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Les moments heureux

En effectuant des tris et des rangements de photos sur mon disque dur, je suis retombée sur celle-ci, sans doute déjà plusieurs fois archivée, redécouverte, ré-oubliée, et aujourd'hui à nouveau retrouvée. J'aime à penser que nous fûmes ces personnes.

6288492808_dd11923f89_oJe ne sais plus rien de la photo, on reconnaît Roland Garros et au vu de l'âge de notre fille l'image a été prise en 1991, 1992 peut-être. J'ignore par qui. Et je n'avais pas du tout le souvenir d'être allés voir des matchs accompagnés de notre enfant. L'idée me paraîtrait étrange à présent. Qui sait si nous n'avions pas reçu une invitation que nous avions souhaité honorer alors que nous n'avions pas de solution de garde. 

J'aime les photos pour ça. Elles ont meilleure mémoire que nous. 


Le 20 janvier 2018

 

    La mémoire de mon ordi étant saturée - trop de photos - je dois toutes affaires cessantes reprendre mes tâches de ménage, sauvegardes et tris, que l'emploi du temps de semaines de 45h des mois de septembre et octobre m'avait fait mettre de côté. 

Je me trouve ainsi aujourd'hui replongée dans mes images du dimanche 21 janvier 2018. 

Ce que j'en sais à l'instant d'ouvrir le sous-dossier photo de cette journée : période pendant laquelle je travaillais à la librairie Charybde, belles semaines bien chargées, avec nombre (réjouissant) de rencontres en soirées, mais un brin trop de taf administratif à mon goût, période pendant laquelle les week-ends l'homme de la maison et moi courrions en forêt afin de préparer le maxi-trail de Bouffémont, période pendant laquelle je passais presque tout mon temps libre à Taverny à préparer d'arrache-pied le déménagement de la maison de mes parents, date butoir en février.

Ce que j'en retrouve avec les photos : 

Un dimanche de pluie froide mais cependant nous avions bien couru. 

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Ensuite nous étions trempé. Nous avons alors profité des vêtements que nous pouvions trouver dans la maison et mis les nôtres dans le sous-sol à sécher.

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Pour les chaussures, l'homme avait emprunté d'ancienne de mon père et prêté sa paire emportée "pour conduire". Du coup j'avais un pantalon de grossesse qui avait appartenu à ma mère, vintage sixties, et ses pompes à lui, un peu grandes, mais il ne s'agissait que de marcher de la voiture à un lieu voisin. 

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Il était ensuite suffisamment tard pour ne plus retrouver un seul restaurant ouvert. D'où le repas décennal en fast-food (1)

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Parmi les objets triés et mis en cartons de ce jour-là j'avais trouvé quelques pépites 

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Vers 20h30 ou 21h30 (2) nous étions rentrés. 

Ce que j'en ai écrit à l'époque, alors que je m'efforçais de suivre l'exemple d'Anne Savelli et de tenir un semainier : 

Le dimanche fut détendant mais éreintant : courir dans la forêt [de Montmorency] sous la pluie, parfois dans la boue jusqu'aux chevilles, puis Taverny, cartons cartons ... Repas dans un fast-food car à une heure de rien d'autre. Achats de dépannage dans une boutique (Fly ?) non loin, ouverte le dimanche, population perdue. Mais chaussettes sèches.

Le terme Rincés pris tout son sens. Après on se sent bien. Une sensation d'après orage.
À la danse du lendemain je ne fus nulle part. Toute énergie vidée et les jambes en marionnettes mal animées.

Du coup je constate que les chaussures que je portais avaient une autre histoire : c'était effectivement une paire destinée à mon époux mais que nous venions d'acheter - sans doute qu'il n'y avait rien de ma propre taille -. 

Il est intéressant pour moi de constater que le semainier reprenait essentiellement : les bons moments au travail, la révélation d'avoir assisté à un moment de scène de Kate Tempest, un concert de Stacey Kent (3), et les rencontres littéraires. 

Ce que j'en ai écrit dans mon diario (personnel) : rien car selon la loi de la malédiction du diariste les périodes les plus intéressantes à écrire (fors gros surmenage et engloutissement pro sur des tâches de faible intérêt de type livraisons scolaires à la rentrée scolaire) sont les moins documentées. De fait, je n'avais rien noté entre mi décembre 2017 et fin mars 2018 : travail pour et à Charybde + trail (préparation et le courir et récupérer) + déménagement de la maison de mes parents avaient avalé l'intégralité de mon temps.

