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Une interview de Mark Hollis


    Il était le leader du groupe Talk Talk qui eut ses heures de gloire dans les années 80 du siècle précédent. Je n'en étais ni fan ni ennemie, il faisaient pour moi partie de ceux qui définissaient "l'air (musical) du temps". 
En revanche grâce à la richesse autorisée par le succès, il avait pu ensuite s'offrir la musique qu'il voulait dont un "Mark Hollis" en 1998 particulièrement épuré. Il se trouve que j'apprécie ce genre de travail, pour une peut-être mauvaise raison : il fait partie des environnements sonores stimulants pour écrire. À la fois peu envahissant, mais pour moi protection efficace contre le #JukeBoxFou de dedans ma tête (lequel est tantôt allié tantôt ennemi du travail d'écriture, selon ce qu'il émet et à quel moment), et apportant de l'énergie aux neurones. 

Grâce à Tomek sur Mastodon, j'ai découvert une des rares interviews du défunt musicien. Elle est très intéressante, je souhaitais en conserver les liens. Merci Tomek.

Il faut avoir une très bonne raison de rompre le silence - partie 1
Il faut avoir une très bonne raison de rompre le silence - partie 2


Concomitance avec Sophie


    Je m'aperçois seulement ce soir que c'est précisément quand sort le livre de Sophie Calle "Que faites-vous de vos morts ?" et qu'elle est intervenue à son sujet sur France Cul, que je suis parvenue à faire retaper la tombe de mes arrières-grands-parents, tombe dégradée au point qu'elle avait été affublée d'un écriteau "concession en voie de reprise". 

J'étais la personne la mieux placée pour m'en charger ... sauf que j'ignorais jusqu'au jour de l'enterrement de ma mère et que ma cousine Claire m'en parle, que c'était la tombe des arrières-grands-parents. 
Mon côté Rantanplan m'avait simplement fait me dire que Lemercier était un nom décidément répandu dans la région. 

C'est une sorte de bonheur, une grande satisfaction. D'autant plus que j'ai pu payer ou plutôt avancer les fonds pour ce qui sera un collectif de cousins cousines, ce qui fait que tout est réglé. 

J'ai l'impression que la gravure de la tombe voisine de mes grands-parents a été redorée aussi.

Il y a quelque chose de fort réconfortant dans cette coïncidence de temps entre Sophie et moi. 


Le carnet trouvé (avis de recherche)

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Jeudi 21 février 2019 au matin j'ai trouvé sur les quais de la ligne 6 un carnet de travail de quelqu'un qui peint, fait des arts plastiques, prend des notes en cours, des croquis dans le métro et va au cinéma. Il n'y avait aucun nom de l'artiste, ni adresse, mais une page de photos d'identités dont j'ai toutes raisons de croire qu'il s'agit de celles de la propriétaire du carnet. 

Mon expérience personnelle des services d'objets trouvés, en tant que récupératrice fréquente et parfois victime de vols, me rend réticente à abandonner immédiatement ce carnet à l'un d'eux. D'autant plus que vu l'emplacement où je l'ai trouvé je peux autant supposer qu'il s'agit du reliquat d'un vol - aucune valeur marchande de revente immédiate, on bazarde et on garde le reste d'un sac dérobé -, que d'une chute hors d'une besace ou d'une absolue distraction. Or dans le premier cas la personne n'imaginera pas forcément que son carnet s'est retrouvé sur un quai de la ligne 6 et n'ira pas aux objets trouvés RATP ou de la gare Montparnasse. Je ne voudrais pas que les dessins soient promis à la destruction passé un certain délai, si d'aventure leur autrice ne vient pas les rechercher.

Bref, pour l'instant j'ai décidé de tenter la recherche via les internets. J'aimerais lui restituer son carnet, qui contient bien des notes pour des travaux en cours, sans tarder.

Voici un exemple des dessins, pour le cas où quelqu'un reconnaîtrait le style d'une personne qu'elle connaît.
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Une première recherche a permis de constater que la jeune femme n'étudie pas aux Beaux Arts. 
Si vous connaissez une école d'art aux alentours de la gare Montparnasse, n'hésitez pas à me faire signe. 

