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Envie de bloguer

 

    Disposant ces jours-ci d'un peu de temps, mais ne sachant pas pour combien de temps (1), je retrouve, intacte, ma faculté d'écrire, d'autant plus virulente que depuis septembre, je l'avais tenue en respect, place prioritaire au travail nourricier.

Alors me revient (2) l'envie de bloguer. Bloguer comme aux débuts, sans autre finalité que mettre les mots sur quelques menues choses, et les partager parce que sait-on jamais, ça peut peut-être réconforter quelqu'un quelque part, lui apprendre des trucs ou l'amuser.

Nous ne sommes plus beaucoup de la vieille garde à maintenir un blog en vie : la liberté et la confiance se sont amoindries, les enjeux professionnels s'en mêlent, nous ne sommes plus entre nous comme nous en avions l'illusion, et les échanges qui faisaient le sel de la vie de blogueuses et blogueurs se sont déplacés sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs des trolls professionnalisés aux services de certains partis sont susceptibles de débarquer en escadrilles si l'on tient des considérations qui pourraient froisser leur leader. Du coup, difficile d'avoir encore l'élan pour aborder des sujets avec un versant politique lorsqu'on n'est pas spécialisé·e·s.

J'ai donc envie de bloguer léger. De bloguer pour poser des jalons de mémoire. 

À ce titre, le billet d'Alice au sujet du nouveau coronavirus, contagion et quarantaine, est parfait, il dit en quelques mots, Voilà, fin janvier 2020 en France que qu'on apprend, ce qui se fait, et l'ambiance. Il faudrait d'ailleurs que je pense, comme elle le fait, à indiquer lieu(x) et mots clefs 

D'aujourd'hui qu'aurais-je à dire, qui ne présente une gêne professionnelle ou familiale potentielle ? 

 

Que je me réjouissais d'un jour sportif prévu le lendemain : entraînement de natation et retrait de dossards pour un trail prévu ce dimanche. 

Il devrait bien avoir lieu mais voilà soudain que je suis recrutée (pour mon plus grand bonheur par ailleurs, mais pas calendaire) pour un jury de prix littéraire où des libraires sont requis et que pour la deuxième fois une branche, ou plus exactement le bout en matériaux semi-souple arrondi, de mes lunettes de vue se prend dans mes cheveux bouclés, et y reste accrochée, se désolidarisant des binocles. Un homme sympathique à la banque de salle de la BNF où j'ai passé la journée, m'a passé un bout de scotch pour une réparation de fortune ; il n'empêche que dès demain je devrais filer chez l'opticien. 
Certaines montures ne sont créées que pour les bien-coiffés, je peux en témoigner.

Voici donc ma journée du lendemain, qui devait être dédiée aux sports et aux tâches ménagères, et peut-être un morceau de temps personnel, qui se retrouve aussi complète qu'une journée de temps plein d'un emploi salarié. 

Voilà qui ne résume que trop bien les périodes d'inter-contrats de ma vie. 

Noter au passage qu'avant de quitter la maison je me suis acquittée d'un certain nombre de tâches administratives et messages y afférents. Et que tout avait été précédé par une lente mais bonne séance de natation (1575 m selon mes évaluations).

 

Je peux inscrire aussi, rubrique Air du temps, que pour la première fois une personne qui attribue les places en salle à La Grande  Bibli, m'a indiqué des capuchons jetables à mettre sur les casques audio. J'en avais déjà remarqué la présence, ces derniers temps, et c'est vrai que c'est plus (+) hygiénique. Il m'empêche que je me suis posée la question de savoir si le fait d'en verbaliser l'offre et donc l'existence, était où non liée à la pandémie en cours. Laquelle n'a pas, du moins pour l'instant, atteint la France en grand.

À moins qu'elle n'ait eu l'intuition en constatant mon échevelure que cette tignasse tueuse de lunette pouvait l'être aussi de casques audios. Who knows ?   

Un stylo plume qui m'avait semblé asséché lorsque j'avais changé la cartouche d'encre, comme miraculeusement s'est remis à fonctionner. J'en tire un réconfort disproportionné. Comme si j'y voyais là bon augure.

