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Albertine disparue

(fou rire littéraire)

    Il y avait bien un peu de monde au cours de danse en ce lundi, sans doute parce qu'en plus que la barre soit bonne pour notre corps, la chorégraphie de ce mois-ci se joue sur un air qui fait plaisir à danser (1) (et que je verrai bien en tube de l'été). 

Pour autant comme je me suis accordée une heure d'entraînement en faux vélo, quand je suis redescendue au vestiaire, il n'y avait plus personne qu'une dame qui semblait en appeler une autre. Sur fond de musica boum boum d'un cours de body-gym-abdo-quelque chose qui avait lieu dans une salle voisine j'ai cru entendre "Christine ? Christine ?", mais n'y ait guère prêté attention. Puis j'ai vu la dame sortir du vestiaire et une minute après un message retentissait : "Albertine est demandée à l'accueil. Albertine est demandée ..."

J'ai été prise d'un fou-rire irrépressible qui me ressaisit en l'écrivant. 
Cher Marcel, si vous saviez ...

 

(1) La baie de Clara Luciani 

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Jan Palach, le football, les affaires d'état et le temps disponible

 

    Je lis ces temps-ci "La vie brève de Jan Palach" d'Anthony Sitruk, dont je pense qu'il est une bonne approche contemporaine pour des jeunes qui n'ont rien su du sacrifice du jeune étudiant tchèque en son temps. Le fait d'allier à la reconstitution des faits historiques le présent d'un homme de maintenant et ses interrogations peut rendre le sujet accessible et c'est bien.

Parmi les questions que l'auteur se pose et nous pose, revient celle de notre apathie face à la marche néfaste du monde, ce que Jan Palach par son geste souhaitait réveiller. C'est quelque chose qui me titille moi aussi, et chaque fois que j'ai pu ou ressenti que je devais militer je l'ai par moment fait. Mais bien des fois je n'ai rien fait parce qu'entre mes devoirs familiaux et mes obligations professionnelles, je ne pouvais guère me libérer.  

C'est ce qui nous sauve et ce qui nous entrave. Le quotidien qu'il faut assumer. Que l'on ne peut jamais laisser bien longtemps entre parenthèse lorsque l'on ne fait pas partie de ceux qui ont les moyens et l'aptitude de déléguer à d'autres leurs tâches du quotidien.

En cette période de resdescente d'euphorie après une victoire de l'équipe nationale à la coupe du monde de football, accentuée par le déroulement d'une affaire d'état - j'ai ri aux premiers jours tant une part ubuesque et burlesque s'exprimait, mais je la trouve effarante et très inquiétante, pas d'illusion sur la suite, ce qui est probable c'est qu'après le vacillement, la surveillance et la répression du moindre mouvement de protestation se feront encore plus fortes, dûment pourvues de validations officielles que cette fois le gouvernement aura pris soin de faire préciser par avance,
(J'espère me tromper)
en cette période donc il est particulièrement flagrant d'à quel point lorsque l'on fait partie du menu peuple le moindre jour détaché de la besogne se paie cher en rattrapage à assurer.

Concernant le football c'est particulièrement flagrant. Du moins pour qui s'y intéresse, même sans nécessairement faire partie de qui le suit au jour le jour au fil des ans. 
Les débuts d'une compétition telle que la coupe du monde s'accompagnent d'un regain d'énergie : on met du cœur à son ouvrage sachant que plus tard dans la journée viendra le moment récréatif de suivre un match. 
Puis pour peu qu'aucune catastrophe n'intervienne et que le tournoi soit réussi, ce qui fut splendidement le cas ce coup-ci, du beau jeu, des buts, on est pris par l'événement, voir la suite devient important. On aménage notre emploi du temps, ou l'on regrette de ne pouvoir le faire.
À un moment les choses s'emballent et l'on met sous le boisseau une part de nos corvées afin de parvenir à rester sur la vague, comme sous sa protection. 
Qu'il y ait défaite à un moment donné ou bien victoire tout au bout, la redescente est presque la même : tout ce qui avait été mis sur le côté reprend ses droits. Le travail nous réclame ou si l'on en a pas d'en retrouver afin d'assurer notre subsistance, le travail de la maison ne peut souffrir une trop longue période sans.
La liesse régresse, y compris pour celles et ceux qui peuvent enchaîner sur des congés : il faudra bien que quelqu'un s'y colle de préparer les repas, faire les courses, les vaisselles ou les lessives, ranger et nettoyer. Il faut surveiller les comptes, de plus en plus souvent rester en lien avec le travail qui ne saurait souffrir d'une période prolongée d'absence absolue.