Merci par avance pour elle. 

 

 

 


Comme je n'ai pas le temps d'écrire mon téléfonino le fait à ma place

    

    Un des avantages de faire partie de l'équipe des Libraires Volants est qu'au gré des missions et comme nous avons droit à une pause déjeuner d'une heure, il est possible de partager un repas avec les ami•e•s qui logent ou bossent non loin. 

Ainsi hier, j'ai eu ce bonheur de partager une heure avec l'une de mes amies, simplement par la suite d'un SMS qu'elle m'avait envoyé sur un tout autre sujet et sur le mode, je suis dans le coin, aurais-tu du temps ? 

Ensuite le boulot a repris de plus belle, j'avais rempoché mon téléphone fissa à l'entrée d'un client à peine l'amie partie ; quand on tient une boutique, le temps ne nous appartient pas. 

Un SMS de mon amie m'est parvenu peu après, comme je craignais un incident lors de son retour, quelque chose d'urgent, un oubli, je l'ai consulté dès que j'ai pu. Elle me disait gentiment quelque chose comme Je crois que le SMS précédent ne m'était pas destiné. 

J'étais surprise : depuis celui précisant l'adresse de la librairie pour laquelle je travaillais, je n'avais rien envoyé. Plus tard, quand j'en ai eu le temps, j'ai consulté l'historique de notre conversation. 


En fait, je n'avais pas été efficace lors de la mise en pause du téléfonino avant de le rempocher. Il était resté sur la dernière page ouverte, un texto de l'amie me confirmant sa venue. Et de là, le système d'aide à la saisie avait composé un texte un tantinet surréaliste et dans doute qu'un pli de mon vêtement s'était trouvé au bon endroit pour créer un appui sur "Envoi" lors de l'un de mes mouvements. 

J'ai cru m'étouffer de rire lorsque j'ai lu le résultat. À quoi bon tenter d'écrire lorsqu'on dispose d'un téléfonino si créatif ? : 

HEt qu'elle étaisà déjà de de la 888777u7 de faire des trucs à Arras faisaient de de de de a à la librairie nous de de a de la journée à toi et de de la de a à de tout autres trucs de a 888777u7 de faire un massage de de de a fait x est en train de wiig8g̈fait une enveloppe minuit et une de a fait x w wwwwwww TML.5

Si d'aventure je parviens un jour à trouver le temps d'écrire un polar et que celui-ci comporte une péripétie autour d'un message codé, je n'aurais pas besoin de trop me casser la tête pour l'inventer. 

 

 


C'est pour signifier la disparition


    C'est ce que je n'ai pas entendu à la radio ce matin, car je dormais encore trop profondément : 

Pascale Pronnier et Anna Katharina Scheidegger étaient les invitées de Tewfik Hakem

Sur le site, après-coup j'ai lu ceci qui m'est resté : (propos d'Anna Katharina Scheidegger retranscrits)

Le point de départ de mon travail est la disparition des glaciers en Suisse. J'ai commencé à travailler autour de ces thématiques au travers d'une série de photographies de glaciers qui sont couverts par des bâches pendant l'été pour les protéger du soleil. En Suisse il existe des contes pour enfants qui racontent que lorsque les humains ont maltraité la nature, ils sont pris après leur mort dans les glaciers, comme punition. Donc maintenant que le glacier fond on se retrouve avec tous ces esprits qui sont dans le paysage. J'ai cherché une façon de représenter ces pauvres âmes et j'ai décidé de faire un moule de mon buste en glace. Ce que je montre dans l'exposition sont des têtes en glaces qui sont remplies avec des fleurs. C'est pour signifier la disparition mais aussi l'idée que la perte laisse une place afin que quelque chose de nouveau puisse surgir

Sa dernière phrase plus particulièrement me trotte dans la tête depuis l'instant où je l'ai entendue - lue. 

