Previous month:
janvier 2020
Next month:
mars 2020

0 billets

Journée studieuse, journée sportive et le retour des tracas financiers

 

    Comme je disposais de tous les documents nécessaires à mon programme de l'émission du lendemain soir, je choisis de rester à la maison plutôt que d'aller à la BNF. J'ai même plutôt trop de pistes puisqu'en suivant la double indication de celui qui m'a passé la BD et de Thomas G., dont le grand-père paternel est l'une des victime figurant sur les images, je vois un film de fiction sur Netflix "Le photographe de Mathausen". En soirée, je trouverai aussi un documentaire espagnol.

Le plus saisissant restera le témoignage filmé de Francisco Boix au procès de Nuremberg.  

La fiction présente les défauts habituels : autant dans la BD les choses ont été un peu simplifiées pour aller à l'essentiel et faire œuvre de pédagogie - tout en étant respectueux, tout est détaillé ensuite, dans le dossier : les uniformes plus variés, les circuits de sortie des négatifs plus complexes et variés aussi, les enveloppes diversifiées, moins de protagonistes clairement identifiés en tant que personnages que l'on reconnaît -, autant dans le film tout est exagéré pour rentrer dans le moule d'une narration avec un héros exemplaire, qui se sort de chaque coup dur par le haut et en aidant les autres, et les différents dispositifs de traitements des prisonniers dans le camp lui arrivent tous successivement ou à ceux des prisonniers qui lui sont proches. Il était déjà suffisamment héroïque d'être parvenu à subtiliser certains négatifs, le rentre super-survivant ne fait que rendre l'affaire moins crédible. Et tout se passe un peu trop comme s'il ne fallait rien omettre (l'escalier de la mort, le four crématoire, les prostituées, les expérimentations pseudo médicales, les gamins employés dans une petite industrie locale, les camions dont les gaz d'échappement étouffaient les prisonniers, le camp secondaire encore plus mortel, etc.). Après, voilà, c'est du bon boulot narratif grand public, y a pas à tortiller. Et l'on reconnait bien chaque étape du récit historique fait dans la partie documentation du livre. On voit aussi la reconstitution des photos. Et les éléments demeurés inexpliqués (comme la photo du photographe nazi en train de faire le mort) ont été gommés. L'agréable est que chacun parle sa propre langue et s'exprime dans celle de l'autre avec les bons accents et les fautes que l'on peut attendre. Le micro point agaçant (c'est terrible ma capacité à sortir des films pour peu) ce sont les objets qui pour faire d'époque font vieux : désolée mais une chemise cartonnée, un papier de ce temps là, en son temps avait l'air neuf, ou usé peut-être mais par une utilisation récente. En 1944 une photo de 1944 n'a pas l'air d'une vieille photo au papier défraichi. 
Le jeune garçon que l'on suit d'un peu plus près et que le photographe prend en quelque sorte sous son aile, ressemble au jeune héros de l'Attentat de Fons Rademakers, était-ce volontaire ? 

En attendant, j'ai en deux jours beaucoup appris sur le destin de ce photographe courageux, et suis reconnaissante à ceux qui m'ont mis sur le sentier de ce témoin précieux.

J'en ai oublié nos ennuis financiers dus à la conjonction de la non-indemnisation de mon chômage - conséquence des nouvelles mesures au 1er novembre 2019, un CDD de moins de 65 jours compte désormais pour du beurre pour le ré-examen des droits -, conjuguée avec l'erreur (par manque de temps) d'avoir financé les travaux de la maison de Normandie sans prêt, et accentuée par la modestie de mes salaires ainsi que l'arrivée des appels de fonds pour le ravalement de la cage d'escalier de l'immeuble où nous habitons. Tout ça semblait soudain bien secondaire, ces tracas. 

Un bon petit entraînement de course à pied là-dessus (en théorie un 8 x 400 m vitesse VMA avec récup = temps mis pour effectuer les 400 m - en pratique j'ai plutôt fait 8 x 1 tour 1/2 ou 1 tour en visant 6 mn/km avec récup = jusqu'à ce que la montre m'indique récup OK) et tout allait mieux, du moins moralement. Au passage, il me semble que j'ai récupérer mes genoux, que les presque deux mois de maison de la presse à journées de 9h debout sans arrêt sauf la pause déjeuner, avaient un tantinet rendus douloureux de façon sourde et permanente. Je commençais à craindre que ce fût irréversible. 

