(billet à compléter)
Ce matin ce touite de Kozlika :
"Défi sur le cinéma - 30 jours, 30 films que j'aime. Pas d'explication. 1 personne défiée chaque jour, si elle le désire. Défiée par et je défie "
Je pense qu'assez vite je perdrais le fil des films déjà évoqués et des personnes déjà conviées. Du coup je me créé ce billet pour tenir ma liste, si j'y parviens. Est-ce que pour une fois je parviendrai à mener une vie suffisamment posée pour avoir JUSQU'AU BOUT les quelques minutes par jour nécessaires pour y penser, suspens.
[14 jours plus tard c'est déjà clair : je ne peux pas réussir à jouer à calendaire constant, je vais donc compter les jours certes mais ça ne sera pas nécessairement suivi un mois pile durant]
Par ailleurs je me dis qu'ici, qui constitue une sorte de sommaire et non le défi lui-même, j'ai droit aux explications. Je trouve ça plus marrant.
L'ordre est un désordre : le film qui me vient à l'esprit au moment où je me dis Tiens, quel film vais-je mentionner aujourd'hui ? Sur trente j'en oublierai certainement qui comptent, compteront, ont compté.
Jour 1 : L'albero degli zoccoli - Ermanno Olmi - 1978 - Italie
défi transmis à Robinson Boucan
Mon premier grand choc cinématographique, peut-être que c'est à partir de là que je deviens cinéphile. J'ai quinze ans et, la musique de Bach n'y étant pas pour rien, je pleure comme jamais je n'avais pleuré dehors. Ce film parle des miens. Et pas seulement parce que j'ai un côté italien mais parce que je viens de ce monde-là, celui où l'on travaille sans relâche, moyennant quoi on parvient si les liens sont solides avec les autres à glaner quelques petites joies. Le moindre ennui, une chose qui casse et c'est la catastrophe. On ne nous pardonne pas. L'accès au savoir est rude et borné.
J'ai quinze ans et je comprends ce que ma vie sera.
Jour 2 : Casablanca - Michael Curtiz - 1942 - USA
défi transmis à Anne Savelli
Je ne sais plus quand j'ai vu ce film pour la première fois. Sans doute sur un écran de télévision, le ciné-club du dimanche soir avec la voix de Claude-Jean Philippe en prélude important. Je m'identifie à Rick Blaine d'entrée, quelqu'un qui se voulait rangé-e des voitures, s'est fait une vie et qu'on requiert, et qui assure, quelqu'un qui a connu de grandes émotions amoureuses mais qui n'est pas l'élu-e, quelqu'un qui dans l'action trouve l'amitié. J'ai une tendresse pour Ingrid Bergman, sans doute que j'aimerais lui ressembler. Bogart m'agace un tantinet, il en fait trop, mais c'est ainsi et ça lui permet sans doute pour faire face d'attraper l'énergie.
Je découvre au passage le règne des fausses citations, le "Play it again Sam" qu'on m'avait vanté est plutôt "Play it, Sam, play it once more, for old time's sake".
Assez vite j'achète la VHS un coffret collector en V.O. non sous-titrée. Je le regarde souvent le soir tard, quand j'ai un coup de blues. Allez, ce qui compte c'est l'amitié, et de rester fidèle à ses convictions, à ce qu'on est. Il fut un temps où je connaissais les dialogues par cœur. Intégralement.
J'ai vingt ans environ et je comprends ce que ma place sera, pour les autres, dans le meilleur des cas.
