Chroniques du confinement jour 57 : Les deux premières vraies sorties (ce bonheur)
12 mai 2020
Déconfinement officiel 1 jour 2
C'était jour de sport, avec le premier morning run sans autres limites que les nôtres et l'une des dernières séances de Tabata rapprochées. Dommage car le rythme d'un jour sur deux me convenait à merveille, du moins tant que je n'ai pas repris le travail. Seulement voilà, la plupart des gens l'a repris, le boulot. Donc on va vers du un jour sur deux puis du en extérieur quand ça sera jouable. Romain souhaite utiliser une partie de la cagnotte pour acheter du matériel. J'apprécie ce mouvement.
Alors pour ce morning run et comme JF n'avait pas eu le temps de prendre son petit-déjeuner nous nous sommes contentés d'aller jusqu'aux barrières suivantes. Ça me paraît être une belle idée de progression : une barrière de plus à chaque sortie. C'est un fait que nos corps ne sont plus tout à fait habitués à être en efforts dehors longtemps.
La tempête était tombée et je connais peu de sensation aussi jouissives que de se réveiller au matin comme on reprendrait conscience après avoir été portés par l'eau sur une côte après un naufrage : la tempête a tout nettoyé, nous sommes dans un recommencement, tout semble simple et l'énergie nous est restituée.
Je dois dire que je m'étais vraiment sentie mal toute la journée. Un mal contre lequel il est inutile de lutter, zéro forces, la tête qui tourne même allongée, obligée de rassembler mes forces pour quelque chose d'aussi simple que d'aller aux toilettes, devoir faire un effort physique pour manger - non par nausées mais par manque d'énergie -. Et là, au réveil, une tension sans doute basse, pas une grande pèche mais quelque chose de déjà bien et qui est secouable pour par exemple tenter une activité sportive qui permettra de réalimenter la batterie.
À propos de batterie à alimenter, celle de la voiture nous avait lâché. Trop longtemps sans rouler - ce dont j'ai été tenue responsable alors qu'une voiture devrait pouvoir rester 15 jours sans rouler sans pour autant se retrouver à sec ; le grand vent en a aussi pris pour son grade, ce que j'ai trouvé assez trumpesque comme argument (en quoi le vent, même en tempête pourrait-il contribuer à décharger une batterie ?) -. Par chance les gars du garage à côté, lequel croulait sous le boulot sont sympas, nous connaissent (1), et l'un d'eux est venu avec une sorte de grosse batterie portable, l'a branchée avec une aisance enviable et hop c'était reparti.
Eux ne portaient pas de masques mais un couple qui arrivait pour acheter une voiture, comme si c'était la chose la plus fréquente de leur vie - je mets davantage de circonspection dans l'achat d'un vélo -
Nous n'avons pas eu de problème, par chance pour redémarrer après une belle petite promenade le long de l'avenue Maritime. Le fait que les plages soient pour l'instant interdites n'était visible que via ... l'affichage d'une pétition demandant leur réouverture.
Ça faisait un bien fou de la voir et de l'entendre enfin (la mer).
Nous sommes rentrés pile à une heure agréable pour déjeuner puis pouvoir faire une belle sieste et lire avec délectation ("The Beatles tune in", je me transporte dans l'époque et l'ambiance et Liverpool, j'en oublie tout de l'époque actuelle difficile, c'est rien de le dire). Il y a un plaisir particulier pour les lectures du confinement : le temps de faire comme je l'aimais enfant, en cherchant des trucs dans le dictionnaire, et ce qui était impossible alors en cherchant sur l'internet des musiques, des photos, des œuvres d'art dont il est question, en se laissant embarquer dans des recherches croisées. Ainsi aujourd'hui j'ai appris l'existence et des éléments sur la vie fort romanesque de Bert Danher, boss cruciverbiste de ouf, dont l'oncle et parrain Jim McCartney était le père de Paul. En temps normal, on croise un nom dans un livre documentaire ou un nom de personne qui a réellement existé replacée au sein d'une fiction, on se dit qu'on regardera "plus tard". Et souvent le plus tard n'a pas lieu.
