Les crimes imparfaits
Samedi non travaillé

Félicité


    C'était ce matin, le printemps en train. Se lever tôt pour aller nager, un bon entraînement où pour une fois je ne fus pas la plus lente, ce qui est surprenant. Un petit déjeuner collectif comme ils font du bien. Julien S. évoquait le marathon de Boston, comme on y est traités chacun comme des champions. Il l'a couru avant l'année de l'attentat (1). C'était très beau la façon dont il évoquait l'épreuve, son parcours en tout droit, l'ambiance de fête avec jour de congé. 

Fullsizeoutput_12ec Il y avait un monde fou à la boulangerie alors j'ai pris mon petit déj d'un côté, nous, du triathlon, occupions toute la travée, et ensuite alors que tout le monde partait, une part ample de pain aux noisettes, ainsi qu'un pain feuilleté. De l'extérieur les camarades m'ont saluée et c'était comme une scène de film, le groupe qui s'égaie, vu de l'intérieur d'une baie vitrée et le salut joyeux (2). 

J'ai marché jusqu'à la maison par un pur temps de printemps. La perspective était une journée à la BNF, toujours un moment stimulant. Je suis passée par les jardins. 

Alors que j'arrivais devant notre immeuble, j'ai vu un livreur de colis postaux démarrer, ai songé, C'est pour moi, et là aussi, un peu comme dans un film, c'était parce qu'une livraison de bouquins pour un jury de lecteurs et lectrices libraires dont je fais partie venait de m'être déposée.

Le fiston était à la maison, réveillé, vif et rigolard dans un de ses jeux collectifs connectés.

Rien n'allait spécifiquement mal. Tout était paisible. J'ai pris une photo des pains et des livres, pour conserver la mémoire d'un bonheur qui, je le sais d'expérience, ne saurait durer. 20190322_092856

(D'ailleurs j'avais mal à la cheville droite, qu'est-ce que ça va donner pour la course de dimanche ?)

 

(1) Au passage un article réconfortant sur les relations entre victimes et sauveteurs persistants des années plus tard. Je me souviens de Jeff Bauman, son témoignage décisif et des paroles réconfortantes de Francis D. ; je n'étais pas encore triathlète mais déjà pourvue d'ami'e's marathonien'ne's, et à ce titre profondément choquée, d'autant plus que j'avais su (ou suivi) en direct. Peut-être que la tragédie avait conforté ma décision de m'y mettre, qui devenait du coup en plus du reste aussi une façon de résister.

(2) Il n'y avait que deux personnes avant moi, j'avais cru pouvoir chercher mon pain et rejoindre le groupe, mais de leur côté en raison des contraintes professionnelles le départ s'est accéléré malgré une conversation qui battait son plein et du mien, comme une des personnes passait commande pour un groupe et que ça semblait compliqué, ça traînait.  

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