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Chroniques du confinement jour 45 : préparer l'après et tenter de se ménager un long week-end calme


    C'est jour de sport : le legal short morning run du matin à 8h, ce qui fait que nous n'avons croisé qu'un homme pressé et l'homme au petit chien blanc, avec pour moi à nouveau une séance Moneghetti, c'est à présent bien au point pour moi (1), le défi abdos - squats - pompes (35 - 25 -15 ; ça commence à devenir rude pour les abdos) et au soir une belle séance de Tabata orientée abdos, sans défi (j'aime autant) et que nous sommes parvenus à suivre entièrement. Même si certains mouvements pour moi faisaient mal aux poignets (2). Ça fait un bien fou, la famille Pourrat met une bonne ambiance et Romain est bon pédagogue, pratiquant l'humour, la bienveillance (3) et les encouragements.

La matinée est sérieuse : j'envoie les quelques messages destinés à préparer l'Après, avertis que je ne rentrerai a priori pas avant le 8 juin, garde le contact pour mon petit projet atrebate, renonce aux emplois que j'avais eu en vue, mais qui risquaient de ne pas pouvoir se concrétiser, tandis que j'en ai un prévu qui se voit confirmé sauf à ce que l'épidémie vire encore plus à la catastrophe ou que j'y laisse à mon tour la santé. Et présente une part de défi, de relance, de nouveauté, qui me plaît. 

Beaucoup de personnes poussent à déconfiner, désormais, y compris certaines qui ne sont pas dans l'urgence économique directe. Je crois qu'une partie de ça vient d'une obscure croyance - ni plus ni moins rationnelle que celle qui me tient selon laquelle le virus devrait être moins meurtrier une fois atteint l'été (intellectuellement je sais que c'est faux, des pays chauds sont en pleine pandémie eux aussi ; mais mon cerveau est conditionné par les grippes, gros rhumes et autres angines dont j'ai souffert au fil des années) - qu'ils ont que Non, pas eux, qu'en faisant bien attention, ou par un effort de leur volonté ou que sais-je, ils passeront à côté. Un peu la même chose que : d'accord j'ai bien compris qu'il fallait rester chez soi, mais bon quand même, si on prend l'apéro avec Jean-Mi, ça ne peut pas faire de mal (variante : oui mais il faut que je voie mes parents). 
À l'autre bout du spectre de pensées, je sais avec calme et lucidité que la contagion peut toucher n'importe qui et que les ravages que fera ou non la maladie n'ont rien à voir avec qui l'on était. Tout au plus y a-t-il des facteurs aggravants (de co-morbidité comme disent les soignants), et tout au plus quelqu'un qui a un fort statut social peut espérer en retirer quelque avantage en cas d'embouteillage et de places de soins intensifs limitées. Mais c'est tout. Quelqu'un peut ne prendre aucune précautions et n'être pas atteint, quelqu'un d'autre l'être sans savoir par quel biais. Il y a seulement des pourcentages de risques plus ou moins élevés. Et cette éternelle condition nécessaire mais pas suffisante : il est presque certain qu'une conduite à risque mènera à tomber malade. Mais une conduite de toute prudence ne garantit en rien de ne l'être pas. 

S'y ajoute que bien des gens refusent de voir leur aliénation à la société telle qu'elle est. Ils réclament la levée des confinements comme s'ils étaient une atteinte à leur liberté. C'est simplement une limitation temporaire de leur opportunité de jouer leur rôle social habituel. Lequel pour beaucoup d'entre eux, n'est que de faire le pantin pour d'autres qui tirent les ficelles. 
Je ne suis pas riche, n'ai su devenir ni artiste reconnue, ni cheffe d'entreprise, je dois donc louer mon temps, et ma force de travail, pour gagner ma subsistance. Enfant et adolescente puis étudiante, je devais suivre les rythmes scolaires, même si c'était pour mon bien, une contrainte qui ferait de moins un bon futur pantin mais me permettait et m'a permis d'avoir accès aux savoirs. Jamais de ma vie je n'ai été aussi libre qu'en ce moment. Certes pas géographiquement. Mais pour la première fois je dispose de mon temps sur un nombre consécutif de journées conséquent. Jamais de ma vie je n'ai été aussi efficace dans ce que j'avais à faire et pour autant aussi peu fatiguée : ce que c'est que d'avoir le choix du rythme, des tâches et de leur organisation.
Il est évident que je n'en dirais pas autant si j'étais astreinte au télétravail ; d'autant plus que pour une partie d'entre les personnes concernées, notamment les enseignants ou ceux dont les employeurs par panique d'absence de contrôle direct possible en rajoutent, il est harassant.  

 Sur l'un des blogs de Médiapart, je lis "De moindre mal en moindre mal" qui relate comment une vieille dame s'est trouvée séparée de son mari, coupée d'avoir même des nouvelles de lui du fait qu'il était en Ehpad et tombé malade. Ce qui est particulièrement intéressant c'est la description d'une descente aux enfers par petites étapes, jusqu'au moment où tout est fini ; avec justice rendue aux différentes personnes qui auront tenté à leur niveau d'humaniser les choses mais les unes après les autres, dépassées - dont une des soignantes qui prenait sur elle de faire le lien, mais ne le peut plus, une fois tombée malade à son tour -. 

Il y a aussi ce texte de Fatoumata Sissi Ngom : "Quand le coronavirus entrera dans le champ de nos souvenirs", impressionnant de lucidité - concernant l'Afrique, et toute l'humanité -.

À mesure qu'en France le déconfinement se rapproche, avec cette date du 11 mai choisie pour des critères qui ne sont pas ou fort peu liés à l'évolution de l'épidémie, on voit à quel point tout cela n'a pas été vraiment pensé. Les questions fusent. Les gens de bonne volonté ne savent pas à quels saints se vouer. En Italie c'est le bazar aussi mais de façon plus logique : le gouvernement suit une ligne  1/ la santé d'abord 2/ tenter de sauver économiquement ce qui peut l'être et propose des mesures qui ne sont pas sans cohérence. Les régions et l'opposition et tous les gens qui sont dans des situations financières difficiles protestent, agissent, ne respectent pas. Le bazar vient des difficultés financières et de la vivacité de la démocratie. En France le bazar vient de l'incompétence gouvernementale et d'une assez faible capacité d'obéissance des gens (ainsi que des difficultés aussi, d'accord). 
Si j'étais parent d'enfants d'âge scolaire, je serais très paniquée à l'idée de les remettre à l'école dès maintenant sauf à ce que dans la famille nous ayons déjà tous été malades puis guéris. 

Beaucoup d'amis, surtout en région parisienne où le déconfinement n'est pratiquement pas possible dans des conditions de sécurité sanitaire minimales, souhaitent poursuivre en télétravail. C'est intéressant de constater qu'il y eut une époque où l'on a regroupé les gens dans des bureaux, certes parce que ça permettait de contrôler leur travail et garder tout pouvoir mais aussi pour qu'étant dans de meilleures conditions de travail que sur un coin de table chez eux, ils soient plus (+) productifs. Puis est venu le temps des open space, dont presque tout le monde se plaint pour se qui est de bosser bien, celui aussi des entreprises où les personnes n'ont pas vraiment d'emplacements fixe. Voilà qu'on en est revenu au point de départ : sauf à avoir un minot à surveiller en même temps la plupart des salariés du tertiaire est mieux installée chez elle pour bosser que dans l'entreprise et s'y trouve plus efficace. Et préférerait donc, toute fatigue des transports épargnée, choisir de rester chez elle pour bosser.

Moment amusant et un peu troublant : deux anciens collègues et amis dont j'avais rêvé vers le matin, ce qui n'est pas habituel - en gros on bossait ensemble comme au "bon vieux temps" (je mets des guillemets parce qu'en dehors du fait de bosser ensemble et qu'on s'entendait bien il n'était pas si bon que ça, ce temps-là) - m'ont donné de leurs nouvelles alors que ça n'est pas si fréquent. L'un d'eux m'annonçait qu'il était officiellement en retraite alors qu'en théorie c'était prévu dans quelques mois ; seulement voilà, risques pour sa santé, et s'était compliqué de lui organiser du télétravail, la grande entreprise qui l'emploie a préféré lui payer les quelques mois sans obligation de travail effectif et voilà. Pour lui, l'épidémie, à condition de n'en être pas victime, aura été un bienfait. Je le note car je ne me lasse pas des à-côtés qui surprennent. 

