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34 ans après - lecture du livre de Denis Robert et ce qu'elle fait revenir -


    Il y a une dizaine de jours, je suis tombée sans l'avoir cherchée sur la série d'émission de France Culture concernant l'affaire Gregory, dans lesquelles Denis Robert lisait des extraits d'un livre qu'il a publié récemment et qui reprend l'essentiel de ses articles de l'époque complété des derniers développements. 

Pour autant qu'il m'en souvienne (1), je ne faisais pas partie des personnes passionnées par "L'affaire Gregory". Or ces émissions, qui m'ont fait lire le livre de Denis Robert (2) et le livre lui-même m'ont accrochée.

Une conversation avec Le Fiston m'a montrée que les nouvelles générations n'ont parfois pas même entendues parler de ce qui est devenu plus qu'un fait divers, un fait de société et quelque chose qui marqua tout le pays, avec une force qu'on connaît moins de nos jours où chaque affaire, du fait des flux d'informations internationaux et multiples tient l'attention publique moins durablement.

J'ai donc envie de rassembler mes souvenirs et quelques réflexions, de quelqu'un de quelconque qui vivait en ce temps là dans le pays où ce fait divers eut lieu il y a 34 ans de ça. Et ce que ça fait au fil du temps.

Comme je dispose de peu de temps, ça sera probablement peu articulé, plutôt du vrac. Je ne prétends rien résoudre, je n'ai pas tous les éléments, ni tout lu, et mon intérêt est récent et lié à la qualité du travail du journaliste joint à l'effet : passage du temps. 
(en fait je n'en reviens pas d'être encore là 34 ans plus tard et pouvant me rappeler)

 

*                    *                       *

1984

À l'époque de l'assassinat de l'enfant, je suis étudiante en 2ème année à l'ESTP. Occupée la semaine par les cours et tout le travail à fournir - moins une charge délirante qu'en classes prépa mais quand même : des projets à remettre à plusieurs, des oraux à potasser ... - et le week-end par aller voir les parents et donner de petits cours de maths pour tenter de ne pas dépendre entièrement d'eux financièrement. Les vacances sont le plus souvent garnies de stages sur chantier. Je vis en cité universitaire avec mon amoureux (devenu le père de mes enfants). Nous n'avons pas encore d'enfant - je crois que ça compte dans la perception que l'on peut avoir de ces drames qui constituent l'affaire -. J'ai été très malade en juillet 1984, une mononucléose et à l'automne suivant je peine encore à tenir le rythme.

Nous disposons d'un budget serré, ce qui fait que j'achète peu de journaux, même si j'aime en lire et qu'à l'époque l'achat d'un quotidien, comme boire un café dans un café ou acheter le pain, représentent de faibles dépenses même pour les petits revenus. Il n'y a pas l'internet pour les particuliers. Seuls quelques élèves ingénieurs dont les parents sont fortunés peuvent se payer les premiers ordinateurs personnels. Les téléphones portables n'existent pas encore. On doit appeler de cabines et un appel coûte cher dès lors qu'il n'est pas strictement local et se prolonge. Dans notre chambre de la cité universitaire, pas de télé. Nous voyons en revanche le week-end quelques JT en passant, des bribes, selon que nous sommes chez les parents de l'un ou l'autre. Notre principale source d'infos est la radio. Radios périphériques, toutes fraîches et encore assez militantes. Un peu aussi France Info. Et France Inter. 

Je suis une lectrice occasionnelle du Monde et de Libé. Une lectrice régulière mais en décalé du Nouvel Observateur auquel mon père est abonné. Biberonnée aux Agatha Christie comme je l'ai été, je suis restée une grosse lectrice de romans policiers. 

Je ne sais plus comment nous avons pour la première fois entendu parler de la mort de l'enfant, pour autant je suis persuadée d'avoir pensé, Quelle horreur ! Pauvres parents, tout en me demandant pourquoi ce fait divers parmi d'autre était évoqué au niveau national. Il y a hélas bien des enfants qui disparaissent ou meurent assassinés, et pour certains ça reste un drame régional, ou cité dans les médias nationaux mais brièvement. Je pense que j'ai été surprise assez vite qu'on en parle tant et m'être dit que c'était peut-être parce qu'il y avait une histoire de lettres anonymes menaçantes. Je crois me souvenir de m'être demandée, Mais comment peut-on en vouloir à ce point à des gens pour tuer leur gosse de 4 ans, et aussi mais quelle lâcheté. 
M'être aussi posé des questions quant à l'écart entre des idées générales que l'on peut avoir, j'étais très satisfaite de l'abolition en France de la peine de mort, et ce qu'on peut faire lorsqu'on se retrouve pris dans un cas concret : je me disais que si j'étais un parent d'un enfant qu'on assassinait et que je savais qui l'avait fait, je serais bien un peu capable d'aller tuer l'assassin, au grand jour, sans chercher ensuite à fuir. Je ne me disais pas que ça serait bien, et je pense sincèrement qu'ajouter de la violence à de la violence ne produit que du pire en pire, mais que ça serait plus fort que moi.

Et puis j'avais ma vie quotidienne intense et surchargée et je n'y ai plus pensé. Mais je restais étonnée du fait qu'on en parlait tant, encore et encore aux informations. C'est un fait divers, terrible pour les personnes concernées, mais n'y a-t-il pas dans ce pays, en Europe ou dans le monde d'autres faits ou débats plus importants.