 

Sur le front du 2019-nCov, 43146 cas dont 1018 morts et 4347 guéris, toujours 11 cas officiels en France où personne ne semble officiellement mort ni guéri. 

Des personnes sont en quarantaine dans des paquebots géants où quelques cas se sont déclarés - dont un au Japon, tout le monde confiné dans sa cabine et des tours de promenade réglementés pour ceux qui en ont des toutes petites sans hublots -.

Conséquences sur lesquelles j'avais lu des articles mais qui commencent à concerner des gens que je connais : toutes nos belles industries, dont celles du luxe, qui avaient délocalisé tout ou partie de leur production en Chine, commencent à sentir la pénurie. Dans certains cas pour des éléments précis, mais dont l'absence est bloquante. 

Et les mêmes industries habiles à délocaliser sont aussi celles qui ont recours aux prestataires extérieurs : chute du chiffre d'affaires ou de la production, résiliation immédiate des contrats. Un ami m'a parlé de connaissances qui s'étaient vu notifier par SMS, de ne pas revenir pour l'instant et que le contrat était suspendu en attendant retour à jours meilleurs. 

J'avoue que je ne pensais pas que les conséquences économiques se feraient si vite ressentir. Je supposais encore à l'ancienne, qu'elles ne précéderaient pas la vague épidémique par chez nous.

Ma difficulté à me projeter dans le futur, trop d'éléments barrant la route, dont mon absence de perspectives rémunératrices immédiates, et la conscience que des tas d'autres problèmes de santé peuvent survenir avant ça, font que je ne parviens pas à m'inquiéter plus que ça. La perspective d'un confinement général ne m'effraie même pas : j'ai de quoi m'occuper avec tout le travail de rangement de l'appartement pendant des mois. Et puis, dans la série À quelque chose malheur est bon, ça pourrait être l'occasion d'écrire à bride abattue.

Lire la suite "Journée studieuse, journée sportive et le retour des tracas financiers" »


Claire Brétecher

 

    La nouvelle de son décès est tombée dans la matinée. Je l'ai appris via Twitter, comme le plus souvent les décès de personnalités, d'artistes, ces dernières années. 

Pas le temps d'écrire un vrai billet, je prépare mon émission du lendemain et je suis en retard dans des démarches administratives un peu pressées (tracas financiers, chômage non indemnisé) et je dois poursuivre à rythme soutenu mes recherches d'emploi. 

Il n'empêche que c'est pour moi grande émotion, et une fois de plus la fin d'une part d'enfance. 

Dans les années 70, je piquais à mon père le Nouvel Obs avant son retour de l'usine et je me jetais sur Les Frustrés. Je rigolais grâce à elle de la vie des gens riches, qui me paraissait d'un autre monde, il faut bien l'avouer. Mais ils étaient si marrants avec leurs problèmes légers. Et j'étais si d'accord avec la combattivité des femmes, même si je ne percevais pas encore l'ampleur des inégalités dans lesquelles nous étions enfermées. 

Sans savoir dire à brûle-pourpoint en quoi ça consistait, il me semble que je lui dois beaucoup.


Être pris pour un tueur en série

 

    Je l'avoue, en octobre dernier la monumentale bévue qui a fait qu'on a cru à l'arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès (1) m'a bien fait rire, même si je n'oubliais pas tout à fait le malheureux homme sur qui s'était tombé. 

Il faut dire que l'emballement médiatique avait été spectaculaire et que je travaillais alors en maison de la presse, donc aux premières loges. J'avais ainsi découvert que contractuellement on devait laisser les Une(s) affichées tant que le numéro suivant des quotidiens concernés n'étaient pas paru, et ce alors que dès la mi-journée du samedi il était connu que le gars arrêté n'était pas le bon.

Ajoutait au côté farce de l'ensemble cette interview d'un bon voisin de monsieur Joao, puisque tel est son vrai nom, et qui clamait l'innocence de ce dernier, Disant (je cite à la mémoire, sans doute pas mot à mot) mais quand on a vu sa photo on s'est dit C'est pas possible, c'est Guy ! Il se sont gourés, on se connaît depuis 20 ans, il a toujours habité là. 
C'était sympa comme tout, envers et contre le monde entier il était près à défendre celui qu'il connaissait. Je pense que bien des gens auraient pris des airs entendus sur le mode Il n'avait pas l'air comme ça, On n'aurait pas cru. Et lui, il n'en démordait pas. Ridiculisant ceux qui avaient commis l'erreur, et côté judiciaire et côté journalistique. 
Au passage bravo à l'équipe qui avait pris la peine de donner la parole à ce voisin solidaire.

