Chroniques du confinement jour 30 : Du sport, des factures et pour la première fois presque un film
Chroniques du confinement jour 32 : une chouette journée sportive, l'air de rien

Chroniques du confinement jour 31 : naissance d'un petit Sacha, mort du grand Sepulveda

 

    C'était jour de récupération, quelque chose me dit qu'il ne faut pas trop tirer sur les organismes fragilisés par le peu d'amplitudes de déplacements, et j'en ai profité pour lire un peu ici et là, répondre doucement à des messages, repérer un film de Wim Wenders que je peux voir via Arte (1) avant le 18/04. Mon thème de sieste est tout trouvé. 

À 10h52 j'ai reçu via Whatsapp la belle photo d'un petit Sacha tout nouveau né au fils musicien d'un de mes vieux amis. J'étais toute heureuse pour eux, le jeune père, la jeune mère, le grand-père et la grand-mère, même si je l'ai perdue de vue par la force des circonstances (et aussi de trop travailler, on finit par ne plus voir des personnes que l'on appréciait). 

À 11h22 la nouvelle de la mort de Sepulveda m'est parvenue, toujours via Whatsapp, cette fois-ci par le groupe du cercle de lecture de l'Attrape-Cœurs, et qui m'aurait rattrapée de toutes façons dès que je serai passée sur Twitter peu après. Une victime de plus du Covid-19. Quand la veille au soir il avait été en passant, lors d'un reportage sur un collectif d'écrivains, évoqué qu'il était toujours en réanimation je m'étais dit que ça n'était pas fort bon signe, lui qui faisait partie des premiers signalés hospitalisé, en Espagne. La triste nouvelle ne me surprend donc pas. La tristesse n'en est pas moins grande. 

J'aurais eu une demi-heure de répit d'insouciance retrouvée et de croire à nouveau en un avenir possible.

JF est parti faire des courses. Il semble si mal conscient du danger que j'espère qu'il reste très prudent. En tout cas y aller est pour lui le contraire d'une corvée. Je m'efforce de lui faciliter la tâche en ne réclamant rien de compliquer. Je peux rester fort longtemps à me contenter de manger ce qu'il y a, j'ai cette chance immense. 

Être seule permet de rêver un peu, et de laisser venir les souvenirs. 

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La voisine de deux maisons plus loin n'a plus depuis dimanche soir (ou lundi ?) son ou ses petits enfants. Je regrette un peu l'animation que ça mettait à certaines heures. Ça ne m'empêche pas de savourer le calme revenu, également.

Il fait de nouveau plutôt chaud, après plusieurs jours où le pull était nécessaire dehors.
C'est magnifique d'observer de près l'arrivée du printemps. Je ne suis pas la seule à le faire ; je connais au moins un expert. D'ailleurs j'aime ce qu'il écrit au sujet du confinement : 

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Je me suis aperçue que j'étais trop légère en connaissance des oiseaux pour remplir correctement l'observation de mon jardin. Je ne sais dire que C'est un moineau, une mésange, un merle, sans distinction. J'essaie donc de m'instruire avant que d'écrire des bêtises.

Lecture sur le banc au jardin après le déjeuner. JF à mes côtés puis s'entraînant à la pétanque. Je suis exagérément fière de cette petite diagonale d'entraînement. Les fortes averses orageuses de la fin de la journée auront sans doute un peu modifié sa configuration, il conviendra de remettre les choses en ordre. 

L'après-midi aura été consacrée à un film de Wim Wenders, "Everything will be fine" que j'avais manqué. Il est sorti au printemps 2015 et c'est sans doute une raison suffisante, je bossais dur et j'allais mal après l'attentat contre Charlie Hebdo. Et puis je me méfie des films qui mettent en scène un écrivain, c'est généralement balourd et faux. Après, il se trouve que l'accident dont nous avons été fin mars les témoins auditifs nous ayant un peu secoué, j'ai cru que quelque chose pourrait se glaner dans l'expérience du personnage. En fait non, car il est impliqué directement dans l'accident qui a lieu. Le film m'a déçue, mais je me suis quand même laissée porter, les décors étaient si doux, la lenteur si confortable et Charlotte Gainsbourg si prenante en mère qui a perdu l'un de ses enfants. Les autres acteurs ne m'ont hélas pas semblé au diapason. Et celui qui tient le rôle principal, celui d'un taiseux qui parle peu et bas, donnait l'impression de tenter d'imiter James Dean, la présence en moins. Oui voilà je crois qu'il manque à ce film un acteur hors catégorie qui aurait emporté le morceau et fait le poids face à Charlotte. 
Enfin, les ellipses de quatre ans en quatre ans m'ont semblé un brin artificielles, un peu comme si précisément ce qui ne nous était pas donné à voir était sans doute l'intéressant. 
Pour finir, peut-être que la 3D dont nous ne pouvions pas profiter sur notre petit écran, transcende le film. Qui sait ?

La fin de journée aura curieusement été productive alors que j'ai passé bien du temps à regarder le ciel, les moments de pluie et écouter les oiseaux - ça y est j'ai repéré le grand chanteur, un tout petit brun, tout fin, celui qui a son nid probablement sous un coin de la gouttière de la maison voisine où vivait le voisin voleur - : j'ai descendu les deux valises en plastique qui étaient au dessus de l'armoire du sous-sol et les ai vidées. La petite rouge contenait mon ancienne machine à écrire électrique, une folie pour l'époque. La grande marron, du linge de maison dont de très beaux napperons et une robe de chambre de Nino, ainsi qu'un châle à poches irlandais que je me souvenais d'avoir acheté pour Mado à Carteret. J'ai rangé différents éléments et aussi rangé un peu les vêtements en haut, préparé les lessives à venir.

Notre dîner fut de grignotage (un avocat, du fromage, de l'houmous ...) et tardif (vers 20h30). J'ai pris une douche dans l'idée de me relancer en énergie pour la soirée. 

Très vite c'était l'heure du LT des infos italiennes. Le problème majeur m'a semblé ce soir que l'épidémie, si elle se tassait, ne diminuait pas vraiment nettement. Alors les pro-économies reprennent des arguments, puisqu'il est évident que l'on ne peut rester longtemps en arrêt. Bolsonaro a viré son ministre de la santé qui prônait un confinement : clairement, lui s'en fout que meurent les gens. 

Aux USA dans certains états qui avaient mis en place un confinement, les plus précaires manifestent : leur risque immédiat, malgré des aides annoncées, est de mourir de faim. Tant qu'ils ne sont pas directement touchés par la maladie, c'est pour eux péril plus lointain. Il fut dit aux infos italiennes que certains manifestants étaient armés. 

J'ai été accueillie dans ma journée par une belle brassée de messages amis, il serait temps que j'y réponde. Tout se passe comme si je craignais d'aller trop vite, comme si le confinement nous mettait dans l'obligation de "faire durer". 

Serait-ce enfin la fin du "Vite, beaucoup, loin, mal" qu'évoquait Carl Vanwelde dans un de ses billets

(1) "Everything will be fine" (sorti en avril 2015 ce qui explique sans doute, la période étant si rude encore, je parvenais tout juste à aller bosser et voir les ami·e·s comme moi endeuillé·e·s, que je l'avais manqué)

 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 173 168 cas (dont : 144 949 morts (34 475 aux USA) et 546 296 guéris) 

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