Je me souviens d'avoir éprouvé exactement le même genre de surprise lors de la mort de Lady Di. Quelque chose survient, qui est bien triste, on est tous d'accord, mais qui au fond ne devrait concerner que les gens concernés - contrairement par exemple avec une série d'attentats qui ont des revendications politiques, qui concernent l'ensemble d'une nation, ou la mort de jeunes poursuivis par la police et qui se font électrocuter dans un transfo : certes un fait divers au départ mais qui dit tant sur l'état du pays, la vie de ses habitants dans certains quartiers, les relations avec les forces de l'ordre -. Sauf que voilà, d'un coup, ça prend d'émotion tout le monde, les médias font de l'omniprésence, le peuple ne parle plus que de ça. Alors qu'à la base, c'est un drame lié à des circonstances et des haines locales et non reproductibles. 

Malgré l'emballement, à mon échelle, j'ai peu de souvenirs de conversations tant entre camarades de classe que dans nos familles. Ça se passe plutôt d'entendre des gens au café ou dans les transports en commun. Peut-être même que si l'un de nous tente d'en causer, on lui dit, ça va, c'est triste mais on n'y peut rien, on n'a pas de temps à perdre, nous, on doit bosser.

Dans mon souvenir, très vite Bernard Laroche, un oncle de la victime est inculpé, une gamine de la famille, témoin de l'enlèvement aurait craqué et avoué. Très vite aussi elle revient sur ses dires. 
J'ai l'âge de me rappeler très bien comment j'étais à 15 ans et de me dire Pauvre gamine et trouver bizarre qu'on puisse interroger seule quelqu'un de pas même majeure. Je trouve bizarre aussi que ça soit une seule personne, l'assassin et le fameux "corbeau" évoqué un peu partout. Je voyais bien un crime collectif, même si ça n'était pas dans un train.

Et puis : on oublie, on a d'autres choses à faire, on bosse, on vit.
Il me semble que nous ne sommes pas mêmes conscients que ça continue du côté des médias.

Souvenirs d'une vague surprise passant devant un kiosque à journaux avec en Une d'un magazine à gros tirages encore des photos concernant l'affaire. Tiens, ils en sont encore là.

Souvenir aussi d'avoir entrevu le juge Lambert à des infos télé, l'avoir entendu parler, et m'être dit, On dirait un petit cheffaillon à la banque (3), c'est pas avec celui-là qu'ils résoudront le crime. Il me semble d'emblée si nul que je me dis que le gars qui a été en prison n'est forcément pas le bon.

 

1985 

Je crois qu'on zappe complètement que Bernard Laroche a été libéré, peut-être parce que nous sommes allés en Normandie pour les fêtes de fin d'année  (pas certaine de l'année, il se peut que je confonde). Normandie où il n'y a pas la télé, ni le téléphone et où nous n'écoutons pas même la radio puisqu'en présence de mes parents. Peut-être que j'entends quelques flashs d'infos en écoutant sur mon walkman ?

En revanche lorsque son assassinat est annoncé, là, nous avons capté. 
Et je crois que la première pensée aura été : Wouahoh ! et guère plus articulée que cela et très très mélangée. Une sorte d'admiration pour le père de l'enfant tué en octobre, tout en se disant qu'il a mal fait parce qu'il vient lui-même de créer un orphelin. Et puis, s'il s'était gouré ? Un peu de compassion pour l'homme assassiné si toutefois ça n'était pas lui le coupable.

Peut-être qu'après ça, je lis un peu des articles et ceux dans Libé avec l'impression que c'est un des rares journal où subsiste un vestige d'impartialité. 

Je me souviens d'avoir été surprise que le juge n'ait pas été sanctionné car même en n'ayant pas tout suivi c'était tellement Chronique d'une mort annoncée qu'il aurait dû prendre les précautions qui s'imposaient. 
Je me souviens d'avoir pensé que si j'écrivais un polar je pourrais y mettre un coupable qui tue quelqu'un qui avait été soupçonné pour encore mieux détourner les soupçons et que parce que puisqu'il aurait déjà tué une première fois il ne serait pas à ça près. Mais que c'était une réflexion technique et que je ne pensais pas que ce père-là ait pu tuer son fils. 

Ensuite il me semble que sauf à suivre les gazettes, ce qui n'est pas notre cas, hé bien voilà, le père de l'enfant Gregory est en prison parce qu'il a tué l'assassin de son fils et tout est vraiment pas bien qui finit mal, mais c'est finit. Quand même, s'être demandés, pourquoi dans cette famille ils s'en voulaient comme ça ? (Je veux dire : pour le premier assassinat, celui de l'enfant)

Du coup apprendre que la mère est arrêtée est une totale surprise. Je crois que c'est quelqu'un qui plaisante, un canular. Je pense que bon sang si ça n'est pas elle, voilà une mère orpheline de fils, dont le mari est en prison parce qu'il a fait justice lui-même et qui en plus est accusée de la pire horreur.
Je me dis aussi, sans savoir trop de détails, que pour qu'un juge ait décidé cela c'est qu'il devait avoir d'importantes preuves.

Il se trouve qu'avec quelques camarades de classe et sous l'égide d'un de nos professeurs les plus dynamiques, nous avions entrepris une session d'évaluations des modes d'évaluations pour des candidatures. L'originalité de la démarche m'avait intéressée : il s'agissait de se prêter à toutes les sortes possibles de tests de recrutement et autres modes d'évaluations d'une personnalité qui se pratiquaient à l'époque. En ce temps-là des tests d'agilité de l'intelligence, des tests de personnalité par questionnaires, des analyses graphologiques étaient ce qui se pratiquait le plus fréquemment. Nous avions aussi été évalués par une morphopsychologue de talent. 
Il en était ressorti que le méga bullshit c'était l'astrologie (not such a surprise), que la graphologie était la moins fiable, en particulier concernant les gauchères et gauchers et que la morphopsychologie était en revanche d'une efficacité stupéfiante. Seulement c'était sans doute lié au fait que notre interlocutrice était très forte, que c'était le vecteur qu'elle s'était choisi, mais que rien qu'en nous observant quelques minutes et en nous écoutant parler, même sans cette grille de lecture elle nous aurait stupéfiés.