Au retour après la soirée du club de lecture de l'Attrape-Cœurs, je dois à nouveau effectuer quelques tâches administratives : le cadet s'apprête à quitter le foyer parental pour entrer en colocation (3). Nous ne serons son père et moi que parvenus à nous en sortir, en bossant dur, il n'empêche qu'on peut tenter de se consoler en constatant que nous représentons vaguement une forme de garantie éligible dans un dossier. Quelque chose me laisse tracassée que l'ordre (chrono)logique ne soit pas respecté : l'aînée qui ne peut partir et le plus jeune qui entame sa vie d'adulte.

Une société où certains jeunes restent coincés chez leurs vieux, malgré que les premiers aient fait des études et tout bien, est quand même une société qui ne tourne pas rond. 

 

(1) C'est l'un des tracas du chômage. Si je pouvais savoir le nombre de jours ou de mois qui me séparent du prochain contrat, je pourrais m'organiser, intercaler tel ou tel projet personnel entre ces deux périodes salariées. Seulement voilà, ça ne fonctionne pas comme ça.

(2) Revient n'est pas le mot, elle ne me quitte pas, il conviendrait d'écrire "revient avec un peu de temps à mettre en face"

(3) Plus moyen de faire autrement à Paris / Petite Couronne. Il faut trois salaires afin d'être éligibles à la location d'un appartement de taille décente.


À suivre (quelqu'un qui confie à quelqu'un des cahiers retrouvés)

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Ce touite et les suivants sont apparus sur ma TL ce soir, via quelqu'un qui parle de sports habituellement.

J'espère que la personne qui a pris la peine de les poster poursuivra son enquête et que les trolls apparus dès les premières réactions ne la dissuaderont pas de continuer. 

Je créé ce billet pour me souvenir d'aller aux nouvelles si elles ne parviennent pas directement jusqu'à moi.


Jeanne Labrousse et André-Jacques Garnerin

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Journée studieuse de préparation de l'émission du lendemain. 

Mon téléfonino et mon ordinateur sont saturés de photos, j'ai pris du retard dans sauvegardes et tris depuis fin août et mon travail en maison de la presse.

Je profite d'un jour calme pour, pressée par l'urgence d'une mise-à-jour WhatsApp qui ne passe pas pour avancer dans ces tâches.

Au passage retrouve par exemple ce cliché datant du 14 mai 2018 à 19h01 et que l'appareil géolocalise au 6 avenue Ruysdaël dans le VIIIème arrondissement à Paris. 

Au passage, je m'amuse de n'avoir plus aucune idée de ce que je pouvais bien faire à cet endroit ce soir-là. Les photos suivantes et précédentes ne m'éclairent pas. Un retour à pied vers chez moi ?

En revanche je sais que je l'ai prise car ce "premier parachutiste" m'intriguait. 

J'apprends qu'il fut aérostier et effectivement le premier à sauter en quelque chose qui ressemblait à un parachute. Et que ça se passait près du parc Monceau, ce qui fait que le lieu choisi pour une allée à son nom a un sens. La date me laisse tout espantée : 22 octobre 1797, 1er brumaire an VI, j'aurais vraiment cru que c'était bien plus tard que l'on inventa cette curieuse façon de voler. 
L'ironie du sort veut qu'il soit mort dans un banal accident de chantier.

Le plus beau est que son épouse, Jeanne Labrosse, fut elle-même la première femme a sauter en parachute. Je n'ose imaginer les oppositions auxquelles elle aura dû faire face. 

Je manque de temps ce soir (l'émission à préparer, voir ci-dessus), il n'empêche que dès que je le pourrais je tenterais d'en apprendre davantage sur ce que fut sa vie.

 

page wikipédia d'André-Jacques Garnerin
page wikipédia de Jeanne Labrosse


Vestiaire (cours de danse)

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Photo prise le 26 février 2018, après un cours de danse et les moments de relaxation (sauna, hammam s'il n'était pas en panne) qui suivaient.

Les lieux n'existent plus, ont été rachetés en vue d'un projet immobilier. C'était près du métro Le Peletier.

Les cours de danse, un temps repris dans un autre établissement de la même enseigne ont été fin 2018 supprimés. Ils me manquent.

Quand j'ai pris la photo je savais le club au bord de la fermeture, tout en ayant bon espoir que les cours perdurent.


