De l'indulgence pour les ignorants prêts à se montrer bienveillants
10 août 2018
(réflexion hâtive après conversations)
Il arrive fréquemment que sur les réseaux sociaux une personne ou une autre se fasse éreinter par cette sorte de collectivité mouvante parce qu'elle aura eu une parole malheureuse du point de vue d'un groupe auquel elle ne pensait pas forcément.
Il est évident que le monde de l'internet est truffé de trolls qui se font un malin plaisir de persécuter et heurter le chaland.
Seulement parfois ce sont des gens de bonne foi qui commettent une bourde - moi parmi d'autres sans doute aussi -. J'ai beaucoup appris depuis ma vie en ligne grâce à des ami-e-s qui font parti-e-s pour un élément de leur d'un ensemble ou d'un autre auquel je n'appartiens pas. Le plus souvent c'est au sujet de persécutions ou discriminations dont ils ou elles font l'objets et que je croyais naïvement d'un autre âge.
Deux de mes ami-e-s vivent en fauteuil roulant et avant de les rencontrer j'imaginais vaguement la difficulté que c'était, mais je ne mesurais pas à quel point les gens envers eux avaient des préjugés (comme si le fonctionnement des jambes intervenait dans celui du cerveau) et pas non plus à quel point dans la ville si peu d'accès sont aménagés.
Hors de l'internet, un truc tout bête : il se trouve que #LeFiston est grand. Pas immensément grand mais de bonne stature pour quelqu'un de notre temps. Je suis de taille moyenne pour une femme, et l'homme de la maison pas spécialement grand. La plupart des équipements publics et dans la maison sont pour nous d'usage confortable. Nous sommes assez standards ; dans la vie courante, il est très rare que j'aie à me poser la question de Comment vais-je faire ? parce que je suis trop petite ou trop grande. Mais depuis qu'il a atteint sa taille adulte, je me suis souvent surprise à penser, si mon fils m'accompagnait, là il devrait se baisser, ou que tel objet est bien bas pour lui. Aujourd'hui encore à la BNF pour accéder par exemple en salle P ou dans les "clubs" (là où l'on peut prendre au distributeur un café). Je passe à l'aise malgré une sorte de dessus de passage en bois. Lui devrait se baisser. Ma conscience d'une certaine fatigue qu'il peut y avoir à être grand (au milieu d'une foule d'avantage dont celui d'être par défaut considéré comme compétent, alors que quelqu'un de petite taille doit toujours prouver qu'il l'est) est récente et date de lui.
Il me semble qu'on devrait être indulgents envers celleux qui parfois par mégarde peuvent avoir un commentaire ou une attitude blessante envers un groupe qu'ils n'envisageaient pas. Parce qu'ils font partie d'un lot majoritaire pour lequel la question ne se pose pas.
Ça vaut entre autre pour le féminisme : bien des hommes sans être misogynes n'imaginaient pas avant la vague de libération de paroles déclenchée par #MeToo à quel point certaines attitudes de beaucoup de femmes étaient motivées par un réflexe de protection face à un danger plus ou moins latent et permanent. Il faut parler et expliquer patiemment. Nous deviendrons ainsi les uns pour les autres nos meilleurs alliés afin que le monde soit plus supportable pour toutes et tous et quelles que soient nos caractéristiques.