Chroniques du confinement jour 32 : une chouette journée sportive, l'air de rien
17 avril 2020
Il avait plu bien fort dans la nuit et j'ai cru qu'il allait falloir renoncer à courir. Et puis vers 8h le temps a viré au gris simple, et nous avons pu aller trotter. Je me suis fait plaisir j'ai essayé la séance qu'indiquait Running Addict : la Moneghetti ; un peu adaptée à mon niveau. C'est donc devenu avec deux allures : le vite de moi (6 mn / km ou un peu moins), et le normal de moi (7 mn 30 s du km ou plus) : 4 x 90 s en alternant 1 x vite 1 x normal ; 4 x 60 s 1 x vite 1 x normal ; 4 x 30 s 1 x vite 1 x normal ; 4 x 15 s 1 x vite 1 x normal.
Il indiquait des séances d'une vingtaine de minutes à la base. La mienne a pris 31'33'' et j'ai parcouru 4,44 km en faisant un peu de navette sur la voie verte, en restant dans la limite légale théorique du confinement, et où nous n'avons croisé que le monsieur qui marche avec une béquille et sans doute comme un effort de rééducation.
Le fait d'avoir eu comme ça un petit objectif, ce qui nécessitait un brin de concentration, m'a mise en joie. D'y arriver pas si mal également. Finalement il se pourrait qu'au moins en course à pied je ne perde pas tant que ça.
La séance de Tabata fut elle aussi très réussie. Romain (Pourrat) l'avait particulièrement équilibrée, il n'y avait pas de défis (comme les défis Roxanne), lesquels me poussent à trop forcer. Et de parvenir à bien suivre, même si un peu plus lentement sur l'un des exercices, m'a donné la pèche.
L'une des premières informations du matin fut l'annonce du décès du chanteur Christophe, qui bizarrement semblait attrister JF - je ne l'en savais pas fan, peut-être a-t-il des souvenirs - ; d'ailleurs c'est lui qui me l'a appris, il lisait les infos sur son téléfonino et il a dit Oh merde ! d'un ton qui m'a un instant laissé croire qu'un truc grave était survenu.
Dès lors j'ai regardé quelques infos ici ou là, une amie sur Twitter m'a fait pas de son peu de sympathie pour le monsieur à cause de la façon dont il avait traitée Michèle Torr. J'ai donc effectué quelques recherches, je crois que je la confondais un brin avec Nicoletta. Et là Youtube avec ses suggestions redoutables (1) m'a emmenée dans une maison où Jacques Brel habita. Il y avait des extraits de lettres et le sujet était bien plus intime que bien des documentaires que j'ai pu voir sur cet homme sans cesse en mouvement. Une de ses anciennes amoureuses témoignait, moins esquintées que d'autres car elle a eu une part du choix (ou : une illusion de part du choix) qui lui appartint : il voulait partir faire le tour du monde en voilier et elle pouvait venir, seulement elle avait un jeune fils qu'elle voyait peu en raison de son divorce (dû à sa relation avec le chanteur). Elle a choisi de rester non loin de son enfant. Et il est finalement parti avec sa deuxième fille et Maddly Bamy. Le déroulé des choses m'a bien rappelé quelqu'un. Incapable de ne pas se lancer dans le chemin de la séduction et bien embarrassé d'y trop bien parvenir, ou fracassé de malheur de n'y arriver pas. Au bout du compte, presque uniquement centré sur lui-même quoi que capables de grandes bontés (d'où que les gens peuvent le croire généreux), et persuadé à cause de ses moments de chagrins profonds lorsque ses entreprises de séduction ne rencontrent pas le succès d'être quelqu'un de tendre, quand ce n'est qu'un chagrin d'échec, celui de la manipulation essayée. Voir cette femme qui s'en étant tirée, assumait ses fautes (elle-même était tombée sous la séduction en chagrinant une de ses meilleures amies), et se souvenait des bonheurs que le fait de croire avoir choisi la fin de l'histoire d'amour préservait d'être moisis rétroactivement par la tromperie du garçon, m'a été d'un grand réconfort.
En plus que ça m'a permis de songer à tout autre chose qu'à l'épidémie.
