Previous month:
juillet 2019
Next month:
septembre 2019

0 billets

Extinction des feux

J'ai remarqué que quelque chose avait changé lorsque nous sommes venus au week-end du 15 août. Je crois le soir où nous avons escorté vers leur voiture un couple d'amis venus dîner. C'était plus sombre qu'à l'ordinaire du moins dans notre rue. 

Et cette fois-ci dès le premier soir c'était flagrant : passé une certaine heure, la petite ville se trouvait plongée dans le noir sauf à ce que j'en pouvais voir de ma fenêtre, deux carrefours (sans doute d'autres, plus loin, aussi) déterminants. 

Si j'ai bien compris la communauté de commune fait partie des « territoires à énergie positive en devenir ». "Engagée dans des démarches de réduction des consommations énergétique, des émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables, la communauté de communes a démontré qu’elle remplissait les conditions pour être éligible permettant ainsi aux communes la composant de pouvoir prétendre à l’obtention de financements." ai-je lu au coin d'une publication officielle.

Alors on éteint dès 23h là où ça ne sert à rien.

Une amie m'a fait remarquer que pour rentrer chez soi le soir à pied si l'on était chez des amis par exemple, ça craignait. Je crois que l'on peut se raccompagner à plusieurs. Prendre une lanterne.

J'ai failli pâtir du dispositif puisque j'étais ressortie tenter de retrouver un petit objet perdu et qu'il s'en est fallu de peu que je n'arrive trop tard sur les lieux de la perte. Pour autant et comme de toutes façons la vie nocturne de la ville n'est pas trépidante, j'aime qu'on se retrouve dans le noir, comme autrefois et ce soir sur le pas de ma porte (oui "ma" porte de "ma" maison (j'ai encore du mal avec cette notion)) j'ai pu longuement admirer les étoiles, invisibles auparavant. 

C'est fascinant d'être désormais assez âgée pour avoir connu les nuits sombres - les éclairages existaient mais était frugaux du moins à la campagne -, la période de pleine lumières sans se soucier de rien - enfin, si les gens comme moi, alors totalement à contre-courant de l'avis général -, et le retour au noir parce qu'il est plus que temps d'éviter de trop consommer d'électricité et aussi d'éviter de polluer le ciel nocturne. 

Alors malgré les risques et certains défauts du dispositif, je suis heureuse qu'il en soit ainsi.  


D'un inconvénient inattendu d'avoir les cheveux frisés

 

Fullsizeoutput_191e

Nous venions de terminer le dîner et l'homme de la maison m'a proposé une brève balade tant qu'il faisait jour et que le couvre-feu n'était pas tombé. 

Je lisais ou j'écrivais, bref, j'avais mes lunettes de vue sur le nez, je les ai vivement retirées afin de filer sans plus tarder. Zou !

J'ai replié les lunettes dans leur boîtier qui est de ceux rigides où elles s'enfilent sur un côté. 

À un moment donné de la balade, environ 800 m de la maison près d'une haie non loin d'un arbre où beaucoup d'oiseaux à ce moment-là chantaient, j'ai eu l'impression qu'un branchage m'était tombé sur la tête, j'ai entendu un léger bruit d'une chute, me suis demandée d'où venait ce que j'avais reçu, curieux, l'arbre en vu est assez loin quand même. 

Et puis nous nous sommes bien promenés. De retour à la maison vers 22h35, peu avant l'extinction des feux, à 23h. 

Je veux reprendre là où j'en étais, tire les lunettes de leur étui, les mets sur mon nez et me fait mal derrière l'oreille droite. Je les enlève aussitôt : il manquait tout l'arrondi de la branche, la partie non métallique et c'était le bout pointu à présent à découvert qui m'avait écorchée. 

J'ai cherché dans l'étui : rien. 

Il ne m'a pas fallu longtemps pour piger que le bout de branche avait dû resté coincé dans mes cheveux jusqu'à s'en détacher probablement là où j'avais cru recevoir un branchage.

J'ai pris une lampe de poche, scruté pas à pas le trottoir à cette hauteur là ... et retrouvé la pièce manquante.

De retour à la maison cinq minutes exactement avant l'extinction des feux. 

Les lunettes sont défectueuses à n'en point douter. Il n'empêche que c'est une mésaventure de cheveux frisés de les avoir suffisamment forts pour détacher un morceau de branche dans le geste de les ôter. Et que le bout restant se soit promené ensuite près d'un kilomètre avec moi avant que de choir. 

