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Ibrahim !

 

    Ce matin un enfant, de la rue a appelé Ibrahim ! longtemps, avec ténacité et patience, sans crier, très calmement, sans doute dans l'espoir que réponde l'un des gamins des habitants du deuxième étage de notre immeuble d'habitation et dont il souhaitait la présence pour jouer au jardin d'en face.

Ça m'a rappelé ma propre enfance du temps avant les téléphones personnels et où l'on jouait dehors tout naturellement sans avoir trop le droit de sonner chez les gens.

Je ne sais si Ibrahim l'a rejoint, s'il était réveillé, si ses parents ont consenti à ce qu'il sorte (1) ou si celui qui appelait s'est lassé ; le fait est qu'à un moment les appels ont cessé.

Entre temps, l'enfant m'avait offert un réveil souriant.

 

(1) Normalement oui, nous nous croisons assez souvent. Et déjà plus d'une fois ils m'ont donnée un coup de main (monter quelques courses, charger des cartons dans la voiture lors de rangements, tenir la porte quand je suis chargée, tout simplement). Ils jouent au foot. Font probablement à l'occasion des bêtises comme tous les enfants vifs et en bonne santé, mais avec moi, ils sont sympas.


Les heures de sommeil

 

    En 2015 et jusqu'en juin 2017, et alors que j'avais déjà des tendances (je peux m'endormir brièvement à toute heure à volonté, il me suffit de m'allonger, me sentir suffisamment peu menacée et fermer les yeux), j'ai été atteinte d'une forme légère de narcolepsie. Je suis parvenue à mener ma vie à coup de violents efforts contre les endormissements et d'organisation (1). 

Depuis, et malgré une vie quotidienne trop remplie, ça va nettement mieux. J'en conservais néanmoins la conviction que j'étais une grosse dormeuse. Mon rythme idéal, je le connais depuis longtemps : se lever à 6h30 se coucher peu après 23h30 si possible, et faire une sieste de 40 minutes en début d'après-midi. 

Le rythme requis par le travail dans notre société à notre époque n'est pas tout à fait celui-ci. Le capitalisme débridé nous pousse de toutes façons à consommer le plus possible et donc à dormir peu, étant donné que l'air n'est pas encore payant (2) et que c'est la seule chose, avec un système de chauffage l'hiver, que l'on consomme en dormant.

Il aura fallu ce cadeau d'anniversaire d'une montre pour le triathlon qui mesure les phases de sommeil et que par curiosité je voie ce que cela donnait pour que je prenne conscience qu'en réalité j'étais plutôt petite dormeuse, ce qui continue de me surprendre. Une semaine normale, pas spécialement par choix mais parce qu'il y a le travail, au matin tôt les entraînements et au soir en rentrant des choses à faire et le besoin irrépressible d'un peu de temps réveillé en roue libre, à prendre des nouvelles du monde et des copains, de temps de lecture aussi, je ne dors qu'environ 5h à 5h30 par nuit.

Du coup je comprends mieux pourquoi je ne souffre pas d'insomnie, je tombe littéralement de sommeil à peine couchée et me réveille sous les injonctions combinées du radio-réveil et du réveil de mon téléfonino. 

Ce dimanche, une cheville en délicatesse faisait qu'aller courir n'était pas une option, tout au plus un peu de vélo, dans l'après-midi. Donc pas de réveil extérieur. Et voir ce que ça donnait. 

Dormir de tout mon saoul, ça donne donc 8h de sommeil 

Capture d’écran 2019-04-07 à 12.12.38Il faudrait pouvoir faire ça chaque jour. Seulement ma vie quotidienne requiert un lever à 6h30, ce qui signifierait se coucher à 22h30. Quand on rentre du boulot vers 20h30 à 21h c'est impossible : il faut dîner, se laver, il y a un minimum de choses à faire pour la maison et il me faut pour le travail du temps un peu pour lire. Sans même parler de partager un moment avec les membres de la famille. Sans même parler de temps humain nécessaire à de la décompression (lire des bêtises, rigoler avec les ami·e·s, faire des jeux idiots, regarder une série ...) car l'être humain n'est pas fait pour être un efficace permanent.

