Chroniques du confinement jour 23 : le jardin, la pièce "du grand-père", des nouvelles de la famille
Chroniques du confinement jour 25 : Dissonance cognitive

Chroniques du confinement jour 24 : J'ai oublié qu'on était jeudi, mais pas que c'était un jour "sport"

    Je ne suis toujours pas parvenue à répondre à la plupart de mes messages, ni à faire les fiches pour les podcasts radio, ni quelques démarches administratives non urgentes (mais qu'il serait sain que je fisse pendant que j'en ai le temps), ni à libérer de la place en mémoire de mon ordi et du téléfonino afin de pouvoir participer à différentes réunions et défis pour lesquels je suis sollicitée (dont un défi 10 x 10 avec le club de triathlon sur des mouvements de gainages), ni non plus à m'occuper de publier les présentes chroniques dans Ce qui nous empêche , ni à poursuivre mes lectures pour le comité de lecture dont le confinement a brutalement interrompu les réunions (mais pas les lectures ni les compte-rendus) ; ni à faire une partie minimale des travaux dans la maison (ne serait-ce que raccrocher ce qui avait été décroché pour les travaux). Pour ce dernier point seulement, j'ai une excuse : je m'étais dit, les travaux intérieurs les jours de pluie, les travaux extérieurs les jours de beau temps et il a remarquablement fait beau presque chaque jour. De plus le boulot au jardin s'est révélé une tâche à tiroir, avec un sous-chapitre archéologie familiale. 

Capture d’écran 2020-04-09 à 21.34.54 Quelque chose en moi ressent que pour s'en sortir il faut se tenir à un certain nombre de choses régulières, comme l'exprime dans ce touite, Arnaud Lançon. Ça ne vaut pas pour tout le monde. Seulement dans mon cas et à cause de la thalassémie qui pourrait facilement faire que je dorme 15 heures sur 24, je suis obligée de me poser des jalons pour me secouer. Quand il y a une activité salariée c'est le travail, et puis les entraînements sportifs car une condition physique irréprochable est ce qui me permet d'assurer le premier et l'ensemble de ma vie comme une personne qui n' pas ce tracas. À présent que nous sommes sur une période longue sans obligations coupantes, je dois structurer pour résister au sommeil conquérant. 

Ça marche, et plutôt bien. Il faut dire que j'ai cette chance pour le moment d'être en forme - c'est un privilège, je ne compte plus les ami·e·s et quelques personnes de ma famille qui ont eu leur tour de maladie -. Avec certains points qui sont la signature du Covid_19 (perte provisoire de l'odorat et du goût ; courbatures fortes sans avoir fait de sport les jours précédents). Mais pour beaucoup, et nombreuses et nombreux sont celleux qui n'ayant pas besoin d'un arrêt de travail, n'ont pas même vu un généraliste, le doute subsistera, était-ce "ça" ou juste une saloperie de saison particulièrement perfide (grippe, rhinopharyngite carabinée) ?

Et donc à la liste de début de billet près, je parviens plutôt bien à tenir le cap, en compagnie de mon co-confiné qui parce qu'il adore faire les courses les assure en intégralité et de ce fait cuisine un repas par jour (l'autre, généralement le dîner est constitué de réchauffes ou de plats élémentaires frais). 

Aujourd'hui c'était jour de sport : donc short legal morning run à 8h du matin, suivi du défi abdos - squats - pompes et le soir, la séance de Tabata où l'on en bave, c'est rude mais que nous attendons comme des écoliers la récré. Pour l'instant je me garde bien d'ajouter autre chose. J'ai mon équilibre ainsi que je parviens à tenir. Le confinement peut aussi servir à reposer un peu le corps des efforts soutenus habituellement demandés. 

D'ailleurs je n'ai pas travaillé au jardin ce matin, fatigue après la course pourtant courte (25 minutes dans les limites légales réduites), peut-être aussi parce qu'il faisait ... chaud comme un jour chaud d'été. C'était très surprenant. Tôt lorsque nous avions couru il faisait bon mais brumeux et pas une température estivale. 
Dans l'après-midi à mesure que l'ombre gagnait du terrain, le jardin revenait en avril. 

