Légère dépression des victoires (ou plutôt : le prix de certaines victoires)
18 juin 2019
(billet à écrire dès que possible)
Sur la recommendation de mes camarades des Joyeux Pingouins en Famille sur la radio Cause Commune, où pour les livres (et le football) j'officie, j'ai vu le documentaire de Dominique Rouch et Karim Rissoudi sur l'équipe de France de football hommes de 2018 et son chemin jusqu'à la victoire en coupe du monde.
Il est riche de bien des choses, au point d'être certainement intéressant même pour qui n'apprécie pas ce sport, et comporte entre autre une séquence dans laquelle Adil Rahmi, calme, laisse couler ses larmes en évoquant la peine que sa mère se donnait lorsqu'elle avait dû élever seule quatre enfants.
Il est possible que tout le monde ne puisse pas comprendre, au vu de la réussite exceptionnelle par la suite. Seulement j'y vois la conscience de À combien ça s'est jouée d'un rien, la mesure des efforts inouïs pour arriver au même point (qui peut être très élevé, je ne veux pas dire) que d'autres pour lesquels ça n'était pas à ce point mission impossible, en plus de la reconnaissance pour un parent qui fit de son mieux, malgré l'adversité.
Dans un autre domaine, puisqu'il n'y a pas de mérite personnel, si ce n'est d'avoir participé individuellement aux prémices lointains d'un mouvement, il y a ces larmes que je ne sais retenir lors des débuts de matchs de la coupe du monde de football actuelle ; je parle de ceux auxquels j'ai pu assister parce qu'ils avaient lieu au parc des Princes et que j'avais acheté des billets : toute l'organisation, tout le cérémoniel. Je suis bouleversée qu'on le fasse enfin aussi pour des femmes. Je n'espérais même pas une telle victoire, lorsqu'à onze ans je voulais simplement pouvoir continuer à jouer au foot et que ça m'était interdit, du moins en équipe officielle, parce que j'étais une fille. Comme le dit Adil Rami dans le documentaire "C'était trop loin dans mes rêves".
Alors je pleure moi aussi de voir se réaliser un rêve que je ne m'accordais même pas. Légère dépression de nos victoires lorsqu'elles viennent de trop loin.