Chroniques du confinement jour 25 : Dissonance cognitive
Chroniques du confinement jour 27 : C'est terrible à dire mais quel bon dimanche (dans notre coin) !

Chroniques du confinement jour 26 : Le jardin prend forme


    Ça y est, nous avons stabilisé notre circuit légal "long" (6 km, tu parles !) que je peux courir en 53 minutes horaires (45 minutes en mouvement : j'ai profité que je sortais pour prendre des photos) principalement sur la voie verte mais parcourue dans un sens puis dans l'autre et qui permet si nous partons entre 7h30 et 8h00 de ne croiser personne ou presque ; ce matin deux silhouettes lointaines seulement aperçues (un promeneur de chien et sans doute le monsieur qui marche lentement en s'aidant d'une béquille) et un jeune gars d'une douzaine d'années à vélo, qui a bien respecté son côté [du chemin].

Il faisait un temps divin, une lumière comme dans un beau rêve. Pour un peu on aurait oublié toute l'épouvante de l'époque.

La séance de Tabata du soir a fait du bien aussi, même si pour une question technique elle s'est achevée en cours de Bring Sally Up, semblerait-il pour une question de droits sur les musiques (le groupe étant privé je trouve que ça ne rigole pas).  J'en ai profité du coup pour intercaler comme ça pouvait le Challenge 10 x 10

Une bonne chose de faite. De même que le rangement du jardin. Une fois la structure métallique enlevée et le débroussaillage effectué, j'ai pu remettre ce qui restait du bois contre la barrière mitoyenne (plus ou moins là où elle était auparavant). Ce travail au jardin m'offre une satisfaction bien supérieure à sa réalité. Je pense que je lui suis reconnaissante de moments de concentration douce, d'heures à l'extérieur mais néanmoins chez moi, à ne pas penser trop à l'épidémie - mais aux personnes, si ; aux malades que je connais, comme si de penser à elles en se concentrant sur un travail physique paisible pouvait obscurément les aider (c'est mon côté enfantin, je le sais) -. 

JF a fait des courses, ça lui fait trop plaisir. C'est bien sûr utile, seulement si j'étais seule je ne m'organiserais pas du tout de la même façon, je n'irai qu'une fois par semaine et ferai mon propre pain. Le traiteur s'est remis à proposer des plats. Je sens que nous allons redevenir culinairement flemmards. 

La sieste a été écourtée par l'un des enfants de deux maisons plus loin qui s'est mis à taper sur quelque chose comme s'il s'agissait d'un tambour. Globalement ils sont vraiment sages, on entend des voix de jeux, c'est plutôt agréable. 
Plus tôt des voix d'adultes, plutôt féminines - l'une a un accent du nord ou voisin, c'est curieux ici - s'étaient disputées au sujet d'un carton, ou des objets d'un carton. Se doutent-ils que dans le silence relatif actuel - de la circulation, certes, mais moins qu'un ordinaire samedi - nous entendons tout. Et nous sentons aussi : ils ont fait un barbecue pour dîner et ça sentait le brulé puis l'essence particulière pour les flambées. En plein pendant notre séance de sport. Nous avons dû ouvrir côté rue. 

Dans ma lecture de "Feu de tout bois" (1) c'est la fin de la période irakienne, et donc du confinement pour cause de guerre puis de guerre civile. Les derniers mois sont terrifiants. Et Elisabeth décrit fort bien les mécanismes psychologiques qui se mettent en place pour permettre de tenir le coup, pour qui tient le coup. C'était la lecture parfaite pour notre période particulière : on voit bien les effets d'un confinement, du moins lorsqu'on est quelqu'un qui lit, qui écrit, qui est mélomane, qui n'a pas de difficultés matérielles majeures. On voit également fort bien la différence entre une guerre et une épidémie. Dans ce dernier cas, personne n'en veut à notre vie. C'est une maladie qui est susceptible d'y mettre soudain fin. 
Je lis un moment sur le banc, au jardin. Il fait vraiment un temps d'été. Voire un temps chaud comme on a rarement ici l'été.
J'ai du mal à ne pas savourer, même si je commence à mesurer les effets du manque de pluie. Quelque chose en moi est incapable de s'inquiéter de la chaleur, quelque chose en moi est incapable de ne pas croire que la maladie que déclenche le Covid-19 est aussi forte s'il fait chaud. Heureusement que je ne suis ni à un poste de responsabilité qui pourrait agir contre le réchauffement climatique, et pas non plus médecin. 

J'ai lu la fin d'un article très intéressant dont je me suis rendue compte que je n'avais lu que le début. Il s'agit d'un texte de Thierry Crouzet qui s'est trouvé être en Suisse auprès d'épidémiologistes en février. Je ne partage pas son indulgence quant au gouvernement français, ça n'empêche pas que son point de vue est intéressant. 

Monsieur Fraise a recensé des petits riens qui aident à tenir. J'aime beaucoup l'idée et son résultat. 

Ma fille me fait parvenir photo de factures arrivées par courrier (l'eau en Normandie, les frais de copropriété). Il va falloir que je m'en occupe sans tarder. Comme beaucoup je suis partagée entre une énorme appréhension du déconfinement, car je me sens à l'abri (relatif mais néanmoins) là où je suis et n'ai pas envie de me remettre dans le danger (j'ai pris des risques en allant à des entretiens, en prenant les transports pour m'y rendre), et la crainte d'un Après qui sera une catastrophe pour notre survie financière si nous tardons trop à reprendre le travail (ou dans mon cas : le commencer). Mes enfants, adultes, études terminées, avaient enfin tous les deux du travail. Est-ce que tout sera remis en cause ?

LT du soir des infos de Rai News 24. Mais ce n'était pas "Agnan" le présentateur. Et il y avait de mauvaises nouvelles, contaminations en hausse à Milano par exemple, et morts toujours si nombreux. Alors j'ai un peu décroché. 

J'ai repéré La Grande Ourse en début de nuit et vérifié grâce à Heavens Above. C'était mon petit plaisir particulier du jour. 
Avoir pu suivre le passage de l'ISS la semaine passée aura été un grand bonheur ; ou plutôt, un encouragement. 

 

 

(1) Ici une émission suisse où elle est interviewée à ce sujet.

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
1 767 609 cas (dont : 108 178 morts (20 304 aux USA) et 400 876 guéris)

 

Capture d’écran 2020-04-11 à 22.11.41

Dans le tableau récap, je remarque qu'à part l'Italie qui a eu un temps de retard pour réagir à son fameux cluster de Codogno, mais ensuite s'est rattrapé à fond, tous les pays qui testent beaucoup (et j'imagine, font observer de strictes quarantaines possiblement dans des lieux dédiés et non chez elles à contaminer leurs proches, aux personnes testées positives) s'en sortent le mieux en terme de mortalité. Et repartiront bien plus vite aussi une fois passé le pic de l'épidémie. 

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