Je me demande quelle solution trouver, comment ménager ce qui s'impose (il faut gagner sa vie, travailler d'arrache-pied pour rapporter quelque argent) et ce dont le corps et l'esprit ont besoin pour fonctionner au meilleur d'eux. Quelque chose me dit que je suis loin d'être la seule et que pour notre société et notre époque, c'est collectivement un réel enjeu. 

 

(1) Entre autre : j'arrivais plus tôt dans ma zone de travail pour pouvoir faire une sieste préventive d'un quart d'heure dans un parc voisin avant d'attaquer mon service qui heureusement n'était en général que les après-midi.

(2) Ça le deviendra hélas certainement, l'air du dehors devenant de plus en plus irrespirable. Il y aura donc des dispositifs pour que nous puissions disposer de temps d'air pur, inévitablement payant. Les riches auront des équipements légers et permanents, les pauvres, de plus encombrants et seulement par moment. Les pauvres tousseront. Les riches peut-être aussi mais en s'intoxiquant volontairement avec des substances entre autre tabagiques. 

 


Une traversée de Paris

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Nous devions traverser tout Paris ou quasi pour différentes choses à faire, dont une très plaisante : aller voir l'expo Hamershoi au musée Jacquemart André, et qui nous a régalés.

Je m'étais renseignée via des liens envoyés par des ami·e·s sur les trajets des manifs de Gilets Jaunes, afin de mieux les éviter. 

Il y avait moins de passants dans la ville qu'à l'ordinaire d'un week-end d'avril ensoleillé. Mais pas mal quand même. 

En fait, à part des déplacements rapides de véhicules de police, et plus nombreux qu'à l'ordinaire, nous n'avons rien vu des défilés de manifestants. Rien. Du tout. 

Alors que des photos, notamment prises à La Défense, les montraient plutôt nombreux.

Si nous n'avions pas su qu'un important mouvement était en cours - les photos prises à La Défense en attestent - nous n'aurions pas su ni deviné, qu'il y avait un rassemblement. J'aurais vraiment de bonne foi pu soutenir à quelqu'un que non, à Paris aujourd'hui tout était calme et d'ailleurs je l'ai traversé de part en part ou presque, sans rien voir que des Parisien·ne·s vaquer à leurs occupations et des touristes à valises roulantes.  

C'était curieux, mais tant mieux.

 

 


Raréfaction des zones de pêche (Poisson d'Avril)

 

    Nous en parlions ce week-end avec les ami'e's : l'exercice traditionnel du canular du premier avril devient de plus en plus coton. Depuis quelques années, pour ma part depuis sous Sarkozy, j'ai commencé à avoir de plus en plus de mal à distinguer la parodie du réel, le canular d'une info réelle, perçue brièvement comme drôle avant de susciter d'effarement. Avec l'élection de Trump le phénomène a pris une ampleur sans limite, le Brexit a élevé l'ensemble au rang d'art et l'ère de Président Macron, avec des déclarations qui semblent sorties d'un générateur de phrases et un virage répressif et autocratique peu compatible avec ce pays, est une grande fournisseuse de Mais vous êtes sûrs que c'est pas un canular ?. Les gouvernements d'extrême droite qui, terminée la sorte d'immunité qu'avait accordée la fin de la seconde guerre mondiale, fleurissent un peu partout sont également de formidables pourvoyeurs de Ah la bonne blague !, Oh zut c'est vrai. Globalement le capitalisme débridé qui règne sur la planète avec ce que ça donne aux marges (tout ce qui peut se vendre existe, y compris le plus délirant) est un excellent pourvoyeur de canulars en pour de vrai permanents. 

Ce qui devait arriver arriva. 

J'ai commencé ma journée ce matin en entendant Clara Lecocq Réale qui présentait le journal de 8h sur France Culture préciser : "En ce 1er avril ceci n'est pas une blague, en Ukraine le comédien Volodymyr Zelenskiy est favori des sondages. Il l'a emporté hier au premier tour [de la présidentielle] ..."

Je m'aperçois en recherchant le journal précis, que je suis totalement en phase avec Camille Magnard et sa revue de presse internationale du matin.

Les #AprilFools sont en perdition.