Ce soir, lisant des informations, je suis tombée sur cet article de France Info, l'homme qui a été victime d'une grossière erreur d'identification s'apprête à contre-attaquer, et ce d'autant plus que, sans parler qu'il peut à juste titre prétendre à un dédommagement pour le préjudice subi, il semblerait qu'il n'ait même pas eu droit à la moindre excuse.

Du côté médiatique, la bourde s'explique : tuyautée par des instances policières, une première équipe est tombée dans le panneau et poussés par leur direction (urgence, chasse au scoop) et d'autant plus que des agences avaient confirmé (AFP, Reuters ...), les autres ont suivi. Partout on réduit les effectifs au plus juste, on dégage les plus âgés, mais dont l'expérience dans de tels cas pourrait être précieuse, pas étonnant que l'enchaînement ait conduit à un tel emballement. Et ce d'autant plus que l'affaire demeure un des plus fameux mystères récents. C'était aussi une bonne aubaine pour les dirigeants du pays : la diversion venait à point nommé. On peut raisonnablement supposer que certains grands patrons de multinationales détenant des titres de presse, plutôt que d'inciter à la vérification, ont poussé sur l'accélérateur.

Mais côté policier, ça reste bien intrigant. Il était dès le début question d'une dénonciation. Or l'homme concerné semble à première vue être un paisible retraité, qui diable pourrait lui vouloir du mal à ce point-là ? Ou alors c'est quelqu'un qui aura voulu lui faire une mauvaise blague, une petite vengeance mesquine pour un vague différent de la vie, persuadé, tant les types n'ont rien à voir, que ça n'irait pas plus loin qu'un petit contrôle un peu plus poussé à l'arrivée.

Ensuite, il a été dit que ses empreintes digitales coïncidaient, puis que certaines seulement étaient similaires. Il n'empêche voilà quelqu'un qui a priori mène une vie tranquille et qui apprend, d'une part que quelqu'un lui veut du mal, et d'autre part qu'il a presque les mêmes empreintes digitales qu'un grand meurtrier. Si tant est que dans un cas comme dans l'autre il ne s'agisse pas de mensonge des instances responsables de l'arrestation et qui auraient cherché désespérément à se couvrir après coup, il y a de quoi dormir moins bien la nuit.

Aucune surprise, soit dit en passant, dans le fait que les différents services concernés se renvoient la balle concernant la bourde, d'autant plus que les organisations de trois pays sont en cause (2). Seulement il va bien falloir que quelqu'un quelque part accepte de prendre en compte le sort qui a été fait à ce voyageur, lequel aura donc passé plus de 24h à devoir décliner son identité sans savoir pourquoi on lui faisait tant d'histoires.

Je serai curieuse de connaître la suite et de voir si nos sociétés sont devenues aussi inhumaines qu'elles en ont l'air, dans la façon dont sont traités les citoyens sans fortune ni renommée particulière. Puisse-t-il obtenir réparation.

 

(1) note pour lecture du futur : Xavier Dupont de Ligonnès est soupçonné d'avoir occis son épouse et leur quatre enfants dans la région de Nantes en avril 2011. Les corps ont été retrouvés sauf le sien, ce qui a éloigné l'hypothèse d'un assassinat multiple suivi immédiatement du suicide du meurtrier.

(2) On attend dans peu de temps l'excuse d'une mauvaise compréhension, d'erreurs de traduction. C'est presque curieux qu'elle n'ait pas déjà été invoquée. 


Comme un lundi (d'un mois d'hiver) (après cinq mois presque temps plein travaillés)


    Il pleut, pas la pluie forte tous-aux-abris, non, une pluie que l'on n'entend pas de l'intérieur de la maison (1), mais perceptible par le bruit mouillé des véhicules sur la chaussée. 

Elle mouille aussi le piéton.

La vieille amie avec laquelle j'espérais déjeuner, c'était prévu, ne se sent pas très en forme et nous ajournons. Je paie peut-être l'entraînement de la veille et sans doute les jours de froid (2) et sans doute aussi d'avoir travaillé de façon trop intense - pour septembre octobre je l'ai ressenti, pour novembre à janvier non, ça allait, je vélotafais et j'étais heureuse et pas si épuisée, seulement il faut croire que quelque chose, ou la tristesse que ça soit terminé, a joué -, seulement finalement, n'avoir plus à devoir me hâter pour ce déjeuner m'a consolé pour partie du fait qu'il soit différé.

