Mais c'est pas grave il est déjà mort, on peut donc faire un long report (la logique des rêves ...)
Chroniques du confinement jour 43 : Le temps des ouvriers (sur Arte) et du sport aussi (chez moi)

Chroniques du confinement jour 42 : Intégralement à la maison (et contente d'y être)


J'avais besoin d'une petite récréation, alors j'ai fait un bref voyage dans le temps [highlights sur les débuts de Björn Borg] (1). Je crois que j'aimerais bien rejouer au tennis, un peu.

J'ai enfin appris une nuance du pluriel de "leur", qui éclairci les accords (le reste je savais, faut pas exagérer) : 

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Qui remercier pour le lien ? Depuis quelques temps déjà Twitter effectue des refreshs intempestifs, particulièrement gênants. Typiquement j'ai lu le touite qui indiquait ce lien, suivi le lien, lu l'article, l'ai trouvé très bien, ai voulu faire suivre mais au moment où j'allais faire le RT l'écran est passé aux touites plus récents. Il faudrait que j'aille voir si l'on peut quelque part décocher une option.

J'ai aussi suivi une excellente video de Léo Grasset sur la bio-diversité et les risques épidémiques. 

Il fait un air délicieusement printanier : du soleil intermittent, chaud quand il est là, mais une petite brise qui rend l'air bon à respirer comme de l'eau minérale de grande qualité. Je me suis installée pour la sieste à lire au jardin, et puis très vite je n'ai fait que savourer l'air en observant les oiseaux. 

Il y a trois (ou quatre) petites mésanges charbonnières qui se sont activées en fin d'après-midi dans l'arbuste que nous appelons "L'arbre aux oiseaux". Comme à notre arrivée en confinement j'avais repéré un couple régulier, je me demande si ce sont déjà leurs oisillons. En tout cas ils s'entraident pour la nourriture, c'est joli à voir.

Quand je reste longtemps immobile ou presque (à lire, seul mouvement, tourner les pages) le troglodyte mignon vient parfois assez près. 
Les moineaux passent en se chamaillant, il y en a une qui fait assez matrone, mais les autres me rappellent une bande d'adolescent.

N'eût été une inquiétude pour ma fille qui passait des examens médicaux que l'urgence générale du Covid-19 avait jusqu'à aujourd'hui reportés, cette après-midi aurait été d'un bonheur parfait. Brèves nouvelles dans la soirée, nous étions moins inquiets après (encore que).

Comme prévu en fin d'après-midi, le soleil s'est caché pour de bon. Le temps pour mon co-confiné de s'entraîner au tir [pétanque] et ensuite la pluie est arrivée. Le bruit de la pluie sur le toit (2) et le velux est quelque chose de très agréable, quand il s'agit d'une pluie femelle comme disent les Navajos des bouquins de Tony Hillerman (3), régulière et qui semble devoir durer calmement, ça donne une sensation de confort réconfortante. 

Pendant que le joueur de pétanque s'entraînait, j'ai encore rangé, trié deux cartons restés du déménagement. Comme il a eu lieu deux ans plus tôt et qu'entre temps je ne suis venue que par trop brefs séjours, occupés par les activités d'extérieurs que nous faisons ici le plus souvent et des tâches récurrentes (tailler la haie ...), je ne m'y étais pas attaquée plus tôt. J'attendais aussi que la pièce du bas soit refaite. Ce qui fait que même s'ils sont bien étiquetés - je suis libraire, ça crée des automatismes -, j'ai le plus souvent oublié ce qu'ils contenaient et surtout je ne sais plus pourquoi certains sont restés dans la maison quand d'autres qui contenaient un peu les mêmes choses sont stockés dans les box que nous louons actuellement. Alors c'est la surprise et le charme du confinement, je découvre, un par jour, ce qu'ils contenaient. Doucement, les meubles, qui furent ceux de la maison de mes parents, et que j'ai fait déménager jusqu'ici après avoir donné ceux des meubles de la maison normande qui étaient pour moi "sans histoire" (familiale), se remplissent. 
J'ai l'impression en le faisant et en le faisant lentement puisqu'on m'en accorde le temps, de rendre hommage à mes parents, qui avaient pris soin de ces objets et à mes grands-parents maternels, puisque certains viennent de depuis eux. 
C'est sans doute pour cette raison que mon confinement est si paisible. Il me permet un temps de recueillement que j'attendais sans en être consciente depuis les différents deuils.

Un certain nombre de mes ami·e·s et connaissances craquaient aujourd'hui. Je soulignais il y avait deux jours que l'on avait passé les quarante jours dévolus autrefois aux deuils proches. Ça doit correspondre à quelque chose chez les humains. J'en vois plusieurs, entre les sportifs qui n'en peuvent plus de devoir se contenter que de home trainer et de gymnastique à domicile et de course à pied d'une heure max dans un rayon d'un kilomètre, les entrepreneuses et entrepreneurs qui craignent pour la suite en voyant sans doute leur trésorerie plonger - des aides ont été promises et évoquées mais le temps qu'elles arrivent, le spectre de graves difficultés rend les gens nerveux -, les profs qui s'épuisent en un télétravail qui n'avait pas du tout été prévu et qu'on les a sommés d'accomplir sans leur en donner les moyens, les personnes qui ont besoin d'un rôle social et du regard des autres pour se sentir exister, qui ont atteint le stade de Bon d'accord il y a des risques, mais laissez-nous sortir !

