Chroniques du confinement jour 35 : reprendre le ménage sur l'ordi, et lire sans se priver
20 avril 2020
C'était jour de récupération, sans sport à part le défi abdos - squats - pompes, et j'en ai profité pour lire à loisir. Le temps (météo) s'y prêtait : sous des apparences de beau temps, c'était bien bien frisquet et assez venteux. Pas un vent de tempête, certes, mais un vent de j'ai froid si je reste dehors sans bouger, par exemple pour lire au jardin.
L'appli Bird up que Laurence m'a conseillée se révèle un piège : je suis capable de passer un temps fou, encore plus qu'avant à écouter les oiseaux et avec cette sorte de Chazam ornithologique, toute heureuse de repérer telle ou telle voix.
À la tombée du soir, ce que je prenais pour un merle inspiré était en fait une grive musicienne. L'appli m'a aussi permis de déceler qu'il y a un rouge-gorge, au moins dans les environs. Même si je ne l'ai encore jamais vu.
Le déconfinement sera difficile, je suis ravie de mes activités de confinée.
La journée a filé à toute allure, j'accompagnais mentalement mon amie Élisabeth en Syrie et lors de ses trajets en Grèce et en Turquie. Dans la soirée j'ai dû les laisser en Éthiopie : il me fallait accomplir quelques tâches, préparer mon attestation pour le short legal morning run du lendemain matin, ranger quelques objets (l'idée étant de vider un carton par jour), et nettoyer la petite valise rouge sur laquelle un scotch de déménagement avait laissé une trace visqueuse redoutable. Me secouer pour ce minimum vital, et même si j'ai laissé les repas à JF (qui nous a cuit une hampe le midi avec patates et carottes fraîches), c'était un bon petit travail.
Le tri - sauvegarde et ménage des photos m'a tenue pour le reste de la soirée. Je crois que ça sera ma tâche principale de la semaine, l'ordi n'avait plus que 2,2 Go de disponibles.
De ce fait j'ai laissé tomber le LT des infos italiennes. Les nouvelles que j'avais captées à différents moments de la journée pouvaient toutes se résumer France ou Italie par le fait que les gens sont en train, poussés par leurs employeurs ou de leur propre chef parce qu'ils n'en peuvent plus et que les infos de par les hommes de pouvoir sont contradictoires et confuses, de déconfiner bien trop vite. L'homme lui-même a répondu à son chef qui l'appelait pour prendre des nouvelles qu'il avait hâte de revenir le 11 mai. Or l'épidémie ne sera pas suffisamment calmée avant fin mai pour l'Italie et mi juin pour la France. Pourquoi tant d'impatience ? Je peux le comprendre là où les gens ont faim. Pour l'instant la plupart des habitants d'ici s'en sortent, j'espère ne pas me tromper. Alors pourquoi aller volontairement se jeter dans le danger, quand le seul effort à faire est de rester au calme ?
Les plus raisonnables de mes amies ont des tentations de consommation : dès que la moindre boutique annonce un peu de livraisons possibles hop hop elles se réjouissent et décident de commander ou d'y aller voir. J'ai l'impression qu'on ne peut pas lutter. Nous avons été dressés pour consommer, dressés pour être productifs - oui il le faut mais pour quelques temps encore c'est à l'État de se substituer à nous en tant que petits pions productifs sous peine qu'au bout du compte il reste tellement moins de pions que le monde tel que nous le connaissions devra s'arrêter -. C'est impressionnant d'à quel point il semble difficile de se déprogrammer.
En attendant, bonnes nouvelles de la famille et de quelques amies, ce qui fait du bien et plaisir pour les personnes concernées.
Nous regardons circuler les six vaches du champ d'à côté. Elle vont de celui-ci à l'autre, derrière le rideau d'arbres. L'une d'elle semble intriguée par notre présence. Les autres trop occupées à mastiquer.
Il y a depuis plusieurs jours des sons de tronçonneuses dans le lointain pas si éloigné, qui me font craindre pour les arbres.
Je suis heureuse pour la première fois depuis mes années d'enfance et de jeunesse, je crois bien, d'avoir pu voir au jour le jour le décollage du printemps, à présent lancé : les arbres sont feuillus, ça y est.
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 474 054 cas (dont : 170 191 morts (42 263 aux USA) et 645 019 guéris)
La France a dépassé les 20 000 morts officiels ; il est beaucoup trop tôt et il sera encore trop tôt le 11 mai pour déconfiner. L'Allemagne, en revanche avec sa politique de tests, de quarantaine, et son nombre de lits en réanimation suffisant peut commencer dès maintenant (colonne rouge le nombre de morts le 20 avril)