En attendant, j'ai remis la pièce en place et pour l'instant elle tient. 

 


n'importe quoi au cinéma (C'est chouette d'aller voir)


    La petite ville de #MaNormandie possède un cinéma. Longtemps y fut projeté du tout venant familial en V.F. et avec les enfants enfants nous nous partagions entre des séances au cinéma de Carteret et celui-ci. J'ai ainsi un excellent souvenir de Chicken Run, enfants avec le bon âge, et nous les adultes également enchantés. Ainsi qu'Un indien dans la ville. 

Souvenirs diffus de comédies à la française avec les acteurs toujours les mêmes. Une histoire avec des pères de famille qui galéraient un 15 août, une autre avec Miou Miou qui tricotait des pulls aux hommes de sa vie. D'autres encore que je ne serais jamais allée voir si ça n'avait pas été les vacances et dans une idée de soutenir le fait que des cinémas survivent là. 

Souvenir aussi de m'être profondément endormie devant Apocalypse Now, car j'ai un problème avec les films de guerre, une tendance à m'endormir quand ça canarde. 

Puis le ciné avait fermé, pas assez rentable et de gros travaux de mises aux normes, je crois qu'il se disait. 

Depuis quelques années il a réouvert et ce sont des bénévoles qui en assurent l'accueil, dans une ambiance joyeuse, c'est vraiment sympathique. Je suppose que pour tenir financièrement il s'agit d'un cinéma municipalisé. 

Et voilà qu'ils ont eu la merveilleuse idée, non seulement de proposer quelques films un peu exigeants - tout en restant grand public familial pour l'essentiel - mais aussi de proposer une fois par semaine une séance en V.O. 

J'attendais ça depuis toujours, je n'ai jamais supporté les doublages à la française avec toujours les mêmes voix caricaturales et dont les paroles sont si décalées par rapport aux mouvements des lèvres lorsque le film est en anglais. 

Dès lors, par souci de cohérence j'ai décidé d'aller voir tout film de leur séance en V.O. si celle-ci tombe un jour de présence.

Du coup : je revois des films que j'ai déjà vus (1), je vois des films que je n'avais pas envie de voir, je vois des films que je suis contente de pouvoir voir pendant des vacances parce que je comptais les voir et que j'aurais galéré en période de travail, et je vois des films auxquels je n'aurais pas pensé.

Et en fait, c'est bien à chaque fois. Je l'avais déjà constaté lors des festivals de cinéma, il peut être intéressant d'aller voir en dehors des réalisateurs ou sujets qui nous intéressent. Parfois parce que ça conforte dans notre indifférence ou détestation, souvent parce qu'on y apprend des choses, et entre autre qu'un réalisateur excellent emporte le morceau même si l'on ne se sent pas en phase avec le centre d'intérêt ou le propos.  

Aujourd'hui par exemple nous nous sommes retrouvés à voir un gros western qui tache (2), création contemporaine d'archi-classique facture, on dirait un exercice d'admiration. Je ne suis pas fan du genre, même si Ennio Morricone m'en a rendu certains attirants, et que je ne déteste pas les très anciens (John Ford par exemple), je n'aime pas l'ultra-violence qu'ils contiennent et la complaisance parfois envers celle-ci. 

Hé bien voilà, ça n'était pas tout à fait un bon moment, trop brutal, pas mon style, il n'empêche que je suis contente de l'avoir vu, que c'était instructif, que j'ai admiré le travail - les décors, la lumière, le rythme, l'ambiance de pluie et boue comme dans "Les saisons" -, que j'ai apprécié que les hommes soient bêtes ou violents et les femmes intelligentes et que le mélange de classicisme et de cette modernité mérite le détour. 

C'est chouette d'aller voir n'importe quoi au cinéma. Pour le plaisir de ce cinéma-là.

 

(1) Comme par exemple Maradona d'Asif Kapadia ; et chose surprenante j'ai été captivée les deux fois

(2) Never grow old de Ivan Kavanagh

PS : Je crois que le plaisir de ne pas choisir remonte à l'enfance du temps où il n'y avait que deux puis trois chaînes de télévision et que l'on regardait le soir un film ou non, seulement quand le programme ou les tâches ménagères étaient effectuées ou résolus ; et que le choix du film revenait à la chaîne.