Visiblement les services postaux ont repris, ou du moins tournent moins au ralenti. Et les gens commandent des objets et des denrées sans plus de soucis pour qui est amené à bosser en prenant des risques. Ça se comprend, grosse pression commerciale et les services de livraisons sont disponibles, donc ça pousse à y avoir recours. La date du déconfinement est proche et encore tant de personnes semblent croire que ça rimera avec Bon alors il n'y a plus tant de danger que ça.

Pour ma part sauf nécessité vraiment particulière, pas de commandes avant la mi-juin, voire fin juin. Ni regroupements collectifs.

La nouvelle est tombée en soirée que la piscine de Clichy ne rouvrirait pas avant septembre. Ça me semblait évident. Seulement de la même façon, le gouvernement ayant dit, Le 11 mai la France redémarre, il y a de la part des sportifs de l'incompréhension. Comment ça, retourner au travail, prendre les transports en commun on nous dit C'est bon vous pouvez et il faut y aller, et les activités sportives collectives restent dangereuses ? Où se trouve la vérité ? (question rhétorique, on a tous bien l'impression qu'on nous prend pour des cons).

Il aura fait un temps très beau (à voir) bien tempétueux avec des moments de sombres et d'autres extrêmement lumineux. C'était un bonheur que d'observer ces variations.

J'ai poursuivi avec délectation lecture de "The Beatles tune in" de Mark Lewisohn. Avec un thé. Dans le lit au moment de la sieste. Dans le fauteuil vert ensuite. Tandis que mon co-confiné prenait des paris avec lui-même quant au(x) coupable(s) de l'Agatha Christie qu'il lisait. 

Bonnes nouvelles de notre fille qui nous propose une très louable participation aux frais. Je le note car je pense aux familles, tant pour qui le confinement aura signifié des frais en plus, quand pour d'autres ç'aura été des frais en moins. 
(dans notre cas : plutôt en moins : économie des frais de repas du midi à l'extérieur)

Nous avons regardé la deuxième partie de cette magnifique série de documentaires de Stan Neumann sur Arte : Le temps des ouvriers . C'est un régal. 

Vers 22h un hélicoptère est passé vers l'est, bien proche, bien grondant, inquiétant. En période d'épidémie on se demande toujours s'il ne s'agit pas d'un transport urgent de personne gravement atteinte. 
(en période générale ça me rappelle Genova 2001, même si je n'y étais pas, et ça me fait flipper également) 

Je suis sur Rai News 24 les infos de minuit

Comme j'ai bien bossé au matin et bien avancé mes lectures pour le comité de lecture auquel je participais avant le confinement, je pourrais m'accorder un vrai premier mai non travaillé (y compris travail personnel) et un week-end sans tracas particulier concernant ce qui dépend de moi, ce que j'ai à faire. 

 

(1) 4,44 km et une moyenne entre les intervalles à ma vitesse "vite" et ceux à ma vitesse "semi" de 7'15'' au km. J'aimerais atteindre le 6'30'' sur des 10 km à terme. 
(2) Mes bras sont désormais raisonnablement musclés, seulement mes poignets restent tout petits, j'ai les attaches fines, et arrive un moment où mécaniquement la charge n'est pas répartie sur une surface suffisante, surtout si la pression s'effectue en appui, poignet plié.
(3) Je sais, ce terme est désormais galvaudé mais par quoi le remplacer lorsqu'il s'agit vraiment de ça. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 295 880 cas (dont : 233 411 morts (63 535 aux USA, soit semblerait-il bientôt autant que d'Américaines morts lors de la guerre du Vietnam) et 1 034 773 guéris) 


Chroniques du confinement jour 44 : Quatre heures d'insouciance (ce cadeau du ciel, au vu de la période)


    Alors voilà, j'ai reçu de bonnes nouvelles de mon avenir professionnel, à partir desquelles je vais pouvoir prendre mes dispositions et surtout j'ai une date personnelle potentielle de déconfinement : 8 juin.
Elle coïncide peu ou prou avec la date qui me semblait raisonnable d'un point de vue de l'évolution de l'épidémie compte-tenu de la situation en Italie donc je suis soulagée. 

J'ai même eu une bouffée d'insouciance. Qui aura duré 4 heures, le temps que le boulot de mon co-confiné ne l'appelle. Ça ne sera pas si simple de son côté. Et il devra bosser (mais en restant là où nous sommes) deux jours de la semaine qui vient. 

Quatre heures, c'était déjà miraculeux, compte tenu de la période.

Avec en tout cas me concernant un calendrier large à disposition (si je ne tombe pas malade je vais disposer de plus d'un mois, ce qui ne m'est jamais arrivé depuis ... ma vie d'adulte fors les congés maternité et la période après l'"Usine" (mais vécue en pensant à retravailler, et donc sans pouvoir me dire : je dispose de tant de temps)), du coup j'ai repris le travail pour le comité de lecture dont je fais partie. 
Et lu d'une traite "Mikado d'enfance" de Gilles Rozier, dont on m'avait parlé d'une façon bien différente de ce qu'il relate vraiment. J'avais failli ne pas le lire pour cette raison. Ç'eût été dommage. Il aborde bien les questions de mémoire lointaine et de questionnements sur les origines. Sur aussi la connaissance ou la méconnaissance que l'on avait enfants accédant à l'adolescence dans le début des années 70, de l'histoire de la seconde guerre mondiale. J'avais oublié le poids des non-dits. Nos parents (et sans doute aussi les grands-parents pour qui en avaient) savaient bien des choses qu'ils ne nous disaient pas. 

Une partie de ma lecture a eu lieu au jardin vers 16 à 18h un moment de relative éclaircie. Je m'étais bien couverte. JF venait d'avoir son appel pro, il s'était mis à suivre des démos en ligne en rapport avec la formation qu'il devra effectuer ; je souhaitais le laisser en paix. Et donc la seule solution, en plus qu'elle me faisait prendre l'air, puisque la maison est une une pièce-cuisine avec dortoir sous le toit, était le jardin. 
Je suis impressionnée d'à quel point l'ensemble (maison, jardin) est adapté pour deux personnes : pas grand mais la bonne taille, ce qui ne donne pas trop de travail à présent que nous y sommes depuis assez longtemps pour avoir éclusé une bonne part de ce qui relève de la remise en état, mais accorde assez de place. Nous ne sommes pas oppressé comme nous l'aurions été à l'appartement. Ça pourrait être un modèle pour une utopie : si chaque foyer de deux personnes ou deux avec un enfant petit disposait de cette place et d'un bout de terrain de cette taille, plutôt qu'il y ait des personnes dans d'immenses endroits et d'autres entassées dans des conditions sordides, la planète serait moins en danger et l'ensemble de ses habitants. De ces équipements aussi : il n'y a ici que le strict minimum, une douche et pas de baignoire, une machine à laver le linge mais pas de lave vaisselle, aucun excès. Mais rien qui nous manque vraiment ou alors seulement par envies de conforts en fait superflux.

À propos d'équipement, un rire intérieur qui m'aura tenu tout le jour : une des armoires dispose d'un double fond, ou plutôt d'un double plafond. En voulant y ranger un élément de linge de maison, et sans doute parce qu'il y avait un rayon de soleil que je suivais des yeux je me suis rendue compte que la hauteur intérieure semblait différente de la hauteur du meuble vue de l'extérieur. Peut-être avais-je connu cette cachette enfant ? Je n'en avais plus le souvenir. Et de ma vie d'adulte ça faisait quand même depuis 1983 que je côtoyais ce meuble avec régularité. Trente-sept ans avant de m'en apercevoir ! 
Je me demande quelles autres surprises recèle mon héritage. 
Comme je ne suis pas un personnage de fiction, ni non plus cette armoire, l'emplacement était vide. 

En toute fin de journée Samantdi et moi nous sommes accordées un brin de légèreté 

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Ça faisait du bien. 

Quelqu'un sur Twitter (avec le refresh automatique intempestif j'ai oublié qui) Squintar a attiré mon attention sur cet article Wikipédia et je l'avoue j'ai ri

C'était nécessaire car le LT des informations italiennes était modérément réjouissant - sans doute ni plus ni moins que d'autres soirs mais à la longue ça devient usant -. Il y a eu curieusement l'information de la chute en Mer Méditerranée d'un hélicoptère de l'armée canadienne lors d'une opération de l'OTAN (?), et que je n'ai vue reprise nulle part.  


En fin de soirée, le vent s'est levé. JF lisait des Agatha Christie. C'était raccord, c'était parfait.