Un livre se cache au moment même du départ. 

Je comptais prendre le RER C et lire pour préparer mon émission radio du mercredi soir, voilà que le temps de le retrouver dans un autre sac que le sac que j'emportais, il est trop tard. Alors je file prendre le train pour Satin Lazare. 

Ligne 14, surprise : l'escalier qui permet de descendre sur le quai vers l'arrière de la rame est débarrassé de la palissade qui en masquait la moitié depuis tellement longtemps qu'on ne sait plus quand. J'avais oublié sa largeur. Un escalator descendant (3) l'équipe sur la gauche. Je me fais un plaisir de l'essayer, tout en marchant.

Une amie de l'internet doit me prêter deux livres du style introuvables, sur son temps de pause d'un travail. Je veille à être à l'heure. La marge prévue n'ayant pas servie, je passe chez Gibert à la recherche d'un coffret précis de DVD dont j'aurais besoin pour mercredi. Libraire moi-même je fréquente moins les librairies de grandes enseignes, j'avais oublié que celle-ci ne faisait pas les DVD. Me contente d'un tout petit opuscule pour les activités prévues au printemps et un peu de réapprovisionnement papetier à usage immédiat.

Comme (presque) toujours l'impression de connaître déjà la personne que je rencontre, bien qu'elle ne soit pas de celles qui affichent leur image. Longtemps je m'en suis moi-même gardée, méfiante, puis j'avais découvert parce qu'un collègue de bureau qui se savait figurer dans un bel article nous avait toutes et tous googlelisé, au début du machin, quand il permettait des recherches fines sans priorités monétisées et quand nous croyions encore avec naïveté que le résultat d'une recherche était le même quel que soit l'ordi d'où il était lancé, bref, j'avais découvert à cet occasion que mon image traînait déjà un peu partout, du simple fait d'avoir vie professionnelle et ami·e·s internautes, alors sans chercher à m'afficher j'avais cessé de m'auto-censurer. Plus tard, avec une pratique sportive soutenue, sont venues bien des images que je trouve réjouissantes (souvent car j'y suis un peu ridicule, tout en étant assez fière d'être ridicule de cette façon-là). Donc pour soigner et limiter l'image on verra quand le temps viendra (4).

L'une comme l'autre ne pouvons nous attarder.

Il pleut à nouveau. Mais il ne fait pas froid.

Pas de file d'attente pour l'entrée à la BNF, contrairement à toutes les dernières fois. Pas de fermeture anticipée non plus. C'est moi qui partirai une fois ce que j'estimais devoir avancer bouclé. Court-métrage drôle et tendre de Levon Minasian ("Le piano"), lectures sur écran. J'aimerais savoir que je dispose de plusieurs mois pour aller au bout de ce que j'entreprends ; me console en songeant que qui a une vie stable professionnellement ne peut pas même savoir, qu'en ce monde la stabilité n'est qu'une illusion. En attendant je m'efforce de sécuriser mes écrits et mes moments de documentation, comme si j'allais n'y revenir que dans longtemps. Ça prend plus (+) de temps.

Lecture dans le RER C du retour, que je n'ai pas trop attendu. Là aussi il y a eu des changements : la plupart des sièges de quai qui permettaient de faire face aux habituels longs délais (15 à 20 minutes pour les destinations Pontoise ou Montigny-Beauchamp) ont disparu. Je l'avais constaté la semaine précédente. Ça me paraît encore plus vide cette fois-ci.

Soirée familiale et studieuse, à la maison. Les soucis de santé des uns et des autres semblent s'apaiser.

Petite bouffée de panique de celui qui avait, pourtant volontairement, changé d'opérateur téléphonique. 

C'est ce soir-là que j'ai découvert le documentaire "Les enfants du 209 rue Saint-Maur" de Ruth Zylberman. Je crois savoir que longtemps plus tard ce qui me restera de la journée sera la pluie fine mais quasiment incessante, le bonheur d'être au chaud à la BNF à apprendre et écrire (mais il se confondra avec celui de semblables journées), la joie de la rencontre et des livres prêtés, et la découverte de ce film qui touche quelque chose en mois, profondément. Sa forme, photos anciennes, maquettes, douces images de vie quotidienne du présent, témoignages, réunion des participant·e·s, n'y est pas pour rien.

