Chroniques du confinement jour 57 : Les deux premières vraies sorties (ce bonheur)
Chroniques du confinement jour 59 : Une belle balade au Mont Doville

Chroniques du confinement jour 58 : aller au cimetière, ne pas trouver de masques

Déconfinement officiel 1 jour 3

Capture d’écran 2020-05-13 à 11.01.01    Depuis le début du confinement nous avons eu trois tempêtes de vent dont deux ensoleillées. J'avais perdu le souvenir de ça : les tempêtes de vent par grand beau temps, tu regardes par la fenêtre tu as envie de sortir et puis en fait, non, c'est dangereux. 

Les témoignages affluent de personnes qui travaillent dans les commerces et témoignent de leur enfer depuis le début du déconfinement. Ainsi @petassedecompet pour une enseigne de vêtements (1).C'était déjà le cas pendant le confinement dans les magasins alimentaires mais à présent c'est pire car ceux qui débarquent sont des personnes qui étaient juste en manque de consommation, alors que dans le premier cas les clients indisciplinés ou inconscients n'étaient qu'une partie parmi celles et ceux qui venaient respectueusement car bien obligé·e·s d'acheter de quoi manger. 

Tout boulot au contact avec le public est un enfer si l'on n'est pas défendue des débordements par une bonne hiérarchie. Le hic c'est que dans les 2/3 des cas, on n'est pas soutenues, voire on se fait réprimander en cas de clients mécontents même si c'est un abruti absolu qui a fait n'importe quoi et pratique de la délation défoulatoire. La bonne attitude est de prendre la défense de son salarié. Et éventuellement si la même situation se reproduit trop souvent et que le doute survient d'une part de responsabilité du vendeur, avoir une conversation calme avec lui, loin du public. Dans trop de cas la personne employée de terrain se retrouve maltraitée par certains clients et dans la foulée par leur responsable. Ça n'est ni plus ni moins que de la maltraitance. 

En librairie c'est plus varié car se sont précipités aussi de bons habitués en manque de leur came favorite et ceux-là même s'ils sont dans un premier temps oublieux, sont au moins soucieux de la santé de leurs libraires préféré·e·s et obéissent gentiment si on leur demande de remettre le masque.  

Les poubelles passent - pour dire "le camion poubelles" en langage courant et d'ailleurs s'est curieux : un seul pour les différents types de sacs, deux désormais : recyclables et non-recyclables de type déchets ménagers - un peu avant 10h de ce côté-ci de la rue, et vers 9h pour l'autre. Cette note n'a d'autre but que pratique pour la semaine prochaine, savoir à quelle heure les sortir en cas de grand vent.

Je me suis aperçue que j'avais confondu Nathan avec Ernest (pas les gars en question, seulement les prénoms). C'est curieux (et légèrement amusant ?).

Pourquoi tant d'hommes (oui, pas tous) rechignent-ils à porter un masque ? Y compris ceux qui n'ont pas de barbes pour lesquels effectivement ça peut, je veux bien le croire, être plus gênant.

Guillaume D. nous enchante souvent de ses touites. L'un d'eux en tête de ce billet, et puis aussi aujourd'hui (ou plutôt hier soir) l'invention du mot bloquiner pour signifier ce temps de latence après la lecture d'un bouquin qui nous a happé·e·s.

J'ai enfin appris, grâce à Météo France et au fait d'avoir délicieusement du temps disponible pour mes curiosités, à quoi correspondaient vraiment "les saints de glace". Jusqu'à présent j'avais dans l'idée un vague : souvent vers la mi-mai et après qu'on a cru que c'est bon on allait vers le chaud, il y a une poignée de jours où ça pèle. C'est bien le cas cette année.

Ça n'est pas une surprise, je m'y attendais mais peut-être pas à ce point-là : j'ai si bien pris le pli d'être dans la petite maison à vaquer à mes occupations qu'à part aller voir la mer, je ne suis pas spécialement tentée de sortir. Ce n'est pas le cas de mon co-confiné, qui ressort faire des courses en sifflotant. Je suis simplement contente de ne pas courir le risque d'être contrôlée en mettant le nez dehors, de pouvoir à nouveau le faire en songeant simplement à bien me couvrir en fonction du temps [qu'il fait].

À nouveau ces témoignages et questions que fait se poser l'épidémie oubliée de grippe de Hong-Kong des années 1969 et 1970. Aujourd'hui chez Carl Vanwelde. Je me demande où en serait la moi de maintenant si les conditions extérieures de l'épidémie étaient celles d'antan. 