 

 

 

Capture d’écran 2020-04-30 à 00.21.11

 

 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 199 277 cas (dont : 226 790 morts (61,009  aux USA, soit semblerait-il bientôt autant que d'Américaines morts lors de la guerre du Vietnam) et 992 959 guéris) 


Chroniques du confinement jour 43 : Le temps des ouvriers (sur Arte) et du sport aussi (chez moi)


    C'était une journée de sport, avec une séance de Tabata particulièrement difficile (deux exercices durs pour les poignets et un challenge que je n'ai pas pu tenir (Roxanne en gainages dynamiques)). J'aime bien les journées de sports du confinement, elles me donnent la pêche. 
J'ai couru environ 5 km (JF qui part en avant et se rallonge le parcours à coup de va-et-vient, un peu plus) et expérimenté une nouvelle forme de séance que l'on pourrait appelé la Social Distancing Fartlek : comme nous aurions pu potentiellement croiser 4 personnes sur la voie verte, j'ai fait l'essuie glace en jonglant astucieusement (oui, carrément) entre leurs passages pour finalement n'en croiser réellement qu'une seule - l'un ayant de lui-même choisi de prendre la tangente sans doute pour nous éviter -.

J'ai repris mes lectures pour le comité de lecture qui semble avoir continué malgré le confinement. Je dois les rappeler.

Comme il faisait gris et pluvieux, lectures à l'intérieur. Dont "Croire aux fauves", qui démarre intéressant puis s'enlise un peu. Quelle étrange expérience que celle qu'a vécue l'autrice. 

Coups de fil concernant du travail, d'autres, des suites de candidatures préalables. J'ai l'impression que beaucoup d'entrepreneurs ont repris le chemin de leur petite entreprise, sans doute menacée de ne pas survivre si la cessation d'activité continue. Si jeudi je n'ai pas de nouvelles de mon potentiel futur employeur je devrais appeler. Ou au moins envoyer un message. Il faudra trouver un juste milieu entre la protection de ma santé - j'ai un bon lieu de confinement, et fort peu envie d'aller au devant du risque en réintégrant la grande ville avec des obligations en collectivité - et de reprendre un travail, car le confinement ne m'a pas rendue rentière, le reprendre au moment où ils en auront besoin.  
En particulier je me vois mal aller travailler si je n'ai pas le midi de solution pour déjeuner. OK apporter sa gamelle, mais alors il faut la préparer. Sauf qu'avec des journées de 8h + pause déjeuner + 2 x 1h20 à vélo, où caser le temps des courses (qui sont longues m'ont dit les enfants puisqu'il y a des files d'attentes avec espacements) et celui de préparer un plat en plus du dîner ? Et puis où la manger la gamelle où nous puissions être assez espacés ?

Ça bouge aussi du côté de la radio. Il faudrait au moins que je dépote les fiches pour les podcasts. 

Bref, tout ça joint à une circulation soutenue sur la départementale devant la maison donne une nette impression de fin de confinement. C'est dramatiquement beaucoup trop tôt du point de vue épidémiologique. Sauf à ce que des températures estivales calment la facilité de contamination. 

On sait à présent, alors qu'on les croyait plutôt épargnés, que même des enfants sont atteints

Le premier ministre français faisait dans l'après-midi une déclaration. Elle semble n'avoir fait que confirmer qu'ils avancent dans le brouillard en fonçant. C'est assez effrayant. Au concret des choses, nous devrions quand même être un peu plus libres après le 11 mai. 100 km autour de chez soi. Et plus à faire ces infantilisantes déclarations papier.

Elles sont à l'origine de l'élucidation d'un fait divers, ce qui m'a bien fait rigoler (des pieds nickelés qui sur le lieu d'un cambriolage qu'ils ont foiré ont semé une de leurs attestations). En attendant, c'est terrible d'être à la merci de forces de l'ordre à que l'on aura poussées à faire du zèle.   

Pas de LT italien : nous avons regardé "Le temps des ouvriers" la partie 1 sur Arte. Et c'était formidable comme ça rendait justice à toute cette chair à profits - dont sans doute certains de mes ancêtres font partie -. J'ai dégusté a dram of an old Highland Park en même temps, ce qui était un plaisir mais bien en même temps la constatation que ma gorge n'est pas exactement dans son état normal. Si ça tombe je suis en bagarre souterraine contre le virus depuis un certain temps.

Je suis lasse du fait que nous soyons tous à ce point conditionnés que nous ne puissions convenir d'un temps hors du monde suffisamment long. Les contraintes économiques, oui, je sais. Il n'empêche tout le monde (ou presque) semble se croire obligé de faire du zèle à se remettre dans l'agitation. Y compris certains de mes amis dont la vie intérieure est riche et enviable. Mais peut-être que la plupart des humains éprouve le besoin d'avoir des interlocuteurs, comme une sorte de public du quotidien. 
Tant qu'il me reste des outils pour communiquer avec les autres, ça n'est pas mon cas. En tout cas pas tant qu'un danger élevé rôde, que l'on peut éviter en s'abstenant de présence physique. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 127 905 cas (dont : 216 986 morts (58 640  aux USA, soit semblerait-il bientôt autant que d'Américaines morts lors de la guerre du Vietnam) et 948 611 guéris) 


Chroniques du confinement jour 42 : Intégralement à la maison (et contente d'y être)


J'avais besoin d'une petite récréation, alors j'ai fait un bref voyage dans le temps [highlights sur les débuts de Björn Borg] (1). Je crois que j'aimerais bien rejouer au tennis, un peu.

J'ai enfin appris une nuance du pluriel de "leur", qui éclairci les accords (le reste je savais, faut pas exagérer) : 

Capture d’écran 2020-04-27 à 11.35.44

Qui remercier pour le lien ? Depuis quelques temps déjà Twitter effectue des refreshs intempestifs, particulièrement gênants. Typiquement j'ai lu le touite qui indiquait ce lien, suivi le lien, lu l'article, l'ai trouvé très bien, ai voulu faire suivre mais au moment où j'allais faire le RT l'écran est passé aux touites plus récents. Il faudrait que j'aille voir si l'on peut quelque part décocher une option.

J'ai aussi suivi une excellente video de Léo Grasset sur la bio-diversité et les risques épidémiques. 

Il fait un air délicieusement printanier : du soleil intermittent, chaud quand il est là, mais une petite brise qui rend l'air bon à respirer comme de l'eau minérale de grande qualité. Je me suis installée pour la sieste à lire au jardin, et puis très vite je n'ai fait que savourer l'air en observant les oiseaux. 

Il y a trois (ou quatre) petites mésanges charbonnières qui se sont activées en fin d'après-midi dans l'arbuste que nous appelons "L'arbre aux oiseaux". Comme à notre arrivée en confinement j'avais repéré un couple régulier, je me demande si ce sont déjà leurs oisillons. En tout cas ils s'entraident pour la nourriture, c'est joli à voir.

Quand je reste longtemps immobile ou presque (à lire, seul mouvement, tourner les pages) le troglodyte mignon vient parfois assez près. 
Les moineaux passent en se chamaillant, il y en a une qui fait assez matrone, mais les autres me rappellent une bande d'adolescent.

N'eût été une inquiétude pour ma fille qui passait des examens médicaux que l'urgence générale du Covid-19 avait jusqu'à aujourd'hui reportés, cette après-midi aurait été d'un bonheur parfait. Brèves nouvelles dans la soirée, nous étions moins inquiets après (encore que).

Comme prévu en fin d'après-midi, le soleil s'est caché pour de bon. Le temps pour mon co-confiné de s'entraîner au tir [pétanque] et ensuite la pluie est arrivée. Le bruit de la pluie sur le toit (2) et le velux est quelque chose de très agréable, quand il s'agit d'une pluie femelle comme disent les Navajos des bouquins de Tony Hillerman (3), régulière et qui semble devoir durer calmement, ça donne une sensation de confort réconfortante. 

Pendant que le joueur de pétanque s'entraînait, j'ai encore rangé, trié deux cartons restés du déménagement. Comme il a eu lieu deux ans plus tôt et qu'entre temps je ne suis venue que par trop brefs séjours, occupés par les activités d'extérieurs que nous faisons ici le plus souvent et des tâches récurrentes (tailler la haie ...), je ne m'y étais pas attaquée plus tôt. J'attendais aussi que la pièce du bas soit refaite. Ce qui fait que même s'ils sont bien étiquetés - je suis libraire, ça crée des automatismes -, j'ai le plus souvent oublié ce qu'ils contenaient et surtout je ne sais plus pourquoi certains sont restés dans la maison quand d'autres qui contenaient un peu les mêmes choses sont stockés dans les box que nous louons actuellement. Alors c'est la surprise et le charme du confinement, je découvre, un par jour, ce qu'ils contenaient. Doucement, les meubles, qui furent ceux de la maison de mes parents, et que j'ai fait déménager jusqu'ici après avoir donné ceux des meubles de la maison normande qui étaient pour moi "sans histoire" (familiale), se remplissent. 
J'ai l'impression en le faisant et en le faisant lentement puisqu'on m'en accorde le temps, de rendre hommage à mes parents, qui avaient pris soin de ces objets et à mes grands-parents maternels, puisque certains viennent de depuis eux. 
C'est sans doute pour cette raison que mon confinement est si paisible. Il me permet un temps de recueillement que j'attendais sans en être consciente depuis les différents deuils.