Du chanteur initial dont il était question, il semblerait qu'il ne soit pas mort d'une attaque du virus, mais d'un autre type d'attaque pulmonaire. Comme il y a eu transfert d'un hôpital à un autre et d'Île de France à Brest, on peut supposer qu'il a peut-être été une victime indirecte : sans doute les services étant saturés n'a-t-il pas pu être pris en charge aussi vite qu'il l'aurait fallu, ou sans ce déplacement risqué. Bref, son décès en ce moment même n'est sans doute pas étranger à la pandémie et tout ce qu'elle modifie.
J'ai commencé tardivement les petites écritures du quotidien, et ne les ai avancées qu'après la sieste et terminées qu'après la séance de Tabata et le dîner. C'est l'avantage de disposer de son temps.
Pas non plus de jardinage, de toutes façons la terre était détrempée, et la matinée avait filé. Un long moment j'étais ainsi restée à observer les oiseaux que l'après pluie rendait particulièrement actifs. Je ne sais toujours pas le nom de l'espèce du petit chanteur remarquable. Le temps de sa présence, c'était beau à en pleurer. J'ai vu le couple de mésanges, peu farouches, et deux fois deux moineaux, avec un léger doute lors du second passage pour s'il s'agissait ou non du couple habituel. J'éprouve honte et rage à faire partie de cette humanité qui par son nombre et son mode de vie principal bousille toute ces beautés. Mais à part me montrer à mon échelle la plus respectueuse et la moins sur-consommatrice possible, je ne sais que faire (2).
Je suis toutefois restée, parce qu'il faisait gris mais tout doux, à lire un moment au jardin, toujours "Feu de tout bois", toujours la période syrienne - même si elle est ponctuée de voyages vers d'autres destinations -. C'est la lecture parfaite pour cette période du confinement.
Belle petite sieste. Doublement interrompue parce que ce guetteur du parking d'Aldi qu'est mon co-confiné s'exclamait que les gendarmes y étaient. Ils ont, semble-t-il, effectué quelques contrôles et prié un camping car qui stationne là depuis le début du confinement de s'en abstenir au moins aux heures ouvrées. Ses habitants et leur véhicule sont revenus en soirée. Et parce qu'un coup de tonnerre a résonné violemment. Avec un peu plus tard des éclairs dans le ciel. Mais rien de tout ces préparatifs ne fut suivi d'orage avec pluie.
Je me suis remise à mes petites notes du quotidiens. L'heure du Tabata est venue très vite.
Douche, dîner, bloguage ici même et c'est déjà l'heure du LT des infos de Rai News 24, sous des éclairs d'orages, ceux-là bien pluvieux.
Un billet sur le blog de Monsieur Kaplan m'a fait repensé aux derniers mots cohérents de mon père, qui furent une belle déclaration d'amour au peuple arménien. Laquelle restera sans doute un mystère pour moi, non que je n'aie été d'accord avec ses propos - j'éprouve de l'estime pour celleux que je connais, et ça coïncidait bien avec ce que je pensais d'eux (mais je suis très consciente que comme dans tout groupe humain il contient également son lot de crapules et d'idiots) -, mais que je me demande bien (ce) qui est à l'origine du fait qu'il ait soudain éprouvé le besoin de rassembler ses dernières forces mentales pour les exprimer.
Trump à trumpité, poussant au soulèvement dans les provinces démocrates confinées.
J'ai failli omettre l'événement de la journée : les vaches sont de retour dans le champ de derrière [le jardin] !
(1) J'arrive fort bien à ne pas tomber dans des tas de pièges de l'internet et des réseaux, mais parfois, je me laisse embarquer par les liens YouTube et les documentaires improbables qu'ils nous mettent sous la dent.
(2) Tenter de militer, j'ai déjà essayé. Outre que je ne trouve pas de mouvement qui me corresponde vraiment, les enjeux mesquins sont les mêmes dans chaque organisation et le temps à y consacrer incompatible avec une vie professionnelle à tenir (pour quelqu'un pourvu d'une thalassémie). Faire des dons financiers : pas tant que ma situation reste incertaine, sans pouvoir établir de budget.
Lien vers le site de la santé publique en France
Liens vers des statistiques :
Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 225 916 cas (dont : 152 526 morts (36 153 aux USA) et 567 279 guéris)
(extrait du tableau de bord de wordometer à ce soir ; et cette question : comment se fait-il que la Belgique ait un tel pourcentage de décès (alors qu'elle semble tester ce qui fait que la densité de cas mortels n'est pas faussée, contrairement à la France qui ne teste que les cas graves et certains personnels) ?)