Cahier du jour, déconfinement 2 jour 114 - déconfinement 2 étape 6 jour 18 : attentats à Kaboul
Débloquer les larmes, enfin

Une tellement tout autre époque


    Ce n'est pas de la nostalgie mais chez moi une stupéfaction perpétuelle de mesurer à quel point les temps ont changé du moins les temps de nos pratiques matérielles. 
Je suis heureuse en cela d'être de ma génération : ayant connu l'avant, j'ai pu goûter un monde moins frénétique, où l'on pouvait prendre son temps (ce qui convient mieux à mes capacités physiques et à ma façon d'aborder la vie, je n'aime pas la hâte en dehors des moments où elle est le but du truc (par exemple lors de compétitions sportives de vitesse)), ayant connu la période de mutation, j'ai pu goûter à l'entre-soi généreux des pionniers (1), et je profite à fond des avantages actuels des moyens efficaces de connexion.

Alors ce billet de Marc Zaffran / Martin Winckler me parle totalement. 

J'y ajouterai ce qui paraît dingue vu d'aujourd'hui : que je me souviens d'un temps au mitan des années 80 du siècle précédent où dans une équipe de 5 à 6 informaticiens d'un service central d'une grande banque française on se partageait 3 ordinateurs, auxquels on accédait à tour de rôle pour y taper les programmes que l'on avait au préalable écrits à la mano sur nos blocs notes, puis les compiler, puis une fois toutes les erreurs de compils résolues, les lancer - généralement de nuit tant il fallait de temps pour que ça tourne -, puis récupérer les résultats, généralement sous forme de longs listings à bords troués, que sortaient de rares imprimantes à aiguilles. C'était du temps des modems (avant même ceux-là), quand les disquettes 5 pouces 1/2 étaient des summuns de modernité. À l'époque ça ne choquait personne que le temps de travail englobe celui de causer avec des collègues en attendant son tour à l'ordi. Il y avait un stress spécifique qui lui a disparu : celui de prendre 24h dans la vue lorsqu'un programme ne donnait pas le résultat escompté et qu'il fallait attendre la nuit suivante pour que modifications faites, il puisse tourner.

Dans la même soirée, via une publication d'Arte, je suis tombée sur une vidéo d'un tube de Tears for fears que je n'avais jamais vue, car durant l'essentiel des années 80 je n'avais pas la télé (ni temps à loisirs, ni argent à dépenser dans du non-indispensable) et m'a frappé combien c'était un tout autre monde, si peu automatisé, et où les appels téléphoniques se passaient dans des cabines.

Stupéfaction renouvelée qu'en si peu de temps ressenti, tant de temps soit passé, tant de choses aient changé.

  

 

(1) Oui à un moment de l'internet un message "ce contenu n'est pas accessible de votre région" eût été inconcevable à moins de vivre dans certaines dictatures.

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