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Chroniques du confinement jour 67 : un terrain de pétanque personnel affiné

Chroniques du confinement jour 66 : Et la mer avait disparu

Déconfinement officiel 1 jour 11

Ce qui restera en mémoire de cette journée, démarrée avec lenteur - pas prévu d'aller courir, je devais bricoler, mais il était tard et j'aurais mis longtemps aux petites écritures et notes quotidiennes -, ça sera cette magnifique balade à vélo pour aller voir la mer ... qui avait disparu.

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Nous avions pris la petite route qui part de non loin de la maison et coupe en direct jusque Saint Germain sur Ay (le village) et ç'avait été un bonheur de jour d'été. 
Bien regonflés par JF les vélos tournaient, le vent était présent mais léger, il n'y avait guère de circulation (trois tracteurs en tout, une voiture, un autre vélo), c'était "un momento perfetto". Il faisait beau et chaud.

Et puis, en arrivant vers le bord de mer de Saint-Germain - soudain tout peuplé, quel contraste avec les jours qui précédaient -, comme de la fumée. Mais une fumée qui n'aurait préoccupé personne, tout le monde vaquait à ses occupations. 

Et en arrivant au niveau du parking devant le bâtiment des sauveteurs en mer, la raison de ce mystère : la mer n'y était plus. Couverte de brume, une brume à couper au couteau. 

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C'était beau et stupéfiant. Très fort en dissonance cognitive puisqu'à l'ordinaire un tel temps s'accompagne de froid. Or il s'agissait d'une brume de chaleur (1), ce qui rendait les choses très troublantes. 

On distinguait quelques promeneurs, un coureur à pied. Plus loin nous avons entendu très fort les tracteurs qui ramenaient les bateaux de pêche mais en les apercevant à peine. 

Ça rappelait des dystopies. Il s'agirait d'un gaz. On pourrait en mourir. 

Comme heureusement non, ou pas tout de suite. Nous sommes allés au bout du boulevard maritime puis vers les dunes et je crois un haras puis il a fallu faire demi-tour car mon vélo n'était pas un gravel. Et, toujours en croisant pas mal de monde, que le phénomène climatique ne dérangeait pas plus que ça, ni non plus qu'une épidémie était en cours, nous avons repris la route d'accès. De toutes façon nous étions venus voir la mer, il n'y avait pas de raison de s'attarder dans ses rues plutôt peuplées. 

À environ 1 km de la petite station balnéaire, le temps était à nouveau radieux - ce qu'à part cette brume il n'avait cessé d'être -.

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C'était un peu magique aussi. Et un bel appel à l'humilité. On pourra pondre tous les décrets que l'on veut pour autoriser ou non les accès, c'est au bout du compte la mer ou l'océan qui décident. 

J'aime assez.

Sur une suggestion de JF nous sommes passés au corps de garde. Un peu attristés d'y voir des voitures de gens venus pique-niquer tout près (et incapables de les laisser davantage vers le hameau). Mais ça n'était quand même pas la cohue, donc voilà. 

Retour par la même route. Avec pour moi une perplexité : j'avais eu l'impression de descendre ou du moins d'être majoritairement en descente à l'aller or au retour les portions montantes étaient en minorité. Un peu le phénomène inverse de celui du pont de l'Île de Ré qui m'a toujours donné quel que soit le sens de parcours l'impression de monter sur les 2/3 du trajet. Là, c'était une route qui descend la plupart du temps qu'on la prenne d'un sens ou de l'autre. 
Bon, je crois que le vent devait y être pour quelque chose. 

J'avais de l'énergie de reste, une fois rentrée. Et tandis que JF s'entraînait à la pétanque dans le jardin j'ai préparé le bricolage prévu - celui d'accrocher une tapisserie et un miroir -.
J'ai même eu la naïveté de me dire que c'était cool, que la reprise du vélo passait crème et que 25 km étaient restés pas grand chose ou presque rien (2). 

Vaste blague, peu après le dîner j'ai voulu lire un peu - car l'absence de sieste avait signifié une quasi absence de lecture et les Beatles me manquaient -, posté quelques photos de notre expédition sur Instagram et suis tombée de sommeil, alors que je pensais bien fort à mes ami·e·s, ce qui d'ailleurs avait été le cas tout au long de la journée, des pensées solidaires dont on aimerait qu'à distances, par on ne sait quel sympathique sortilège, elles soient capables d'aider. 

 

(1) Ma sœur, qui est devenue une vraie régionale, m'a dit plus tard que ça n'était pas rare, que ça arrivait.
(2) En zone plutôt plate, jusqu'à 50 km ne me sont normalement pas grand chose pour moi à condition de ne pas les parcourir trop vite. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE

- cas (dont : - morts (dont - morts aux USA) et - guéris)  <== endormie sans avoir eu le temps de noter

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