209 rue Saint Maur : un documentaire chaleureux et passionnant

 

    Découvert hier soir alors que je m'apprêtais à dormir, il m'a tenue éveillée ce qui est un exploit. Non seulement ce documentaire fait son devoir de mémoire tant qu'il est encore temps, mais il apporte quelque chose à ses protagonistes et permet un moment heureux malgré l'horreur des funestes années. Il fait une sorte de pari de la bonté et de l'humanité, qui même si elle est emportée par périodes sous les flots de la brutalité, permet souvent de sauver quelque chose qui dépasse les vies directement concernées.


Entraînement de course à pied : tour tranquille de l'Île de La Jatte

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Entraînement léger convenant à une solide fatigue. Il eût été impossible de mettre du rythme, de faire des séquences. Donc y aller quand même mais sans forcer. Le but de la séance était déjà de parvenir à la faire. JF pour m'accompagner, ce qui aidait.
Halte pour divers petits exercices à Levallois, en bord de Seine puis assouplissements au parc des Impressionnistes mais pas à l'endroit habituel qui sentait violemment l'épandage de quelque chose.

Condition physique : J'ai le dos douloureux : haut (mauvaise position de sommeil ? deux oreillers par mégarde) et bas (surtout l'arrière à gauche au niveau de la hanche). L'énergie est basse, j'ai dormi la veille presque toute la journée, l'inquiétude combinée pour l'un qui subissait une petite intervention chirurgicale l'avant-veille et l'autre qui a de nouveau des ennuis de santé m'a vidée ; je le paie en fatigue, de même que les mois de travail physique intense enchaînés avec seul Arras pour souffler de fin août à la semaine passée. 
Semaine passée sans travail en librairie : je le sens immédiatement, aucune fatigue des jambes, ni genoux. De ce strict point de vue, j'aurais pu enchaîner sur un deuxième tour.

Distance : 10,89 km

Moyenne en déplacement 8:27 mn/km basse mais peu surprenante. J'ai pris quelques photos (la brume sur La Défense)
Moment un peu soutenu à 5:50 mn/km (mais pas longtemps, le passage en planches, réouvert)

Conditions climatiques :
Il fait environ 4°c brumeux au moment du départ. La température est sans doute de 6°c vers la fin, et la brume s'est levée.
Le tour de l'île, fermé pour cause de crue lors de notre plus récent entraînement sur place était à nouveau accessible mais pas du côté du petit bras.

Équipement : bonne chaleur pour du 4°c gris avec par moment petite brise frisquette


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  • - un tee-shirt manches courtes 2XU suffisamment serrant pour éviter de mettre un soutien-gorge ;
    - un tee-shirt technique manche courte (en l'occurence celui d'un trail de Ville d'Avray il y a deux ans (ou trois ?)) ; éventuellement j'aurais pu m'en passer ;
    - une veste thermique légère du club de Levallois, prévue pour le vélo à la mi-saison ;
    - un caleçon court moulant de course ; 
    - un pantalon de survêtement chaud, prévu pour le foot à la base ;
    - un tour de cou (en l'occurrence celui du trail des 40 bosses) ;
    - une paire de mitaines de vélo - la température ayant légèrement montée pendant les environs deux heures d'entraînement et comme il s'agissait de courir en ville et non de trail, j'aurais pu m'en passer - ;
    - tour de cou utilisé comme bonnet, celui du club, légèrement molletonné et imperméable jusqu'à un certain point.
    - la petite sacoche à la taille contient le téléphone portable, utile en cas d'urgence et pour prendre des photos ;
    - dans les poches dorsales de la vestes thermique, mouchoirs (tissus et en papiers), deux gels (qui n'auront pas servi) ; un pass navigo une petite pochette avec CB, carte vitale, carte du club de triathlon et un billet de 5 € (ou 10 €) ;
    - pas d'eau car deux points d'eau sur le parcours : au parc des Impressionnistes et au début du parcours sur l'Île de La Jatte ;
    - chaussures : de solides Brooks, milieu de gamme achetées chez Cap Marathon l'an passé (ou deux ans plus tôt ? le temps file tant). 
    - chaussettes de running de base de chez Décathlon ;

(je prends ces notes en vue des courses, où il est utile d'être à la bonne température et de ne rien oublier)

Billet commun avec Run mais plus seulement


Perplexité d'un masque

 

    On se rappellera plus tard, si l'on est encore là, que c'était en ce samedi que l'étendue de la nouvelle épidémie de coronavirus avait pris son ampleur. J'étais en journée off, à récupérer chez moi de plusieurs mois d'intense travail et d'une semaine familialement chargée ; ce qui fait que je pouvais suivre la façon dont les informations et quelques rumeurs déjà circulaient.

