Déconfinement officiel 1 jour 16
Réveil tardif mais le temps était radieux et nous avions prévu un entraînement court, alors nous avons maintenu notre séance.
J'avais vu deux séances de pro la veille sur Youtube qui m'avaient semblé attrayantes :
15' échauffement
8 x 1 km au seuil R=1'
15' cool down
30' échauffement
5 x 6' au seuil R=2'
15' cool down
La seconde nécessitait a priori davantage de temps. J'ai donc adapté la première à mon niveau et "roule nénesse" comme disait un collègue de bien avant la fin du siècle dernier.
Adapter à mon niveau ça signifie que l'allure au seuil est celle de l'échauffement de la plupart des gens et que les 8 x 1 km deviennent 4 x 500 m
Ça a donné un peu de rythme c'était bien et j'ai pris des repères aux barrières. Ainsi 15 minutes à faible allure (échauffement et cool down) ça donne : jusqu'à la première barrière.
Et 2 x 500 m mènent à environ mi-distance de la barrière 2 et de la barrière 3.
Il me manque une partie car j'ai bêtement arrêté ma montre pour la minute de pause entre la série 3 et la série 4 ... et ne l'ai pas relancé.
Le temps que je fasse le défi abdos - squats - pompes prenne ma douche et mon petit-déjeuner la matinée était bien entamée.
C'est alors qu'il y a eu un appel du boulot de monsieur qui soudain, même si aucun chantier n'a redémarré requérant ses compétences, souhaite qu'il revienne bosser et que ça ne pourrait attendre le 8 juin. Je lui ai demandé comment nous ferions en pratique puisque j'ai besoin des outils pour finir les travaux de remise en ordre entrepris et ne pourrait donc rentrer en train. Et qu'il ne pourra pas partir puis revenir me chercher à cause de la limite des 100 km.
Si je rentre d'avance avec lui je n'aurais pas le temps de finir la remise de la maison en bon état.
Et je n'ai aucune envie de me retrouver confinée dans l'appartement avec ma fille télétravaillant.
Les entreprises abusent largement de la situation, beaucoup d'entre elles en tout cas. Partez, ne revenez pas, euh si, revenez immédiatement.
Il y a aussi des abus vis-à-vis du chômage partiel : l'État a financé le télétravail des gens dans bien des cas.
Ça n'était pas son cas, il a simplement répondu à quelques coups de fils ponctuels et suivi une formation de deux jours + débrief. Seulement je fatigue sur le plan général des abus qui sont faits. Et d'autant plus facilement et sans opposition que la crise à venir mettra bien des gens sur le carreau, alors qui est en poste s'efforce de le conserver.
Je me souviens en revanche fort bien de la période du temps de l'"Usine" après l'incendie des bureaux. Il avait eu lieu le week-end et dès le jeudi nous étions à pied-d'œuvre dans des bureaux de remplacement à La Défense à rebrancher des ordis et déjà rebosser sur toute la part de l'informatique qui était à distance. Arrive la paie de fin mai : de la date de l'incendie à la fin du mois nous avions été comptés en chômage technique complet. Ça ne faisait pas un grand écart sur le net, des cotisations différentes se compensaient. Il n'empêche que c'était l'État et donc le contribuable qui avait payé les 2/3 de mois pendant que nous étions en train de travailler (et d'arrache-pied, ce qui ne nous fut jamais compensé, cet effort pour bosser malgré tout) pour notre employeur. Nous ne l'avions su qu'en recevant nos bulletins de salaire. Il était pratiquement impossible de protester. "Vous avez été payés de toutes façons". "C'était l'accord avec l'État, il n'y a pas de problème". J'en vois qui vivent la même mésaventure avec le #Covid_19. Notre cas était plus flagrant puisque nous n'étions pas en télétravail mais bien sur les lieux. Seulement pour les salariés isolés chez eux, il est encore plus compliqué de prouver quoi que ce soit, à moins de saisir individuellement une instance de type prud'hommes, perdre son boulot, entrer en conflit ouvert avec sa direction.