 


My own private monday evening five o'clock blues

    

    Longtemps je fus sujette au fameux sunday evening five o'clock blues, si bien connu de celleux qui ont fait leurs études en internat, le week-end étant si court, pour ma part dû à trop de travail presque tout le temps même quand j'aime mon métier comme en ce moment et globalement le plus souvent depuis que je travaille comme libraire. On doit déjà reprendre le collier, la semaine s'annonce chargée et l'on n'en a pourtant pas fini avec tout ce que l'on avait à faire dans nos vies personnelles. 

Ces dernières années, du fait de ce métier, mes week-ends se sont trouvés décalés : dimanche - lundi plutôt que samedi - dimanche. Mon cours de danse, était ainsi passé du samedi au lundi (après quelques années de jeudi après-midi). Dès lors mon dimanche qui était le lundi était porteur d'un temps personnel fort, qui me demandait de la concentration, me permettait de laisser les tracas à la porte, et était suivi puisque le club de sport en comportait d'un moment de détente, hammam ou sauna. Ça me remettait le corps à neuf pour la semaine. 

Seulement voilà, les clubs de cette chaîne ont licencié la plupart de leurs professeurs de cours spécifiques, danses, ou yoga. Fin des cours de danse.

Alors le lundi est devenu pour moi un dimanche comme les autres, ma famille en moins puisqu'en général les semaines d'études ou de travail vont du lundi au vendredi. Et le sunday evening five o'clock blues a viré au monday evening five o'clock blues. Démarrer la semaine est plus difficile aussi. 

 


Prévention et secours civique de niveau 1, formation suivie, enfin

Si vous souhaitez suivre une formation, c'est par ici, les explications.     

*                            *                            *

    Sans doute du fait d'avoir depuis son début une vie laborieuse (au sens de : consacrer à travailler, qu'il s'agisse d'études ou de jobs plus ou moins rémunérés) et d'avoir longtemps été de santé fragile, j'ai presque toujours mis longtemps à réaliser ce que j'estimais devoir faire ou tenter. Je suis aussi presque toujours parvenue à faire ce qui devait être fait, à tenter.
Seulement longtemps après.

Je voulais nager, je voulais chanter, j'ai été écartée de la natation à 10 ans par les adultes au prétexte de ma mauvaise santé, j'y suis revenue à 40, j'ai fait partie d'une chorale à 34 et jusqu'à ce que mes contraintes professionnelles m'en empêchent ; j'ai tenté et je tente encore de me dégager du temps pour l'écriture, j'y suis parvenue en 2009 / 2010 pour une micro-publication en 2012 et là je n'ai pas dit mon dernier mot ; en 2011 j'ai su qu'il faudrait que je me frotte au triathlon et suis parvenue en 2016 à m'inscrire dans un club et, là aussi m'y essayer. 

Pour ce qui est du secourisme, et d'apprendre au moins les premiers gestes à accomplir en cas de nécessité, je crois que j'ai battu mes records de longévité entre l'idée Je dois m'y mettre et sa réalisation : au moins 29 ans. 
Ça a été possible grâce à mon club de triathlon, et je suis très reconnaissante envers Cécile qui a organisé les choses et permis que nous bénéficions d'un tarif accessible.

En effet c'est là que le bâts blesse : en France et pour l'instant, si vous estimez de votre devoir de citoyen•ne que de savoir faire en cas de malaise ou d'accident les premiers gestes justes, en attendant les secours, et sauf à faire partie d'une entité (entreprise, association ...) qui l'organise, la formation qui dure une journée, sera à votre charge. Et même si les formateurs et formatrices sont bénévoles et que seul le coût réel est répercuté, il vous en coûtera, en 2019, 60 €, que je sache pas même déductibles des impôts.
C'est aussi la raison pour laquelle je ne l'avais pas faite plus tôt : chaque fois que je m'étais renseignée le prix à payer sur le budget d'une famille aux fins de mois toujours délicates m'avait fait reporter l'entreprise à des jours meilleurs.