Un certain nombre de mes ami·e·s et connaissances craquaient aujourd'hui. Je soulignais il y avait deux jours que l'on avait passé les quarante jours dévolus autrefois aux deuils proches. Ça doit correspondre à quelque chose chez les humains. J'en vois plusieurs, entre les sportifs qui n'en peuvent plus de devoir se contenter que de home trainer et de gymnastique à domicile et de course à pied d'une heure max dans un rayon d'un kilomètre, les entrepreneuses et entrepreneurs qui craignent pour la suite en voyant sans doute leur trésorerie plonger - des aides ont été promises et évoquées mais le temps qu'elles arrivent, le spectre de graves difficultés rend les gens nerveux -, les profs qui s'épuisent en un télétravail qui n'avait pas du tout été prévu et qu'on les a sommés d'accomplir sans leur en donner les moyens, les personnes qui ont besoin d'un rôle social et du regard des autres pour se sentir exister, qui ont atteint le stade de Bon d'accord il y a des risques, mais laissez-nous sortir !

Les personnes qui ont perdu un·e proche à cause de l'épidémie, sont dans la peine, et la peine sur la peine qui est de n'avoir pas pu dire au revoir ni faire de rassemblement, de cérémonie. Ils et elles ont vu ce que ça pouvait donner, ces fins de vie isolées, reliés à des machines, au contact d'autres humains inconnus équipés comme des cosmonautes (ou qui auraient dû l'être) et à moins d'avoir été eux-mêmes malades et d'en être revenus, n'ont pas de hâte au déconfinement. Ils ont vu le degré du risque de trop près. 

Mon co-confiné oscille entre ces deux positions. Il est trop habitué à devoir travailler et je crois qu'il aime son métier. Son club de pétanque et le rôle qu'il y joue lui manque terriblement. 
Qu'il y soit sans arrêt parti ne me manque pas du tout, au contraire. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de vivre en couple et, passé les premiers jours où il voulait sans arrêt sortir faire des courses alors que nous étions en quarantaine puisque venus d'une autre région, c'est plutôt agréable. Longtemps, nous avons été tous les deux engloutis par nos vies professionnelles. J'en étais consciente au moment même, lui sans doute moins (parce qu'il ne portait pas la charge mentale de la gestion domestique ? parce que pour les hommes s'est considéré comme normal de tout livrer à son travail d'entreprise ?) ; et de toutes façons nous devions fournir la charge de boulot requise si nous voulions conserver nos emplois. Alors c'était des semaines de 50 heures pour 39 heures théoriques rémunérées. Un grand classique.
Le confinement nous permet enfin d'être vraiment ensemble. Seulement nous sommes déjà bien un peu vieux.

Soigneusement rangés dans un carton plat, au fond d'une armoire que mes parents avaient calée dans leur sous-sol alors qu'elle est fort belle, j'ai trouvé dix-huit prix de poésie, sous forme de diplômes remis, que ma mère avait remportés. Je savais que de loin en loin son travail avait été distingué. Seulement j'ignorais jusqu'à quel point. 
Si du temps m'est donné, il faudra que je m'efforce qu'au moins un recueil de son travail soit dûment édité. Il y a du niveau.

J'ai entamé la lecture du "All these years" de Mark Lewihson, sur les Beatles. C'est Xave qui le lisait au Guilvinec il y a deux ans qui m'en avait donné l'envie. Je me régale ainsi, grâce à lui. Merci, Xave, merci.
Une sorte de gros scarabée géant est venu se cogner au carreau dans la nuit, c'était curieux. Il faisait 4 cm de long ce qui est plutôt une taille d'insecte africain ou américain que de la petite vieille Europe. J'ai fermé le rideau pour qu'il évite de continuer à être attiré par la lumière. 

En Italie Conte se bat comme un beau diable pour calmer les impatiences et imposer un déconfinement progressif qui me semble intelligent - par exemple n'ouvrir qu'à partir du 1er juin les bars, restaurants et salons de coiffure car effectivement il y a du risque d'être trop rapprochés ; en revanche les chantiers (plein air) repartent dès à présent ; les parcs vont réouvrir ; et on aura le droit de se retrouver en famille ou avec nos compagnes ou compagnons, les personnes avec lesquelles on est en "relation stable" (traduction littérale) -. Il s'en prend plein la tête, des gouverneurs de régions veulent tout relâcher (pression du monde de l'entreprise), des entrepreneurs crient à la faillite et que les aides promises n'arrivent pas, les croyants veulent des messes et autres rassemblement et crient à l'empêchement de la liberté de culte, et côté foot, mais ça ne le concerne pas directement, ça semble un tel bazar d'instances et de décisions contradictoires, que le journaliste présentateur lui-même semblait ne plus comprendre ce qu'il lisait (bon, ça n'était pas "Agnan", d'accord). Il y avait une sorte de conférence de presse en extérieur, la Rai News 24 en a transmis un bout en direct, les questions étaient sévères, rien à voir avec la complaisance de caste des journalistes "autorisés" français, il tenait bon, ça donnait envie de lui accorder confiance. Son visage était marqué par le port du masque, il avait dû avoir une bien longue journée. Ça se passait en direct de Bergame et c'était son premier déplacement depuis le début de l'épidémie passée en état d'urgence. Ce qui était cohérent, pas comme en France où le président et sa cour se déplacent sans cesse au risque de contaminer des personnes là où ils sont passés (et vice-versa, d'ailleurs). 

Mattarella, le vieux président, avait une prise de parole, comme cela fait plusieurs fois depuis le début de la pandémie et c'était impressionnant de justesse de ton. Seule la Reine d'Angleterre a fait mieux. Il encourageait les jeunes à ne pas décrocher. 
Plus de détails sur le LT 

Avant d'éteindre, je lis le billet du jour de Couac, et voilà qu'elle écrit mieux que moi mes pensées : 


Je n'ai aucune envie que nous soyons déconfinés. L'eau a l'air froide, on n'en voit pas bien le fond, elle a une drôle d'odeur, il y a des bêtes bizarres, on n'a pas pied, je préfère rester sur la plage...

 

(1) Bel exemple de sérendipité de l'internet : c'est parti du fait que Léo Borg était pour un tournois à Bergame juste avant qu'on ne constate le outburst de l'épidémie du côté de l'Italie  
(2) Le dortoir est immédiatement sous le toit, c'est un étage-grenier.
(3) Je ne l'ai lu que sous sa plume et ne sais s'il s'agit d'une traduction correcte. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 055 342 cas (dont : 211 032 morts (56,495  aux USA) et 917 558 guéris) 


Mais c'est pas grave il est déjà mort, on peut donc faire un long report (la logique des rêves ...)

C'est à cause de l'adaptation si réussie des Goguettes qui me trotte dans la terre, conjugué avec ce documentaire "Un artiste, une maison" qui m'est également resté. Vers le matin, le Vesoul de Jacques Brel s'est déclenché dans le #JukeBoxFou de dedans ma tête. 

Il a été récupéré par un songe formidable : nous (supposons, l'Homme et moi) devions aller le voir en concert, sans doute à l'Olympia. Le songe comportait la recherche des billets, leur achat, la joie d'avance à l'idée de l'entendre enfin en vrai et de le voir sur scène en noir et blanc (c'est cool les rêves on peut se passer de la couleur si on préfère comme ça). 

Et puis c'était l'épidémie actuelle, parce que oui le rêve avait lieu maintenant, et voilà que le concert était annulé ou reporté sans date, et nous en étions désolés. 

C'est alors que pour nous consoler, et parce que dans la logique du songe c'était imparable, j'ai prononcé cette phrase :

"Mais c'est pas grave, il est déjà mort, on peut donc faire un long report, il ne risque pas de tomber malade"

qui a quand même fait réagir un neurone, quelque part, et je me suis réveillée.

