peu qu'on vive dans une grande ville nous avons en cette époque toutes et tous des souvenirs personnels d'attentats et pas seulement en mode "je me souviens de ce que je faisais ce jour-là", en mode, j'ai vu, j'ai croisé (quand ça n'est pas carrément : j'ai survécu).
J'en ai rarement eu conscience au point de ce déjeuner là.


Rire au boulot

(mercoledi)

Il nous est arrivé de rire au boulot, en fin de journée, une histoire d'anniversaire qui traînait sur un calendrier, et c'est devenu si rare - l'entreprise où je travaille devait le permettre pourtant assez bien, à une époque, seulement la pandémie et une surcharge de travail sont passées par là -, alors que ça fait tant de bien. 

Une tempête se lève en fin de journée. Voir comment ça tournera.
Et à quelle heure je me réveillerai le lendemain. Selon la combinaison (heure de réveil, degré de tempête), j'irai courir ou nager ou rien avant de filer travailler et le ferai à vélo ou en transports, en RER ou métro ou un mélange des deux. C'est beau d'avoir autant de choix.

Je reçois des commandes, je compense le temps dont je ne dispose pas.

Jolie douce soirée, durant laquelle je parviens à effectuer deux ou trois trucs (dont l'inscription aux Boucles du XVIIème) avant de tomber de sommeil.

C'était une journée active qui refusait la tristesse. Pour ça, il faut pile la bonne quantité de choses à faire, et qu'elle corresponde à l'énergie dont on dispose ; puiser dans celle que l'on n'a plus accroît les peines. N'avoir pas d'utilisation pour les forces physiques et de concentration qu'on a, balance des souvenirs, des deuils et des regrets, ce qui accroît les chagrins.

Aujourd'hui j'ai eu cette chance de pile être dans les bonnes zones pour avancer, tenter de progresser dans mes compétences professionnelles, laisser un instant de côté la dureté.

Par exemple la pandémie qui est en train de reprendre de l'ampleur en Angleterre.
Un féminicide particulièrement féroce en Italie (marteau, en pleine rue)

Moins grave mais rageant pour le principal concerné et ceux qui le suivaient : une compétition de gymnastique interrompue du moins pour un des agrès parce qu'un des candidats s'est révélé Covid +. On arrête tout on doit désinfecter.

Et puis les moments de bonheur : déjeuner dehors dans un jardin public (oui c'était encore possible il faisait 18°c), rentrer à Vélib électrique en se jouant du vent. Que les bonheurs persistent est important, non ?


Good bye coach

(martedi)

20211019_190712    C'était le dernier entraînement à la piste avec l'un de nos coachs, l'un des deux avec lequel j'ai commencé le triathlon. J'étais émue mais je n'ai pas su lui dire. 

Il rejoint son amoureuse et change de travail et de région.
Il compte organiser des stages, ça n'est peut-être qu'un au revoir. Si la pandémie, qui n'est pas finie, ou autres circonstances de la vie, ne nous joue pas de sales tours.

[prise en tout début de séance, car pour une fois j'étais partie du bureau à l'heure, la photo est trompeuse ; nous y fûmes nombreuses et nombreux]

Je n'ai pas su au matin me lever pour aller nager.

Sans doute avais-je mal dormi. Seulement la montre de sport n'est pas là pour en attester : j'ai une légère égratignure au poignet, mal placée et la porte le moins possible depuis le début de la semaine, le temps que ça cicatrise.



Un directeur de théâtre qui comptait programmer un homme qui a assassiné une des femmes de sa vie, annonce qu'il est prêt à démissionner pour défendre ce projet. Se rend-il seulement compte, détenteur d'un poste convoité, que tant de gens ne demandent que son départ et qu'ils vont donc tout faire pour que la polémique enfle et qu'il soit contraint à tenir parole ?
Ceci s'applique à presque tous les cas de figure où des gens pour indiquer un désaccord menacent de partir (variante : ne pas venir), comme s'ils partaient du principe que leur absence sera préjudiciable. Il se trouve que dans la grande majorité des cas, le groupe qu'ils quittent (variante : ne rejoignent pas) est tout simplement soulagé et pas mécontent qu'ils ne soient pas là.

Je ressens un fort besoin de vacances (1) et de pouvoir me poser, remettre de l'ordre dans mes pensées. Tenir bon jusqu'aux prochaines est mon programme immédiat.

 

(1) Mes deux derniers jours de récup ayant été engloutis par le rhume carabiné