C'est ma première surprise partie
11 octobre 2020
(CR sportif, pour mon club à l'origine, et non relu)
Le titre du billet est dû à Juke, le #JukeBoxFou de dedans ma tête, qui m'a passé cette chanson sur tout le chemin du retour. En vrai, c'était simplement ma première course connectée ; plus précisément notre puisque nous étions inscrits à deux avec Le Joueur de Pétanque, qui est aussi coureur à pied à ses heures, et bon cycliste tant qu'il ne s'agit pas de mettre des cales. Mais il refuse hélas d'apprendre vraiment à nager.
Échaudés par nos projets familiaux tombés à l'eau cette année (l'écotrail d'Oslo, dont je rêve à cause de Lucas et de ses photos d'une année passée où il l'avait couru, et le trail de La Chouffe qui est un vrai bonheur (1)), nous nous étions inscrits aux 20 km de Paris qui tentaient de sauver la mise en se la jouant connectés, ce qu'on trouvait pas bête : chacun court où il veut du moment que ça fait 20 km sans interrompre le tracker (par exemple notre montre de sport) et que ça a lieu entre deux dates précises, en l'occurrence pour cette édition entre le 8 et le 11 octobre.
Cette option nous plaisait, qui nous faisait courir moins de risques, et par ricochet à notre fille aussi. Nous estimons que nos vies quotidiennes avec la foule que nous croisons pour faire les courses et aller au travail et le risque que constitue le travail lui-même en bureaux collectifs comportent suffisamment de risques pour ne pas en rajouter en dehors de ce que nous estimons indispensable (la pétanque pour lui, les entraînements pour moi). Alors nous allons éviter les départs entassés pendant encore quelques temps.
L'inscription permettait au passage de filer quelque argent à l'Institut Pasteur, ce qui nous avait paru plutôt utile en cette période particulière.
La course connectée comporte cet avantage - inconvénient qui est que nous devons nous même trouver le lieu pour la courir.
Des raisons pratiques (une boucle que nous connaissons bien, et sur laquelle nous pourrions nous retrouver facilement) et sentimentales (c'est le lieu où étudiants nous courions, enfin où lui et quelques camarades couraient tandis que j'essayais en vain - une boucle de 5 ou 6 km et j'étais au bout de ma vie, persuadée que la course à pied n'était pas pour moi, que je n'y arriverais jamais) et sentimentales bêtasses (c'est le lieu où nous assistâmes à un mémorable concert de Madonna le 29 août 1987) et sentimentales pas nostalgiques du tout (en septembre 1986 ce fut notre dernière balade avant le départ de monsieur en tant que coopérant au Burkina Faso, ce truc que les gars qui ne souhaitaient pas faire le troufion armé entreprenaient à la place d'un service militaire alors obligatoire ; lui flippait de ce grand inconnu vers lequel il allait, et moi contrainte de rester bosser à Paris pour cause de prêts étudiants à rembourser sans tarder, j'avais le cœur en verre fissuré) et super sentimentales (c'est aussi le lieu où j'ai ressenti le premier malaise dû aux prémisses de fabrication du Fiston, j'ignorais mon état et j'ai cru que j'étais en train de mourir d'une faiblesse cardiaque soudaine) nous ont fait choisir le Parc de Sceaux.
Pas trop de dénivelé, non plus et moi je pouvais en empruntant le parcours sportif jouer à me faire croire que c'était un trail en fait (2).
L'enjeu était déjà de parvenir à terminer : le confinement ne nous a pas empêché de nous entraîner en course à pied mais nous a contraint aux courtes distances et de fait aux séances spécifiques. Nous n'avions pas couru plus de 14 km d'affilée depuis le Maxitrail de Bouffémont en février.
Le premier défi était de parvenir à faire reconnaître notre outil personnel de tracking sur le site des 20 km connectés afin de pouvoir y télécharger notre course, une fois celle-ci accomplie. Pour le plaisir, je vous glisse ici le lien vers le tutoriel. Un tee-shirt Finisher aurait dû être décerné pour toute inscription réussie. En plus j'en avais deux à effectuer, jonglant entre les adresses mails et les mots de passe et Garmin qui avec une obligeance sans faille me ramenait toujours à mon compte personnel - mais non pour une fois je ne veux pas -.
Ensuite il fallait s'organiser : pas de ravito officiel, à nous de jouer. Notre équipement de trail nous a bien servi : sacs à dos léger avec boisson et gels et barres.
