Chroniques du confinement jour 53 : Les journées libres passent vraiment très vite
08 mai 2020
Aujourd'hui c'était jour de sport mais couchée trop tard je me suis levée trop juste alors je n'ai pas fait pour l'un de nos derniers short legal morning run une séance particulière, simplement couru, et en rentrant par la zone d'activité puisque c'était jour férié et que ça permettait de ne pas rentrer en revenant strictement sur ses pas - et ça évitait de croiser les deux hommes, dont celui à la béquille, qui discutaient en travers du chemin à quelques distances d'où tourner était encore possible -. Ça a donc donné moins de 4 km en un peu moins d'une demi-heure.
Le défi passe bien, c'est intéressant de voir comment le corps s'adapte au + 1 de chaque semaine dans chacune des catégories (abdos, squats et pompes).
Quant aux Tabata, Romain Pourrat fin pédagogue nous fait depuis deux séances revisiter des exercices de celles du début et l'on voit que ce qui nous mettait alors complètement à plat, nous demande désormais un effort acceptable. C'est excellent pour le moral. Romain semble prêt à continuer les Tabata même après le 11 mai. Joie !
Nager me manque.
Ma sœur me dit que voir la mer lui manque. À moi aussi mais pas autant, même si je trouve ça fou d'être arrivés depuis bientôt deux mois, d'en être à 10 km et de n'être pas même allée la voir une seule fois. Faut-il que nous soyons des citoyens respectueux ! Je pense que lundi nous nous accorderons un tour au bord de la mer même si la balade SUR la plage reste interdite.
Sommeil
Mon co-confiné se plaint de faire de drôles de rêves. Comme il a toujours été le roi du cauchemar, j'ai du mal à prendre au sérieux son impression - c'est un peu l'histoire du berger qui criait Au loup ! -, il n'empêche qu'elle existe, qu'il dit Ça me fait faire de drôles de rêves tout ça.
Un certains nombre de mes amies se plaignent de troubles du sommeil particulièrement sévères ces temps-ci. Pour moi la seule différence est que j'ai le bonheur de pouvoir faire des siestes (deux aujourd'hui une en fin de matinée) et je continue à bénéficier de la capacité à m'endormir presque dès de je m'allonge, du moins si je ne lutte pas pour continuer à lire. Quelqu'un confie à une twitta de ma connaissance ce lien pour l'aide aux bébés à s'endormir. Nous vivons dans un monde où tout est désormais monétisé. Je ne dis pas que le boulot qu'elles se sont ainsi créé est inutile. Mais les relations entre les être humains ne sont plus qu'avec des visées de professionnalisation et d'en tirer de l'argent. Dans le même temps du travail qui en est clairement (par exemple récemment : fabriquer des masques) est de plus en plus souvent demandé bénévolement, dans des chaînes pour lesquels certaines personnes touchent de l'argent - mais pas les personnes fournissant le cœur du boulot -. Quelque chose ne va pas dans tout ça.
J'ai été tirée de chaque petit sommeil du jour par un coup de fil. L'un était sympa comme tout et m'a fait bien plaisir. L'autre était en revanche de l'un des gars du club de pétanque pour donner de mauvaises nouvelles et inciter insidieusement mon époux à rentrer. Un vélo accroché aux grilles aurait été volé et les grilles endommagées ; une tentative d'intrusion dans le club constatée. Des boulistes, malgré le confinement, se seraient fait pincer de jouer - j'en avais vus qui le lundi 16 se permettaient encore de le faire - et ils auraient pris une amende. J'espère qu'en tant que président il n'aura pas d'ennuis. Il avait affiché un panonceau de fermeture, mais peut-être que ces écervelés l'ont ôté. Je trouve bizarre que si les installations dépendent de la mairie leur ouverture ne soit pas contrôlée par ses services, au même titre que celle des parcs. Ça éviterait au moins le saccage de ma vie conjugale. Et certains débordements.
L'inconscience des gens est impressionnante. C'est quand même un virus mortel qui est en circulation. Comment font ces gens qui se persuadent que leur petite personne ne sera pas concernée ?
Notre fille est à présent persuadée que sa rhinopharyngite carabinée de peu de temps après notre départ était due au #Covid_19. J'ignore d'où vient le revirement (alors qu'elle se fâchait quand je le lui disais).
