Celle de quelqu'un
Là où l'on a grandi

Solution de repli

J'avais prévu un jeudi studieux à la BNF où je travaille bien mieux qu'à la maison où me tentent le sommeil et les tâches ménagères, ainsi que l'urgence du rangement.

Quand je suis arrivée, l'entrée était bloquée par une manifestation de protestation contre la réforme des retraites. Grille fermée, rubalise policières, présence importante - au vu du grand calme des gens - de forces de l'ordre dûment équipées.

C'était en fait la première fois depuis le début des grèves qu'un mouvement contrecarrait mes projets. J'ai subi comme tout le monde l'arrêt des transports en commun, seulement un vélo suffisait pour pallier leur absence. 

Cette fois-ci c'était différent : pas moyen de passer. 

Le cinéma, qui comporte une entrée donnant directement sur l'escalier condamné, était obligé d'accueillir les spectateurs par une porte dérobée laquelle donnait probablement sur un escalier de secours. Une baisse de fréquentation était à prévoir.

J'ai envisagé le cinéma, d'ailleurs, comme solution de repli : il m'avait fallu environ une heure de trajet pour venir et je souhaitais assister au soir à l'"Encyclopédie des guerres" à Beaubourg. Bien sûr je pouvais rentrer chez moi puis revenir au soir. Seulement le froid était si coupant que je doutais de ma force pour ressortir. Et puis au lendemain était prévu quelque chose d'assez tracassant pour quelqu'un de la famille, alors je ne tenais pas tant que ça à être chez moi, seule et disposant de temps.

J'avais un bon lot de travail personnel en retard, des messages en souffrance (1) et quelques tâches administratives à écluser sans tarder. 

Hélas, aux heures possibles de séances en ce moment précis, ne figuraient que des films qui ne m'intéressaient guère. Parfois on peut prendre comme bienvenue une pause rendue obligatoire par les circonstances, mais je n'avais pas envie de m'appuyer un film de moindre intérêt alors que je ne dispose pas d'assez de temps pour voir ceux que j'apprécierais.

Alors je suis aller déjeuner. La pente du moindre effort et du budget raisonnable (2) étant mauvais conseillers je me suis retrouvée dans une brasserie fort moyenne, avec un plat de poisson particulièrement décevant, présenté alors qu'il s'agissait d'un poisson entier l'arrête déjà ôtée. Et des petits légumes semblaient sortis d'une préparation en boîte, standardisée. Souci de riche, il n'empêche c'était raté de ce dire : je n'ai pas pu bien dépoter mon travail mais au moins je me suis régalée.

D'autant plus qu'à mon retour vers l'entrée la situation n'avait pas évoluée. Des personnes interrogeaient les grévistes qui repartirent en disant que le blocage était prévu jusqu'à l'heure d'une manif aux flambeaux, soit 17h.

C'est alors que j'ai songé à la bibliothèque de Beaubourg, que nous fréquentions parfois quand nous étions étudiants. Autant être sur place pour la soirée, et au moins aux premières loges si d'aventure la session était annulée. Pas de problème pour m'y rendre (ligne 14), pas de problème pour entrer - tiens, les contrôles sont dotés de sortes de tapis à tubes sur lesquels un sac peut facilement rouler -. Seulement l'air de rien il était 15h48 le temps que je monte, passe aux toilettes, trouve une place. Pour ce qui était de bosser de 13h à 17h45, c'était copieusement raté.

J'ai retrouvé les lieux avec plaisir et leur public populaire et studieux. C'est émouvant une foule sage.

Il n'était pas franchement question d'entreprendre des démarches administratives requérant un minimum de confidentialité : chaque place était occupée, pas bien l'endroit pour taper des codes confidentiels. Le wi-fi était top et gratuit et sans plein d'inscription préalable et l'entrée était restée gratuite sans justificatifs à fournir, comme autrefois. La seule complication avait été de passer par une entrée arrière. 

Finalement, je me suis occupée de mon blog, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas un peu soigné. La solution de repli avait rempli son office. 

Et j'étais presque sur place (à cause des travaux j'ai cru qu'il fallait re-sortir pour re-rentrer (en fait, non)) afin d'aller voir et écouter Jean-Yves Jouannais.

PS : Plus tard j'ai appris que la BNF, les salles, avaient rouvert à 17h. 

 

(1) Toujours la même chanson : j'attends pour ceux qui nécessitent une vraie réponse de trouver un temps calme, reposé et posé, lequel ne survient jamais.

(2) Il y a l'Avenue tout prêt, bonne table. Mais tarifs prohitifs pour une libraire au chômage possiblement non indemnisé (3).

(3) Ça faisait partie des démarches à faire, j'avais depuis la veille tous les papiers qu'il fallait.

   

 

Commentaires