 

 


La ville escamotée

20190825_120844

C'est en retournant y courir par le chemin que nous connaissions bien que j'y ai repensé : voilà, la ville dans laquelle ma sœur et moi avons grandi, dans laquelle mes parents auront vécu une cinquantaine d'années (un peu moins pour mon père, bien malgré lui) n'est plus rien pour la famille, ou n'en a plus trace, plus rien. 

Ma sœur se souvenait que ma mère souhaitait être enterrée dans sa petite ville normande d'origine ; l'urne des cendres de mon père qui avait souhaité être incinéré était dans un cimetière de la petite ville du Val d'Oise mais pas le cimetière historique, un cimetière récent que je ne parvenais pas à correctement situer - pour penser à mon père j'allais au Père Lachaise, lieu de son incinération -. De façon logique mais follement dispendieuse nous avons fait transporter et l'urne et le cercueil jusqu'en Normandie. 

De fait, le charmant petit cimetière normand regroupe à présent une grande partie de ma famille maternelle, d'ailleurs je ne serais pas contre y avoir mon futur emplacement, et comme j'ai conservé la petite maison que ma mère y avait, qui la tenait de ses propres parents, tout ça est bel et bon. Je fais partie des gens qui trouvent réconfortant le fait de disposer d'un lieu de recueillement. De plus ma sœur habite dans la région ce qui lui permet de passer si elle en éprouve le devoir ou la nécessité. 

Il faut juste éviter qu'un incident ou accident dans cette région hautement nucléarisée la rende inaccessible, ou que la montée des eaux consécutive au réchauffement climatique ne la submerge.

Le pavillon que mes parents possédaient dans la petite ville du Val d'Oise a dû être vendu : nous n'avions ni ma sœur ni moi la surface financière pour le maintenir sans usage d'y habiter, et pas non plus de raison d'y loger - trop loin pour nous pour le travail, généralement plus proche de Paris, ou qui peut bouger mais que notre logis tout contre la capitale nous permettra d'assurer -, et ne nous sentions pas l'âme de loueuses de maison (1). J'ai fait faire les travaux nécessaires pour le rendre attractif malgré son ancienneté et un jeune couple en a fait son logis. Les circonstances contraignaient à cette option. Nous aurons au moins fait des heureux, du moins nous l'espérons.

Dès lors, il ne reste plus traces de tant d'années vécues en cette petite ville, qui avait son charme, qui porte nos souvenirs, qui est celle de la vie d'adulte de nos parents, dont ils avaient fait leur chez-eux. Quelques poèmes de ma mère à la médiathèque ? Des camarades du club de tennis qui se souviennent d'elle ? 

Je n'ai plus d'amis directs dans la ville, je ne crois pas ; je n'y connais plus que quelques rares personnes. Les voisins que je connaissais, primo-habitants du quartier, de La Cité, sont morts ou ont déménagé.  

Le rôle qu'a joué cette petite ville dans l'histoire familiale, tout important pour nous et durable qu'il fut, est à présent gommé.

Je n'ai pas de regrets, qu'aurions-nous pu faire d'autre ? Seulement je trouve ça étrange, une étape si importante, pour l'ensemble d'une unité familiale, dont il ne reste plus rien, nada, niente, que tchi, du moins sur le terrain.

 

 

(1) Je me résoudrais peut-être à contrecœur à louer notre actuel appartement si nos vieux jours à petites retraites, en admettant que nous tiendrons jusque-là, nous contraignent à le faire pour complément de revenus. Mais pour un appartement les frais de grands travaux sont au pire des côte-parts ; et ceux-ci peuvent être organisés par d'autres.

PS : À l'inverse, les parents de l'homme de la maison sont enterrés dans un caveau que mon beau-père avait acquis à la mort de sa femme au cimetière de la ville de grande banlieue où son travail l'avait amené vers sa quarantaine. Zéro attache dans le coin. Sa femme décède à la fin des années 80, lui-même tombe gravement malade fin 1994 et ensuite ne revient plus jamais vivre dans l'appartement qu'il louait. Voilà donc leurs dépouilles dans un endroit qui n'est proche d'aucun de leur proches et où ils ne firent eux-mêmes que passer, et des années non significatives - pas celles des premiers temps, pas celles qui virent grandir leurs enfants, juste ils étaient là pour le travail quand la mort ou la maladie les y a saisis -. L'homme s'efforce certes d'y passer régulièrement, ça n'est pas si loin de notre domicile, ça va pour l'instant. Mais ensuite ? 

