La nouvelle ville, comme un ailleurs
03 septembre 2018
Je rentre à pied ce soir. La nouvelle ville, le nouveau quartier qui jouxte le tribunal (La Tour) m'offre désormais un chemin plus direct et non sans charmes - du fait de n'être pas encore vraiment ouvert à la circulation -.
Et c'est étrange et beau cette sensation d'être ailleurs, ça pourrait être une ville lointaine. Comme il s'agissait d'une ancienne zone de la SNCF, non accessible au public, aucun souvenir de "comme c'était avant" ne vient pour moi se superposer au lieu que je traverse.
Peu de passants, pas de langue entendue. Pas encore de boutiques, pas d'enseignes. Un café au nom assez international. La végétation fraîchement implantée peu caractéristique.
On pourrait être en Corée du Sud. En Chine, une ville nouvelle. Les appartements déjà occupés qu'à la lumière allumée on entrevoit sont du genre chic propre moderne international. Des silhouettes jeunes prennent le frais sur des balcons terrasses. Rien ne les ancre géographiquement. Paris est une métropole d'une grande diversité. Tout le monde peut être de là. Ou d'ailleurs.
Tokyo ? Une périphérie ? Un downtown neuf de San José ?
Désormais pour rentrer chez moi, je peux voyager loin, en trente minutes, à pied.
Bientôt ce quartier bruissera d'aller-et-venues, de corporate people allant au travail, en repartant, faisant leur pause cigarette. Il y aura nécessairement quelques boutiques et services, du mouvement. Des véhicules qui passeront. Quelques enfants. Ça sera encore un voyage. Mais différent.
Quelque chose me plaît dans ce surgissement d'ailleurs qui n'a rien détruit de ce que je connaissais. Ces lieux sont reposants pour lesquels je suis sans mémoire, sans souvenirs personnels prêts à surgir au moindre pas.
J'ai peut-être vingt ans et j'arrive tout fraîchement dans un nouveau pays afin d'y faire ma vie, avec ma bonne santé et une foule de projets. L'avenir sourit.