Chroniques du confinement jour 38 : chaise longue et pas de Tabata
23 avril 2020
Ça devait être une journée de sport et ça avait commencé comme ça. Seulement la séance de Tabata du soir a été reportée : notre jeune coach doit préparer son avenir et oui, cette période n'est pas de totale liberté, y compris pour les personnes que leur travail ou ce qu'il reste de leurs études n'obligent pas à n'être pas confinées. La façon dont nous nous sommes sentis brièvement désemparés prouvait à quel point ces séances nous font du bien. Elles structurent clairement une de nos soirées sur deux, la transformant en un moment actif et récréatif qui rompt l'isolement. L'horaire choisi (19h10 à 20h, un peu avant) permet de ne pas engloutir toute la soirée. Et à ceux qui travaillent de rentrer du boulot.
Dès lors, je suis pour ma part passée en mode, lecture à fond, d'autant plus que l'ouvrage en cours me captive (1) et que j'ai sorti une chaise longue étrangement neuve, venue (aux scotchs qui la maintenaient, toujours présents deux ans après) du déménagement de Taverny. Elle remplaçait avantageusement, car possédant ce dispositif pour reposer les pieds que l'ancienne n'avait pas, celle que le voisin voleur nous avait subtilisée, et dont j'ai encore la nostalgie pour sa toile à rayures vertes, classique et simple. Celle-ci semble moins solide, seulement elle a le mérite d'être là.
Il aura fait un temps divin toute la journée et j'en ai profité (short et tee-shirt) pour prendre le soleil : le risque de brûler ma peau (déjà un peu amarinée par la course à pied) m'a semblé inférieur à celui de manquer de vitamine D en cette étrange sortie d'hiver. Le troglodyte mignon s'en donnait à cœur joie, les mésanges semblent ne plus craindre ma présence (si je ne fais ni geste brusque ni mouvement de rapprochement), j'étais dans un petit paradis. Lire ainsi au jardin durant la matinée puis en lever de sieste aura été un grand moment qui faisait du bien.
Il en fallait, les nouvelles semi-générales, j'entends par là, celles qui concernent des personnes que je connais mais sont liées à l'actualité (et en l'occurrence, la pandémie de #Covid_19 ), n'étaient pas très bonnes. Après un début de semaine qui vu de ma lorgnette pouvait donner l'illusion que l'épidémie s'était bien tassée, c'est reparti d'apprendre qu'un père vient de mourir, qu'une amie sort à peine de la phase où la maladie met HS (y compris les cas censés être les plus légers ne nécessitants pas hospitalisation) et survit grâce aux bons soins de ses voisins, que la mère d'une amie proche a été testée Covid + (2). Bref, le pire est peut-être passé mais rien n'est résolu.
Le gouvernement en France semble vraiment dépassé. Tandis qu'en Allemagne Angela Merkel dit les choses clairement, qu'en Belgique une jeune femme, Sophie Wilmès, qui se retrouvait au pouvoir le temps de gérer les affaires courantes, parce que ces messieurs n'étaient pas parvenus à se mettre d'accord, semble faire face correctement, qu'en Nouvelle Zélande, Jacinda Ardern, est en passe de réussir à ce que son pays soit le plus épargné possible, et qu'en Italie le tandem Conte - Mattarella limitent les dégâts en donnant le meilleur d'eux-mêmes (3), en France, on nous ment ouvertement (l'exemple des masques "qui ne servent à rien"), on nous parle comme à des enfants immatures, une porte-parole dit des choses absurdes à répétition, et les ministres donnent l'impression qu'il n'y a aucune concertation. Ainsi le ministre de l'éducation nationale avait annoncé des dispositions pour le déconfinement scolaire annoncé par Président Macron au 11 mai, mais il a été démenti aujourd'hui par le premier ministre en mode On se calme ce ne sont que des hypothèses de travail.
À différents échanges au fil de la journée je me rends compte qu'alors que le confinement est en place depuis plus d'un mois, les personnes de bonnes volontés qui souhaitent le respecter sont encore perplexes quant à ce qui est ou non autorisé. Il faut dire que selon les localités et les contrôleurs des interprétations fort différentes semblent en être faites.
Bref, ce pays devra probablement faire face à une sévère deuxième vague tant tout part dans tous les sens.
Mon T.I.L. (Today I Learned) concerne les vaches : je sais à présent, grâce à Antoine Thibault, ce que sont ces sortes de cloches qui n'en sont plus, autour de leur cou.
Et j'ai aussi compris grâce à lui pourquoi les six vaches du champ derrière le jardin ne sont apparues que tout récemment.
La fin de journée, j'entends après la sieste, est passée à toute allure encore plus qu'à l'ordinaire. Quelques échanges familiaux, mais qui ne prirent pas tant de temps. Un peu d'observation au jardin, mais pas si longues non plus.
Soudain il fut 22h30.
Je crois que j'ai été victime de l'illusion que Oh il n'y a pas de séance de Tabata, j'ai du temps.
Mon bonheur de ce soir, cette conversation matheuse, que je ne suis plus capable de comprendre pleinement mais dont la survenance me ravit.
Comme dab Lt partial et incomplet des infos italiennes sur Rai News 24
(1) Toujours "Feu de tout bois" d'Élisabeth Horem à présent à Doha avec quelques voyages et la présence grave de la guerre civile en Syrie.
(2) Même si elle est asymptômatique pour l'instant et peut tout à fait s'en sortir ainsi et en plus immunisée, c'est une forte inquiétude.
(3) Je ne crois pas que l'on pourra leur reprocher grand-chose, l'Italie a eu du retard à l'allumage et comme la France partait d'une situation hospitalière dégradée, mais ensuite ils ont souqué ferme. Et zéro mépris de leur peuple, des encouragements et de la pédagogie. Des remerciements.
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 709 949 cas (dont : 190 098 morts (49 648 aux USA) et 742 255 guéris)
Ce qui me tracasse c'est que le palier observé en Italie (l'Espagne et la France suivant de peu) s'éternise. Il y a toujours entre 400 et 500 morts par jour. Alors bien sûr, rien à voir avec l'horreur du pic mais doit-on s'habituer à avoir comme ça dans nos pays 400 morts par jour dont soudain nous ou nos proches pouvons faire partie.