C'est intéressant au moins de constater le foisonnement d'informations lorsque la suite est imprévisible (1).

Puis je suis allée au restaurant japonais du coin de la rue chercher un dîner pour le fiston et moi, seuls présents ce soir-là. J'avais des chèques déjeuner à utiliser, les courses n'étaient pas faites, et j'avais déjà cuisinoté pour la collation du milieu de journée.

En arrivant sur les lieux j'ai croisé un livreur qui s'en allait chargé de différents paquets, casqué (il livre à scooter je crois) et portant un masque médical de protection.

Je me suis demandée, c'était inévitable, si ça avait un lien. Il pouvait très bien le porter parce que déjà malade par ailleurs - l'épidémie n'empêche pas celle de grippe ni les bons gros rhumes hivernaux -, le porter pour rassurer les clients peureux, le porter par crainte de réactions racistes - lequel s'est beaucoup décomplexé ces dernières années -, le porter parce que lui-même cédait à la panique (je ne le crois pas, seulement c'est une hypothèse), le porter parce qu'il le fait toujours pour tenter de se prémunir un peu de l'air pollué.

Peut-être que dans une paire de semaines nous porterons toutes et tous de ces masques. Alors je pourrais me rappeler que c'était le samedi soir 25 janvier que j'avais vu le premier.

Pour avoir eu un ami qui était à Hong Kong en 2003 et m'avait raconté les mesures de confinement, avec une sorte distinguée d'amusement - mais il n'avait pas de crainte financière, ni de perdre son travail -, je ne frémis pas de crainte à l'idée d'une telle obligation. Je pourrais rester chez moi à ranger la maison. Il n'empêche que la vitalité actuelle du pays en prendrait un coup. On en ressortirait sans doute équipés de lois dont nous ne voulons pas. Espérons donc que le virus ne gagne pas trop en virulence et que la propagation en soit stoppée avant que nous ne nous retrouvions dans "Station eleven" ou "La constellation du chien".  

 

 

(1) Une épidémie est tant qu'elle n'est pas jugulée un événement non clos. Contrairement à une catastrophe ponctuelle, un attentat unique, un phénomène climatique. Ça ressemble plutôt à une guerre. Celleux qui vivent pendant n'ont aucune idée de son issue, ni quand ni dans quelles conditions elle interviendra.

PS : Grâce à cet échange, 

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et une réponse d' @Monolecte , j'ai (re?)découvert un texte qu'elle avait écrit avec une belle classe et une formidable énergie sur le lendemain de la tempête Klaus. Cette tempête avait eu lieu dans une autre région que la mienne, épargnée, pendant les jours où je restais en état de choc après l'agression verbale violente dont j'avais fait l'objet sur mon lieu de travail alors que j'étais restée pour réparer des erreurs de la personne qui s'en prenait à moi - longtemps plus tard je me dis qu'elle avait agi ainsi sous l'emprise de la crainte que son incompétence n'éclate au grand jour ; sur le moment j'étais surtout dans un contre-coup absolu d'épuisement, dû également au fait que depuis trois longues années je m'efforçais de travailler alors que le poste que j'occupais n'avais plus de sens utile -. Il se trouve donc que je n'en avais plus aucun souvenir et n'en ai pas de signe sur ce blog.

 

 


Là où l'on a grandi

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas livrée à l'une de mes activités favorites, la découverte de talents confirmés. 

En fait et compte tenu du destin difficile des librairies en notre époque, c'est simple : je travaille à fond, d'où qu'il ne me reste guère de temps pour explorer, écouter, flâner. Plein de choses se passent dont j'ignore tout. Puis j'ai un temps plus ou moins long avant de retrouver du travail. Et je rattrape alors mon retard d'avoir vécu en ce pays [sans avoir le temps matériel ni l'énergie d'y prêter attention]. 

Ce matin grâce @DocArnica et @Tartinetino je découvre le travail d'Antoine Elie, sans doute après la France entière moins quelques personnes. Chanson française classique, des airs qui en rappellent d'autres, mais adaptés de maintenant, une présence, une voix. 

J'écoute peu de chanson en français en écrivant, à part des classiques dont les paroles me sont si connues qu'elles en décollent du sens, et n'ai en temps normal pas tant de loisirs que je puisse écouter de la musique par pure attention longtemps, il n'empêche que j'apprécie le travail.