 


Chroniques du confinement jour 41 : dimanche doux, le syndrome de stock-home à son maximum

 

    Nous sommes allés courir trop tard à cause de JF qui s'était réveillé une première fois très tôt mais peinait à ré-émerger : 8h35. Nous avons logiquement croisé trop de monde à mon goût : deux coureurs (individuels, un homme, une femme à des moments différents), l'homme à la béquille, un cycliste sportif de type VTT (aller et retour), l'homme avec le petit chien blanc. J'ai proposé de rentrer par les maisons et bâtiments de la "zone d'activité", où nous n'avons que vu de loin deux personnes. La bonne heure pour la course à pied c'est idéalement de partir à 7h45.
Je suis parfaitement consciente que notre "trop de monde" serait un équivalent de "presque personne" à Clichy - Paris.

Alors que nous traversions ladite "zone d'activité", un busard, sans doute le même que j'avais déjà entrevu un matin sur la voie verte dans la portion de celle-ci qui longe ce quartier, est passé devant nous, toutes ailes déployées. C'était un instant de toute beauté.  

Un coup de fil du Fiston : il m'explique des subtilités entrepreneuriales du télétravail et combien il aimerait continuer comme ça. Entre autre le pourquoi assez légitime des demandes de poses de congés : les RTT dans son cas sont à prendre avant le 31 mai et il conviendrait que tout le monde ne les pose pas entre le déconfinement officiel et le 31 mai.
Il me dit que bien des gens ne sont pas conscients pleinement des enjeux du confinement. Pas concernés directement, ils n'en voient que le côté "On m'empêche d'aller où je veux", une assignation à résidence, une répression. Pour eux le 11 mai apparaît comme un jour de fête à venir, une libération. La seconde vague sera redoutable. 
Un de ses amis a eu sa mère 15 jours en réanimation et qui remonte la pente, depuis son retour de l'hôpital, lentement. Parce que oui, on ne ressort pas d'une réanimation, hop, comme ça, d'un seul coup tout va bien. La respiration reste longtemps une douleur. Il y a des tracas de cicatrisation. Rien n'est simple. 
Ça serait bien qu'il en soit davantage causé. Que les gens sachent ce qui les attend.

Il faudra que je n'oublie pas le remboursement de mes billets pour le championnat d'Europe d'athlétisme. Je m'étais pris deux abonnements, je m'en faisais une fête. Comme l'éco-trail d'Oslo, c'est raté. Et le trail de La Chouffe. Pour certains événements, même s'ils ne sont pas annulés, je préfère m'abstenir tant que l'épidémie n'est pas jugulée. 

Je lis des articles canadiens ou américains bien effarants, sur l'effondrement pulmonaire d'un homme encore jeune et sportif (il s'en sort mais plus personne n'y croyait) et par ailleurs un nombre d'AVC bien supérieur à la normale de personnes encore jeunes dans l'état de New-York. Le Covid-19 semble décidément mener des attaques sur bien des fronts une fois qu'il a investi un corps humain.

L'ami Pablo a fait un marathon chez lui sur un parcours de 100 m avec un boulier pour compter les tours. Je me demande du coup combien de mètres feraient le tour de la maison ici et du jardin.

Tenté de regarder ce soir le ciel avec Heavens Above mais je n'arrivais plus à savoir ce qu'il fallait faire concrètement (pour se repérer ; pour repérer un satellite qui passait). Toutes les explications que j'ai trouvées détaillaient toutes sortes de choses mais seulement un mode d'emploi, mais écrit (d'où que les gestes manquent quand même) évoquait le terre à terre du concret de Quels gestes on fait ?

J'en ai raté les TG italiens. 

Dans la journée pas de vraie sieste mais une après-midi passée à lire, au jardin. J'ai achevé la lecture du journal d'Élisabeth et je me suis sentie dès lors toute orpheline. Il faudrait un mot pour désigner l'état dans lequel on se trouve après une lecture qui nous a captivé·e·s. À la fois dans le bonheur de cette expérience et comme qui quelqu'un nous avait quitté·e·s.
Il faudra que je pense à lui demander pourquoi elle évoque si rarement les raisons du choix d'un certains voyage à un certain moment ; dans une partie des cas c'est clair : il s'agit d'aller ou de revenir d'un lieu de travail vers la Suisse puis la France en utilisant la voiture afin au passage de visiter des lieux, rencontrer des gens. Mais dans d'autres c'est mystérieux : pourquoi soudain aller visiter le Népal en partant de Doha (lieu de travail d'à ce moment-là) ?
La forme d'un journal irrégulier conduit à certaines frustrations du lecteur ou de la lectrice : une date que l'on attendait de lire, parce que quelque chose de particulier était survenu ce jour-là, ne figure absolument pas ou son rattrapage est plus tard évoqué en deux mots. En particulier pour des événements graves étant survenus en France, j'étais curieuse de la façon dont ils furent perçus là où M. et elle vivaient alors. C'est le cas pour ceux qui correspondent à un jour d'entrée dans le journal. Pas pour d'autres. 
Mis à part ces deux interrogations, quel plaisir de lecture ça aura été, et tellement idéal pour la situation actuelle.

Brad Pitt a fait une imitation fabuleuse du médecin conseiller technique de la maison blanche. En même temps on en est là. C'est terrifiant. Ils sont des parodies (enfin Trump, surtout).

Bon je m'étais quand même assoupie un bref moment en lisant et ... pour la première fois de ma vie j'ai été tiré d'une somnolence par le galop de vaches ! Le chien du 10 avait déboulé vers le fond de son jardin et elles broutaient alors juste derrière la clôture et ont dû être surprises et se mettre à galoper. Passé l'effet d'avoir été prises au dépourvu, elles sont revenues brouter là où elles en étaient (1) et l'une d'elle a vertement protesté. C'était la première fois que j'entendais (l'une de) leur voix. La propritétaire du chien est venue voir pourquoi elle entendait à présent son animal aboyer de panique et qui s'est mise à parler aux vaches en les appelant "les filles" et à rigoler de la frousse soudaine de son chien. Qui, peut-être vexé, n'a plus oser protester contre quelque présence que ce soit.

Moins drôle, à un moment une voix d'homme dans le semi-lointain (2), sous l'effet d'une violente colère : 

- Mais ça va pas la tête ! Voleur ! 
Et peu après la mobylette trafiquée que j'avais déjà entendue dans un sens, pétaradait dans l'autre (concomitance ou causalité ?)

L'ami Aaron a trouvé une dénomination pour mon syndrome de Stockholm du confinement (i.e. j'y suis trop bien, je me suis mise à apprécier à fond cette vie calme et retirée, je n'ai plus envie du tout de me déconfiner (en fait : surtout dans les conditions dangereuses, désorganisées et sous-équipées qui s'annoncent)) : le syndrome de stock-home.

Bel article de Florence Aubenas dans le Monde, qui de façon troublante pour moi parle beaucoup d'Altkirch, la ville où vécut mon amie Éliane et où nous étions en sa compagnie lors de la finale de la coupe du monde de football 1998. Ce qu'elle relate est bien accablant. 

 

(1) J'ai remarqué qu'elles étaient fort méthodiques dans leur progression de broutage

(2) Impossible de capter de quelle direction en fait elle venait

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Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 910 918 cas (dont : 202 865 morts (54 049 aux USA) et 832 550 guéris) 


Chroniques du confinement jour 40 : le temps des deuils anciens, ici celui du printemps

 

    Journée sans sport et dès lors je pouvais sans risquer l'épuisement m'échiner pour le jardin (non, temps plutôt pluvieux, très frais) ou la maison (oui, le courage et la réflexion avaient atteint leur maturation). 

J'ai donc saisi la perceuse, rassemblé les accessoires de la bonne taille (merci Papa qui m'a tant légué, tout y est ou presque, ne manque que ce que le voisin voleur s'était autorisé à prélever) et commencer à remettre en place certains éléments : le porte-manteau (où diable est passé le second ?), un clou pour les clefs, le portrait d'Ernestine Lemercier, mon arrière grand-mère maternelle², le dessin du château de Gratot. Au passage j'ai trié l'une des caisses à outils (1) et nettoyé une partie de l'établi canal historique sur lequel vers le fond quelque chose (laine de verre ?) s'était décomposé. Et trouvé un pot de peinture qui sera parfait pour la petite fenêtre de l'étage, ainsi que de quoi la raboter avant de peindre (2). 

L'option d'attaquer ce qui est devant être fait dès après le petit-déjeuner pour laisser à l'heure de début de sieste les écritures quotidiennes matinales est assez efficace. La matinée n'avait pas semblé disparaître dans le rien puisqu'il en restait des traces très concrètes, appelées à durer. Supériorité indéniable du bricolage sur le ménage.