Dans Le Canard du jour et à ranger dans la rubrique #Étonnements (je cherche toujours comment nommer la collection de conséquences légèrement surprenantes ou amusantes de la pandémie), le cas des employés français qui étaient en Chine à l'ambassade française de Pékin (environ 200 personnes indique l'article), qui ont dû rentrer fissa en France début février, qui paient encore leur loyer là-bas - le retour était censé être provisoire - et voient leur rémunération se casser la figure car plus des 3/4 de celle-ci pour certains était constituée d'une indemnité de résidence liée au fait d'être sur place et qui disparaît au bout de trois mois.

J'ai lu par suite de liens (et de ma curiosité bêtasse face à un nom inconnu de moi), un article sur un chanteur italien qui tente de récupérer sa maison après une saisie. Il se présente en victime. Entre les lignes et depuis ma triste histoire avec le grand Balbeb, je devine qu'en fait au point de départ de son malheur, le musicien n'est pas pour rien (2). Eussé-je lu ce même article avant juin 2013, j'aurais cru à sa version, le type victime d'un acharnement, alors même qu'il traversait une passe sentimentale difficile. 
Globalement, depuis #MeToo , et ça vaut même pour des éléments concernants autre chose que la vie sexuelle, lorsqu'un fait est relaté concernant un homme qui est présenté comme victime, je me pose systématiquement la question de "si une femme en était là après avoir fait ce qu'il fait, qu'en dirait-on à la place ?". Et il apparaît de cette façon-là que dans un certain nombre de cas, celui que l'on est poussées à plaindre n'est pas innocent de son sort, que ce qu'il présente comme un tort était en général une réparation pour quelqu'un d'autre d'un dommage qu'il avait lui-même infligé, et qu'en fait c'était de l'indulgence à son égard qui était demandé. 
Toute proportion gardée, c'est le même mécanisme à l'œuvre dans les articles relatant des accidents de la route entre un cycliste et un automobiliste, systématiquement désigné sous le terme de "la voiture", et parée de circonstances atténuantes (ah le soleil dans le pare-brise) quand bien même la personne à vélo n'a strictement rien à se reprocher et s'est fait foncer dedans.
Comment ai-je pu rester si naïve si longtemps ?

Dans la série, voyons l'effet que ça ferait si une femme le faisait ou le disait, je dois à Alice cette pépite (une femme, Sarah Cooper qui reprendre en play back les propos de Trump lorsqu'il avait dit qu'il suffisait pour lutter contre ce coronavirus de s'injecter du désinfectant). La stupidité délirante des propos ainsi incarnée, est éclatante. Pourquoi à ce point davantage lorsqu'une femme s'y met ? Serions-nous à ce point habitué·e·s à laisser dire les messieurs en haussant les épaules, on n'y peut rien, ils sont comme ça ? 

 

Capture d’écran 2020-05-13 à 12.43.06

Il est de plus en plus apparent que pour certain·e·s, le ou la Covid_19 ne fait pas que passer mais crée des symptômes intermittents persistants (lien vers un article mais en réalité c'est de lire des témoignages en ce sens qui m'a fait le trouver et non pas l'article qui m'en a persuadé). Je note ce touite bien exprimé, écrit par Tatiana Ventôse, mais comme ceux des vendeuses et vendeurs, il s'agit d'un parmi d'autres.  
Nous qui avons éprouvé quelques bizarreries en début du moins de mars, jointe à une grande fatigue (hélas, chez moi, la grande fatigue est un état fréquent), et avons de soudain moments d'alitements - que le confinement rend transparents, mais qui sont curieux cependant -, sommes peut-être atteints. Le saurons-nous un jour, alors que nous avons eu pour l'instant la chance que ça ne soit rien de grave du tout ? 

Lien vers le masque le plus simple. À vos chaussettes orphelines ! 

Je me suis laissée embarquer dans une longue sieste agréablement prolongée. Il m'a fallu me et nous secouer pour ressortir après : je voulais aller acheter des masques pour pouvoir ultérieurement sortir faire des courses si nécessaires sans me poser trop de questions. Et également passer au cimetière saluer les tombes familiales. Et si possible pousser jusqu'à la déchetterie pour voir si elle avait réouvert. 