Les personnes qui ont perdu un·e proche à cause de l'épidémie, sont dans la peine, et la peine sur la peine qui est de n'avoir pas pu dire au revoir ni faire de rassemblement, de cérémonie. Ils et elles ont vu ce que ça pouvait donner, ces fins de vie isolées, reliés à des machines, au contact d'autres humains inconnus équipés comme des cosmonautes (ou qui auraient dû l'être) et à moins d'avoir été eux-mêmes malades et d'en être revenus, n'ont pas de hâte au déconfinement. Ils ont vu le degré du risque de trop près. 

Mon co-confiné oscille entre ces deux positions. Il est trop habitué à devoir travailler et je crois qu'il aime son métier. Son club de pétanque et le rôle qu'il y joue lui manque terriblement. 
Qu'il y soit sans arrêt parti ne me manque pas du tout, au contraire. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de vivre en couple et, passé les premiers jours où il voulait sans arrêt sortir faire des courses alors que nous étions en quarantaine puisque venus d'une autre région, c'est plutôt agréable. Longtemps, nous avons été tous les deux engloutis par nos vies professionnelles. J'en étais consciente au moment même, lui sans doute moins (parce qu'il ne portait pas la charge mentale de la gestion domestique ? parce que pour les hommes s'est considéré comme normal de tout livrer à son travail d'entreprise ?) ; et de toutes façons nous devions fournir la charge de boulot requise si nous voulions conserver nos emplois. Alors c'était des semaines de 50 heures pour 39 heures théoriques rémunérées. Un grand classique.
Le confinement nous permet enfin d'être vraiment ensemble. Seulement nous sommes déjà bien un peu vieux.

Soigneusement rangés dans un carton plat, au fond d'une armoire que mes parents avaient calée dans leur sous-sol alors qu'elle est fort belle, j'ai trouvé dix-huit prix de poésie, sous forme de diplômes remis, que ma mère avait remportés. Je savais que de loin en loin son travail avait été distingué. Seulement j'ignorais jusqu'à quel point. 
Si du temps m'est donné, il faudra que je m'efforce qu'au moins un recueil de son travail soit dûment édité. Il y a du niveau.

J'ai entamé la lecture du "All these years" de Mark Lewihson, sur les Beatles. C'est Xave qui le lisait au Guilvinec il y a deux ans qui m'en avait donné l'envie. Je me régale ainsi, grâce à lui. Merci, Xave, merci.
Une sorte de gros scarabée géant est venu se cogner au carreau dans la nuit, c'était curieux. Il faisait 4 cm de long ce qui est plutôt une taille d'insecte africain ou américain que de la petite vieille Europe. J'ai fermé le rideau pour qu'il évite de continuer à être attiré par la lumière. 

En Italie Conte se bat comme un beau diable pour calmer les impatiences et imposer un déconfinement progressif qui me semble intelligent - par exemple n'ouvrir qu'à partir du 1er juin les bars, restaurants et salons de coiffure car effectivement il y a du risque d'être trop rapprochés ; en revanche les chantiers (plein air) repartent dès à présent ; les parcs vont réouvrir ; et on aura le droit de se retrouver en famille ou avec nos compagnes ou compagnons, les personnes avec lesquelles on est en "relation stable" (traduction littérale) -. Il s'en prend plein la tête, des gouverneurs de régions veulent tout relâcher (pression du monde de l'entreprise), des entrepreneurs crient à la faillite et que les aides promises n'arrivent pas, les croyants veulent des messes et autres rassemblement et crient à l'empêchement de la liberté de culte, et côté foot, mais ça ne le concerne pas directement, ça semble un tel bazar d'instances et de décisions contradictoires, que le journaliste présentateur lui-même semblait ne plus comprendre ce qu'il lisait (bon, ça n'était pas "Agnan", d'accord). Il y avait une sorte de conférence de presse en extérieur, la Rai News 24 en a transmis un bout en direct, les questions étaient sévères, rien à voir avec la complaisance de caste des journalistes "autorisés" français, il tenait bon, ça donnait envie de lui accorder confiance. Son visage était marqué par le port du masque, il avait dû avoir une bien longue journée. Ça se passait en direct de Bergame et c'était son premier déplacement depuis le début de l'épidémie passée en état d'urgence. Ce qui était cohérent, pas comme en France où le président et sa cour se déplacent sans cesse au risque de contaminer des personnes là où ils sont passés (et vice-versa, d'ailleurs). 

Mattarella, le vieux président, avait une prise de parole, comme cela fait plusieurs fois depuis le début de la pandémie et c'était impressionnant de justesse de ton. Seule la Reine d'Angleterre a fait mieux. Il encourageait les jeunes à ne pas décrocher. 
Plus de détails sur le LT 

Avant d'éteindre, je lis le billet du jour de Couac, et voilà qu'elle écrit mieux que moi mes pensées : 


Je n'ai aucune envie que nous soyons déconfinés. L'eau a l'air froide, on n'en voit pas bien le fond, elle a une drôle d'odeur, il y a des bêtes bizarres, on n'a pas pied, je préfère rester sur la plage...

 

(1) Bel exemple de sérendipité de l'internet : c'est parti du fait que Léo Borg était pour un tournois à Bergame juste avant qu'on ne constate le outburst de l'épidémie du côté de l'Italie  
(2) Le dortoir est immédiatement sous le toit, c'est un étage-grenier.
(3) Je ne l'ai lu que sous sa plume et ne sais s'il s'agit d'une traduction correcte. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 055 342 cas (dont : 211 032 morts (56,495  aux USA) et 917 558 guéris) 

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