Notre-Dame en feu, comment on l'a appris
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Lendemain d'incendie [Notre Dame]

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Cette photo a été prise par Brooke Windsor, juste avant l'incendie et elle tente de retrouver les deux personnes qui figurent si joyeusement au premier plan.

Impressionnant témoignage de l'organiste qui accompagnait une messe au moment où sans autre signe particulier une première alarme s'est déclenchée. À telle enseigne qu'une fois les visiteurs et les fidèles évacués le prêtre et lui ont quitté les lieux en restant persuadés qu'il s'agissait d'un dysfonctionnement [article paru dans Ouest France].

Bel article dans Le Monde détaillant le travail des pompiers.

Belles explications de Clément Saviani (dont j'avais suivi la veille au soir avec grand intérêt les touites sous son pseudo Truelle) au sujet de l'état des lieux et des apparences potentiellement trompeuses 

Bel hommage en français d'un candidat démocrate à l'investiture pour les présidentielles, Pete Buttigieg. Barack Obama, classe, as ever. On a beau savoir que c'est un exercice obligé, on ne peut s'empêcher d'y croire un tantinet. 

Un peu d'humour a d'ailleurs commencé à faire sa réapparition, plus particulièrement en réplique à des touites quasi promotionnels d'hommes politiques (typiquement, celui-ci)

Une intéressante conversation entre deux amis sur la défiscalisation assez importante des dons. Dans ma tête les deux voix co-existent et je ne sais que penser. 

 

Pour ma part, j'ai passé la journée totalement à côté de mes pompes, je ne sais pas le dire autrement, in a daze, la tête ailleurs et un sourd chagrin. Des larmes à refouler. 

Bien sûr, ça n'est pas aussi douloureux que lorsque des vies ont été brisées, seulement il y a réellement quelque chose qui usine intérieurement et qui tient du deuil. 

Je n'ai pas pu travailler à mon projet professionnel comme je le souhaitais. 

Un des trajets que je devais faire m'a amenée, parce que j'avais pris le bus 21 à la suite d'un appel téléphonique (1), à passer devant la cathédrale. 

C'était globalement une drôle d'ambiance ce jour, dans tout Paris. Les gens blafards, si ce n'était de chagrin, au moins d'avoir veillé tard. Des conversations tenues à voix basse. Les seuls que j'ai vus jouer, parler un peu fort, étaient des enfants.

Et dans le bus aux abords de la cathédrale les personnes qui se parlaient, entre autre juste devant moi une mamma africaine et un vieux monsieur des beaux quartiers. 

La zone autour de l'église était largement bouclée, les entrées possibles mais filtrées, puisque des personnes devaient pouvoir accéder à leur lieu de travail, il fallait quand même qu'elles puissent passer. Un café avait la particularité de n'avoir plus qu'une de ses terrasses accessible par la rue, et l'autre uniquement par l'intérieur de l'établissement. Du coup ça donnait lieu à quelques gestes d'échange

Sur les ponts une foule assez nombreuse quoi que fluide. 

Un homme de télévision, cathédrale bien cadrée en fond, présentait un direct. Les passants se tenaient à distance respectable, au lieu des habituelles tentatives de photobomber ce genre de captation. 

Et puis le plus important : les pompiers sont vraiment parvenus, du moins en apparence, à préserver une grande partie du bâtiment, la façade avant, ses deux tours, la grande rosace. 

L'étonnant : la façade telle qu'en son récent ravalement, pas même de traces (du moins visible d'un bus) de noircissement. Quel soulagement ! 

L'étrange : c'est de côté (et sans aucun doute vu de l'arrière mais je n'y passai pas) qu'on se rendait compte que ... hé bien, le vide. et une structure d'échafaudages pas tout à fait d'équerre. Ce qui fait que Notre Dame ressemblait un peu à un décor de western : les façades des saloons, et derrière des étais

Même si je suppose qu'une partie des pierres ou du mortier ne saurait plus soutenir quoi que ce soit, fors à représenter un danger, c'était un grand soulagement de voir l'édifice encore tel qu'en lui-même du moins pour grande partie. 

J'ai repris un peu d'énergie. Mais guère d'efficacité. La tête ailleurs, profondément. D'expérience (!), en quelques jours, ça devrait passer. 

Il faudra du temps, longtemps, pour reconstruire (2). 

 

(1) Je veux dire que comme je téléphonais, j'ai marché au lieu de prendre le RER à Port Royal où je me trouvais et que du coup le plus simple après avoir raccroché était de rejoindre Satin Lazare en bus.

(2) J'ai appris grâce à Tarvalanion que dans le cas de tels monuments, c'est l'État son propre assureur. D'où les souscriptions pour la reconstruction.

 

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