 


L'athlétisme, on y revient

(video personnelle : Le ballet des poseurs de haie)

Parce que Filip Ingebrigtsen avait annoncé sa participation via son compte instagram ; puis que son frère Jakob en avait fait autant, je m'étais offert un billet pour le meeting de Paris à Charlety.

Je ne crois pas avoir déjà assisté à un meeting d'athlétisme dû moins à ce niveau et j'ai été enchantée et fascinée. Au point de souhaiter d'ores et déjà prendre les places pour le championnat d'Europe l'an prochain et les J.O. de 2024 (pour ce qui est de louer notre appart à prix d'or et se réfugier en Normandie pendant la compétition, c'est raté ;-) :-) !)

J'ai une admiration particulière, doublée de reconnaissance, pour les frères Ingebrigtsen, pour la famille en fait : la série-réalité dont ils sont les protagonistes, du moins dans les épisodes axés sur leur travail, m'a donné un supplément de courage pour un peu tout. Or il en faut lorsque l'on a une béta thalassémie mineure, qu'on se bat pour travailler et qu'on a un esprit qui pousse au sport et un corps qui a défaut d'être doué aime et réclame ça. On voit en les suivant à quel point le travail paie ("Rien ne résiste au travail" dit Pierre Trividic, et là on le voit physiquement sur des efforts concrets) et ça donne de la force pour soi-même se bouger.

Alors je n'allais pas manquer une occasion de les voir en vrai. Sur 1500 m c'est 3 minutes 30 et donc un peu frustrant, mais effectivement fabuleux - pour qui s'intéresse assez suffisamment aux sports au point de pouvoir apprécier les subtilités techniques en plus que d'être bluffé·e par la vitesse. 

DSC06636

C'est l'ensemble du meeting qui a été un éblouissement, en particulier le ballet de celleux qui secondaient, toute cette chorégraphie, l'organisation millimétrée (libérer telle partie du stade pendant que telle autre est occupée, préparer la suite dans une partie ou ça peut).

J'ai seulement été déçue que la perche soit dans un endroit entre la piste et un gradin où lorsque l'on était en face on ne voyait pas bien, l'athlète se détachant peu sur la foule en arrière-plan et légèrement gênée par le fait que comme tous les athlètes soutenus par un même équipementier avaient le même maillot on avait l'impression d'une seule et même équipe, ce qui n'était pas le cas.

Pour le reste, que d'exploits ! et comme c'est impressionnant vu directement, avec notre propre choix de ce que l'on souhaite suivre.  


La position du cycliste

 

    Ce matin alors que je découvrais une video de plus sur les automobilistes au comportement dangereux qui en rajoutaient de façons très menaçante après que le cycliste ait signalé son mécontentement, j'ai émis les touites suivants, pas trop certaine de la pertinence de l'idée que j'en avais 

 

Capture d’écran 2019-08-23 à 16.32.00

Capture d’écran 2019-08-23 à 16.32.17

J'ai alors reçu une belle réponse de la part de Colin Leroy-Mira, 

Capture d’écran 2019-08-23 à 16.43.33

dont voici donc le lien vers le billet de blog, qui mérite d'être lu : il dit bien mieux que moi ce dont j'avais confusément l'intuition. 

Du mauvais côté de la barrière : ma seule expérience de la minorité

Merci encore à lui.


Du (fait d'être au) chômage

 

    J'ai donc retrouvé du travail, un joli défi qui me ravit, près de la zone de vélotaf de Sacrip'Anne, ce qui me réjouit - ça m'autorise a croire qu'elle a un pouvoir magique, je l'accompagne une fois et hop une proposition stimulante apparaît -. 

Du coup et avant de quitter, le mois prochain et j'espère pour longtemps, le statut d'inscrite à Pôle Emploi - en fait grâce aux remplacements dans le cadre des Libraires Volants, je n'aurais pas tant eu à en bénéficier, seulement il fallait continuer à s'actualiser, fournir des documents, répondre à des propositions parfois étranges -, et comme nous vivons sous un gouvernement qui plus encore que d'autres semble considérer les chômeurs comme des fainéants, je voulais faire un point sur ce que ça peut faire d'en être. 

