Un dimanche déjà pas comme un dimanche (mais un peu quand même)
Chroniques du confinement - jour 1 : Juste à temps

Ai-je vraiment vécu cette journée ?


    Un peu tard pour le décompte, j'ai peu suivi les informations, à part sur la Rai à l'heure où Président Macron faisait un discours confus, instaurant un confinement sans prononcer le mot, disant qu'on pouvait sortir faire un peu d'exercice physique, mais qu'il y aurait des contrôles partout. On est censé ne plus bouger à partir de mardi 12h. 

Gros débat familial au sujet de la Normandie. Notre fille souhaite être seule à l'appartement, l'Homme de la maison veut y aller - ne supporte pas d'être enfermé, là-bas on devrait pouvoir sortir marcher -. Je suis la seule à dire qu'on risque d'exporter en Province le virus parisien, même s'il y a des cas locaux (dont à la centrale de Flamanville, laquelle est en arrêt). 

Le fait est que comme il n'est pas assujetti au télétravail mais bien au chômage technique, l'obligation de connexion ne s'impose pas. Quant à moi, j'ai de belles perspectives en cas de survie. Mais pas avant la fin du confinement. 

Soirée entière consacrée à discuter pour tenter de démêler le pour du contre. 

Les "Normands" finissent par avoir raison de mes scrupules. Mes ami·e·s me disent que si l'on reste en quarantaine 14 jours, ça sera OK. Je vais tenter de faire ça, ne voir vraiment personne pendant 14 jours une fois là-bas. D'autant plus qu'il y a de quoi manger dans la maison de là-bas. Seulement lui n'en sera pas capable, et ne se croit pas porteur du virus.

En revenant de mon rendez-vous à caractère professionnel - ou je suis allée à vélo afin de ne courir ni faire courir aucun risque -, je suis passée saluer de mes plus chers ami·e·s eux à leur balcon et moi en bas. C'était un moment heureux dans un moment collectif terrifiant. 

À Paris, c'est l'exode. Ça me gêne vraiment de participer à ce mouvement ; pour autant mon séjour était prévu de bien avant - et j'ai même gaspillé un billet de train dans la bataille -, car je devais partir samedi. 

J'ai passé la fin de soirée à préparer des bagages conséquents : lectures et DVD pour 5 semaines. 

Les couillons de la pétanque, quand je suis rentrée de mon rendez-vous sérieux, ils jouaient. Alors que le club est fermé mais comme l'un d'eux est membre du bureau il détient une clef.

Le virus doit se régaler de notre imbécilité. 

Cette journée, avec du monde dans les rues tout le monde s'activant à faire ce qui était possible avant le lockdown annoncé, pour moi une bonne nouvelle individuelle, pour l'ensemble un climat de pré-apo, était totalement irréelle à traverser. 

Je me suis empressée de déposer un chèque d'un compte annexe vers notre compte principal, avant que même les banques ne ferment ; l'idée étant qu'on ne se retrouve pas avec un débit abyssal comme en novembre 2015. Sur 4 personnes adultes, nous serons donc : deux (les jeunes) en télétravail, un au chômage technique et moi au chômage tout court mais avec une perspective d'emploi pour juste après ce combat collectif contre l'épidémie. C'est sans doute assez représentatif. 

 

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