Mort du docteur Li Wenliang (2019-nCov)
07 février 2020
Sur le front du 2019-nCov : 31523 cas dont 638 morts mais 1764 guérisons (à 15:30)
Aujourd'hui, un billet à part entière. Alors que j'étais concentrée sur ma recherche d'emploi (j'ai mis bossé 4h non stop, twitter l'a attesté (1)) avec les membres de ma petite famille partis au travail, je n'avais donc croisé personne depuis l'entraînement de natation du matin et le petit-déjeuner (au cours duquel ça avait plutôt parlé boulot), ni suivi d'infos.
J'avais brièvement songé à l'épidémie en constatant le froid (relatif) sur le chemin du retour (1°c au téléphone), m'interrogeant une fois de plus sur mon étrange conviction que si nous (nous assez vaste : habitants de la France ? de l'Europe vers l'Atlantique ?) tenions jusqu'au printemps nous serions sauvés. Comme si le virus ne savait se répandre qu'à de basses températures, ou les organismes en être victimes.
Mais je n'y pensais plus.
Jusqu'à présent, plusieurs raisons personnelles font que cette épidémie ne m'inquiète pas excessivement :
J'ai été de santé fragile enfant, et si souvent soumises à des épisodes de toux violentes, gorge en vrac et fortes fièvres qu'à l'âge de 10 ans j'étais profondément persuadée de n'atteindre jamais l'état adulte ; du coup j'ai un peu tendance à pensé tant que pas directement atteinte qu'un virus qui fout la fièvre et empêche de respirer, s'il me tue, m'aura laissé 45 ans de sursis ; c'est toujours ça de pris ;
Mes enfants sont adultes, mes parents et beaux-parents morts, je n'ai pas (encore) de petits-enfants, mes ami·e·s et ceux de ma famille au sens large mais néanmoins proches, adultes et en bonne santé ou déjà malades d'autres choses qui sont leur premier danger. J'ai une seule bien vieille amie qui serait en grand danger si elle venait à être touchée ; je pense que je serais inquiète si mes enfants étaient encore enfants.
D'un point de vue rationnel il me semble évident :
Que pour l'instant du moins (ça peut changer très vite, je m'en doute) en France le risque de chopper la grippe classique est bien plus élevé (2) que d'attraper le 2019-nCov ;
Que si l'épidémie se répand à Paris, on aura beau faire, nous risquons d'être en contact avec le virus que nous le voulions ou non ; et tant que nous devrons les uns ou les autres aller travailler, nous n'aurons pas la possibilité de rester confinés. Sans même parler des courses à faire. Dès lors est vaine toute stratégie d'évitement. Qui vivra verra (3).
Il me semble que cette approche calme aura peut-être pris fin ce matin.
Il y a d'abord eu ce touite :
Très vite pour comprendre et vérifier j'ai lu des articles de journaux, dont l'un sur Le Temps, l'autre dans Le Figaro, puis celui du Monde . C'est terrifiant et triste d'être si peu surprenant, seulement voilà : les lanceurs d'alerte sur un sujet si grave que celui-là ont dans un premier temps été mis en prison.
Cette video alors m'a troublée, disparue entre temps (je n'ai plus que la copie d'écran), il s'agissait d'un montage son (4) :
En voici une copie ainsi qu' une voisine qui semble plus sérieuse.
Quoi qu'il en soit la mort du jeune médecin (34 ans) semble à présent confirmée, ainsi que les contaminations de sa femme (enceinte de 5 mois) et de ses parents. Il laisse orphelin, à ce que j'ai lu dans plusieurs articles, un enfant de cinq ans.
Outre le traitement glaçant que lui auront réservé les autorités, son cas rend visible le fait que ce virus peut être mortel pour un être humain au départ a priori en pleine possession de ses moyens et connaissant les gestes et les précautions à prendre pour se prémunir autant que possible d'une contamination. Et protéger les siens.
Les articles notent que le médecin a présenté les premiers symptômes le 10 janvier, qu'il a été hospitalisé le 12 et que son décès a été enregistré le 7 février. Par ailleurs les lanceurs d'alerte dont il a fait partie ont été réhabilités le 28 janvier. On peut donc supposé qu'au moins à partir de cette date il a, de la part de ses confrères et parce que contaminé puis guéri, il aurait été un allié immunisé d'autant plus précieux pour soigner les nouveaux patients, reçu les meilleurs traitements.
Malgré tout il est mort. Et son chemin vers la fin aura été d'au moins une quinzaine de jours. Moi qui imaginait, naïve, un virus qui tue rapidement, s'il doit tuer, ne me voilà pas rassurée du tout. Plus que la mort, je crains l'agonie.
On pourra donc se souvenir de ce vendredi 7 février 2020 comme du jour où l'on aura commencé à considérer la menace comme beaucoup moins lointaine qu'elle n'y paraissait.
C'est le moment de (ne (surtout) pas) relire "Station eleven".
(1)
(2) Si l'on n'est pas vacciné, ce qui est mon cas : j'étais trop à fond dans le boulot lorsqu'il aurait fallu le faire et comme je suis quelqu'un qui fait généralement des réactions fuligineuse face aux vaccins et ne suis pas en état de bosser pendant deux à trois jours, j'y ai renoncé.
(3) ou, comme le disait si bien le père d'Odette du "209 rue Saint Maur" : "Pas peur, pas peur, nous vivra, nous verra"
(4) Il n'empêche que le fait de l'avoir vue et entendue a bien eu lieu. Et d'en être saisie aux larmes tout en s'interrogeant.