Je crois que ma première velléité d'apprendre remonte en fait à plus de 29 ans : mon père, un homme très costaud, possédait néanmoins la caractéristique, sans doute liée à la thalassémie dont il était porteur, de s'effondrer brutalement en cas de fortes fièvres. J'avais lu ou vu quelque part ou entendu dans un cours en classe, qu'il existait des formations de secouriste et m'étais dit qu'il faudrait que j'apprenne, pour au moins savoir quoi faire, lors de ses pertes de connaissance ou sur les terrains de foot quand quelqu'un se blessait. On m'avait dit, c'est pour les adultes.
Plus tard, il y eut l'attentat de la gare de Bologne, et la jeune pré-adulte que j'étais avait re-pensé que ça serait utile vraiment de savoir faire ce qu'il faut si l'on se trouve témoin. Mais à l'époque, pas d'internet, pas facile de se renseigner lorsque l'on est dans son coin, que l'on ne peut téléphoner (c'est le fixe des parents, il faut demander la permission et parfois lorsque l'on sait que la réponse va consister en un interrogatoire dissuasif, on renonce par une sorte d'auto-censure de l'élan d'entreprendre). Et puis je supputais qu'il fallait être majeure.

Ensuite ma vie a été très chargée, il fallait s'en sortir, travailler, c'était du temps plein. Je crois me rappeler que lors d'une discussion de soirée, quelqu'un s'était montré dissuasif en arguant qu'à quoi bon puisque de toutes façons tous les hommes qui faisaient leur service militaire l'apprenaient au passage. Comme je n'étais pas sauvagement certaine d'être capable d'avoir le sang froid nécessaire en cas d'accident voire de tragédie, je m'étais faite à l'idée que effectivement beaucoup de personnes savent, on doit pouvoir appeler quelqu'un. C'est un micro-exemple comme un autre de la façon dont on formatait les jeunes filles et les femmes à ne pas avoir confiance en elles : ne vous inquiétez pas, les hommes savent bien faire ça. 

J'avais quand même conservé dans un coin de ma tête, une loupiote qui disait, n'empêche si un jour je suis quelque part, un travail, une entreprise, une ville, où l'on me dit que c'est possible d'apprendre, j'irai.

En 1990 ma fille est née. D'avoir la responsabilité entière et permanente d'un si petit être me semblait une tâche de la plus haute importance, tout ce que j'avais pu être amenée à prendre en charge en tant qu'ingénieure me semblait de la gnognotte à côté. C'est de là que vient une volonté devenue ferme : je dois apprendre. Si le bébé avale un truc il faut que je sache le lui décoincer. Savoir que faire et ne pas perdre ses moyens (1) en cas d'accidents. 
Il y avait des formations organisées par la Croix Rouge dans ma ville, mais impossible avec les horaires, ou alors il fallait faire garder la petite, ça mettait le coût de l'opération assez élevé, il y a eu la reprise du travail, période difficile, déjà des restructurations, je n'ai plus touché terre, et c'était reparti de mettre sous le boisseau tout projet personnel.

Sporadiquement je me suis à nouveau renseignée, mais ça ne collait jamais : pas à des moments où je pouvais y aller, pas à des mois où je pouvais me le payer. Personne pour me dire, Oui c'est une bonne idée. Plutôt une sorte de sourde dissuasion. 

En 2015 il y a eu les attentats à Paris, et je me suis dis que cette fois il fallait vraiment que je m'y mette. La ville de Paris a organisé des formations "Premiers gestes de secours" et par trois fois j'ai tenté de m'y inscrire. Peut-être parce que j'habitais de l'autre côté du périph je n'ai pas été admise. Ça aurait de toutes façons été compliqué, car je bossais alors le samedi et que ça avait lieu ces jours-là.

Il aura donc fallu mon club de triathlon et sa bonne organisation, pour que je puisse apprendre enfin, au prix de 5h30 de travail de libraire.
Ce fut donc à la Protection Civile, un dimanche, et effectivement très instructif, avec des cas concrets simulés, ce qui peut permettre de se mettre en condition même si l'on sait bien que ça ne saurait présager de nos réactions dans une réalité dure et soudaine.