Heureusement que sur Paul les mots croisés ont eu moins d'emprise que la guitare et la composition de chansons et que c'est le cousin qui a hérité de cette passion-là.
Pour la première fois depuis notre arrivée nous avons pu aussi nous accorder une petite balade vespérale post-prandiale dont JF semble avoir besoin (il tournait après dîner dans la petite maison comme un lion en cage durant le confinement). Nous sommes passés par une petite rue des arrières dont j'avais perdu le souvenir puis vers le cinéma, encore en arrêt sur les affiches du mois de mars, et certains commerces et restaurants encore en mode Pompéi, stoppée en plein élan. En revanche la plupart des commerces semblent avoir repris d'une façon ou d'une autre et toutes sortes de choses étaient affichées.
C'est l'affiche de la poste qui m'a le plus amusée ("Une seule personne en même temps") et celle de la boulangerie des bonnes brioches que j'ai trouvé la plus astucieuse ("La distance de sécurité est de deux baguettes
croustillantes")
Nous n'avons croisé que quelques voitures circulantes (dont la gendarmerie), et vu de loin un promeneur de son chien et deux jeunes qui allaient chez Paképi, ouvert pour le "à emporter" mais fermé pour le "sur place" (et sans masques, ce qui m'a surprise).
Avec ou sans épidémie c'est un peu la fréquentation habituelle d'un soir de semaine, au fond.
Les propositions d'organisations différentes ne manquaient pas, du drive, du "sur rendez-vous". Ici les cérémonies funéraires peuvent regrouper jusqu'à 20 personnes et visiblement ils s'efforcent que les services restent rendus au mieux. Il y avait deux avis de décès affichés, 57 et 84 ans. Covid_19 ou non ?
Il faisait bien frisquet (10°c affichés, mais un petit vent encore bien fraîchissant), j'avais à écrire, nous n'avons pas davantage traînés. Ça faisait du bien de sortir sans avoir à s'autoriser.
Le marché va occuper une surface plus grande, dont une partie d'un parking, afin que les distances entre les gens puissent être respectées.
Le club de pétanque a décidé de rester fermé pour l'instant : trop de membres pour sa superficie, certains pourraient se sentir lésés de ne pouvoir jouer.
Un vélotafeur a fait une chouette video sur la stupide interdiction du vélo pendant #LeConfinement.
J'ai beaucoup aimé ce touite de Phylloscopus
car hélas, on ne sent de la part des pouvoirs publics aucune volonté de souhaiter en profiter pour remettre certaines choses à plat, et au contraire une volonté de remettre des sous pour sauver des pollueurs (ex. : le trafic aérien). Et les gens même si ça aurait pu être pire se sont un peu précipité à redevenir consommants.
Des librairies viennent des échos très variés, de celles où les gens s'en foutent et n'écoutent pas les consignes à celles où tout le monde est bien respectueux et préfère le drive à tripoter les livres.
L'anecdote d'une famille qui se passait le masque en sortant à chaque fois m'a émue. C'était une belle tentative d'essayer d'être respectueux malgré une pénurie. Mais si peu à conseiller d'un point de vue prophylactique.
Un mécano dans une grande surface de matériel de sports n'a pas eu cette chance des clients intelligents. Ce qu'il décrie donne à croire que nous n'échapperont pas au redémarrage fort de l'épidémie.
La doyenne de l'Espagne, 113 ans, a échappé de peu à la maladie (elle était testée positive) et n'a pas mâché ses mots. J'admire.
LT des TG de Rai News 24, présentés comme la veille par Riccardo Cavaliere. Je reste plus volontiers à écouter quand c'est lui. J'ai particulièrement apprécié la façon de présenter avec des sortes de disclaimers, les déclarations de Trump, mais sans que rien ne soit reprochable non plus.
(1) Il y a un paquet d'années. Toc toc toc (porte d'entrée), salutations, le garagiste à l'heure du déjeuner, la voiture lui ayant été confiée pour une réparation.
"- Euh, il y a eu un petit problème, votre voiture a eu un petit accident.
- Dans le garage ?!?"
(l'un des plus grands fou-rires de ma vie)
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
4 328 598 cas (dont : 291 894 morts (83 280 morts aux USA) et 1 571 398 guéris)