 

 

 

 

 

 

(1) Nous vivons en appartement, j'emploie souvent maison au sens du home anglais.

(2) Je supporte correctement le froid depuis janvier 2015, il n'empêche qu'y faire face me pompe une énergie folle, tandis qu'un temps caniculaire si j'ai la chance de pouvoir rester dans un lieu non climatisé m'offre du tonus. Mystère de nos physiologies. 

(3) C'est un quai du terminus que l'on emprunte pour l'embarquement. Personne n'est censé monter par là, sauf égarement.

(4) "Pas peur nous vivra nous verra" disait le père d'une des enfants du 209 rue Saint Maur.


Dur jour de la pierre à plâtre

 

    J'avais passé la veille une journée de rêve, j'ai passé le primidi 21 nivôse 229 péniblement : ou plutôt non, ça allait, franchement, mais comme on dit en langage courant "C'était pas mon jour". 

Re-pschitt comme l'avant-veille mais au bout de 7 km de trajet. J'ai tenté de réparer, seulement le réparateur précédent avait serré fort et je ne pouvais démonter la roue. Quant au bidule de regonflage rapide de dépannage, il a vaguement fonctionné mais pas de quoi faire 100 m. Et la pompe que j'avais sur moi n'était pas bien compatible grosses valves de VTT. Alors j'ai averti le boulot et terminé à pied. Comme je prévois toujours un quart d'heure de marge (une vieille habitude d'usagère de la ligne 13 du métro parisien) et qu'en bonne triathlète je suis habituée aux transitions vélo / course à pied, je ne suis arrivée qu'avec un quart d'heure de retard (1).

Il n'empêche. C'était rageant. 

Cette fois-ci j'ai, en plus de la chambre à air, également fait changer le pneu pour un "marathon" censé être plus costaud. Et acheté une pompe du bon calibre. Résultat : la paie équivalente de ma journée y est passée.

Un élément extérieur de type problème lié à un moteur de recherches est hélas venu dans l'après-midi plomber l'ambiance de travail. Je n'y pouvais sans doute directement pas grand chose mais voilà, c'est tombé aujourd'hui aussi.

Enfin, un petit bracelet fantaisie mais beau que j'avais, a disparu dans la tourmente, probablement lorsque j'avais tenté de faire une réparation de fortune pour remédier à la crevaison. Perte financière consolable (10 €), mais constatation de retour à la maison pile pour compléter l'impression d'une journée pesante. Les derniers rêves qui l'avaient précédée d'ailleurs l'étaient (un gars un peu escroc que je connais qui faisait de nouvelles victimes, devant moi qui ne pouvais les mettre efficacement en garde ; une attente longue devant des toilettes publiques (le rêve passionnant !) et une histoire de transports en grève et de retard au travail à une époque de ma mère encore relativement jeune et encore en vie), donc ça avait commencé tôt d'être un jour mal embouché ; de ceux où tous les petits trucs qui peuvent aller mal se mettre à mal aller.

Décourageant.

Et c'était sans compter de lire des infos en rentrant et comme tant de jours précédents voir que le pays s'enfonçait dans un régime autoritaire, pas encore une dictature, mais des pratiques illégales et dangereuses de la part de ceux qui sont censés représenter la loi et l'ordre. Ainsi bien sûr qu'une évolution prévisible en forme d'arnaque (on créé un point de fixation artificiel sur lequel on fait semblant de céder, sans toucher au reste du projet, et un groupe des interlocuteurs fait semblant aussi d'avoir obtenu une grande avancée (ce point artificiel et pas si crucial) dans les négos, puis se désolidarise du reste des opposants) sur la question de la réforme des retraites. 

Sombre avenir.

La journée ne s'est pas si mal achevée, grâce @temptoetiam les wombats sont venus me mettre un peu de baume au cœur.

Capture d’écran 2020-01-12 à 00.31.35

Grâce aussi à Fabio Wibmer, ce champion des casse-cous

Et le lendemain, course à pied en forêt. De quoi bien oublier tout cela.
Sans compter qu'avec sa nouvelle roue avant, plus solide plus légère, le vélo roule bien mieux.

 

(1) que j'ai compensé en restant jusqu'à la fermeture plutôt que de partir à 19h30 pétantes.