J'ai donc appris qu'en cas de personne faisant un malaise ou blessée, en France sur la voie publique et encore aujourd'hui, le 15 est le plus efficace, mais que le 112 est valable et qu'il existe un numéro le 114 qui permet de communiquer par écrit. Nous avons appris les massages cardiaques et le bouche-à-bouche et comment nous servir des défibrillateurs ; pour ceux-ci si l'on ne sait pas, une voix une fois qu'ils sont allumés indique la marche à suivre. Nous avons appris à gérer le passant paniquant, ainsi que les précautions à prendre pour que quelqu'un envoyé prévenir le fasse effectivement (2). Nous avons bien ri (je n'ai pas pu m'empêcher de faire la clown dans le rôle du passant paniquant), admiré l'un des nôtres aussi (salut Luc, qui aurait fait un excellent médecin urgentiste s'il en avait eu l'intention, calme, sang-froid, efficacité, tutto bene).

Au passage j'ai aussi appris le dévouement de toutes et tous ces bénévoles, dont je n'imaginais pas qu'outre le fait d'un engagement gratuit, ils devaient prendre sur leurs congés les interventions en urgence et leurs propres formations. 
Quelle société mal organisée qui rémunère à prix d'or certains boulots de pure esbrouffe ou dont la seule finalité est de nous faire encore et encore sur-consommer, et pas du tout celles et ceux qui nous sauvent. La personne qui nous a formé nous a lors d'une pause expliqué qu'elle bénéficiait d'un employeur bienveillant depuis qu'il avait appris sans qu'elle y soit pour rien, son activité sociale ; seulement ce n'est même pas évident. Et comment faire alors que le travail se précarise pour pouvoir si on le souhaite se rendre utile aux autres alors qu'on peut être aussi réquisitionnés pour du boulot. Seul un travail régulier permet un tel engagement. 

En attendant, je suis sortie de cette formation munie d'une nouvelle confiance, et presque rassurée. Ayant passé un excellent dimanche, en fait, alors qu'après une semaine chargée et un travail en librairie samedi, j'étais fatiguée.

Apprenez donc les gestes de secours et de prévention, pour le moral c'est bon. 

 

(1) ou plutôt : moins risquer de les perdre en sachant au moins la théorie de ce qu'il convient de faire.
(2) C'est LE truc auquel je n'aurais jamais pensé spontanément, que la personne qui dit qu'elle va chercher des secours, par exemple si pas de téléphones disponibles, tout simplement se barre et ne le fasse pas.

 

 


Jour de boue


    
    Quand nous nous sommes réinscrits pour le Maxi Cross de Bouffémont, j'avais la ferme intention de m'entraîner sérieusement, c'est-à-dire dans mon idée d'aller faire nos entraînements dominicaux en forêt et de réussir un temps presque normal.

J'avais orienté les courses de l'automne vers des semi afin de voir s'il était raisonnable ou utopique de m'inscrire en L pour le triathlon club. Comme je suis irrémédiablement lente, question thalassémie + âge (il faut rester prudente) + cardio qui monte vite haut, l'idée est d'aller sur des distances longues où beaucoup de monde est lent. Sur le M je suis trop au ras des fesses des barrières horaires. 
Résultat de ces tests, La Sedan-Charleville, le semi de Saint-Denis et le semi de Boulogne : je ne vais pas vite, mais je cours ces distances sans problème. Chose dont je ne me serais jamais cru capable, merci à mon club de triathlon de m'avoir appris la confiance en moi et d'avoir de bons coachs et une ambiance stimulante.

Inconvénient : je n'ai pratiquement pas couru en forêt. Ne suis parvenue à pousser sur zone, mon sparring-partner-conducteur-époux qu'une seule fois ou deux de tout l'automne-l'hiver. 
Et pour des raisons d'agenda nous n'étions pas à la reco. 

