Ce monde qui favorise la triche (ça vaut pour la politique (et les affaires) aussi)
16 juillet 2019
Regardant le tour de France et ses reportages associés, dont un émouvant sur Marco Pantani, certes dopé mais qui a pris pour tout le monde et que ceux qui l'avaient poussé à le faire ont lâché, j'ai jeté un œil sur certaines fiches wikipédia.
Un grand dopé devant l'éternel, qui s'est octroyé un palmarès de fou avant qu'on ne le lui retire, mais il avait eu le temps d'acquérir la fortune, la notoriété, les femmes qu'aiment avoir les hommes qui ont du succès pour donner envie aux autres hommes probablement plus que pour les bien aimer, toutes sortes de pistes de reconversion possibles.
Et d'ailleurs le voilà son palmarès :
Certes c'est barré, et il a perdu beaucoup d'argent, subi beaucoup de procès, dû passer quelques sales quart d'heures à la télé, mais à présent il va sa vie, et même commente le sport dont il fut banni.
Pendant ce temps parmi les plus méritants des lanceurs d'alertes, voici Christophe Bassons, dont il fut dit à l'époque des scandales par ses camarades tricheurs mêmes, non, non, lui, il ne prenait rien. Et qui bien sûr ne gagna plus grand chose une fois passé chez les pros - je suppose qu'il se trouvait dans une situation équivalente à moi avec ma thalassémie mineure quand je prends le départ d'un triathlon plein de gens aux globules conformes -.
Sa bio, du coup, donne ça :
et il a même eu des ennuis, en mode Cherchons-lui des poux dans la tête, longtemps après, comme cet article du Monde en atteste.
Il faut dire qu'avec les sommes folles en jeux dans les paris sportifs, au delà même des gains directs pour les sportifs et ceux qui les font travailler, plus grand chose ne doit être laissé au pur hasard. Alors on dope les humains comme des chevaux de course, et je suppose que soit tu acceptes, soit tu perds toutes chances d'être sélectionné (pour une équipe pro, pour une compétition donnée) puisque de toutes façons les autres, ceux qui ont obéi sans trop se faire prier mettent de facto la barre des performances très haut.
Et en cas de problème, le sportif est seul, avec parfois un médecin "préparateur" (mais eux même s'ils perdent un procès, leur intégrité physique n'est pas en danger, pas d'effets secondaires ni d'addiction), à faire face à l'opprobre, comme s'il avait tout décidé de son propre chef.
Cette société nous dit clairement : Trichez, trichez, mais allez jusqu'à gagner. Il en restera toujours quelque chose sur le plan de ce à quoi l'argent et la notoriété vous auront donné accès. Les ennuis principaux sont pour les lanceurs d'alerte.
On remarquera que c'est le même phénomène qu'on a pu observer pour la vague de #Metoo . Certes, certains hommes ont eu des ennuis, mais ils restent à la tête de ce qu'ils ont pu construire pendant leurs années de puissances et d'impunité, tandis que leurs victimes et plus encore celles qui ont eu le courage inouï de parler font face à toutes sortes de conséquences négatives et peuvent rarement rester dans ce qui était leur domaine professionnel d'avant qu'elles osent dénoncer ce qui s'y pratiquait.
J'aimerais que ça change. Je ne vois (hélas) pas comment.
Concernant les sports tels que le cyclisme, la plus grande hypocrisie reste de mise, disons que le dopage chimique est peut-être un peu moindre, au profit d'un dopage mécanique de plus en plus performant, mais ceux qui feignent de croire que les affaires du tournant du siècle ont assaini la situation m'agacent. Quelques-uns ont payé les pots cassés et les méthodes ont évolué, mais rien n'a vraiment changé.