Je n'ai pas souhaité m'attaquer dès à présent au lourd miroir, ni non plus à la tapisserie. Je dois d'abord voir s'il n'y a pas de meilleurs accessoires d'accrochage disponibles dans la cabane à outils et affiner ma technique, pour le moment rudimentaire (en particulier lorsque deux trous sont à percer en vue d'une accroche droite de quelque chose d'assez grand (c'est pas gagné, malgré deux niveaux à bulles de bonne volonté))

La sieste est de lecture avec des temps de sommeil, c'est absolument parfait pour aborder ensuite en bonne forme la soirée, comme s'il s'agissait d'une seconde journée dans laquelle il ne resterait à accomplir que ce qui ne relève pas des petites corvées. Il faudrait pouvoir vivre ainsi : lever tôt, du sport puis tout ce qui est devant être fait (par exemple aller bosser pour gagner sa vie), puis déjeuner, faire la sieste et au réveil, être libre de ses activités (entraînements sportifs, projets personnels (écriture, photographie, musique, radio), ou temps culturels ou juste retrouver la famille, les ami·e·s). Hélas il faut une pandémie avec un nombre effarant de victime pour qu'en étant une personne du peuple on ait droit à cette vie-là (moins la part récréative, les spectacles, les entraînements collectifs, les retrouvailles).

"Feu de tout bois" est un ouvrage précieux à lire pour qui écrit. En ce moment je me contente de tenir ce blog, la situation générale actuelle me semble trop violente pour laisser place mentale à une fiction, il n'empêche, j'écris. Je sais que c'est ce que je dois faire et j'expérimente grâce au confinement la vie qu'il me faudrait pour ce faire et à quel point elle me convient, même si je ne saurais vivre uniquement de cette façon-là : l'amitié est trop importante pour moi, la famille, les pratiques sportives collectives, les liens, les apports culturels. J'y ajouterais les voyages si ma vie s'y prêtait. Je n'ai pas besoin d'un rôle social marqué, seulement d'argent pour subvenir à mes besoins dans ce monde tel qu'il est. Le problème c'est que le temps presse et que la retraite a foutu le camp à trop d'âge. Comment faire ?

Prise de conscience joyeuse que le confinement m'a permis de retrouver des compétences que le temps avait gommées : les plantes me reviennent un peu, et j'apprends, ainsi que les chants d'oiseaux. Je me régale décidément avec Birdup qui s'utilise comme un Shazam des oiseaux et un google translate : ça donne des indications qu'il convient d'affiner ensuite.

Les vaches sont curieuses et possèdent leur intelligence - je n'en doutais pas, cf "Le Parc" que j'écrivais oralement quand j'étais enfant -. Alors que je faisait du nettoyage dans la cabane à outils, j'ai entendu une voix d'homme les héler qui venait du vieux bâtiment devant lequel nous passons en allant vers la voie verte. L'une d'elle a dressé la tête et les oreilles et s'est mise en branle, peu après suivie de ses camarades, il s'agissait probablement de manger ou d'une traite (3), mais il était clair qu'elles avaient pigé qu'on les demandait.

J'ai beaucoup de chance, tant que nous ne tombons pas malades, d'avoir un confinement qui ne ressemble pas à du thé blanc

Au soir, je m'aperçois que le petit carton que je croyais contenant les animaux miniatures du Parc, justement, contenait en fait un mode d'emploi manuscrit par mon père de mon enregistreur à cassettes audio, et quelques cassettes. Un vieux transistor. 
C'est amusant d'être confinées avec des bribes éparses d'un déménagement correspondant à l'enfance et à des affaires ayant appartenues à ses parents. 

Je suis volontairement, et parce que j'étais occupée, restée à l'écart des informations. Quelque chose en moi considérait que le week-end on avait le droit de débrancher, surtout dans la mesure où sauf preuve du contraire, nous sommes censés rester sagement confinés. 

Autrefois 40 jours était la durée considérée comme convenable aux deuils. 40 jours que nous sommes confinés et pour la première fois de ma vie, trop active, quarante jours que j'ai pu l'un après l'autre apprécier, mesurer, voir se dérouler (5). Je me dis qu'il y avait une sagesse correspondant à ce délai : j'étais fatiguée en arrivant au confinement, ayant eu la chance de ne pas tomber malade, je suis en forme à présent. Quarante jours est le bon délai pour que le corps reprenne des forces et que l'esprit se fasse à une nouvelle situation dans l'idée qu'elle puisse durer. 

Par curiosité et aussi parce qu'il me semble qu'ici les gens passé les quinze premiers jours (en gros la même durée que notre quarantaine) se sont mis à retourner bosser, j'ai regardé des offres d'emplois régionales. Et effectivement des entreprises recrutent, là maintenant. Pour la première fois dans une annonce j'ai lu ces mots "Les mesures de protection sanitaire liées au COVID-19 sont mises en application au sein de cette exploitation".

Cela faisait un mois (en même jour de la semaine) qu'un homme s'est tué en voiture à 100 m de chez nous, passant en trombe et fonçant droit dans le mur. J'y ai pensé tout au long de la journée. Pas trouvé d'autres articles que les entrefilets qui relataient brièvement l'accident. On ne saura donc ni qui il était, ni s'il y a eu la moindre explication. C'est quelque chose qui reste dans un coin de la tête - ça ne resterait pas tant si par exemple il s'était agi d'un accident de circulation entre plusieurs véhicules au carrefour voisin, le truc terrible mais qui peut s'expliquer (un refus de priorité, une mauvaise évaluation de ce que l'autre allait faire) -. Il y a aussi ce lampadaire plié qui marque désormais l'emplacement. Le verrons-nous remplacé avant la fin du confinement ? Et le fait que le mur, lui, n'a pas une égratignure, ce qui étant donné la violence de l'impact, dont le son inidentifiable sur le moment me reste présent -, surprend. 
Cela dit, en cherchant des informations, je suis tombée sur cet article, intéressant, qui parle de l'organisation face au Covid-19 du Pôle de Santé local. 

 

En Italie, début d'assouplissement sur les sorties, qui est à la mer ou à la montagne peut désormais s'y promener mais en restant raisonnablement à proximité du domicile et en respectant la distanciation sociale. Le président Mattarella est allé seul honorer les résistants (25 avril jour anniversaire), arrivant avec le masque, et dans un grand espace vide. Images que l'on avait auparavant vues plutôt concernant le Papa Francesco. 

Une petite fille de 5 mois est morte aux USA, il y avait une image du bébé alors sous respirateur, son regard était terrible et inoubliable. Son père est pompier à New-York on peut supposer que c'est par son travail qu'il a été en contact avec le virus qui aura contaminé l'enfant (mais peut-être que non).  

J'ai LT comme d'habitude mais avec le sentiment que les informations désormais n'étaient plus aussi primordiales : en Italie comme ailleurs on s'apprête à déconfiner parce qu'on ne peut rester confinés, que les gens doivent manger, et pour cela bosser et que l'argent public ne peut à lui seul maintenir le pays à flots. Aussi parce que les gens n'en peuvent plus de rester enfermés, que pour beaucoup d'entre eux, un seuil de type, Je m'en fous de tomber malade je veux sortir est atteint. 
La deuxième vague de contaminations sera terrible sauf si la chaleur rend le virus moins actif ou les organismes mieux résistants. 

Je pense à la phrase de conclusion du billet de Couac aujourd'hui : Comment on va faire pour reprendre la vie où on l'avait laissée ? 

(1) pour mémoire celle en métal, gris clair. Essentiellement des accessoires de perceuse. 
(2) Le seul truc c'est qu'il ne sera peut-être pas judicieux de le faire pendant le confinement, car comment échapper aux odeurs de peinture fraîche ? 
(3) J'en doute, leur pis ne me semblent pas gonflés. Mais qu'est-ce que (pour l'instant (4)) j'y connais ?
(4) J'espère bien faire quelques progrès.
(5) En temps normal je fonctionne, mais avec pour seul objectif de tenir jusqu'au soir et les journées de trop de travail tombent dans un entonnoir de mémoire, sans que j'y aie participé totalement ; l'esprit seulement concentré sur les choses à faire et que le corps tienne bon.  

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
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Un tag du confinement

Je lis chez Gilsoub ce tag du confinement, et ça me paraît une bonne façon de garder traces. Longtemps plus tard moi-même si je survis ou quelqu'un d'autre qui se sera intéressé à cette époque-ci tombera là-dessus et pourra se dire (ou la moi de plus tard pourra se dire) Tiens, c'était donc comme ça, cette période-là, pour qui était confiné sans devoir aller bosser ?