Du coup je ne savais pas trop où j'en étais concernant les trails. Le plus récent non-urbain étant celui de la Chouffe au 14 juillet dernier. 

Il s'est trouvé que fatigués par des grosses semaines de boulot nous avons eu du mal à décoler en ce dimanche matin. Et qu'arrivés vers Saint-Prix une violente averse de grêle a rendu la circulation difficile (pensée pour celleux du 41 km qui devaient être dessous). Sans être à proprement parler en retard, nous sommes donc arrivés sans marge, à peine le temps de passer aux toilettes et de saluer les copains et copines. Dès lors, et puisque les premières centaines de mètres de la course constituaient de fait l'échauffement, j'ai démarré dans les derniers, ce qui fait qu'au lieu d'être larguée au sommet de la première montée, dès le bas j'étais seule avec deux autres dames, régionales de l'étape et qui connaissant ses capacités à tuer les pattes d'emblée, avaient sagement décidé comme moi de ne pas faire la première côte, la redoutable du cimetière, en courant. C'étaient deux amies qui s'étaient fixé ce défi, après avoir réussi l'an passé un marathon de Paris et leur compagnie était revigorante. Nous avons assez vite décidé, ça allait de soi, de cheminer ensemble. Parfois nous avions un rythme différent, parfois l'une ou l'autre faisait une pause technique, mais nous nous attendions à la croisée suivante de chemins ou en haut de la difficulté d'après. 
Le fait est que nous ne voyions plus personne devant et que même si le chemin était fort bien balisé, c'était mieux aussi pour des raisons d'entraide et de sécurité. 
L'une de mes co-coureuse a hélas fait une chute, et plus tard une autre, ce qui a un peu entamé son entrain. Nous avions passé un ravito fort sympathique, elles avaient leurs petites familles respectives en supporters, c'était chouette de courir avec tant d'encouragements, je m'étais trouvée spontanément associée. Je n'avais pas le cœur qu'on se quitte, de toutes façons à la jouer perso, qu'aurais-je gagné ? Il ne faisait pas un temps à établir de RP.

Laurent de Cap Marathon à Ermont est venu nous rejoindre vers la statue de la vierge (j'ai admiré le petit gazon à prier), et partant de là, c'était certain que nous allions arriver au bout, ce n'était plus qu'une question de se soutenir dans les passages à vide ou particulièrement difficiles. Avec Laurent nous ramassions les (rares) détritus abandonnés par des coureurs, et à l'aider je me suis sentie utile. Il a été parfait, calquant son allure sur la notre d'escargots. Grand merci à lui.

Vers la fin, alors que nous étions en train de négocier le fameux "M", le vent s'est levé et la drache a redoublé. Nous avions eu droit à un peu de soleil encourageant peu auparavant, sinon il avait fait très gris ou pleuviné tout du long. 

D'environ 10°c, la température était tombée à 7°c et ça se sentait. Par précautions je m'étais plutôt sur-équipée : 
mes bonnes chaussures de trail (de la marque qui s'en fait une spécialité), des chaussettes spéciales trail avec un chaussant qui contient une part de soie (zéro ampoules depuis que je les utilise), des guêtres comme pour la danse mais noires, un collant long 2XU qui est une perfection (il tient chaud quand il fait froid, et se fait tout léger quand il fait chaud), un petit short Levallois Triathlon pour le chic, un sweat manches longues très fin mais chaud de la même marque, un maillot cycliste sans manche du Levallois Triathlon (très pratique pour les poches arrières), le sweat noire à capuche chaud, et par dessus le coupe-vent Salomon rose que j'avais acheté pour les 10 km de La Rochelle quand j'avais su que ça se courrait sous la pluie et qui était coûteux mais mérite n'était pas une arnaque : il protège vraiment de la pluie même assez forte sans presque d'effet Kway, que t'es aussi mouillé dessous que dessus (1) ; pour me protéger la tête j'avais un bonnet ou tour de cou du club et les capuches du sweat-shirt et du coupe-vent pour quand ça drachait plus fort. J'avais des gants de vélo, parfaits pour tenir ce qu'il fallait chaud et les passages à cordes.
Résultat de tout cet équipement : à aucun moment même sous le vent, même aux passages pluvieux je n'ai souffert du froid.