Après un bref déjeuner bien triste, il est vraiment pénible passé un certain âge de ne pas être un minimum libres de notre temps, du temps qui nous reste et qui devient précieux, j'ai voulu lire mais j'ai surtout dormi et l'Homme c'est exercé dans son practice personnel. Si au moins ça pouvait lui donner la force pour une fois de ne pas se laisser faire, lui qui déjà n'a pas eu de vacances l'été dernier à part à peine une semaine que j'ai dû insister pour que l'on ait avant de m'embarquer fin août dans le nouveau boulot en maison de la presse et que je croyais pour de bon avant de heurter mes limites physiques et d'absence de liberté de décisions (1).
Il y a eu une bizarrerie en fin d'après-midi, démotivée pour les travaux (si on doit repartir je ne pourrai finir), je lisais The Beatles Tune In en buvant mon five o'clock tea quand soudain JF après s'être un peu reposé a dit Quand est-ce qu'on mange ?
Et je me suis rendue compte qu'alors que je me croyais vers 18h, il en était 20.
L'impression très forte que l'après-midi a été engloutie dans une faille temporelle.
Heureusement la balade d'après le dîner nous aura sauvé la mise : nous sommes partis marcher vers le sud ouest de la petite ville et des nouveaux quartiers en cours de lotissement lors de nos dernières balades sont à présent bâtis et peuplés. Dont pour une part des villas présomptueuses à l'américaine (avec SUV assortis) et pour l'autre des Two x two à l'anglaise, qui pour du logis populaire avec mitoyenneté ont assez d'allure. Dans cette partie-là il y avait même un chemin piétonnier.
Les parties qui se veulent chic sont beaucoup à base d'impasses, on ne veut surtout pas que les gens, même à pied puissent passer. Dans quelques années on peut supposer que tout sera bouclé en mode lieux privés dans des quartiers privés dans lesquels chaque portes de chaque pièces et chaque placard derrières elles ferment à clef.
Il reste encore des champs. Dans l'un d'eux cinq chevaux de selle magnifiques et forts avenants qui sont venus nous saluer.
Il y avait une petite portion de route longeant la voie rapide de contournement qu'il me semblait n'avoir jamais vue. Mais des arbres avaient été récemment abattus donc il se peut que ce soit leur absence qui m'ait donné cette impression.
Reste la question : quels boulots exercent donc tous ces gens qui vivent là, toute cette nouvelle population dont le nombre semble avoir bondi en quatre à cinq ans ? Avec une partie d'entre elle qui visiblement a de forts moyens financiers.
Corollaire : où sont les enfants ? les adolescents ? Je veux bien croire que la période est extrêmement particulière de ces derniers deux mois, mais toutes les dernières fois que nous sommes venus nous n'avons jamais eu l'impression d'un boom démographique qui pourrait correspondre à des logis si vastes.
Je sens que les jours du champs derrière la petite maison sont comptés. Et du bel arbre que j'aime tant.
La région est en train de devenir recherchée.
Le danger nucléaire semble n'inquiéter personne - ou alors tous ces nouveaux habitants sont liés à des emplois sinon directs du moins induits ? -.
En attendant cette balade m'a donné l'impression de découvrir une nouvelle ville. Ici aussi je vais bientôt ressentir l'impression d'avoir déménagé sur place. Le petit pays que je connaissais par cœur n'existe déjà plus que dans ma mémoire.
LT des infos italienne de Rai News 24, les infos "non Covid-19" commencent à reprendre place.
(1) Ce soulagement rétroactif devant l'épidémie et le fait que les maisons de la presse et bureaux de tabac restaient ouverts malgré le danger. Merci à mes genoux d'avoir exprimé par la douleur leur désaccord à temps.
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
5 649 790 cas (dont : 350 349 morts (dont 100 414 morts aux USA) et 2 415 257 guéris)