 

Qu’est-ce qui te manque le plus dans ce confinement (la première chose qui vient à l’esprit, spontanément) ?

La présence du Fiston et voir les amis pour ce que nous avons laissé à Paris.
Le Fiston venait, le 17 février, de s'installer en colocation, non loin de l'appartement. Il était entendu qu'il passait fréquemment, que nous dînions ensemble souvent et l'on se croisait assez naturellement aux heures de rentrer du travail, ou lui passait en allant. Nous en étions encore à l'étape lessives chez les parents. 
Et voilà que soudain le confinement est annoncé, qu'après un long débat familial, il se décide que nous laissons l'appartement à sa sœur qui doit télétravailler (et aurait du mal dans un trois pièces moyen à le faire avec ses deux parents dans les pattes) et nous voilà partis sans tambours ni trompettes afin d'être dans les clous du "à partir de mardi midi". Alors voilà, nous sommes passés de vivre ensemble, à s'habituer à ne plus le faire, à ne plus se voir du tout en quelques semaines. C'est tant mieux pour lui qui est dans de bonnes conditions et en bonne compagnie, mais c'est rude pour nous les deux vieillissants.

Mes ami·e·s me manquent. J'avais heureusement un peu sentir venir l'embrouille et calé quelques déjeuners avant qu'il ne soit trop tard. Il n'empêche.

Aller voir la mer pour ce qui est d'ici. C'est absurde, nous sommes à 10 km et les plages d'ici hors l'été sont désertes ou presque. Seulement voilà le confinement à la française n'est pas celui d'en Norvège (tel que je le vois au travers des comptes Instagram des sportifs et amis), et les balades dans les environs nous sont interdites. 

 

Quelque chose de positif dans cette période ?

Le bonheur d'avoir ses journées pour soi, à sa main, de pouvoir lire, écrire, s'organiser, mener à bien mes projets personnels, passer du temps avec mon vieux mari (c'est exceptionnel, entre le travail et sa sacro-sainte pétanque, il est toujours parti), et surtout vivre à mon rythme : un petit coup de fatigue, je peux m'allonger le temps qu'elle passe et ainsi être en forme le reste du temps. C'est un bonheur. Une vie de rêve. Quelle tristesse qu'il soit lié à une situation générale de malheur terrifiant.

 

La boisson du confinement ?

Un Springbank 97 brut de fût, bouteille que j'avais en réserve. Lorsque j'ai eu la gorge en début d'inflammation en mars, j'en ai pris a dram chaque soir, en gargarismes délicieux. Le mal de gorge a disparu en deux semaines. 

 

Alors c’est comment le télétravail ?

Pour moi c’est chômage en attendant de peut-être retrouver au déconfinement le travail promis que j'avais obtenu juste avant. Je ne sais donc pas comment ça fait de télétravailler. Notre fils dont le job est technique dans l'informatique s'en trouve fort bien. Il est ravi de s'épargner du temps de transports.

 

La chanson du confinement ?

Celle des Goguettes, c'est évident, sur l'air du Vesoul de Jacques Brel. 
Sinon, nous écoutons relativement peu de musique, occupés à savourer le silence, d'une maison sise sur une rue habituellement passante et qui l'est moins. Mais j'ai eu la bonne surprise de tomber sur un bon vieux double CD "Best of Abba". Il n'est donc pas exclu que la musique qui nous rappellera le confinement soit celle-là. 

 

La série du confinement ?

Comme nous n'avons pas de connection internet pérenne sur notre lieu de confinement (je passe par le téléfonino utilisé comme un modem), je ne regarde pas de série (le moindre film visionné englouti mon forfait). En revanche je pense sans arrêt, ou du moins pensais sans arrêt durant les trois premières semaines à la série Le Prisonnier. C'était tellement ça. Nous dans notre village où nous nous retrouvions du jour au lendemain. 

 

Et ta coupe de cheveux ?

Il m'est arrivé cette expérience étrange de renouer avec le fait de regarder la télé, en l'occurrence les chaînes italiennes, pile le jour où le foyer infectieux de Codogno a été connu (du grand public) et de les voir basculer en direct en mode couverture H24 comme pour un événement dramatique ponctuel. Ils en sont vite revenu car les directs devant un hôpital en disant Encore une ambulance qui arrive, ont leur limite. Seulement les chaînes d'infos avaient bien perçu ce basculement, du relativement lointain vers un état d'urgence. Dès lors j'ai suivi les infos italiennes avec assiduité, pigeant immédiatement - grâce aussi à mes lectures qui m'y avaient préparées (Station Eleven et La constellation du chien pour ne citer que celles-ci) - que ça allait barder. 
D'ordinaire je vais chez le coiffeur une fois par an au printemps. Depuis que je fais du triathlon j'essaie de viser juste avant le début de saison, afin de pouvoir enfiler plus facilement les bonnets de bain, toujours trop petits pour ma grosse tête, alors si en plus j'ai une grosse touffe de cheveux ... Cette fois-ci je me suis dit que je devais vite y aller avant le confinement, j'ai pris rendez-vous et me suis équipée de ma coupe courte printanière le 2 mars. Je suis donc tranquille de ce côté-là. 

L'autre chose que j'ai faite fut de commander, dans les derniers jours de février ou les premiers de mars, via un fournisseur de vêtements professionnels, une tenue pour le poste que j'espérais occuper en librairie (un gilet avec plein de poches), et des masques en tissus, ceux qui permettent qu'au moins on ne postillonne pas sur le voisin dans les transports en commun. Ils sont arrivés mi-avril. Ils seront utiles.   

 

Le livre du confinement ?

J'ai cru qu'enfin je pourrais lire paisiblement La Recherche. Et puis voilà que "Feu de tout bois" le journal d'Élisabeth Horem en deux tomes bien dense s'est rappelé à moi. J'en avais commencé la lecture avec appétit fin 2018 lorsqu'elle me les avait offerts, mais mes lectures obligées de libraire m'avaient contrainte de quitter l'ouvrage après la période à Bagdad. Et comme c'est trop souvent le cas, passé l'élan, d'autres s'intercalent. 
Cette fois-ci était la bonne. Et bizarrement, ou peut-être simplement parce qu'enfin sur une période longue je dispose de mon temps, je parviens moi qui suis une habituée des lectures en parallèle à ne lire que celui-là. Il faut dire que son mélange de confinements et voyages et considérations sur le travail d'écrire (qui résonnent si bien en moi) est l'exact dosage adapté au moment. 

 

Des stocks de bouffe ?

Non, là où nous sommes confinés il n'y a pratiquement aucun problème d'approvisionnement. Pas même de files d'attente particulières pour faire les courses. La seule chose qui nous a manqué c'est ... de la levure chimique car j'avais l'intention de faire un gâteau.
D'une façon générale, je m'arrange lorsque nous sommes en famille pour avoir quinze jours de provision pour ce qui est du "sec" (pâtes, riz, semoule) et des conserves et un paquet ou une boîte ou une bouteille des ingrédients nécessaires de base (sel, beurre, huile d'olives, sucre) ; produits de première nécessité aussi pour la maison (lessive, savon ...). J'ai aussi des bougies pour si le courant n'y est plus. Le gaz en plus de l'électricité. Des chauffages d'appoint. Bref, mon en temps normal c'est s'attendre à un problème qui nécessiterait que l'on reste claquemurés sans avoir eu le temps de s'approvisionner. Quand je suis née, la seconde guerre mondiale s'était achevée moins de vingt ans avant. Mes grands-parents avaient connu une guerre à 20 ans une autre à 40. Ça rend prévoyants. 
Jusqu'à présent ce mode de fonctionnement m'avait surtout servi à faire face aux fins de mois difficiles. 
Pour la première fois, il sert pour un cas de devoir rester chez soi sans pouvoir s'approvisionner comme à l'ordinaire.

 

Des symptômes du Coronavirus ?

Mon co-confiné a eu un collègue atteint, quelqu'un d'un bureau voisin, lequel a été désinfecté. Mais seuls ceux qui partageaient la pièce avec le malade furent envoyés en quarantaine. Début mars il a eu une semaine de se sentir bizarre avec des suées étranges, de sortes de malaises, et la perte de l'odorat. Comme à l'ordinaire il est sujet à de violents "rhume des foins", il n'a pas trop su si c'était une attaque particulièrement forte cette année ou le #Covid-19. Dans la foulée j'ai eu une à deux semaines d'un état un peu particulier, comme un rhume au bord de débuter mais qui ne "sortait" pas. La gorge douloureuse, une sensation particulière vers la trachée artère, un peu de toux mais qui en est resté là. Pas de fièvre. Et par ailleurs, passés plusieurs jours de dormir vraiment beaucoup, plutôt en forme. Dès le confinement et passée la fatigue du déplacement, vraiment en forme, moins l'irritation à la gorge. 
Notre fille a eu, plus tard, une rhinopharyngite carabinée.
Nous ne saurons sans doute jamais si c'était le Covid-19 qui nous avait traversé ou de simples tracas de santé saisonniers.  