Du coup en lisant quelque part, peut-être dans une salle d'attente médicale, que les preuves contre la mère du petit assassiné étaient des collègues qui l'avait vue poster une lettre et par ailleurs des analyses graphologiques, je m'étais dit que c'était quand même léger pour accuser une mère du pire des crimes possible.

C'est alors qu'il y avait eu la lettre de Duras, publié dans Libé.

Et soudain, ce qui était resté pour moi un fait divers terriblement triste avec un épisode de western rajouté et une probable erreur judiciaire très très moche en cours, devenait autre chose. 

De Duras, j'avais lu "L'amant" sans trop apprécier ni comprendre mais en comprenant que je comprendrais sans doute plus tard et que j'étais trop jeune pour apprécier. D'ailleurs j'avais une admiration induite, ce qui prouvait que j'étais admirative de la qualité d'écriture. Ce que j'avais pu savoir ici ou là de la vie de cette dame m'avait plutôt impressionnée. 
Et puis soudain ce document, ce texte qu'elle commet. Et de m'être dit, Mais ça va pas la tête, hé, madame, vous parlez de vrais gens, là, pas de personnages, de vrais gens avec un drame et un enfant mort dans une tombe dans un cimetière.

À un moment je me suis demandée si ça n'était pas fait exprès pour que les assassins ne commettent en réaction une erreur - j'avais toujours une impression de collectif, et après sa mort m'étais dit que Bernard Laroche disait sans doute vrai quand il affirmait n'avoir pas tué le petit, mais qu'il pouvait être le ravisseur, et d'autres après, voulant planquer le gosse le temps d'effrayer les parents avaient raté leur coup, étaient allés trop loin, ou que le môme trop malin les avait reconnus, bref que ça avait dérapé -.

Je crois me rappeler, faux souvenir recomposé ou vrai souvenir ?, que dans le même journal du même jour un papier beaucoup plus calme (et peut-être de Denis Robert) faisait la part des choses et évitait de crier au loup avec la meute en accusant la mère.

Le souvenir de l'époque c'est d'en entendre parler cette fois par tout le monde partout. Et que la culpabilité de Christine Villemin semble acquise. Que les gens sont horrifiés tout en la plaignant. Que ça discute sévère de savoir si sa libération était justifiée ou non. J'ai le souvenir de défendre plus d'une fois le bénéfice du doute. Que c'est une horreur supérieure de l'inculper si elle n'y est pour rien que de la laisser en liberté si elle y est pour quelque chose. Mais personne ne m'écoute tout le monde veut un ou une coupable, une théorie.

Je me souviens de m'être demandée si je vivrais assez vieille pour connaître un jour le fin mot de l'histoire. 

 Ce que le livre de Denis Robert m'apprend car j'ai l'impression que nous n'en savions rien c'est que le fameux corbeau procédait aussi par appels téléphoniques et que Christine Villemin à un moment fut en grève de la faim.



Les années suivantes 

Notre vie avance, toujours très remplie ; peu de temps pour suivre la suite de la suite des suites.
Je me souviens néanmoins de m'être réjouie de la libération du dessaisissement du juge incompétent, de la libération du père du petit et plus tard du fait que la mère ait eu un non lieu et ce père un jugement aussi équitable que possible : une peine de prison ferme parce qu'il avait tué et que sauf en cas de guerre, ces autorisations à chacun de virer serial killer, on n'a pas le droit, mais qui lui permettait de sortir rapidement compte tenu des mois de préventive. Je me souviens que ça n'était pour moi pas une surprise que le procès de Jean-Marie Villemin n'ait pas permis à la vérité de se faire jour.

Ce que le livre de Denis Robert m'a permis de piger, ce sont les enjeux financiers, des sommes d'argent importantes mais qui pour l'essentiel sont allées dans les poches des avocats ou dans la famille du meurtrier potentiel mais qui lui-même assassiné était ensuite passé victime. Qu'au fond c'était peut-être ça le pire tout le business autour de l'affaire, l'énormité des sommes d'argent, de ce que les journaux étaient prêts à débourser pour des photos rapaces en exclusivité, de ce que les avocats touchaient.

2017 et ensuite 

C'était pour moi une année difficile, avec un deuil majeur et tout ce qui s'ensuit, mais les nouveaux rebondissements de l'affaire donnaient l'impression que quelque chose en sortirait enfin. Quand j'ai entendu (au radio réveil, je crois, un matin) que le juge Lambert s'était suicidé j'ai cru qu'il avait enfin eu un éclair de lucidité et que c'était par accablement d'avoir mesuré le mal qu'il avait fait. 

Le livre de Denis Robert nous apprend qu'au contraire, il a laissé des lettres pour défendre envers et contre tout que c'était la mère qui fut infanticide, comme si le fait que lui se donne la mort allait prouver qu'il avait raison. Ça n'a pas loupé : résurgence des théories de type C'est elle la coupable sur les réseaux sociaux.