J'ai connu quatre périodes de chômage dont une seule fut longue (plus d'un an). La première correspondait à une nécessité de reconversion car l'emploi en cours avait perdu tout son sens ; je savais que j'allais partir, des contraintes financières m'en empêchaient, un événement subi m'aura finalement permis d'avancer l'appel de 2 ans 1/2. J'étais épuisée par les années passées à tenir le coup malgré tout. Et je pense que les huit à neuf premiers mois de chômage ont été nécessaire comme une convalescence, à retrouver de l'énergie, et la force et la capacité à nouveau de se projeter vers l'avenir. J'ai retrouvé du travail grâce à mes amies libraires et mes amies tout court et d'être très réactive : une piste, aller voir aussitôt, rencontrer les gens. Accepté des conditions humbles au départ et de la précarité, prouver sa capacité à bosser, et stabiliser les choses, jusqu'à ce que les conditions économiques générales ne nous rattrapent. 

Ce chômage-là ainsi que celui que je m'apprête à quitter est dû aux difficultés économiques de l'entreprise qui m'employait. À ce titre je tiens à signaler à nouveau que la rupture conventionnelle de contrat si elle vient réellement d'un accord entre l'employeur qui ne parvient plus à payer les salaires (ou anticipe de ne plus y parvenir) et le salarié qui a bien compris qu'il ne servait plus à rien de s'échiner malgré une conjoncture générale qui s'assombrissait, est une bonne solution. Une seule fois j'ai démissionné et même si c'était essentiellement dû à un problème physique lié à des conditions de travail (très lourds chariots à pousser), comme je n'avais pas compris ou compris trop tard, d'où me venait une étrange douleur qui me gênait à marcher, ce fut du chômage non indemnisé. J'avais en vue une reconversion concernant un autre domaine de mes centres d'intérêts (photographie ; apprendre à les retraiter), mais les attentats du 13 novembre 2015 l'ont escamotée.

Alors je peux témoigner pour avoir connu l'une et l'autre et dans des conditions "moyennes" d'urgence c'est-à-dire qu'un conjoint est là qui perçoit encore un salaire pendant ce temps là mais dont le salaire ne suffit pas à assurer la totalité des dépenses quotidiennes d'une famille de quatre personnes, que le chômage indemnisé n'est pas un luxe. Il permet vraiment et simplement de tenir le coup en attendant qu'une proposition d'emploi ne corresponde à nos compétences, d'éviter que l'on se retrouve contraint·e de prendre n'importe quelle opportunité de gagner quelque argent, voire parfois illégalement (1). 

Je sais que c'est encore plus crucial lorsque la personne au chômage représente le seul revenu pour un lot de personnes, ou est seule et risque très vite de ne pouvoir payer un loyer. Ça va très vite d'aller très mal financièrement, et je salue au passage "Le quai de Ouistreham" de Florence Aubenas en témoignage et "Feel good" de Thomas Gunzig en fiction mais très réaliste sur ce point, qui nous font comprendre combien chacun d'entre nous fors à être issu·e·s d'une lignée fortunée où quelqu'un pourra toujours proposer une porte de sortie ou à défaut un lit, peut être vite rendu à compter chaque sous. Ça va très vite de ne plus pouvoir payer un loyer.

De la même façon et sachant que je suis dans une configuration relativement privilégiée, je ne craignais pas de perdre mon logis, je peux attester que les mois passés sans travail rémunéré sont tout sauf des vacances. On est en permanence à l'affût, ou en train d'échafauder des projets d'entreprenariat, ce qui demande un temps fou et une énergie forte. Autant si on a un travail au niveau de stress raisonnable, on peut se permettre au soir de début de week-end de souffler un grand coup et se consacrer à sa propre vie et à sa condition physique (2) jusqu'à la reprise en début de semaine suivante, autant au chômage il est difficile de se dire "pause". Parce que l'on craint de manquer l'offre qui nous en sortirait, parce qu'on se met à gamberger sur ce que l'on pourrait faire d'autre, comme activité, quand notre domaine de compétences s'avère exténué (3). Sur l'ensemble de cet été, où j'étais concentrée sur ma recherche d'emploi au besoin en tentant de le créer, je n'aurais pris comme "vacances" que trois week-ends prolongés et, j'espère, la semaine prochaine, à présent que je sais avoir retrouvé [du travail].

Quand on est une femme s'ajoute au chômage la force de la charge mentale et ménagère de la maisonnée que tout le monde trouve du coup parfaitement normal qu'on assume intégralement, c'est logique en partie, puisqu'effectivement on dispose de davantage de temps pour s'y coller et de présences possibles par exemple pour attendre des livraisons ou des artisans pour des travaux. Il n'empêche que si l'on n'y prend garde on se trouve vite requises, et avec d'autant moins de temps pour chercher un nouvel emploi et ainsi de suite. 