Jour 3 : Eternal sunshine of the spotless mind - Michel Gondry - 2004 -USA
défi transmis à Joachim Séné
C'est mon ami Pierrot qui me parle du film il me dit que Jim Carrey ne fait pas que le clown, il me dit que ce film est pour moi. Cette narration destructurée, toutes sortes de mises en abyme, cette mémoire qui refuse de s'effacer parce qu'une personne a décidé de ne plus aimer, bon sang comme ça me parle. Et comme ce film me permettra de tenir le coup lorsqu'en 2006 je subirai une extrêmement violente rupture d'amitié. Je sais grâce à lui que l'on peut parvenir à ce que la mémoire des meilleurs moments reste même si l'autre, qui soudain a mieux à fréquenter, a décidé de les dégager. Je l'ai vu au ciné, sans doute peu de temps après sa sortie, avec l'homme de la maison que les libertés narratives avaient laissé un peu de côté. J'ai quarante ans et pigé depuis longtemps que le cinéma comme la littérature face à nos coups durs peuvent être d'un grand secours.
Jour 4 : De Aanslag - Fons Rademaker - 1986 - Pays-Bas
défi transmis à Romain Lemire
À l'époque de la sortie du film je suivais des cours de néerlandais à l'institut du même nom. J'avais pigé que l'on choisit assez peu si les expériences dans nos vies seront bonnes ou mauvaises, que l'on peut faire de son mieux seulement l'issue dépend des autres ou de circonstances que l'on ne maîtrise pas, mais qu'en revanche ça ne dépend que de moi d'en tirer des enseignements profitables et des sources de savoir. D'un chagrin et d'une compétence qui m'avait manquée pour l'éviter, j'avais décidé d'en faire une compétence acquise. J'apprenais donc le néerlandais.
C'est l'institut qui nous convie à une projection peut-être même une avant-première ou peut-être que nous avions une entrée gratuite pour aller voir le film à sa sortie où l'on voulait (il me semble cependant avoir un souvenir de prises de paroles). Je reste marquée, malgré une réalisation un peu scolaire un peu lourde et un acteur pour le rôle d'Anton Steenwijk qui fait trop son beau gosse. Parce qu'il y est question des traumatismes que les faits de guerre laissent. De comment ça réapparaît plus tard, alors que tout semble aller bien. Je comprends confusément que quelque chose de cet ordre concerne ma mère et ses sœurs et que nous autres de la génération d'après portons en nous quelques séquelles. J'aime infiniment la rencontre tardive d'un témoin qui fournit à l'inexplicable une explication. C'est quelque chose dans ma vie qui m'est déjà arrivé et m'arrivera encore fréquemment. J'aime le début, la famille qui fait ce qu'elle peut pour rester unie malgré la guerre, le jeu de petits chevaux (ou équivalent) après le maigre repas. J'aime la façon dont les études et le travail ont leur place (même résumée). J'aime le nom de Fake Ploeg et l'épisode des retrouvailles.
C'est le premier film que je vois dans lequel un personnage subit une crise d'angoisse ce qui me rassure un peu (il m'arrivait d'en faire lorsqu'une personne proche se trouvait dans l'imminence de la mort, comme si je risquais d'être moi aussi aspirée par les forces résistantes de l'esprit entraîné), c'est donc une anormalité normale, elle arrive à d'autres.
J'ai vu ce film trois fois dont l'une, récente, après le suicide de l'interprète du rôle d'Anton garçon. C'était un peu comme si le traumatisme subit par le jeune personnage avait rattrapé l'acteur pas loin de cinquantenaire. Je l'ai trouvé terriblement trop scolaire à cette dernière vision, trop appliqué.
À la première vision, tout autre impression ; j'ai bientôt vingt-cinq ans et ma grand-mère était morte des conséquences indirectes du débarquement alors que ma mère n'en avait que douze. Un bébé garçon était mort aussi. Emportés par le début d'hiver 44/45 et de difficiles conditions de vie d'après les bombardements. Ce film panse quelques plaies.