Je crois que les dispositifs décisionnaires dans le droit français ont depuis évolué, il y aura également eu l'affaire d'Outreau pour montrer que trop de pouvoir à une seule personne pouvait conduire à des erreurs judiciaires dramatiques, seulement pour tous les protagonistes de l'affaire Gregory, c'était trop tard. Même si la justice avait retrouvé un semblant de niveau respectueux de par le travail de Maurice Simon le président de la cour d'appel de Dijon. Seulement voilà tant de pièces à conviction ou d'étapes de la procédure dans les premiers temps avaient été rendues inexploitable que c'était un peu tard. 

 Il n'en demeure pas moins que ce qui au tout début à l'époque m'avait paru comme un fait divers comme hélas tant d'autres, a fini par devenir vraiment une affaire emblématique de l'état de fonctionnement du pays. 

Après lecture du livre, je me pose encore des questions qui m'étaient venues à l'esprit à l'époque : pourquoi ont-ils toujours pensé à un enlèvement en voiture ? Quelqu'un pouvait être passé à vélo ou à pied et que l'enfant connaissait, qu'il aurait suivi sans se méfier. Et qu'une voiture ensuite ait servi au transport mais plus loin ? D'où était venue la binarité : si ça n'était pas Laroche c'était la mère du petit l'assassin, alors qu'il y avait tant et tant de possibilités ? Pourquoi n'a-t-il apparemment pas été envisagé que l'enfant ait quitté seul l'avant de la maison et que ce soit ultérieurement parce que quelqu'un qui en voulait aux parents l'ait vu seul un peu plus loin que le passage à l'acte de tenter de mettre à terre le père en frappant le fils ait eu lieu ? Pourquoi le cachet de la poste de la fameuse lettre qui annonçait le crime semblait-il à l'avance n'a-t-il jamais été remis en question ? Et si l'heure figurant sur celui-ci ou le jour n'étaient pas les bons ?

Il est frappant également de constater combien l'exact même drame survenant de nos jours aurait peu de chance de rester irrésolu : il y aurait des téléphones portables bornant ici ou là, des photos d'amateurs révélant parfois par hasard la présence de telle personne ou de tel véhicule ici ou là à un instant donné. Peut-être qu'avec l'internet les gens même du même endroit vivraient moins dans leur jus et seraient moins à même de ruminer leurs rancœurs. 
Il y aurait eu des traces ADN exploitables et les enregistrements vocaux le seraient également. Le ou les corbeaux auraient utilisé les mails ou les réseaux pour envoyer leur venin et l'on aurait pu identifier leur adresse IP.

Je me demande si un jour viendra où cette affaire sera élucidée, peut-être par le biais d'une confession posthume laissée par écrit puis retrouvée. 

 

(1) Il faudrait que je me replonge dans mes diarii de l'époque, peut-être que j'y découvrirai qu'elle m'avait fait beaucoup penser.
(2) "J'ai tué le fils du chef" chez Hugo Doc paru en février 2018
(3) J'avais deux fois fait job d'été en agence bancaire 

doc :
un bref résumé video via Le Monde pas trop simplificateur ici
une chronologie de l'affaire, via l'Est Républicain
un entretien de Denis Robert pour Public Sénat
un entretien de Patricia Tourancheau et Denis Robert pour Telerama
le plus récent développement au moment d'écriture de ce billet : Le conseil constitutionnel saisi (article du Monde)

    


Un si beau samedi


    Parfois la vie nous accorde ce don d'une journée parfaite, ce fut pour moi ce samedi. Au départ il se risquait morose : je devais me dépenser seulement modérément afin de ne pas me retrouver en galère de gambettes pour le semi prévu le lendemain à Saint-Denis. Ce qui aurait pu donner, tri de papiers déjà pré-triés (pas de grands rangements debout) et paperwork administratif (1).

Les ami•e•s m'en ont sauvée.

Les uns en me proposant de me joindre à un déjeuner, grand bonheur car réellement depuis 2015 et même si nous nous étions revus, de part des combinaisons de circonstances et des emplois prenants (ou éloignés) je me sens coupée du monde amical, trop de propositions que j'ai dû refuser à cause de moments durs ou de mon métier et ses horaires décalés. Trop de propositions que je n'ai pu moi-même lancer. Ça fait plaisir de voir grandir les enfants. 


En revanche et globalement, je suis triste de constater, concernant un cercle amical élargi, que même si quelque chose de notre esprit pionniers - nous étions toutes et tous des blogueurs d'avant l'élan qui précédait la floraison des réseaux sociaux -, la plupart d'entre nous bataillent au boulot, 
et je pense que c'est ce qu'écrit Anne, dans son semainier, au sujet des personnes qui devraient être concernées, n'en ont plus la force quand bien même elles le souhaiteraient,
"des bénéficiaires, lesquels n’ont plus besoin que la culture vienne à eux puisque la culture vient à eux sur le smartphone quand ils le veulent. Lesquels sont épuisés, rincés par le travail tel qu’il se présente aujourd’hui (rentabilité et chiffrage de tout, pression permanente, inhumanité des relations), ont besoin de repos et d’air. Sont trop fatigués pour le reste."

J'ai dû ensuite cavaler (après tout un échauffement pour le lendemain), pour attraper ligne 13 puis un bus et filer rejoindre d'autres ami•e•s qui clôturaient à la médiathèque d'Argenteuil une saison d'ateliers d'écriture. Là aussi j'étais si heureuse de pouvoir être parmi eux, en plus que de savourer la qualité des interventions. 

 François Bon en a fait une video qui restitue bien l'ambiance et pas seulement des bribes, la teneur de chacunes des interventions

 Preuve que le polar me titille à nouveau (2), en me reconnaissant passer brièvement à l'écran, j'ai pensé que quoi qu'il advienne j'avais ainsi un alibi pour l'après-midi. Une photo en témoigne aussi.