La boue était particulièrement épaisse et fuligineuse cette année. Sur plusieurs sections pas d'autres moyens que de s'enfoncer jusqu'à la cheville, pas de contours possibles. Le fait de passer en dernier fait qu'en plus tout a été labouré par les pas du peloton qui nous avait précédé. 

Un peu avant le ravitaillement nous avons commencé à être dépassées par ceux du 41 km qui avaient du parcours avec nous en commun toute la fin. 

Note à moi-même : ni lunettes ni lentilles de contact et finalement c'était bien comme ça. 

Nous avons pris soin d'arriver ensemble et en courant, c'était joyeux. Je crois que mes camarades ont souffert mais avec beaucoup de courage elles avaient terminé.
Quant à moi, d'y être allée tranquille, j'étais en pleine forme, ce qui m'a donné l'idée folle de tenter le 41 km l'année prochaine, et dont les derniers arrivaient en même temps que nous. JF en revanche était plutôt déçu et dépourvu d'envie de recommencer, il m'attendait dans le gymnase en grelottant  ; bien secoué par l'une des quatre chutes qu'il avait faites (probablement du fait d'avoir dû enlever ses lunettes à cause de la pluie et du coup mal vu où il mettait les pieds).

C'était la première fois que je ne courais pas seule ; je suis le plus souvent en chasse-patate entre le gros du peloton et les vraiment derniers. J'en garderai un super souvenir. Il est vrai que mes compagnes de course étaient particulièrement de bonne compagnie, ce fut un plaisir de les rencontrer. Et Laurent a été un accompagnateur d'une patience et d'une bonne humeur délicieuses. 
Je crois que ça m'a aussi été d'un grand réconfort de me découvrir capable d'être utile, malgré ma lenteur, capable d'aider à la forêt laissée propre, capable d'encourager les autres. J'ai franchi une étape, que je pressens importante, et qui n'a rien à voir avec le chrono.

Le seul point triste est l'état de la forêt, décimée par les coupes qui étaient déjà fortes mais se sont multipliées sans vergogne depuis que les châtaigniers sont atteints par la maladie de l'encre. Elle est réellement là, j'ai vu des arbres qui "salivaient", je crois que c'est un signe de la maladie à un de ses stades [je peux me tromper], et j'en aurais pleuré. Ils sont condamnés. Et vont devenir dangereux car leurs racines ne seront plus efficaces. Fullsizeoutput_1270

 

 

Seulement il n'est pas prouvé que les abattages d'arbres non atteints soient d'une quelconque efficacité prophylactique : la maladie se transmet par le sol, les racines. Elle n'a pas de remède connu pour l'instant. Il faut abattre les arbres atteints pour cause de risques de chutes. Bien sûr certaines zones sont replantées mais d'ici à ce que les arbrisseaux atteignent une taille d'arbre qui fait forêt, il se passera du longtemps. 

En attendant, la forêt de Montmorency aura su, grâce au boulot d'organisateurs passionnés, nous offrir encore un beau parcours cette année. Et les arbres m'ont évité bien des chutes dans certaines descentes rendues glissantes par la boue. Si seulement il était possible eux aussi de les remercier. 

J'espère que nous pourrons faire le trail des Reculées dont Delphine m'a parlé et celui de la Chouffe au 14 juillet (sur 28 km, essayer)

 

(1) Comme disait Dany Boon 

(2) comme il avait oublié son téléphone et que je n'avais pas entendu lorsqu'il avait tenté de me joindre avec un téléphone d'emprunt, je n'avais pas pu lui dire d'aller dans la voiture se reposer au chaud et prendre et mettre les vêtements de rechange chaud et secs que j'avais mis dans un sac dans le coffre en prévision de notre état de coureurs sous pluie