Ce que j'en avais partagé sur Insta au jour même : 

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Ce que j'en avais partagé sur Clandestines Sardines (remplaçant du défunt fotolog dont le site est à présent remplacé par tout autre chose, je pense qu'on ne récupérera plus jamais nos accès) : rien, même si j'avais quand même publié quelques photos en ce janvier

Je n'ai pas le temps matériel de faire de la touite-archéologie, donc tant pis. Pareil pour Facebook que j'utilisais je crois déjà à l'époque principalement pour la part professionnelle (rencontres littéraires que nous organisions à la librairie) ou pour ce que je souhaitais communiquer aux personnes de ma connaissance qui ne sont que par là.

C'est intéressant de mesurer les traces que l'on conserve ou pas d'une journée lambda ; il s'agissait d'un dimanche comme un autre de ma vie en cette période-là. Ce que la mémoire en fait. Ce qu'on en fait soi-même selon les lieux de partages ou d'intimité. 

(1) Je crois bien qu'effectivement je n'y vais guère qu'une fois tous les dix ans, et en cas de nécessité
(2) J'ignore si mon appareil photo était bien horodaté selon l'heure d'hiver. 
(3) Mais comment ça, en janvier qui arrive ça fera deux ans !?!


Une bonne course, un temps pourtant décevant

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Je n'ai eu aucun problème pour parcourir les 10 km mais je croyais avoir mis du rythme sur la première boucle - je n'ai pas été si tôt dépassée par le meneur d'allure 1h et son groupe - seulement je ne sais pas, j'ai dû ralentir après, ça n'a pas donné mieux que 1h13. 

Et de finir dans les voitures, comme les autres années.

JF m'avait délaissée pour son club, peut-être aussi que je me sentais moins soutenue. 

En revanche mon club à moi a été top, ils m'ont attendue pour la photo de groupe finale, j'étais à côté de Valentin le vainqueur, un grand honneur. 

Et puis c'était sympa, la photo avant, le pot après, à la mairie. 

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(photo prise par Laurène) 

 

 


Arras Film Festival, derniers jours

Et voilà, cette année comme en 2017 mais pas en 2018 (où j'ai lâché prise à mi-chemin), je serais donc parvenue à tenir un carnet de bord de mon festival. Au prix de nuits fort courtes, car même si l'on se contente de petites chroniques et non de critiques construites et argumentées, relater nos journées de festivalière et festivalier, même à plat sans chercher ses mots, juste en soutien de mémoire, et les impressions sur 4 ou 5 films, l'air de rien, ça prend du temps.

Arras Film Festival jour 7 

Arras Film Festival jour 8 

Arras Film Festival jour 9

J'aimerais avoir le temps à partir de ces prises de notes d'écrire vraiment. Mais diable, quand ? 


Les meilleurs moments de ma vie sont pour certains un peu pourris

Je n'y pense pas si souvent, mais je dois le reconnaître : parmi les meilleurs, plus forts et plus intenses moments de ma vie figurent ceux des concerts de Johnny en 1998 puis en l'an 2000 auxquels prit part la chorale dont je faisais partie.

Ils ont sans doute été le point de départ pour moi d'une évolution vers une libération, certes très relative au bout du compte, car très limitée par les tracas d'argent, mais qui m'aura permis si je meurs demain d'avoir le sentiment d'une vie âpre mais bien remplie et qui n'a pas trahie l'enfant que je fus (ni d'ailleurs personne d'autre, so far), et d'avoir fait quelques bricoles utiles aux autres et somme toute c'est ça qui compte. 

À vivre, petite choriste en aube blanche parmi 200, c'était grandiose ; l'énergie, la ferveur, dégagée par le public sont des sensations que je n'oublierais que si je perds toute mémoire.

Ce soir, alors que je préparais les extraits musicaux pour mon émission "Côté Papier" de mercredi, YouTube dans ses tantôt très WTF, tantôt très malignes, suggestions de videos à voir à écouter, m'a collé ça sous les yeux.

J'ai commencé à revoir, émue - sans doute que j'avais vu en différé des images du concert, il y a 21 ans, sur une vieille grosse cassette de magnétoscope, mais pas depuis -. Puis j'ai prêté attention aux paroles, que je n'avais guère à l'esprit car notre partie chantée était en notes tenues sur syllabes et non en textes et nous étions hyper-concentré·e·s sur la musique, j'avais vaguement à l'époque l'impression d'un Que je t'aime à la chasse (1) avec une invitée. Godverdomme, cette chanson, c'est juste en fait, une  justification bien velue de féminicide !   