Soupe aux orties a écrit un excellent thread sur comment démarrer le #Vélotaf. Ça va devenir indispensable à Paris au vu des restrictions dans les transports en commun. Et puis il y a cette question des documents employeurs nécessaires pour pouvoir les emprunter, c'est confus car personne pour l'instant ne l'a.
Il se dit en librairies que les commerces affiliés à Pacifica pour leur multirisque professionnelle vont être indemnisés pour leur perte d'exploitation de la période de fermeture obligatoire. Je connais des libraires qui ont retrouvé le sommeil
Je passe en début d'après-midi un long moment à lire au jardin. Il fait beau comme les beaux jours d'été. Et je suis rentrée par crainte de coups de soleil. Les moineaux sont terriblement chamailleurs. Au point d'en oublier ma présence.
Matoo dans un billet évoquait, le FOMO (1) ou plutôt sa fin du fait du confinement. Je n'en ai jamais trop souffert, étant plutôt victime d'un syndrome de Forrest Gump : me retrouver sans l'avoir cherché "là où ça se passe". En revanche lire son billet m'a fait piger que j'étais en train de m'en détacher du côté des livres. En tant que libraires on y est presque professionnellement obligé·e·s du fait de ne devoir pas manquer une pépite qui serait le méga-prochain-succès. Et voilà que grâce au confinement et à mon changement d'orientation qui se profile, auquel l'épidémie n'est pas étranger, je peux désormais retourner à des lectures choisies, fini le FOMO de la librairie. Il a cousu à la main de beaux masques, voici comment il a fait.
Billet de petits bonheurs chez Nasiviru. Je partage, ça fait toujours du bien. Je voudrais me remettre aux bonheurs du jour (pas eu le temps !).
Je savoure de mon mieux les derniers jours où l'on est censés sortir le moins possible. Je sais qu'ensuite même si je parviens à ce que nous restions paisiblement normands jusqu'au 6 ou 7 juin, l'Homme voudra bouger (et moi-même j'aurais envie de partir à vélo, de marcher, d'aller arpenter les belles balades de la régions).
Nous avons désormais un petit rituel du soir par beau temps : le salut au soleil. Il disparaît désormais derrière un bouquet d'arbres. Au début du confinement, il "tombait" juste à droite de la maison des voisins que nous aimons bien. La rapidité de sa descente derrière l'horizon, me fascine comme enfant.
Un homme, noir, Ahmaud Arbery, avait été tué en février alors qu'il faisait un entraînement de course à pied dans un quartier résidentiel. Il se trouve parce que quelqu'un, sans doute en désespoir de cause l'a fait fuiter, qu'une video de l'assassinat est devenue visible sur les réseaux sociaux. On voit clairement deux types le descendre après qu'il a quand même tenté de sauver sa peau en repoussant l'un d'eux, qui le menaçait avec son fusil. Visiblement les autorités étaient en train de s'arranger pour enterrer l'affaire. Mais la réaction des internautes les a obligées à arrêter les deux tueurs. Celui qui a fait le film étant peut-être complice, d'ailleurs.
L'horreur du racisme dans un de ces pires manifestations.
Pour qu'il parvienne jusqu'à nous en ces temps où l'épidémie du #Covid_19 monopolise à juste titre l'attention, il faut qu'un fait divers soit particulièrement sordide ou odieux. Ce qui donne encore une image plus dure de ce monde. Il n'y a pas de faits divers mollassons pour nous permettre de maintenir l'illusion que les êtres humains sont parfois bien bien cons mais pas de façon trop grave. De nos jours même une photo de groupe peut faire courir un risque mortel.
La Reine d'Angleterre a encore parlé. Je l'admire.
Par ici un témoignage d'un vétéran.
LT des TG du soir sur Rai News 24, enfin un peu (j'écrivais ici en même temps).
J'espère que plus tard, on pourra malgré la tragédie, se souvenir d'images choupis, ici au pays de Galles avec des moutons, là en Turquie avec des marcassins
Ce touite-ci aussi m'a fait rire : les villes au nom ennuyeux qui se sont jumelées pour créer a "trinity of tedium"
(1) le « fear of missing out », "c’est à dire littéralement la peur de rater un truc"
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3,981,763 cas (dont : 274 434 morts (77 902 morts aux USA) et 1 372 687 guéris)