Jour 5 : Le camion - Marguerite Duras - 1977 - France
défi transmis à Matoo
C'est une découverte ou peut-être une redécouverte toute récente, grâce à l'intervention de Marie Anne Guérin au colloque de Cerisy-la-Salle consacré à Hélène Bessette. Elle évoquait le lien entre ce film et l'importance d'Hélène Bessette pour Marguerite Duras. J'ai souhaité aussitôt le voir ou le revoir. Il se peut que je l'aie vu jadis à une époque ou le travail de Duras était comme le jazz pour moi. Quelque chose que je pressentais comme très intéressant mais encore inabordable. J'avais lu sans comprendre ni savoir apprécier "L'amant", impavide. Je crois bien que c'est "La douleur" et un long moment plus tard "Le ravissement de Lol V Stein" qui furent mes portes d'entrées ainsi que le cinéma. Avec également un faux départ sur "Hiroshima mon amour" vu trop jeune, vite lassée, et revu plus tard, scotchée. "Le camion" m'avait donc sans doute tenue à distance à un moment où il était quasi contemporain (peut-être une vague tentative, une rediff sur une télé, dix ans après sa sortie). En plus qu'Alain Depardieu même jeune m'agace prodigieusement. Mais à la revoyure, je suis parvenue à le trouver presque touchant. Et drôle. On voit clairement que par moments il se dit Elle m'emmène où, là, sur les feuilles ça n'est pas écrit comme ça. Alors il tente des petites impros et elle rebondit, impériale (1) - Une cigarette ? -. Au bout du compte ce film a la grâce, rehaussée par un charme d'antan (2).
Une femme d'un certain âge circule et se raconte. Deux personnages autour d'une table se racontent le film qu'on dirait qu'il feront. On voit dans nos têtes le film qu'ils font. On voit à l'image par moment le camion. Beethoven (variations sur un thème de Diabelli) accompagne ses déplacements lents.
J'ai bientôt cinquante-cinq ans et la femme d'un certain âge, ça pourrait être moi.
"Il n'a rien à faire d'une femme d'un certain âge".
(1) Peut-être que je suis en train de me faire un film du film et que tout était écrit au millimètre en fait.
(2) Ah les voitures ! Ah les enseignes ! Ah les chariots encore libres aux bords lointains des parkings des hypermarchés !
C'est un film que j'ai vu en 1983 avec celui qui allait devenir mon compagnon pour longtemps et le père de mes enfants. Or ce film, précisément, relate l'ensemble de la vie de quatre ami-e-s, les garçons au départ un peu tous amoureux de la fille qui tient beaucoup à eux, mais pas forcément sur le versant amoureux. Le début de l'histoire même à l'époque ne m'avait pas passionné, un tantinet film de american teen-agers comme il s'en est tant fait. Et puis à un moment, j'accroche ; il y a du chagrin d'amour, un passage de la symphonie du nouveau monde de Dovrak (à 14"17' sur cette video d'un enregistrement de mars 2018 à Radio France avec Marzena Diakun à la direction), du travail pour guérir du chagrin d'amour, de la perspective d'un changement de classe sociale mais ça ne se passe pas comme ça, quelqu'un qui a un handicap et que quelqu'un d'autre aide et un fond de certaines années qui correspondent à mon fond d'enfance (il est question des premiers pas sur la lune, je crois) ; l'œuvre est longue très longue ce qui fait qu'un attachement prend. Dans mon souvenir nous sortons un peu agacés par certaines grosses ficelles (1), avec une impression d'être restés trop longtemps. Et puis dans les jours, les semaines, les mois puis les années, ce film va rester. Des scènes sur le moment pas si remarquables semblait-il se sont imprimées. Je ne l'ai vaguement revu qu'une seule fois, elles sont restées. Il me fut d'un grand secours quand vingt-trois ans plus tard il m'arriva à mon tour d'être "flinguée" après avoir été en quelque sorte adoubée, comme le héros du film sans l'avoir fait exprès. Je me souvenais de la brutalité dans le film. Quand le bonheur semble enfin là mais que quelqu'un décide que finalement pas. Je me souvenais que le fils de l'immigrant survivait et que peu s'en fallait. J'en ai fait autant.