Dans la mesure où le plus beau jour de ma vie so far est celui de l'annonce de la libération de Florence Aubenas et Hussein Hanoun alors otages en Irak, et que certes c'était un immense bonheur - je faisais partie active de leur comité de soutien -, mais directement tiré d'un malheur, même s'il cessait, je me dis que décidément, les meilleurs moments de ma vie sont pour certains un peu pourris. Du moins dans leurs fondements.

Il n'en demeure pas moins plutôt réconfortant de constater que cette chanson qui à l'époque passait crème, poserait quelques tracas à ses auteurs et interprètes si elle était créée aujourd'hui. Les temps changent, parfois en mieux.

 

(1) Bizarrement m'était resté la phrase contenant les mots chiens, chasseurs, hallali 


Arras Film Festival, les jours suivants

 

    Il fait plutôt beau ou du moins pas trop froid, mettre le nez dehors en sortant des séances n'est pas une épreuve en tout cas, on mange bien - d'années en années l'offre de restauration s'affine et s'agrandit -, en revanche on croise peu les ami·e·s, sans doute parce que nous sommes à présents des festivaliers aguerris capables de voir quatre films par jour sans épuisement ni saturation ; ce qui laisse peu de temps de battements. 

Plus de détails sur mon blog Vacances et cinéma, dont la forme n'est pas encore fixée : je comptais faire des billets de type Journal de bord et d'autres de type Chroniques de films, seulement par manque de temps pour l'instant tout est mélangé. 

Arras Film Festival jour 3 

Arras Film Festival jour 4 

Arras Film Festival jour 5 

Arras Film Festival jour 6 

Je voulais par ailleurs rédiger ici un billet sur comment on ressentait, comment on commémorait les attentats du 13 novembre 2015 quatre ans après ; et aussi sur les anniversaires devenus difficiles à fêter.

Mais je n'en ai pas eu le temps, ni les pensées suffisamment articulées. Ce que je peux dire c'est que même en n'ayant perdu aucun proche, le chagrin demeure là, une peine qui ne s'efface pas. Je ne parviens pas à le formuler proprement mais c'est un peu comme si nous n'étions encore là que grâce à leur sacrifice (pas vraiment ce que je voulais dire, il faudra que j'y réfléchisse ; quelque chose comme : un sentiment d'être redevable envers les victimes de ces attentats-là). 

Je voulais également témoigner sur le fait que chacune et chacun d'entre nous se souvient précisément de ce qu'il ou elle était en train de faire au moment où la nouvelle des attentats du Bataclan et des cafés et restaurants de quartiers voisins l'a atteint·e.

 


Ces jours-ci ça se passe à Arras

    

20191109_191506 Pour la quatorzième fois si je ne me trompe pas, je passe donc au moins quelques jours au festival de cinéma d'Arras. Difficile de tenir le rythme de chroniquer les films en plus que d'aller les voir. Donc pas ou peu de billets spécifiques par ici à prévoir, mais de l'écriture sur un blog annexe qui correspond au cinéma.

Arras Film Festival jour 1 

Arras Film Festival jour 2 

 

 


Il en avait 22 (un étudiant à l'agonie)

    

  Capture-ecran-facebook-1573235063 J'ai vu passer un touite en fin de journée qui relayait l'article du Progrès de Lyon. 

Un étudiant de 22 ans, boursier auquel on avait coupé les vivres, bourse d'études supprimée (une question de redoublement, si j'ai bien compris ; mais un gosse de riche aurait eu droit de redoubler autant qu'il le voulait, lui), et qui ne se voyait plus aucun avenir dans ce monde ultra-précarisé et politiquement déprimant - le garçon faisait partie de ceux qui militent pour une société moins inégalitaire, la période actuelle est particulièrement sombre pour qui croit encore en une possibilité de justice sociale - a tenté de mettre fin à ses jours en s'immolant. 

Son mot d'adieu est un beau manifeste. Comme Jan Palach en son temps, il espère que son geste réveillera les consciences et que des conséquences de ce réveil pourront éviter à d'autres que lui de subir, plus tard, son sort. 

Sa lettre est impressionnante de lucidité. Il établit un constat glaçant.

J'ai vu passer des échanges d'infos entre personnes qui semblaient le connaître. Il a été sauvé d'une mort immédiate, seulement son état est tel qu'il n'est pas dit qu'il puisse revenir vivant. 

Profonde tristesse, sentiment d'impuissance et pensées pour ses proches.