La journée avait été si belle que me trouvant embarquée, parce que j'en avais encore la force, à peine rentrée dans des courses en hypermarché, je n'ai pas même souffert de partager la corvée.

 

 

(1) Grâce à Samantdi j'ai découvert par ricochet que nous avions payé trop d'impôts l'année passée et étions en passe mais pour une raison différente d'en faire autant cette année.

(2) Côté erreurs judiciaires, pas tant les drames et les enquêtes que les emballements soudain vers un coupable qui semble tout désigné. Et la passionnante série de France Culture sur l'affaire Gregory n'y est pas pour rien. Intéressant de voir combien ça m'intéresse à présent alors que j'avais tendance à m'en écarter à l'époque des faits, probablement par respect pour les malheureux concernés et cette sorte d'emboitements de malheurs qu'il y avait dans cette affaire-là, et par dégoût de la façon dont les médias, comme plus tard pour l'affaire d'Outreau firent monter la mayonnaise. Enfin je crois que Sophie Daull et sa manière littéraire d'écrire au sujet d'un drame dont elle fut l'une des victimes par conséquences m'a ouvert les yeux sur certaines choses que je ne voyais guère ; même un fait divers qui semble désespérément particulier dit beaucoup de nos sociétés, au moins dans le traitement qui en est fait. 


Mes cyber-frères et cousins

 

    C'est parti d'un touite de @Celinextenso qui répondant à une question sur ce qu'on pouvait regretter n'avoir pas eu dans notre éducation, écrivait qu'elle aurait aimé avoir internet petite. Dans un premier temps je me suis dit Oh oui, c'est exactement ce qui m'a manqué. Puis je me suis souvenue qu'en fait je suis très heureuse d'avoir pu bénéficier des temps un peu pionniers et de l'émerveillement que fut son arrivée, pour la citoyenne quelconque que j'étais, une révolution : pouvoir communiquer d'un seul coup sans entraves avec des personnes du monde entier.

J'ai dû déjà l'avoir écrit cent fois, j'ai eu cette chance pimentée d'éléments logiques (des centres d'intérêts communs) de croiser via l'internet des personnes formidables. Et aussi d'une certaine façon de me constituer une famille élargie avec de très solides affinités ou (inclusif) de ma part des admirations pour ses membres. Dresser une liste exhaustive prendrait trop de temps, je n'ai pas encore trouvé celui de mettre à jour ma blogroll, j'espère je ne sais quand y parvenir. Mais en attendant et en ces temps où les blogs actifs se font plus rares qu'avant les réseaux sociaux, je souhaite prendre note dans un billet de ceux que j'ai tendance à considérer comme mes cyber-frères ou cousins. Parce que je ressens que nous pourrions être de la même famille quand les personnes qui la compose s'entendent bien. 



Matoo , que je connais depuis un bon moment maintenant, et qui est comme le petit frère que je n'ai pas eu. Nos vies sont géographiquement proches - ce qui renforce à n'en pas douter cette impression de lien de parenté que j'éprouve -, d'un quotidien différent - ce qui fait que certains de ses textes sont pour moi comme ceux d'Alice lorsqu'elle parle de théologie, sources de perplexités et en même temps de s'ouvrir l'esprit -, et on se rejoint sur plein de sujets, avec un écart générationnel que je ressens personnellement comme bien moindre que le nombre strict des années que j'ai de plus. 

- David Madore qui me rappelle qu'il fut un temps où mon cerveau fonctionnait à fond (en gros avant mes 19 ans, lorsqu'un chagrin de ceux dont on ne se remet jamais tout à fait, m'a cramé bien des neurones) et où j'appliquais en toutes choses une logique sans faille. Je ne prends pas le temps de comprendre chacun de ses billets, mais ils me font du bien. Je lui dois l'effet Zahir, entre autre, et comme ça fait du bien de pouvoir mettre un nom sympathique sur quelque chose qui nous arrive souvent. Par exemple ce billet, Exilé hors du royaume magique , correspond exactement à quelque chose que je ressens mais n'aurais su formuler aussi bien.

- Virgile qui m'amène souvent dans ses billets à réfléchir sur des sujets qui n'avaient fait que m'effleurer. Il m'arrive aussi, avant d'écrire ici certains billets dans lesquels je sens que je vais me laisser embarquer sur un sujet de société d'aller vérifier chez lui s'il ne l'a pas déjà abordé, analysant dans le même sens que moi, mais plus finement, ce que je souhaitais exprimer. Comme à l'"Usine" je faisais un travail par époques relativement proche de son domaine professionnel, je me sens fréquemment très en phase avec ce qu'il en écrit. Splendide exemple ici (Start up fiction

 

Je leur suis très reconnaissante de ne pas avoir cessé d'écrire, même si le rythme est moins soutenu que "du temps des blogs". Ils m'aident à conserver l'esprit encore (un peu) agile, malgré les fatigues qui le rendent moins disponible aux réflexions posées, et les années qui nous poussent à cheminer suivant les mêmes canaux de pensées. 

PS : Xave fait au départ aussi parti de la liste, plutôt comme grand copain, ou co-national (de mes rêves car je ne suis pas passée à la réalité de la chose ;-) ), seulement il ne blogue presque plus. 

 

 

nb : L'appellation cyber-lien de parenté est un usage que je dois @samantdi 

 


La Sedan-Charleville (7 octobre 2018)

 

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Nous sommes un bon paquet à pratiquer, entre autres sports exigeants, à la fois l'écriture et la course à pied. 