Mort du docteur Li Wenliang (2019-nCov)

Sur le front du 2019-nCov : 31523 cas dont 638 morts mais 1764 guérisons (à 15:30)

Aujourd'hui, un billet à part entière. Alors que j'étais concentrée sur ma recherche d'emploi (j'ai mis bossé 4h non stop, twitter l'a attesté (1)) avec les membres de ma petite famille partis au travail, je n'avais donc croisé personne depuis l'entraînement de natation du matin et le petit-déjeuner (au cours duquel ça avait plutôt parlé boulot), ni suivi d'infos. 

J'avais brièvement songé à l'épidémie en constatant le froid (relatif) sur le chemin du retour (1°c au téléphone), m'interrogeant une fois de plus sur mon étrange conviction que si nous (nous assez vaste : habitants de la France ? de l'Europe vers l'Atlantique ?) tenions  jusqu'au printemps nous serions sauvés. Comme si le virus ne savait se répandre qu'à de basses températures, ou les organismes en être victimes. 

Mais je n'y pensais plus.  

Jusqu'à présent, plusieurs raisons personnelles font que cette épidémie ne m'inquiète pas excessivement : 

J'ai été de santé fragile enfant, et si souvent soumises à des épisodes de toux violentes, gorge en vrac et fortes fièvres qu'à l'âge de 10 ans j'étais profondément persuadée de n'atteindre jamais l'état adulte ; du coup j'ai un peu tendance à pensé tant que pas directement atteinte qu'un virus qui fout la fièvre et empêche de respirer, s'il me tue, m'aura laissé 45 ans de sursis ; c'est toujours ça de pris ;

Mes enfants sont adultes, mes parents et beaux-parents morts, je n'ai pas (encore) de petits-enfants, mes ami·e·s et ceux de ma famille au sens large mais néanmoins proches, adultes et en bonne santé ou déjà malades d'autres choses qui sont leur premier danger. J'ai une seule bien vieille amie qui serait en grand danger si elle venait à être touchée ; je pense que je serais inquiète si mes enfants étaient encore enfants.

D'un point de vue rationnel il me semble évident : 

Que pour l'instant du moins (ça peut changer très vite, je m'en doute) en France le risque de chopper la grippe classique est bien plus élevé (2) que d'attraper le 2019-nCov ;

Que si l'épidémie se répand à Paris, on aura beau faire, nous risquons d'être en contact avec le virus que nous le voulions ou non ; et tant que nous devrons les uns ou les autres aller travailler, nous n'aurons pas la possibilité de rester confinés. Sans même parler des courses à faire. Dès lors est vaine toute stratégie d'évitement. Qui vivra verra (3).

 

Il me semble que cette approche calme aura peut-être pris fin ce matin.

Il y a d'abord eu ce touite

Capture d’écran 2020-02-07 à 15.08.38

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Très vite pour comprendre et vérifier j'ai lu des articles de journaux, dont l'un sur Le Temps, l'autre dans Le Figaro, puis celui du Monde . C'est terrifiant et triste d'être si peu surprenant, seulement voilà : les lanceurs d'alerte sur un sujet si grave que celui-là ont dans un premier temps été mis en prison. 

 

Cette video alors m'a troublée, disparue entre temps (je n'ai plus que la copie d'écran), il s'agissait d'un montage son (4) :  

Capture d’écran 2020-02-07 à 15.11.05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En voici une copie ainsi qu' une voisine qui semble plus sérieuse.

Quoi qu'il en soit la mort du jeune médecin (34 ans) semble à présent confirmée, ainsi que les contaminations de sa femme (enceinte de 5 mois) et de ses parents. Il laisse orphelin, à ce que j'ai lu dans plusieurs articles, un enfant de cinq ans.

Outre le traitement glaçant que lui auront réservé les autorités, son cas rend visible le fait que ce virus peut être mortel pour un être humain au départ a priori en pleine possession de ses moyens et connaissant les gestes et les précautions à prendre pour se prémunir autant que possible d'une contamination. Et protéger les siens. 
Les articles notent que le médecin a présenté les premiers symptômes le 10 janvier, qu'il a été hospitalisé le 12 et que son décès a été enregistré le 7 février. Par ailleurs les lanceurs d'alerte dont il a fait partie ont été réhabilités le 28 janvier. On peut donc supposé qu'au moins à partir de cette date il a, de la part de ses confrères et parce que contaminé puis guéri, il aurait été un allié immunisé d'autant plus précieux pour soigner les nouveaux patients, reçu les meilleurs traitements. 