Être au chômage ou dans des emplois précaires, c'est ne pas pouvoir prévoir un minimum d'activités sociales ou sportives. Or notre société requiert de plus en plus que l'on puisse réserver ou s'inscrire à l'avance, parfois un an plus tôt (4). On se retrouve vite éloignés de celleux que l'on aimait, et ce que l'ont aimait, d'activités qui nous donnaient du courage. 

J'enfonce des portes ouvertes, certes, mais y penser est une chose, le vivre une autre, et le mépris qui semble devenu la norme est insupportable quand on sait réellement ce que c'est que de s'y retrouver confrontés, devoir pointer à Pôle Emploi. 

 

 

(1) Moins que les premières fois mais de façon persistante, j'ai reçu des offres étranges après mon inscription à Pôle Emploi. Dont des propositions pour travailler à du recouvrement de créances.   

(2) Oui je sais certains en profitent précisément pour se la bousiller. Mais pour la plupart des femmes ça n'est pas le cas.

(3) Les jeunes, si vous lisez ce billet et "aimez lire", ne cherchez pas à devenir libraires, c'est tout autre chose comme métier et surtout les postes de qualité proposés se réduisent d'années en années. Ça ne peut fonctionner que si vous créez votre propre boutique, ce qui veut dire du 60 h/semaine facile et surtout une mise de fonds initiale souhaitable d'au moins 80 000 €. Sinon vous ne tiendrez pas au delà des premières années pour lesquelles la fiscalité sur l'entreprise est allégée. Et il convient si possible d'adosser la librairie à autre chose, par exemple un café, ou une laverie livre-service, ou un espace de co-working. 

(4) C'est le cas pour certains hébergements lors de festivals ou pour certaines compétitions (je pense au triathlon, ou à des marathons). 


Apprendre longtemps après la mort d'un ami

20190822_141543

C'est un homonyme à l'orthographe légèrement différente et que la ville de Houilles honore d'une petite rue qui m'a fait penser à lui. 

Je me suis dit, tiens ça fait longtemps qu'il n'a pas écrit ni donné de nouvelles.

Et j'ai vaguement un doute triste. L'impression que quelqu'un m'avait dit quelque chose. Une grave maladie ?

De retour chez moi, le soir, je cherche son nom sur l'ordi. Plus de livres depuis un moment mais des peintures. Et une interview qui date de l'automne dernier

Il n'a pas de page wikipedia. Aurait pu. Puis je vois quelque part "personne décédée". Puis autre part des choses mais qui concernent des homonymes (dont un garde-chasse de la ville de Paris dans les années 70 ou 80). C'est sur son profil FB en commentaire d'un statut datant du 27 septembre portant sur une conférence, que je lis un dialogue entre des personnes qui le connaissaient, dont l'une explique aux autres qu'il serait mort d'une crise cardiaque durant son sommeil, une nuit d'octobre 2018.

Et je m'aperçois que non seulement je l'apprends mais qu'au fond je ne sais pas franchement si je le savais déjà, ce qui n'est pas impossible, qu'on me l'ait dit et que ça me soit paru tellement inconcevable que j'ai gommé l'information de ma mémoire. Mode Eternal sunshine of the spotless mind On. Ma vie a été particulièrement chargée depuis le début du moment où ma mère en 2016 est tombée malade et je n'exclus pas d'avoir été trop engloutie par un quotidien trop dense pour avoir bien lu tous mes messages sur la période dont peut-être celui qui annonçait la nouvelle. Ou d'avoir été à ce point frappée d'incrédulité qu'elle ne s'est pas imprimée dans mon cerveau actif, qu'elle n'ait fait qu'y transiter.

Nous n'étions pas intimes, échangions parfois au sujet d'un livre, nous croisions lors d'événements littéraires. Je n'avais pas su que son virage vers la peinture était lié à des problèmes ophtalmiques qui le gênaient pour (lui empêchaient de ?) lire et (d')écrire.

Je suis soudain triste ce soir comme si sa mort était à peine survenue. Et si triste pour ses proches, dont j'espère qu'ils ou elles sont à l'heure actuelle en train de commencer à remonter la pente. 