C'est Thierry Beinstingel, lequel nous a précédé dans la pratique, qui nous avait poussés à nous inscrire à la Sedan-Charleville, la plus ancienne course de ville à ville en France qui fêtera l'an prochain ses cent ans. 


La date était hélas en concurrence avec le Natureman, mais mon relatif manque d'entraînement - l'année 2017/2018 n'a pas été favorable, et je n'ai vraiment repris des séances régulières qu'en septembre -, et mon manque de visibilité professionnel (et donc financier), ainsi que la motivation de Thierry ont fait la différence. Il y a qu'aussi pour courir dans la famille nous sommes deux, alors que je suis hélas la seule (pour l'instant ?) à me frotter au triathlon.

*                    *                    *

Pour commencer j'ai commis une erreur de débutante, ou peut-être de francilienne, là où les courses de type ville A vers ville B au lieu d'être en boucle, comportent toutes facilités de transports pour revenir à ville A une fois la course terminée. J'ai donc, en me posant d'autant moins la question que le site de la course spécifiait "navettes de Charleville vers Sedan", recherché un hôtel à Sedan.

Prix raisonnable, bon confort, et pas trop loin de ce qui sur une photo en rubrique "parcours" semblait être le départ, nous sommes allés au Campanile Sedan. Ce qui d'un point de vue hôtelier se révéla un excellent choix, d'autant plus que quelqu'un à l'accueil, qui peut-être pratique (ou connaît bien un pratiquant de) la course à pied, a eu la bonne idée de nous attribuer une chambre aux normes d'accessibilité : rez de chaussée, douche de plain-pied avec siège pliant, et last but not least, barre de soutien pour se relever des toilettes. Le dimanche soir en rentrant nous avons été éperdus de reconnaissance - je ne sentais plus vraiment mes jambes, la commande "lever" ne fonctionnait plus, seul "glisser un pied devant l'autre" marchait encore, façon petit robot mal huilé, si l'Homme était un peu plus vaillant, il n'a pas boudé la possibilité de douche assise afin de soulager ses jambes endolories -.

En revanche d'un strict point de vue de géolocalisation, c'était presque une bourde :

- les fameuses navettes allaient bien de Charleville à Sedan mais AVANT la course et non APRÈS. Et ce n'était à ce point pas prévu que celui de l'organisation à qui j'ai posé la question (une indication d'horaires m'avait quand même mis la puce à l'oreille) ne l'avait pas comprise et m'avait dit que Oui, oui il y avait bien des navettes. 

- comme le départ avait en fait lieu dans l'avenue de la gare, et tout au bout est de celle-ci, oui l'hôtel semblait sur le trajet, ou proche et l'était, mais le départ était quand même à deux kilomètres au moins, que nous avons parcourus en courant car une des lubies de l'Homme est de toujours partir au dernier moment et qu'un PPI (1) (merci au gars qui nous a laissé accéder aux toilettes de son établissement devant lequel nous passions) de ma part, nous avait légèrement retardés.

nb : La chambre était si parfaite pour notre usage, le Wi-Fi efficace, le tarif raisonnable, et l'accueil chaleureux, que nous souhaitons si nous revenons pour la centième, revenir dans cet établissement. À nous de mieux nous organiser pour le reste.

 

  

*                    *                    *

En revanche, il m'avait été précisé qu'il existerait un service de cars qui emporteraient nos sacs de la consigne du départ vers la consigne sous le marché couvert de la ville d'arrivée, et ce service non seulement existait, mais était fort bien organisé. Ticket sur le sac, numéro du ticket sur le dossard, peu d'attente, cars à l'heure annoncée. Tutto bene.
Pour ne rien gâter les bénévoles qui s'en chargeaient étaient vraiment dévoué•e•s : c'est par trois d'entre elles qui rentraient de Charleville vers Sedan que nous avons été après l'épreuve rappatriés, vraiment gentiment, et déposés à l'hôtel, ce qui était une attention extrêmement appréciable en ce moment précis.

Comme le retrait des dossards, que nous n'avions pu effectuer le samedi à Charleville car le trajet depuis Paris nous avait pris trop de temps, était lui aussi fort bien organisé, le matin de la course à Sedan, nous avons pu avant la course repasser à l'hôtel nous y reposer  durant environ une heure.

 

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Il se trouve que nous étions arrivés la veille sans le rechercher particulièrement par la D764. Nous avions ainsi au passage et en toute innocence, reconnu les 13,8 premiers kilomètres du parcours. Ce fut pour moi précieux : j'ai ainsi pu me repérer dans l'effort, savoir qu'il me restait 10 km à accomplir après Flize, savoir combien les villes traversées étaient longues, avoir une idée du relief (2) : en fait rien d'insurmontable en terme de dénivelée, surtout du faux-plat et en revanche un brin de côte bien casse-pattes au kilomètre 18 et un long boulevard qui n'en finissait plus dans Charleville centre ; la place Ducale, il fallait se la mériter.

J'avais été avertie du piège du kilomètre 18 par une dame prénommée Françoise en compagnie de laquelle j'en ai parcourus quelques autres, et qui avait une motivation similaire à la mienne : aller au bout autant que possible.
Elle venait de Belgique et avait participé comme bénévole ou supportrice à diverses courses, avant de se dire - finalement en un chemin semblable au mien, merci Pablo et ton marathon de Bruxelles en 2011, et celui de Paris aussi -, Et si j'essayais, qu'est-ce que ça donnerait ?.