Le deuxième obstacle fut de trouver où garer la voiture qui nous avait permis d'aller jusqu'au parc. Notre petit parking discret sis près d'une entrée secondaire n'existait plus, sans doute depuis peu : opération immobilière avec démolition d'un immeuble bas de bureaux et construction d'un nouvel ensemble à la place de celui-ci et du parking qui le complétait.
Le troisième obstacle fut la montre du Joueur de pétanque, que j'avais pourtant réglée la veille - il courait en miles avec un programme par défaut qui s'arrêtait à chaque mile et le félicitait du mile vite galopé -, et dûment testée, se la jouait brexiteuse et refusait le système métrique, à moins que ce ne fussent des miles US et qu'elle voulût continuer à suivre le feuilleton flippant de ses élections. Bref, frozen ou peu s'en fallait. J'ai dû la réinitialiser et reparamétrer l'indispensable : cinq minutes (ou plutôt 5'16'') de perdues alors que mon propre chrono tournait que je ne n'osais interrompre sous peine de tracas ultérieur de téléchargement.
La course elle-même ? Aucun problème.
À peine un souci d'un peu trop de monde dans ce Parc par moment et donc être ralentis (oui, même moi je peux l'être), devoir combiner des évitements et sinon : un temps parfait, frais et ensoleillé, zéro souci physiques pour ma part, pas même une pause pipi intempestive, rien, trois petits ravitos effectués en marchant, et découvrir que c'est plus pratique comme ça que de dépendre de stations officielles, de petites accélérations de bon aloi dans les descentes, des petites foulées dans les montées, quelques instants à tenter de suivre un temps des coureurs plus rapides, quatre tours à effectuer pour le parcours que je m'étais fixée, le quatrième avec les jambes qui commençaient à protester mais vaille que vaille tranquillement continuaient.
Ma seule halte avait été au début, afin d'enlever une veste manches longues qui s'avérait trop chaude pour passer sur mon tee-shirt un coupe vent sans manche léger, ce qui rendait l'équipement parfait pour ma petite vitesse et la petite brise qui soufflait.
Soudain, il a fallu faire gaffe à bien faire 20 km sans trop dépasser, sinon le téléchargement risquait d'être rejeté. Entre le 10ème km, auquel j'avais prêté volontairement attention, et le 17 ou 18 ème je n'avais pas vu le temps filer.
Mon co-équipier conjugal avait fini depuis un moment et qui m'attendait. Plutôt content de son temps (2h12). Le mien était comme dab un record de lenteur qui m'a un peu déçue car j'avais l'impression d'avoir mis un peu de cadence, notamment lors du 3ème tour où je m'étais sentie vraiment bien.
J'ai l'habitude de courir seule, parmi les derniers, ce qui fait que la formule "Chacun court dans son coin" ne m'a pas gênée le moins du monde. En revanche il avait trouvé difficile de courir seul, sans repère de meneur d'allure ou petit peloton constitué de gens de même niveau.
Reste un peu étrange l'après-course : bon, voilà, c'est fait, retour maison. Personne avec qui boire un coup, personne avec qui échanger quelques impressions, pas de services particuliers (ça fait du bien quand à la fin des courses on peut bénéficier des massages de kiné, ça permet ensuite de plus vite récupérer), nous étions tous les deux et seules nos montres savaient que nous avions terminé.
Curieusement le téléchargement des courses s'est fait tout seul - via Garmin pour nous puisque nos montres en sont -, alors que je m'attendais vu la subtilité de la mise en relation, à quelques autres complications. En fait presque trop tout seul : l'impression d'avoir été pas à pas suivie.
Au classement provisoire nous étions respectivement 3305 ème et 4131 ème sur environ 5800 participants ayant téléchargé leur parcours. Je ne sais pas si la formule est satisfaisante pour les très bons, qui peuvent prétendre à un podium, un temps digne d'être homologué, un classement.
Enfin, nous avons trouvé l'organisation vraiment top, surtout celle du jour de la course et les ravitos qui étaient parfaits ;-) .
Si d'autres courses se présentent sous cette forme, du moins tant qu'il n'est pas tout à fait raisonnable de faire autrement, nous y repiquerons volontiers.
(1) Quelque chose en moi est persuadé que les Ardennes Belges sont mon pas plat pays
(2) Je cours beaucoup plus loin et longtemps sans trop de problèmes en trail qu'en ville ; effet dopant des sentiers forestiers ?