Malgré tout il est mort. Et son chemin vers la fin aura été d'au moins une quinzaine de jours. Moi qui imaginait, naïve, un virus qui tue rapidement, s'il doit tuer, ne me voilà pas rassurée du tout. Plus que la mort, je crains l'agonie.

On pourra donc se souvenir de ce vendredi 7 février 2020 comme du jour où l'on aura commencé à considérer la menace comme beaucoup moins lointaine qu'elle n'y paraissait.

C'est le moment de (ne (surtout) pas) relire "Station eleven". 

 

 

(1)

Capture d’écran 2020-02-07 à 15.35.49

 

 

 

 

 

 

 

(2) Si l'on n'est pas vacciné, ce qui est mon cas : j'étais trop à fond dans le boulot lorsqu'il aurait fallu le faire et comme je suis quelqu'un qui fait généralement des réactions fuligineuse face aux vaccins et ne suis pas en état de bosser pendant deux à trois jours, j'y ai renoncé.

(3) ou, comme le disait si bien le père d'Odette du "209 rue Saint Maur" : "Pas peur, pas peur, nous vivra, nous verra"

(4) Il n'empêche que le fait de l'avoir vue et entendue a bien eu lieu. Et d'en être saisie aux larmes tout en s'interrogeant.


Vie moderne, petit gag (livraison)

 

    Tandis que l'un des candidats à la mairie de Paris a des tracas de punaises de lit, nous hébergeons toujours des mites. Elles prennent leur dû assez sauvagement sur nos lainages, malgré différents type de dissuasions. 

Récemment mon "pull bleu marine classique" des occasions où il faut être habillée chaudement, discrètement et classiquement a morflé. Au même titre que "la petite robe noire épurée" c'est une base de ma garde-robe. Je me suis donc mise en quête d'un successeur. Sur l'indication d'un ami et par la grâce des soldes, j'ai pu m'en acheter un, solide, dont j'espère qu'il me durera loin. Comme je n'avais jusqu'à cette semaine que peu de temps disponible, je suis passé par l'internet via le site dédié de la marque. Il me semble que je contribue moins à tuer le commerce ce faisant qu'en passant par les sites de ventes en quasi monopole permanent.

Leur type d'envoi était par défaut le colissimo (1).

Comme souvent une fois que j'ai fait quelque chose qui était devant être fait, et qui est utile mais sans grande urgence ni vitale importance, je passe à la suite et je remets à zéro le coin de mon cerveau qui me fait office de mémoire tampon.

Je n'ai donc pas fait le lien lorsqu'à 9h30 ce matin mon téléphone a sonné indiquant un appel en "numéro privé", que l'appelant a laissé un message (2), qu'il s'agissait de colissimo pour une livraison au nom de "Levallois triathlon", qu'il rappelait dans 2 minutes. 

Je me suis préparée à descendre (3), tout en me demandant pourquoi diable je recevais une livraison directement. En ce moment nous récupérons nos tenues - commandes collectives prises en charge pour l'organisation par un membre du club avec toutes les complications que ça entraîne, un vrai boulot, mais chacun paie sa tenue -, et il reste les trifonctions qui n'ont pas été livrées. J'ai donc supposé qu'il s'agissait de cela.

Le livreur a rappelé très ponctuellement, je suis descendue, il est rapidement apparu, sans doute après s'être garé plus loin dans l'avenue, nous avons plaisanté sur l'intitulé, je lui avais dit qu'effectivement j'étais du club, il m'a dit Oh je vous reconnais, je viens souvent livrer pour vous, ce qui m'a laissée perplexe (4), mais je me suis dit, Tiens, un peu de stabilité dans le boulot, c'est bien. 

Puis il a filé vers d'autres aventures, et j'ai ouvert le paquet, textile, oui, mais trop lourd pour être une trifonction. 

C'était le pull. Impeccable.

J'ai alors pigé : lorsque j'avais renseigné mon adresse, le navigateur m'avait proposé ses infos par défauts qui avaient rempli les cases lorsque j'avais cliqué ou tapé sur la touche "Entrée". Elles avaient dû être extraites d'une récente inscription à une course. Je n'avais pas prêté attention au fait que mon nom avait été subrepticement remplacé par celui de mon club de sport.

Voilà comment de nos jours on peut se faire très rapidement rebaptiser.