Ainsi, j'écoute quelques morceaux. Puis je tombe sur une video tournée dans la rue, dans laquelle l'artiste répond à des questions d'internautes, passage (presque) obligé de la notoriété. Il s'en acquitte avec bonhommie. Seulement ce qui me saute aux yeux en tout premier lieu c'est précisément ça, le lieu, l'endroit. Il s'agit de "ma" banlieue, une ville toute voisine de celle où j'ai grandi.

Et avant même tout autre considération, ce qui a envahi mon esprit était "Hé, mais c'est chez moi !". Capture d’écran 2020-01-25 à 12.13.52

Un peu le même effet fait lorsque je suis allée mercredi passer un entretien d'embauche dans ma banlieue de petite enfance.

C'est impressionnant d'à quel point, qu'on le veuille ou non, de quelques origines que soient nos parents et grands-parents, on est de là où l'on a vécu nos premières années, là où les apprentissages essentiels se sont faits ; en tout cas lorsque l'on a séjourné un temps assez long sur place (1). Plus rien de matériel ne me rattache à ma banlieue du Val d'Oise, ce que ma sœur et moi avons pu sauvegarder est en Normandie, terre d'origine de ma mère. Nous avons agi selon la pente de ce qui était économiquement raisonnable et préservait une part affective qui avait du sens.
Par ailleurs je me sens chez moi en Belgique, d'une façon que je ne m'explique pas. J'ai un ami qui peut comprendre, au point d'en avoir obtenu la nationalité. Mais il y vit, sauf périodes précises, depuis de longues années, quand je n'ai connu que des bribes. Chaque déplacement coûte de l'argent.

Et l'Italie est aussi pour partie mon pays, lequel me manque puisque par manque de moyens, j'ai pratiquement cessé de le fréquenter (2).

Il n'empêche, la reconnaissance instantanée d'un "chez moi" alors que je regarde des images sans m'attendre à une localisation particulière, me donne un exemple, parmi d'autres (3), de combien on est de là où l'on a grandi, peu importe d'où nos aînés venaient.

Pour finir, voici L'armure et la rose , qui semble être la chanson qui a fait connaître Antoine Élie. 

 

(1) C'est peut-être vrai aussi dans le cas contraire. Il se trouve que comme mes parents ont été d'une grande stabilité, je n'ai connu qu'une croissance dans un point fixe. Je ne peux témoigner que de ce que je connais.

(2) Et c'est sans doute assez typique de la baisse de niveau de vie des classes moyennes combinée avec l'âpreté croissante du monde du travail : mes parents sur le seul salaire de mon père pour une famille de quatre parvenaient à maintenir possible 3 semaines à un mois de vacances en Italie. L'homme de la maison et moi, deux salaires qui pendant un paquet d'années furent deux salaires de cadres, deux enfants, n'avons que très rarement pu nous payer de "vraies" vacances, combinaison de manque d'argent et de périodes de congés sans cesse plus difficiles à obtenir, ou obtenues au dernier moment ou en décalé. Du coup les vacances c'était en Normandie dans la petite maison prêtée par ma mère, laquelle m'appartient désormais. De vacances au ski il ne fut jamais question, hors de portée, hors de prix.

(3) En particulier quand j'ai travaillé dans le Val d'Oise en 2016/2017. Je retrouvais des façons d'être et de parler familières. Alors que j'aurais été incapable de caractériser une culture, un style (un patois ;-) ?) val d'oisien.


Solution de repli

J'avais prévu un jeudi studieux à la BNF où je travaille bien mieux qu'à la maison où me tentent le sommeil et les tâches ménagères, ainsi que l'urgence du rangement.

Quand je suis arrivée, l'entrée était bloquée par une manifestation de protestation contre la réforme des retraites. Grille fermée, rubalise policières, présence importante - au vu du grand calme des gens - de forces de l'ordre dûment équipées.

C'était en fait la première fois depuis le début des grèves qu'un mouvement contrecarrait mes projets. J'ai subi comme tout le monde l'arrêt des transports en commun, seulement un vélo suffisait pour pallier leur absence. 

Cette fois-ci c'était différent : pas moyen de passer. 