L'Homme de son côté avait cheminé auprès d'une femme qui disait aller lentement car elle était en décrassage d'après les 100 kilomètres de Millau, avant de trouver que son lentement pouvait aller plus vite - il n'avait pas pu ou pas voulu suivre -. Quant à Thierry il mentionne dans son compte-rendu (en date du 12/10/18) la quasi même situation, avec une personne qui courait la Sedan-Charleville en préparation au marathon de Reims. 

Vous l'aurez pigé, la Sedan-Charleville est la course la plus conviviale dont on puisse rêver. 

Peut-être pas pour les élites, les pros venus du Kenya, du Rwanda (Félicien Muhitira, premier comme l'an passé en 1h11mn48s, soit aussi vite qu'un cycliste en ville) ou de l'Ouganda, mais pour les coureurs et coureuses amateur•e•s, c'est un ravissement : ambiance exceptionnelle, chaque ville ou village traversé y va de son orchestre, les ravitos officiels ou à la bonne franquette sont fréquents (3). Encore plus miraculeux : il y a des personnes pour vous encourager même si vous êtes en toute fin de course, vous prendre en photo (je ne sais qui remercier de la ville de Villers-Semeuse mais grâce à eux j'ai un souvenir) et surtout : les voitures ne sont pas relâchées 6a00d8345227dd69e2022ad3b73692200b-320wiavant que la dernière personne participante qui n'a pas abandonnée n'ait passé la ligne d'arrivée. Pour qui est habituée aux dernières places en région parisienne, où le gruppetto finit sur les trottoirs ou à devoir attendre aux feux, c'est un confort très appréciable.

Je me suis efforcée de répondre aux highfive des enfants et remercier pour les nombreux encouragements, n'y suis sans doute pas bien parvenue vers la fin.

Tout a été pour moi facile jusqu'à la sortie de Flize, d'autant plus qu'il ne faisait pas si frais finalement une fois le départ donné, et qu'ensuite nous avons eu droit à un grand soleil délicieusement chaud, le moment où j'ai le mieux couru.
Je portais, sous le tee-shirt de la course, mon tee-shirt technique 2XU qui est optimal d'un point de vue thermique et de soutien. C'était parfait pour le temps qu'il a fait, variations incluses.


Il n'en demeure pas moins qu'au sortir de Flize sur une portion bordée d'arbres entre deux villes, les nuages ont repris possession du ciel avec un frais vent de face et alors tous ceux que j'avais dépassés au moment chaud me sont repassés devant. Je n'étais pas en difficulté, mais sans chaleur offerte, j'avais moins de carburant interne pour avancer.

J'ai continué à m'efforcer de ne marcher qu'aux ravitaillements - l'eau fournie en petites bouteilles, difficile de boire en courant (4) -, ainsi qu'à l'entrée de Charleville pour une pause photo et publication en temps réel (l'idée était que mes camarades probablement déjà arrivés depuis un bon moment puissent (sa)voir où j'en étais), et reçu des encouragements pour ça. Trois personnes au moins m'ont félicitée pour ma foulée, sans doute inhabituelle chez des derniers : je suis simplement lente, très, mais pas spécialement en peine.

Les deux à trois derniers kilomètres ont toutefois été franchis dans le dur. Comme l'indique Thierry, ça montait sur la fin, longs longs longs faux-plats avant les dernières petites rues dont l'une soudain, à l'instant où l'on commence à n'y plus croire, débouche sur LA Place Ducale. C'est un éblouissement, en plus que tout le monde est encore là, et le speaker aussi, comme si l'on était dans le ventre peuplé de la course et non en fin de paquets de bout d'ultimes participants.
Françoise et un monsieur vêtu de blanc que j'avais doublés et qui m'avaient redoublée à plusieurs reprises m'avaient ouvert la voie dans Charleville, sans que je ne sache faire l'effort de les rejoindre à nouveau : je ne sentais plus mes jambes, et un pressentiment de début d'une crampe m'a fait renoncer à toute tentative d'accélération. Je me suis contentée sur la fin d'un trottinement relâché. 

Avec les deux kilomètres parcourus pour ne pas manquer le départ, j'en avais in fine parcouru plus de 25 et je n'aurais guère pu continuer bien avant. 
Par chance, JF arrivé en 2h39 (2838 ème) revenait de s'être fait masser par les kinés, et est revenu vers la ligne d'arrivée en me cherchant, pile quand je venais de la passer ; sa présence m'a ôté tout risque de malaise, du simple fait de n'être pas seule à devoir accomplir la suite : récupérer vite le sac avec les vêtements de rechange et une veste chaude, avant que d'attraper froid (il devait faire 13 ou 14°c ce qui n'était pas si redoutable mais bien loin des 25°c d'un moment donné et les organismes étaient fatigués) puis accéder à un ravitaillement conséquent.

J'ai décliné la bière offerte, signe que j'étais quand même un brin dans le dur, une fois mon devoir accompli.

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J'étais 2986 ème sur 2990 arrivés (pour 3187 inscrits : je crois qu'il y a eu un nombre certain d'abandons, je croisais l'ambulance qui remontait vers l'avant, repartait vite puis revenait se placer ; j'avais vu une jeune femme recevoir des soins à terre / la voiture balais) et suis probablement la dernière de ceux qui ont couru tout du long. Un pur marcheur à grandes jambes (5) m'avait dépassée depuis longtemps et était arrivé bien avant moi.

Mon seul regret : que nous ayons manqué Thierry, mais nous étions si nombreux au départ et aucun de nous très grand, ç'eût été un immense coup de chance que de nous retrouver. Avoir enfilé les tee-shirts de la course, allègrement portés par la moitié au moins des concurrents, n'aidait pas sauvagement. Comme c'était mon premier "plus que semi" sur route, et que je n'étais pas certaine d'arriver tout au bout en courant, je n'avais pas osé risquer de ne pas faire honneur à une tenue Levallois Triathlon. 