 

(1) service postal pour les paquets en ce début des années 20 (du XXIème siècle, comptage chrétien)
(2) Depuis un moment déjà j'ai pris l'habitude de ne pas répondre dans ces cas-là : des arnaques téléphoniques utilisent ce biais et qui répond peut se trouver surfacturé. Et plus fréquemment ce sont des appels de prospection commerciale et je trouve anormal d'être ainsi dérangée. Je laisse donc sonner. Si l'appel est sérieux, la personne laisse un message et je rappelle rapidement.
(3) L'interphone ne fonctionne pas très bien et par ailleurs aux livreurs, toujours pressés, ça fait gagner du temps. 
(4) Je reçois souvent des livres, certes, ma directement dans la boîte à lettres. Peu de commandes en dehors de ça.


Lire, dormir et cuisiner

Au surlendemain du Maxi Trail de Bouffémont, les jambes étaient trop douloureuses (mais une bonne douleur, équitablement répartie et pas aigüe, sauf au moment de se lever et s'asseoir) pour penser sortir. 

Donc pas de piscine le matin, pas de piste en fin d'après-midi. Et pas même descendre les poubelles (je l'avais fait la veille en rentrant du déjeuner de la veille avec une grande amie), et pas même descendre chercher le courrier (ma fille qui a regardé en rentrant de son travail m'a dit qu'il n'y avait rien).

Du coup journée, à préparer mon émission du lendemain, en plus de solides moments de sommeil qui font du bien. 
Sauf qu'au soir et alors que j'ai tout dans la tête, reste à chercher la bonne version des musiques sélectionnées, la transmettre à O. qui tient désormais la régie, établir le filage, chronométrer les extraits, mon élan m'abandonne. J'ai cuisiné pour le dîner (ingrédients achetés le samedi, après la séance de cinéma), cherché à suivre le 1500 m du meeting de Düsseldorf, que Filip Ingebrigtsen a emporté en 3'36'', et le saut à la perche au cours duquel Mondo Duplantis a tenté et manqué de peu le record du monde. Mais ne le trouvant pas, j'ai erré sur l'internet de façon un peu bête, en plus que la connexion par moment patinait. Pure perte de temps. 

Belle interview du jeune perchiste : il est heureux déjà d'avoir atteint le niveau pour tenter un record du monde ; et il insiste sur le rôle joué par sa mère durant toutes ses années pour arriver jusque là. 

 

Une amie m'indique une semi-offre d'emploi : quelqu'un qui cherche des personnes pour s'associer pour un projet de librairie. Hélas, je manque d'argent (plus encore que l'an passé) et de confiance (en les autres plus qu'en moi ; j'ai été témoin de trop de choses, je crois). Mais j'apprécie qu'elle ait pensé à moi. 

Déception en soirée : nous devions aller en Normandie le week-end prochain (il y a du travail à faire dans la petite maison et j'ai besoin d'une pause, de m'occuper de celle-ci) mais l'Homme qui conduit a oublié ou mal compris. C'est reporté. Je m'étais fixé ce moment comme jalon pour relancer une fois rentrée, pas mal de trucs, en particulier professionnels. C'est raté.

Mon plat a du succès, à tel point que l'un d'entre nous n'en aura pas mangé (indice : c'est celui qui a préféré aller à son club plutôt que de dîner alors que c'était prêt).

Je peaufine ensuite mes lectures pour l'émission du lendemain, trop tard pour établir le filage, faire les liens des extraits musicaux. 

 

Sur le front du 2019-nCov : 20704 cas et des 427 morts mais 727 guérisons. 

La Chine a décidé sous son prétexte de cesser tout contrôle anti-dopage pendant six mois. Tiens, pile jusqu'au J.O. de Tokyo. Les malins ! 
Par ailleurs une conséquence de l'épidémie qu'on ne trouve pas illogique si on y pense un instant est la chute du prix des produits pétroliers

En Italie, l'état d'urgence sanitaire a été déclaré ... pour calmer l'opinion. Les gens ne comprennent pas (et pas qu'en Italie) que les masques ne sont utiles qu'aux malades, pour leur éviter de postillonner sur le reste du monde, ou en limiter l'effet. Ils ne protègent pas des virus entrants, pas spécialement. 

Comme je ne suis pas sortie de la maison, je n'ai aucune idée de si quelque chose à Paris s'est doucement modifié. Pour l'instant les gens semblent peu affectés. Ou alors ceux qui paniquent se terrent et on ne les voit pas. Le fait que je ne fréquente pas de lieu de travail me donne peut-être une fausse illusion d'indifférence générale.