Chroniques du confinement jour 60 : Enfin des masques ! (et une journée qui passe trop vite mais on finit par s'habituer)
Chroniques du confinement jour 62 : Les pieds dans l'eau ! (comme une victoire)

Chroniques du confinement jour 61 : Les retrouvailles avec les vélos

Déconfinement officiel 1 jour 6

Journée de grand beau temps, c'était presque dommage de ne pas aller courir, même si se réveiller en prenant son temps est un luxe formidable comme celui de passer du temps à tenter d'identifier un oiseau (une bergeronnette peut-être) dont je n'avais pas entendu le chant, seulement vu le plumage jaune sur le devant, un capuchon noir sur la tête, la petite taille et le cou gracile.

L'heure du déjeuner est venue trop vite. J'ai cru faire la sieste en lisant mais Le Fiston a téléphoné ce qui au vu de son bonheur de vivre, malgré la dureté des temps, m'a redonné de l'énergie, j'ai donc regardé des documentaires dont un sur le dopage dans l'e-sport dont il m'avait parlé et un autre sur Pink Floyd.

Nous avons finalement eu le courage, en fin d'après-midi, par un temps radieux, d'aller chercher les vélos aux box. Pneus un peu dégonflés, retour par la voie verte. Plus tard j'ai retrouvé la bonne pompe (restée dans la maison) et les enceintes de la chaîne Hi-fi, que j'avais cru mises aux box, mais en fait non et pas non plus dans la soupente. J'y ai trouvé trace de quelques mini-mulots et ai dû nettoyer.
Un aller-retour en plus avec le diable afin de récupérer le carton du matériel de vélo et deux autre cartons tant qu'à faire. Puisqu'il va bien falloir commencer à ranger. En revenant, comme la voie verte surplombe le cimetière, j'ai vu que des plantes de la tombe des parents étaient tombées. Je suis allée y mettre bon ordre. Sur la tombe de ma Tante Marie-Thérèse les pots avaient valsé aussi, probablement le grand vent des jours précédents. J'en ai profité pour arroser ces plantes. Il y a quelque chose de très réconfortant pour moi dans le fait de "passer voir" nos morts, quand bien même je n'y rattache aucune imagination de superstition ni illusion. Mais c'est l'occasion d'un recueillement, si bref soit-il, en pensant à celles et ceux qui nous ont précédé. Je me sens un petit maillon d'une longue chaîne et c'est apaisant. 

Il n'était pas trop tard pour reprendre une séance de Tabata parmi les premières. Le son hélas est tout caviardé, sans que l'on sache trop pourquoi. J'ai retrouvé par ailleurs des musiques pour une prochaine fois. C'est troublant de constater qu'au début du confinement, il faisait nuit à l'heure de la séance. On mesure ainsi (même si le changement d'heure ajoute un twist), que vraiment un bon pan de temps s'est écoulé.

J'ai reçu de la part d'un ancien collègue et responsable un appel téléphonique pour me proposer un travail pour un temps. C'est là que l'on mesure à quel point la pandémie change la donne. Déjà la nécessité d'un tel appel n'aurait pas eu lieu d'être sans elle et ses premières conséquences. Ensuite, j'eusse été tellement ravie de dire oui, alors qu'à présent mettre en jeu ma santé pour un tout petit salaire même avec des super collègues, un métier que j'aime, des clients principalement sympathiques, ne m'emballe pas (1). Nous ne sommes pas dans un jeu video, je n'ai pas d'existence de rechange. Enfin, j'ai à présent un autre emploi prévu et la question de faire faux-bond ne se pose même pas.

D'autant plus que je crains fort que l'épidémie ne s'en tienne pas là, alors changer de métier est un choix délibéré en fonction de cet avenir collectif là. 

La proposition m'a en tout cas fait plaisir et j'ai été peinée de devoir refuser. Compte tenu des circonstances, c'était en fait un non-choix. La même proposition avant l'épidémie (et donc avant aussi mon changement d'orientation qu'elle a influencé) m'aurait fait sauter de joie. Les temps ont déjà changé. 

Félicien Kabuga, l'un des principaux responsables du génocide au Rwanda en 1994, aurait été arrêté à Asnières à 84 ans, où il vivait depuis des années sous un faux noms. Pas pu m'empêcher de penser, Est-on certains qu'il ne s'agit pas de Xavier Dupont de Ligonès ? 

Lu via Alice un extrait de livre particulièrement atroce (Adolf Rudnicki "Les fenêtres d'or"),  sur la révolte du ghetto de Varsovie. Et constaté que Dr Caso s'appliquait en ce moment à bloguer pour une bonne partie des mêmes raisons que moi : 

Je trouve, mais vous avez le droit de ne pas être d’accord avec moi, que nous vivons des moments historiques, et que donc il est très important de prendre des notes, des photos, des souvenirs, des petits bouts du quotidien, parce que sinon, dans 50 ans, on regrettera tous de ne nous souvenir de rien.

Même si pour ma part je relativiserai le côté "moments historiques". Seul l'avenir le dira. Effectivement il y a une probabilité non nulle que la pandémie qui aura éclatée à grande échelle début 2020, soit plus tard une date charnière ; pas nécessairement historique en tant que telle (nous n'aurons fait, sauf professions "sur le pont", que mourir ou rester chez nous), mais en bornage d'une époque et début d'une période troublée et pourvue de nouvelles façons de vivre - au moins un plus grand recours aux possibilités des outils technologiques quotidiens -.

Un pianiste, Dan Tepfer, s'est amusé à inverser les Variations Golberg. Sans surprise : c'est beau quand même. Et très intéressant. J'ai l'impression que Bud Powell, l'air de rien a déjà fait quelque chose comme ça, dans certaines impros en tout cas. 

J'ai longuement LT les TG italiens. Ça déconfine tout en tentant de calmer le jeu. J'apprécie la façon dont Giuseppe Conte tente au mieux de faire face. Je me trompe peut-être puisque cela faisait un moment que je ne suivais plus la politique italienne que de loin, mais j'ai l'impression qu'il s'est trouvé en poste sur un effet de consensus en mode plus petit dénominateur commun et qu'il s'est révélé en stature d'homme d'état durant la crise. Je ne suis pas dupe des effets de com. Mais ça n'est de nos jours pas donné à tous de les réussir. Et pour un haut dirigeant il donne l'impression d'avoir encore les pieds sur terre. 

En France des gilets jaunes ont tenté de se remettre à manifester. Ils ont été réprimés brutalement alors que c'était particulièrement inutile (peu nombreux). 

Avant de dormir, j'ai regardé le non-concours de l'Eurovision, quelques bribes dont l'intervention de Björn Ulvaeus en vieux grand-père, ce qui m'a donné l'impression d'avoir réussi ma (sur)vie. 

 

(1) Comme le faisait remarquer quelqu'un concernant le métier d'enseignant : autant qui est pompier ou soignant, voire soldat, sait qu'en cas de crises particulières, il ou elle sera en position de risquer sa peau, ça fait partie des risques du métier, autant enseignant, vendeur, libraire ... ne sont pas des professions censées être à risque. Alors la question se pose vraiment : suis-je prête à risquer ma vie pour pouvoir continuer à l'exercer ? Je n'ai pas signé pour la mettre aussi crûment dans la balance. 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
4 707 913 cas (dont : 311 948 morts (89 454 morts aux USA) et 1 803 228 guéris) 

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