Pour les masques, échec complet. JF, peu motivé par cet achat (3) avait dit qu'il n'y en avait pas chez Carrefour Market, à la première pharmacie il y avait du monde j'ai commencé à attendre qu'une personne sorte avant d'entrer et ça n'a pas loupé un homme est allé direct tout droit se coller à une personne qui attendait à l'intérieur - il devait s'y sentir autorisé car il avait un masque, lui -. À l'autre pharmacie JF a passé une tête pour poser la question, on lui a répondu non mais en face ils en ont. En face était le magasin de vêtement avec un masque alternatif présenté sur une mannequin, je n'étais pas trop tentée. 

À la mairie un panneau annonçait qu'une distribution serait faite dans les boîtes à lettres dès qu'ils arriveraient. 

Pour le cimetière c'était bien de pouvoir passer voir si tout allait bien. Les plantes que j'avais disposées pour les grands-parents avaient disparu mais sans doute depuis février étaient-elles dans un sale état. J'ai un peu redressé les croix que le grand vent avaient déplacées et réparti les gravillons de la tombe des arrière-grands-parents. Celle de Mado et Nino était nickel depuis mon passage exprès un dimanche en courant, après la première tempête du confinement et qui avait envoyé valdinguer les pots. J'attendrai juin pour passer renouveler les fleurs.

Quant à la déchetterie : rien d'écrit. Nous en avons déduit qu'elle était peut-être ouverte aux heures habituelles. 

Un immeuble d'ancien logement se dresse, désormais vide. 

À l'entrée du magasin "pour la maison" deux pépères se sont salués du coude, ce qui était amusant était que leur geste semblait déjà devenu naturel. 

La plupart des gens que nous avons croisé et qui entrait ou sortait de boutique était masquée. Ceux qui comme nous semblaient simplement aller d'un endroit à un autre, non. 

Des hommes près d'un engin agricole d'une des entreprises de la zone d'activité de cette partie-là de la ville se tenaient eux sans masques tout près l'un de l'autre pour en examiner un élément. 

Des ouvrier de C.P.C Cotentin faisaient leur pause, équipés, semblait-il (de loin) mais passablement rapprochés, sans doute par la force de l'usage (comment se tenir soudain loin de ceux qu'on a tant l'habitude de côtoyer ?). 

Bref, globalement : tout le monde ne fait vraiment pas gaffe pareil.

Marcher dans le vent nous aura un peu rendus fatigués. 

J'ai appris grâce à Antonin Crenn que Perec était le préfacier des Rubriques à brac. 
Un spécialiste des serial killers français était en fait un serial liar. J'ai le souvenir diffus de quelqu'un en librairie il y a plusieurs années (un collègue ?) m'avertissant contre lui, mais qui n'avait pas insisté quand quelqu'un d'autre (un client ?) s'en était mêlé pour prendre la défense de cet homme, dont les mensonges étaient semblait-il convainquant. Ce qui m'a fait songer inévitablement à un autre escroc de ma connaissance - mais moins grave, beaucoup moins -.

J'ai passé une partie de la soirée à lire le journal d'un état de crise de Doc Arnica. C'est d'autant plus impressionnant qu'elle écrit bien, minimaliste, sans rechercher d'effets. Ce qui rend le témoignage d'autant plus fort. 

Et lu également les Étonnements de Thierry en date du 13/05/20

 

Après le LT des infos italiennes, j'ai perdu le fil de ce que je souhaitais écrire ici. Il m'aura fallu revenir en arrière.

Teresa Bellanova ministre de l'agriculture qui est parvenue à ce que les brancianti et les badante venues de l'étranger soient régularisés pour 6 mois, était émue aux larmes en l'annonçant (elle travailla aux champs dans sa jeunesse), et m'a fait pleurer. Je comprends tellement tellement tellement ce qu'elle peut ressentir.

 

(1) Un exemple parmi une kyrielle. Mais il est le plus complet que j'ai lu de la journée (durant laquelle je n'ai pas fait que ça)
(2) "L’agenzie delle entrate blocca ogni guadagno per ripianare un debito, quindi non posso pagare gli alimenti per le mie figlie. Così la casa è stata pignorata" dit l'article 
(3) J'en veux au gouvernement qui a tant martelé au début que ça ne servait à rien, uniquement pour masquer leur impéritie. Des hommes influençables et sans doute quelques femmes aussi l'ont cru et ne refont pas le chemin inverse.

 

 

mots clefs : bloquiner , Covid_19 , Étonnements 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
4 328 598 cas (dont : 291 894 morts (83 280 morts aux USA) et 1 571 398 guéris) 

 

Commentaires