Le cinéma, qui comporte une entrée donnant directement sur l'escalier condamné, était obligé d'accueillir les spectateurs par une porte dérobée laquelle donnait probablement sur un escalier de secours. Une baisse de fréquentation était à prévoir.

J'ai envisagé le cinéma, d'ailleurs, comme solution de repli : il m'avait fallu environ une heure de trajet pour venir et je souhaitais assister au soir à l'"Encyclopédie des guerres" à Beaubourg. Bien sûr je pouvais rentrer chez moi puis revenir au soir. Seulement le froid était si coupant que je doutais de ma force pour ressortir. Et puis au lendemain était prévu quelque chose d'assez tracassant pour quelqu'un de la famille, alors je ne tenais pas tant que ça à être chez moi, seule et disposant de temps.

J'avais un bon lot de travail personnel en retard, des messages en souffrance (1) et quelques tâches administratives à écluser sans tarder. 

Hélas, aux heures possibles de séances en ce moment précis, ne figuraient que des films qui ne m'intéressaient guère. Parfois on peut prendre comme bienvenue une pause rendue obligatoire par les circonstances, mais je n'avais pas envie de m'appuyer un film de moindre intérêt alors que je ne dispose pas d'assez de temps pour voir ceux que j'apprécierais.

Alors je suis aller déjeuner. La pente du moindre effort et du budget raisonnable (2) étant mauvais conseillers je me suis retrouvée dans une brasserie fort moyenne, avec un plat de poisson particulièrement décevant, présenté alors qu'il s'agissait d'un poisson entier l'arrête déjà ôtée. Et des petits légumes semblaient sortis d'une préparation en boîte, standardisée. Souci de riche, il n'empêche c'était raté de ce dire : je n'ai pas pu bien dépoter mon travail mais au moins je me suis régalée.

D'autant plus qu'à mon retour vers l'entrée la situation n'avait pas évoluée. Des personnes interrogeaient les grévistes qui repartirent en disant que le blocage était prévu jusqu'à l'heure d'une manif aux flambeaux, soit 17h.

C'est alors que j'ai songé à la bibliothèque de Beaubourg, que nous fréquentions parfois quand nous étions étudiants. Autant être sur place pour la soirée, et au moins aux premières loges si d'aventure la session était annulée. Pas de problème pour m'y rendre (ligne 14), pas de problème pour entrer - tiens, les contrôles sont dotés de sortes de tapis à tubes sur lesquels un sac peut facilement rouler -. Seulement l'air de rien il était 15h48 le temps que je monte, passe aux toilettes, trouve une place. Pour ce qui était de bosser de 13h à 17h45, c'était copieusement raté.

J'ai retrouvé les lieux avec plaisir et leur public populaire et studieux. C'est émouvant une foule sage.

Il n'était pas franchement question d'entreprendre des démarches administratives requérant un minimum de confidentialité : chaque place était occupée, pas bien l'endroit pour taper des codes confidentiels. Le wi-fi était top et gratuit et sans plein d'inscription préalable et l'entrée était restée gratuite sans justificatifs à fournir, comme autrefois. La seule complication avait été de passer par une entrée arrière. 

Finalement, je me suis occupée de mon blog, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas un peu soigné. La solution de repli avait rempli son office. 

Et j'étais presque sur place (à cause des travaux j'ai cru qu'il fallait re-sortir pour re-rentrer (en fait, non)) afin d'aller voir et écouter Jean-Yves Jouannais.

PS : Plus tard j'ai appris que la BNF, les salles, avaient rouvert à 17h. 

 

(1) Toujours la même chanson : j'attends pour ceux qui nécessitent une vraie réponse de trouver un temps calme, reposé et posé, lequel ne survient jamais.

(2) Il y a l'Avenue tout prêt, bonne table. Mais tarifs prohitifs pour une libraire au chômage possiblement non indemnisé (3).

(3) Ça faisait partie des démarches à faire, j'avais depuis la veille tous les papiers qu'il fallait.

   

 


Celle de quelqu'un

Entendu parce que je les croisais, à pied, dans ce quartier central parisien.

un jeune homme à un autre, tout en rempochant son téléphone par l'intermédiaire duquel il venait visiblement d'apprendre une nouvelle qui l'énervait au plus haut point 

- J'vais niquer la mère de quelqu'un !

(le pote n'a pas relevé, qui appréciait sans doute l'effort fait de ne pas menacer la sienne)