Le générique

Capture d’écran 2019-08-20 à 22.53.49

Quelqu'un a posté ce soir sur Twitter le générique d'Amicalement vôtre.

Ce fut longtemps ma série préférée. 

Elle fut diffusée en France dans le courant des années 70 puis fréquemment rediffusée.

Je la croyais en noir et blanc. C'était seulement la télé de mes parents qui n'avait pas la couleur. 

Elle était diffusée en V.F. et quand longtemps plus tard j'ai eu accès à la V.O. je me suis rendue compte que celle-ci était moins bien. C'est l'un des rares cas où la V.F. l'emporte. 

Michel Roux et Claude Bertrand s'en sont donné à cœur joie, la voix de Michel Roux est parfaite de gouaille pour le gars du Bronx qui a réussi, et ils ont rajouté de l'humour. 

Une des rediffusions, c'était au temps d'avant les internets, d'avant les DVD et d'avant même que les familles de Français moyens ne puissent s'offrir des magnétoscopes à grosses cassettes, eut lieu alors que j'étais en classe prépa. et rentrais chez mes parents le week-end. Je n'avais pas le temps de regarder la moindre série, il fallait bosser sans cesse. Alors je demandais à ce qu'on m'appelle pour le générique. Puis je retournais à mes maths. 

Meilleur générique de tous les temps, je veux bien le croire. 


"The radium girls" de Kate Moore

(Au départ un thread sur Twitter mais ça mérite bien un billet)
 
Alors comme le "Feel good" de @thomasgunzig m'avait donné la pêche et du courage et aussi pour éviter d'enchaîner avec un autre roman que j'aurais forcément trouvé fade, j'ai attaqué cette lecture-ci dans la foulée. C'est passionnant, mais quel coup de poing même en s'y attendant
 
 
Image
 
 
 
Il s'agit de la terrifiante histoire des jeunes femmes qui travaillèrent au début du XXème siècle dans des usines où l'on utilisait le radium en particulier pour créer des aiguilles fluorescentes sur différents appareils. Elles travaillaient au pinceau.
 
 
Pour davantage de précision et de rendement, et aussi parce qu'à tremper dans l'eau les pinceaux durcissaient, elles le passaient sur leur langue entre deux tracés.
Le livre relate leur long combat pour faire reconnaître comme maladies professionnelles les cancers et autres conséquences qu'elles subirent, et obtenir prise en charge des soins et dédommagements.
Dès le début certaines jeunes femmes s'étaient méfiées, assez vite des médecins consultés furent sur la bonne piste, l'un d'eux obtint même de visiter les locaux, mais on ne lui communiqua pas toutes les infos.
 
 
Le pire étant que leurs employeurs savaient, du moins à partir d'un certain moment, et d'ailleurs prenaient des précautions pour eux-mêmes, mais toute la structure hiérarchique prétendait que Mais non, vous ne craignez rien.
 
 
La famille de la première victime décédée dans d'atroces souffrances, fut réduite au silence parce que des avis médicaux officiels prétendirent qu'elle était morte de syphilis, ce qui laissait planer des doutes sur la conduite de la défunte, qu'on aurait pu considérer à titre posthume comme une fille légère (par exemple de dissuasion aux éventuelles protestations). Et quand ça commençait trop à se savoir à un endroit que les jeunes femmes qui bossaient là ne faisaient pas de vieux os, une usine ouvrait dans un tout autre état. Salaires élevés, à côtés marrants (elles brillaient en soirée (au sens littéral)), et hop de nouvelles recrues réjouies arrivaient.
Un degré d'horreur supplémentaire est venu du fait que comme les ouvrières étaient ravies dans les débuts, car ce travail était mieux payé et vraiment moins pénible que la plupart des emplois d'usine, lorsqu'il y avait besoin de recruter, elles en parlaient à leurs sœurs et cousines et amies. Ce qui fait que des familles se sont retrouvées décimées ou des voisinages entiers.
 
De nos jours ça n'est plus le radium, mais je reste persuadée qu'on fait peu de cas de la santé des gens quand beaucoup d'argent peut être gagné par qui les emploie.
 
C'est un livre formidable ... dont je n'ose pas trop conseiller la lecture, tant il est dur, les pathologies déclarées atroces, et le cynisme des employeurs absolu. Avec en arrière-plan une façon de considérer que ça n'était pas (si) grave, ça ne concernait que des femmes et qui n'avaient pour la plupart qu'une éducation primaire.