J'ai vingt ans et j'ignore complètement qu'une existence en son long peut vraiment ressembler à ce qui me semble à l'image trop cinématographique, exagéré. Seulement je pressens que cette œuvre n'a pas tout faux.
Une fois de plus je m'aperçois que je tends à déposer dans cette liste du 30 jours 30 films des films qui m'ont le plus marquée sans que nécessairement je les tienne pour des chefs d'œuvres de cinématographie.
(1) Même à vingt ans j'avais l'impression que les films USAméricains étaient fabriqués pour adolescents.
Jour 7 : Woodstock - Michael Wadleigh - 1969 ressorti en France en 1989
défi transmis à François Bon
J'ai d'abord connu la musique. Un soir de chagrin d'amour majeur, mon ami Pierrot m'avait recueillie auprès de sa famille et il m'avait branchée au casque sur Hendrix jouant l'hymne. J'étais rentrée à l'intérieur de la musique, de la recréation musicale faite avec force miraculeuse et sortie de la zone où l'amour brisé peut nous mettre en danger.
Quand le film est ressorti en salles fin 1988 ou début 1989, je ne me suis pas fait prier pour y aller. Notre ami Olivier alors à Paris après un VSNE au Maroc souhaitait le voir aussi et nous y allâmes à quatre. Je crois un dimanche. Je ne sais plus qui fut le quatrième (au point que j'ai un doute soudain : n'étions-nous pas finalement trois ?). J'avais l'impression de comprendre enfin ce qu'avait tenté de m'expliquer en leur temps ceux de mes amis légèrement ainés ou mes cousins. Je m'y suis vue, avec ce bonheur que l'on peut avoir jeunes quand on a l'illusion que pour soi ça sera différent. J'ai pu m'imaginer dans la peau de l'une d'eux, quelqu'un qui avait de l'énergie et si peu de fatigue.
Au sortir du ciné, l'ami Olivier a décrété qu'il fallait absolument qu'il retourne au Maroc tenter de retrouver sa bien-aimée - comme si le film lui avait dit : Grouille-toi, gars, on n'a qu'une vie -. Et moi qui sentais quelque chose de l'ordre de It's now or never, j'ai dit, OK, compte sur moi. Et mon amoureux, quoique d'un naturel peu aventureux, par amitié pour lui et sans doute amour pour moi, a dit, On peut y aller, oui.
Ce voyage fut un road-trip fondateur. J'y ai pris conscience de mes forces (et que ma vue avait baissé). Je peux m'autoriser à considérer que ce film a changé ma vie.
J'avais vingt-cinq ans environ, et je devenais adulte, vraiment, par sans doute le seul acte de "folle jeunesse" que j'aie jamais accompli
Jour 8 (pour dimanche) : Fame - Alan Parker - 1980
défi transmis à Didier Da Silva
Ce film ne compterait pas si je ne l'avais vu à Oxford en V.O. (sans sous-titre) en juillet 1982 en compagnie de mon amoureux et d'une bande de tout nouveaux potes de plein de nationalités lors d'un séjour linguistique qui marqua en quelque sorte le début de ma vraie vie. On était dans un enthousiasme, une énergie, une magie digne de celle des protagonistes. C'est le film qui a marqué mon entrée dans la danse (et le fait d'aller en boîte de nuit presque tous les soirs, lieux que je ne connaissais pas) : avant ça je ne comprends pas l'intérêt de danser, je ne connais que quelques danses bretonnes, pour le reste pourquoi mais pourquoi est-ce que les êtres humains sont censés aimer se secouer en rythme. Après, un déclic s'est fait, et la danse devient un élément indispensable de ma vie, quelque chose de nécessaire pour se sentir équilibrée. Comme chantait le grand Jacques, il faut bien que le corps exulte. Pour moi ça passe (avant tout) par là. La danse, c'est la vie.