 

Sur informé ou sous informé sur l’épidémie ?

Parfaitement informée mais en suivant les bonnes personnes sur Twitter et les infos italiennes une fois par jour le soir. Certains jours je me contente de ne regarder que le soir, afin de ne pas saturer ce qui ne servirait pas à grand-chose puisque le rôle qui m'est échu dans l'affaire est de rester chez moi en sortant le moins possible.

 

Optimiste ou pessimiste ?

Je sais depuis plusieurs années qu'il faut s'attendre à des épidémies, à des catastrophes climatiques, et que par là-dessus des guerres meurtrières ne sont pas exclues. Che sera, sera. J'ai espéré un temps que l'Après de l'épidémie serait différent, que les gens auraient eu le temps de réfléchir à leur mode de vie, cesser de sur-consommer, retrouver le plaisir des choses simples, des activités que l'on fait (par exemple jouer de la musique) plutôt que sur-consommer. Mais je vois aux informations que la doxa reste la panique face aux P.I.B qui baissent, aux bourses qui décramponnent, aux constructeurs automobiles dont plus personne n'achète les voitures, aux compagnies aériennes qui chôment. Je sens que c'est raté pour en profiter de repenser au fonctionnement absurde de nos sociétés et aux logiques destructrices de notre économie. Je n'étais pas une grande consommatrice, je le serai encore moins à la sortie. C'est mon seul degré d'action accessible. 

PS : de toutes façons nous serons peut-être tellement dans la dèche que nous n'aurons pas le choix.

 

Une citation pour illustrer la pandémie ?

"Pas grand chose à part des vaches et des vaches [...]. Tout est harmonieux, lumineux, c'est le bonheur fait paysage" ("Feu de tout bois" d'Élisabeth Horem, tome II p 874 ce qui ne répond pas vraiment à la question mais est plutôt une citation qui va comme un gant à mon confinement. 

Sinon, pour la pandémie, elle-même, cette phrase qui m'est restée, mais j'ignore d'où, sans doute un article au sujet des masques en tissus, comment les laver ? Ou dans le livre que je lis, mais pourquoi l'aurais-je notée ainsi sans plus d'indications ? Bref,

Le polyester fond et le coton réduit


Chroniques du confinement jour 39 : tout le monde semble pousser au déconfinement, mais du calme, oh ! attendez


    Alors c'était jour de sport puisque la séance Tabata de la veille avait été reportée à ce soir. Donc pour démarrer la journée à nouveau une petite séance de fractionnés type Moneghetti qui en durée et en distance correspond pile à nos contraintes de confinés. La séance de Tabata de ce soir nous a semblé plus facile. Marc (V.) m'avait nommée pour être en direct mais comment faire alors que le téléfonino me sert de modem ? Et celui de JF nécessiterait d'utiliser mes codes FB, ça me paraît moyen. Ou alors il faudrait l'habiliter dans notre groupe privé des triathlètes. Bref, il m'a semblé que ça compliquait beaucoup. 

D'une façon générale, j'ai senti aujourd'hui une sorte de volonté générale de se déconfiner, de communiquer, vouloir remettre en route. Un mail pour le comité de lecture - je vais reprendre les lectures, oui, mais d'abord celle personnelle que j'ai enfin le temps d'accueillir -, un appel d'un numéro inconnu, pour un travail envisagé avant. Je suis incapable d'y répondre pour l'instant. D'une part parce que ma réponse serait que je ne sais rien du futur une fois le déconfinement accompli, sauf que je sais que je ne sais pas alors que la plupart des gens s'efforce de croire savoir. Et d'autre part parce que je ne souhaite pas rompre prématurément le confinement, comme s'il s'agissait du risque de rompre un charme.
De la même façon j'éprouve le besoin de respecter strictement les consignes, nous devons sortir le moins possible et croiser le moins de gens possibles. Sans doute s'agit-il là de ma façon de participer à l'effort collectif. 
Capture d’écran 2020-04-25 à 00.11.49 Mais qu'on ne me demande pas en retour d'y participer et de me priver de ma vie habituelle SAUF pour les contraintes professionnelles (ou : de type professionnelles ; d'ailleurs peut-être qu'à l'issue de tout ça je cesserai mes participations bénévoles à toutes sortes de belles actions, le travail rémunéré prend déjà bien des heures, je dois en garder pour moi, vraiment miennes, pas déjà occupées et remplies).

(dessin de Fabrice Erre

J'ai besoin de cette cohérence-là. Pour qu'il y ait du bon dans le fait d'être confinés. Pour que ça soit logique : si ce qui fait des bonheurs de la vie, les entraînements sportifs collectifs ou retrouver des ami·e·s et aller boire des coups, est jugé dangereux, il n'y a aucune raison que le travail le soit moins. Que les personnes dont le rôle est primordial dans ce qui permet de survivre (l'alimentation, les soins médicaux, le nettoyage ...) continuent de travailler malgré le danger a un sens. Que des emplois dont les actions peuvent être différées sans trop de problème soient remis en route alors que le danger est encore fort, n'en a pas. Même économiquement, car un faux mieux sera inévitablement suivi d'un rebond épidémique qui entraînera du pire. 

Trump a refait du Trump en suggérant aux gens de boire des produits désinfectants ou de se faire des séances d'UV. Le pire c'est qu'il semblerait que des gens soient prêts à le croire.  J'ai appris via Twitter que certains abrutis avaient trouvé moyen il y a déjà quelques temps de se laisser convaincre que de la Javel diluée pouvait être un remède contre l'autisme. 

Les amis en Nouvelle Calédonie ont retrouvé leur humour et leur balance habituelle, ça fait plaisir. En fait ils (collectif du groupe de personnes arrivées par ce même avion venant de France, le premier depuis le début du confinement), étaient non seulement en quarantaine dans un endroit comme en détention mais également menacés par des gens à qui on les avait désignés comme un danger.

Ma journée a trop vite filée : à part le sport et un peu d'écritures quotidiennes et la lecture de "Feu de tout bois", toujours, je me suis attaquée au nettoyage du Vélux (avec l'aide de mon co-confiné) et au rangement d'un des cartons grands qui restait du déménagement. Ces deux derniers point ont fait que la matinée s'est trouvée envolée. Sieste après le déjeuner, deux ou trois bricoles et hop c'est l'heure du Tabata. 
Il faisait un temps plutôt gris et assez frais : au moins ça limitait la tentation de la lecture au jardin. 

Pour autant et contrairement aux impressions relatées avec talent par Carl Vanwelde, je sais exactement quand nous sommes, quel jour, et ce que j'ai accompli dans la maison et le jardin jusque là. C'est peut-être aussi ce qui me fait peur : il ne va pas me rester assez de temps pour bien m'occuper de ce chez-moi, où je me sens vraiment chez moi, d'ailleurs. Et probablement là plus qu'ailleurs, à présent que Taverny n'a plus trace de nos vies alors que ce fut l'endroit fondateur, la place d'enfance et de jeunesse. 

 

LT des TG de Rai News 24 du soir

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 813 538 cas (dont : 196 412 morts (51 607 aux USA) et 778 427 guéris) 
La France rattrape presque l'Espagne au nombre de morts officiels (22 250 environ contre 22 500)


OK c'est une réclame pour une chaîne de télé et un produit de parapharmacie

 

    Elle est donc hyper préparée, fut selon toutes probabilités largement financée, et est conçue pour nous tirer des émotions et nous faire consommer. Seulement en la revoyant aujourd'hui (elle date du printemps dernier et m'avait déjà touchée), grâce à quelqu'un que je lis depuis une quinzaine d'années, et peut-être aussi parce qu'elle nous parle d'un monde perdu, même si ça n'est que temporaire, je dois le reconnaître, ça fonctionne, je suis émue.

Et elle fait appel à ce qu'il y a de bon en nous. Ce qui est devenu méprisé (1).

 

 

(1) Lors d'une manifestation récente aux USA en faveur d'un déconfinement sans attendre ne serait-ce qu'un tassement de l'épidémie, des gens arboraient une pancarte, "Sacrifions les faibles, pas l'économie" et je crains qu'ils ne soient représentatif d'un mouvement assez large.