Je note, pour avoir ainsi un premier temps personnel de référence, que j'ai mis officiellement 02:49:54 au semi lequel était homologué. J'espère faire mieux le dimanche 21 octobre à Saint-Denis.

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À la suite de cet effort j'ai dû me doucher dès en rentrant puis dormir comme une enclume quand le forgeron est absent ; l'Homme ayant de meilleures jambes a su conduire de l'hôtel jusqu'à une petite pizzeria sympathique repérée la veille au soir comme ouverte aussi le dimanche. Ensuite la soirée s'est passée étendus devant un documentaire d'histoire régionale sur la première guerre mondiale sur RMC découverte. Il était tombé dessus par hasard et malgré les trop nombreuses coupures pub (de voitures essentiellement, c'était étrange à un tel point) nous sommes restés scotchés. Ce qui permettait d'oublier la douleur et pour moi la fièvre (6). Quelques doliprane 500 plus tard (un tous les 4 heures, avec prudence), j'ai commencé à regagner le normal de moi. 

Ensuite j'ai marché pendant 24 heures comme un cow-boy las, en plus que d'être longuement assise en voiture pour le retour n'avait rien arrangé. Je n'ai pas pu aller nager le mardi matin, mais après l'intervention de mon kiné et du sommeil le mardi après-midi j'ai pu faire une séance de CAP en mode petit décrassage le mardi soir, puis reprendre ensuite mes entraînements, en veillant à ne pas forcer.

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Expérience très positive et heureuse, donc, et une belle envie de revenir pour la 100 ème. Merci à Thierry, vraiment.

 

 

 

(1) Pipi Pressant Intempestif : fréquent chez moi malgré toutes précautions préalables, dès lors qu'il fait frisquet.
(2) Globalement pas trop méchant.
(3) Je n'en ai pas eu besoin mais je crois bien que c'est une course où l'on peut faire une pause-pipi chez l'habitant
(4) Sinon je n'ai mangé qu'une part de pain d'épice (des carrés de sucre ou de chocolat étaient également proposés, mais je ne pensais pas que ça m'aiderait) et bu deux fois un verre de boisson énergétique une bleue, puis une rose vers la fin. Je n'aurais pas dédaigné quelques quartiers d'orange mais globalement c'était parfait.
(5) concept beaucoup plus utilitaire que les Jambes Interminables
(6) J'ai presque systématiquement un épisode fiévreux après les gros efforts. Depuis le temps je ne m'en inquiète guère et m'y attends. Est-ce lié à la thalassémie ?

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Bilan générationnel


    La naissance d'une petite Maée du côté familial de l'Homme de la maison, et que je salue bien, vient rendre le bilan générationnel familial élargi parfait sur l'ensemble des années 2016 à 2018 : Trois décès pour la génération n-1 dont il ne reste plus, tous côtés confondus, que deux représentants sur vingt-deux (en comptant les alliés ; la génération n-2 ayant disparu sauf pour une personne avant que nous n'ayons vingt ans), trois naissances pour la n+2.  
Nous renouvelons sans accroître la surpopulation. Quel sens familial de l'éco-responsabilité ! 

(Je plaisante mais je suis très heureuse pour tous ces jeunes parents dont j'admire le courage (1), et je suis particulièrement émue pour la jeune maman dont je me souviens de la naissance même, d'aller rendre visite à sa propre mère à la maternité)

 

(1) Lorsque nous-mêmes nous étions reproduits, le monde était assez coupant mais non sans perspectives d'améliorations, tant à titre individuel (nous pouvions penser sincèrement qu'en bossant dur comme nous bossions nous nous en sortirions) que collectif (des menaces guerrières et écologiques pesaient mais on pouvait supposer que des avancées sauveraient la planète et la mise de l'humanité, et surtout c'était la fin de la guerre froide ce qui donna l'illusion d'un monde apaisé). C'est moins le cas vingt à trente ans plus tard. Du coup bravo aux jeunes générations de ne pas nous (total collectif) avouer vaincus.

 


Spams nouvelle vague

 

    Depuis quelques temps je reçois des spams qui sont probablement du texte généré en mode automatique, ce qui donne des résultats un tantinet cadavres exquis.

extraits

Des choses franches mais géniales.
Donnez-vous et à vos amis l'attention agitée qu'ils n'ont jamais découverte en premier lieu. Dans ce cas, la partie innovante et non standard sera ramassée par cette ressource.
Je ne sais pas comment retrouver des collègues.

Une série de livres.
Aimeriez-vous avoir des réunions inoubliables dans l'entreprise avec des informations criante et agréables? Alors prenez votre aubaine et suivez la fréquentation.

C'est dans #PlogZuch.
Partagez avec vos amis qui émergeront dans leur mal émotionnel. Vous recevrez les plus courants qui font partie des connaissances - à ce moment, vous obtiendrez des informations -.

De la part d'Emma Villain : l
a docilité de la famille [#Chuftbrush])
Pour faire émerger de la joie dans les choses il n'est pas impératif de rebondir avec un parachute. Vous avez besoin de bon aloi en vous et sur notre site web.

Auppie 2 : Quel avantage ? #Bastdrang
Êtes-vous éberlué par la variété et la facilité ? Regardez si vous en doutez

 

Ce qui est moins drôle c'est qu'ils utilisent des adresses de certains de mes contacts mais légèrement déformées - ce qui semble prouver que le bot a accès aux contacts, en plus qu'au début je croyais à de vrais messages de leurs parts (fausse joie) -.