J'ai revu ce film longtemps plus tard et je suis restée marquée par l'écart entre l'idée que je m'en étais faite et le film tel qu'il était : la violence - la vraie, celui dont la petite sœur, quartier sordide, se fait violer (ce que j'avais totalement occulté, ou tout simplement pas pigé) ; la plus diffuse dans la concurrence de chaque instant entre les gens pour émerger -, le monde impitoyable, les déceptions. Dans mon souvenir de fille de 19 ans, amoureuse, épanouie, insouciante pour la première fois et à un point que je n'atteindrai plus jamais, il n'était que danses, que réussites, que bonheurs partagés. Tous allaient s'en sortir, aucun-e ne serait arrêté-e.
Jour 9 : Dough - John Goldschmidt - 2015
défi transmis à Celinextenso
Nous avons vu ce film le dimanche 15 novembre 2015 au festival de cinéma d'Arras et ce fut un miracle. Le festival avait failli être interrompu après les attentats de Paris le vendredi. La décision avait finalement été prise de poursuivre en plaçant des vigiles aux entrées (contrôle des sacs). Il était quasiment impossible de regarder les films sans arrière-pensées surtout pour ceux du samedi alors que nous ignorions encore si parmi les victimes figuraient ou non certains de nos amis. Et puis voilà, le dimanche, ce film qui est une comédie. J'étais la première à penser que je venais par une sorte de conscience professionnelle festivalière mais que ça ne saurait fonctionner.
Et puis voilà, le film était si réussi, si fin, si bien interprété et si humaniste, que non seulement il était parvenu à nous faire rire à travers nos larmes et sortir d'une sorte d'état de "K.O. debout", mais aussi à nous faire reprendre espoir. Non, malgré l'horreur des massacres, la haine n'allait pas l'emporter. Never. No way.
Ce film peut soigner.
Jour 10 : Jeanne Dielman 23 quai du commerce - Chantal Akerman - 1975
défi transmis à Tiphaine
Je crois que j'avais vu ce film au moins pour partie (avant de m'endormir) lors de la décennie suivante un soir tard à la télé (ciné-club ?) à moins que lors d'un week-end de ciné-club justement. Mais sans comprendre, sans accrocher. Percevant que quelque chose d'hypnotique se jouait là, de très réussi, mais j'y étais assez imperméable. Peut-être que je n'avais pas trop pigé qui étaient ces hommes que la femme recevait.
Et puis au printemps (vérification faite : c'était encore l'hiver, c'était en février), Anne Savelli évoque ce film. Elle en écrit entre autre "Quand on rentre chez soi, débarrasser la table, ranger les couverts dans un tiroir deviennent à leur tour une expérience.". Je sens que c'est le moment pour moi de voir ce film enfin vraiment et cette fois-ci c'est ça. Entre temps j'ai connu moi aussi les gestes quotidiens répétitifs - ce qui n'a pas changé pour moi par rapport à la première vision c'est que ce qui est peut-être censé être le cœur du film, cette prostitution feutrée, m'indiffère et je n'avais d'ailleurs pas réellement compris le dénouement (m'inventant une cause différente et plus complexe) -, et les mots relativement rares, et aussi de m'être replongée par obligation dans les souvenirs familiaux qui me renvoient à un quotidien très semblable à celui de Jeanne Dielman, du type d'objets manipulés aux courses faites au jour le jour (ce que ma mère pratiquait), on dépensait menu, on le faisait à pied. Du coup ce film enfin me fait de l'effet, et durable, et ça me portera les semaines à venir, comme un peu de courage pour les tâches ménagères, bizarrement.
Je comprends mieux aussi, mais à retardement, pourquoi la mort de Chantal Ackerman m'avait touchée.
Je suis reconnaissante à Anne de m'avoir fait (re)découvrir ce film.
Jour 11 : La merditude des choses - Felix van Groeningen - 2009 - Belgique
défi transmis à Silken