Un souvenir de Cerisy
Fin du caractère fuligineux des chagrins ?

Du nom des marques des sponsors

 

   Notre système économique veut que le sport professionnel (entre bien d'autres choses) soit financé par des marques qui voient là l'opportunité de se faire connaître. Il me semble que je n'y voyais pas d'inconvénient tant qu'il y avait de la logique : un équipementier de sport finançant des équipes de football, un fabricant de cycles une équipe de cyclistes pro. Ou alors une équipe d'une localité par l'industrie ou l'entreprise pour laquelle la ville était réputée. Saint-Étienne (l'ASSE) de la grande époque, c'était Manufrance, deux identités géographiquement associées.  

Et puis à un moment, ça s'est mis à n'avoir plus aucun rapport : une compagnie aérienne d'un lointain pays s'est portée au chevet d'une grande équipe de football en France, des assurances ont payé des cyclistes ou une société de jeux d'argent. Mon cerveau a alors décidé unilatéralement de ne plus établir de connexion entre les sponsors et les sponsorisés et je ne m'en étais même pas rendue compte. 

À l'instar de l'enfant d'une rubrique-à-brac de Gotlib et qui chantait joyeusement Leblésmouti labiscouti en allant à l'école et tombait déçu quand plus tard il comprenait qu'il s'agissait d'une chanson pour rythmer le travail (1), je suivais par exemple le tour de France sans relier en rien les noms d'équipes à des marques. Le nom était le nom de l'équipe et rien d'autre. 

Autant dire que si tout le monde avait été comme moi, les sponsors et autres mécènes n'auraient pas maintenu longtemps leurs investissements.

Et puis est survenu le Tour 1998 qui a viré au roman policier. Et je suis tombée de l'armoire en comprenant que Festina, entre autre était une marque de montres et que Doïchteutélékom était un opérateur de télécommunication en Allemagne, Kofi Dix un organisme de crédit (2) ... 

Je croyais naïvement que depuis ce temps-là je savais faire le lien, même si je m'en foutais complètement. Et cet après-midi en tirant du café à un distributeur, parce que je regardais rêveusement les noms sur la façade de la machine pendant que celle-ci préparait ma boisson, j'ai "découvert" de quoi était le nom de l'une des équipes de cette année. En fait mon absence de faculté de relier le financeur au financé, en bientôt vingt ans ne s'est toujours pas arrangée. 

Ça me fait bien rigoler. 

 

(1) Le blé se mout-y // L'habit se coud-y  

(2) Alors que je connaissais l'existence des sociétés Festina, Deutsche Telekom et Cofidis ...

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