L'Homme est allé faire un plein de courses (à sa façon, sans faire de liste et de facto en oubliant bien des choses, comme pour avoir un prétexte d'y retourner après). Il a croisé la voisine d'en face qui lui a parlé de 6 cas avérés dans la petite ville. Sa famille et elle sont enfin parvenus à vendre leur maison (dommage pour nous, c'était de bons voisins) et s'en iront vers Coutances, c'est plus simple pour des questions de scolarité des enfants. Seulement voilà, tout doit attendre la fin du confinement - ils attendaient la fin de l'année scolaire de toute façon, mais il y aura sans doute un décalage en plus -. 

Luxe suprême : j'avais oublié que nous étions jeudi et lorsque les cloches de l'église ont sonné à toute volée de 17h30 à 17h48  je n'ai pas immédiatement compris qu'il s'agissait des sonneries particulières au jeudi saint. C'était impressionnant : d'habitude on ne les entend pas si bien. Seulement la ville, malgré des bruits de véhicules qui circulent car les entreprises ne sont pas arrêtées, et dans les champs ça travaille, est quand même globalement bien plus silencieuse qu'en temps normal. Résultat : j'ai eu un temps à me demander ce qu'il se passait. 

Je ne me souvenais pas de quand j'avais pu me permettre la dernière fois de ne pas savoir quel jour de la semaine on était.

L'homme de la maison a fait un rêve de concours de pétanque finalement annulé pour cause de Covid-19 ; mais les joueurs puisqu'ils étaient là, décidaient de jouer quand même. Ce qui signifiait ne pas respecter les précautions contre l'épidémie (pas de masques, et pas le social distancing). Il cherchait à partir. 
De mon côté je tentais de rapporter d'Italie des gants et des bonnets de laine. Très utiles, n'est-ce pas ? 

Chaque jour comporte des petits moments d'échanges de nouvelles avec les proches (familles et ami·e·s). Si ce n'était que soudain celles-ci peuvent s'avérer dramatiques, le fait lui-même d'être ainsi en relations plus rapprochées que dans le rythme métro - boulot - dodo (variante : vélo - boulot - dodo) habituel, est plutôt doux. 

Échanges constructifs sur Twitter (je me suis bien gardée de trop intervenir sur le sujet déchaîné en France, de l'usage de la chloroquine), et il fut aujourd'hui question de l'état dans lequel nous serons dans l'Après. Tout se passe comme si nous allions à peine déconfiné bosser de ouf. Ça sera loin d'être évident entre personnes endeuillées, personnes affaiblies d'avoir été malades, personnes épuisées d'avoir bossé comme des fous (notamment le personnel hospitalier), personnes sur les rotules après des mois de cohabitation non stop avec leurs enfants, personnes qui auront perdu le rythme et l'envie, tout simplement. Il y aura un effet de choc, des conséquences post-traumatiques. 
Je le sais avec certitude pour le sport : il faudra reprendre les entraînements progressivement et non se jeter dans les premières compétitions ouvertes de l'Après confinement. Même en ayant fait l'effort de continuer à s'exercer en intérieur ou en exerçant le droit à la course à pied qui nous est pour l'instant encore concédé. 

À part aux USA et en Afrique où c'est le démarrage de ce qui pourrait vite virer à l'hécatombe, les chiffres "diminuent" (en gros). Le terrifiant de l'affaire est que par exemple moins de morts en Italie signifiait aujourd'hui "seulement" 610. On en est là. De s'être habitués à se dire : ouf, moins de 700 !

Boris Johnson est sorti en allant mieux des soins intensifs. Est-ce que ça l'aura fait réfléchir ? 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
1 584 955 cas (dont : 94 720 morts (16 246 aux USA) et 352 440 guéris)

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