Le phénomène, la joie et la prévisibilité des étapes en moins reste le même pour une affaire d'état : impossible de suivre de près ses développements si les choses se prolongent au delà de quelques jours. Les spin doctors le savent qui poussent à jouer la montre. La précarité de plus en plus généralisée accroit le phénomène : de moins en moins de boulots sont routiniers, on se retrouve requis-e , rentrant chez soi avec la fatigue de la journée sans forcément la force de faire l'effort de se tenir au jus.

Les consciences ne sont pas nécessairement endormies, elles sont accaparées. Sans pouvoir se permettre de se détacher trop longtemps du quotidien qui nous épuise mais fait qu'on tient. 

Je vous laisse, j'ai à faire. Bien obligée.

 


Les personnes secourables

 

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    Il se trouve qu'hier, dans un élan sportif joyeux, aidé par le temps estival merveilleux, nous avions décidé d'aller faire un entraînement vélo, plutôt VTT en un peu de forêt, plutôt que nos habituelles sorties de course à pied.

Afin d'économiser des forces et du temps, nous avons opté pour une solution RER C afin de sortir de et au soir revenir vers l'agglomération de Paris, puis le vélo.

Il se trouve que la période estivale est propice aux travaux et que sur trois stations - porte de Clichy, Montigny Beauchamp et Pontoise - utilisées au retour ou à l'aller, les ascenseurs ou escalators étaient en travaux. 

Nous étions donc dans la position des cyclistes devant porter leur vélo à l'épaule comme sur cette magnifique photo de Simon Gill. Je le fais désormais point de vue poids facilement. Seulement il se trouve que le VTT a une config. de cadre qui ne rend pas facile le glissé sur l'épaule d'autant plus que différents câbles de freins et dérailleur ont des fixations situées au mauvais endroit et qui font un peu mal. Du coup j'ai dû avoir l'air hésitant en bas des marches, ou de quelqu'un qui rassemble ses forces.

J'avais le casque vélo sur ma tête donc on ne voyait pas mes cheveux grissonnants. Et des vêtements de cyclisme. Donc je ne pense pas avoir de pas tout près été rangée dans la catégorie Vieille dame

Depuis la ménopause jointe à la période de deuil et sur-occupation ma silhouette s'est épaissie. Je pense qu'on m'identifie à quelques mètres bien comme une femme mais en aucun cas jeune et sexy. Donc je ne pense pas avoir été rangée dans la catégorie de Profitons qui sait d'une opportunité.

Je n'avais pas mon vélo de course, juste un bon VTT dont on voit qu'il a fait de l'usage, donc on peut exclure l'hypothèse d'une arrière-pensée de vol.

En revanche mes gestes sont lents et je me suis aperçue avec le triathlon - ce fut flagrant l'an passé à Thonon - que les gens associent lenteur avec difficulté ou défaillance. Il faut toujours expliquer : je vais très bien mais justement je vais doucement pour continuer à aller très bien. 

Il s'est ainsi trouvé, à chaque montée, je dis bien chaque, et malgré la faible affluence, des personnes pour me proposer sans hésitation leur secours. J'ai décliné le plus délicatement possible, mais cette attitude généralisée d'attention aux autres m'a fait chaud au cœur.

(Serait-ce un effet collatéral heureux de On est les champions ?) 

 

 


La boulangerie rue de Paris


    Hier soir en rentrant, tard même si j'ai dû partir avant la fin d'une soirée, du travail, j'ai vu que la boulangerie qui faisait de l'excellent pain italien au début de la rue de Paris avait réouvert. Elle s'appelle désormais Boulangerie du Palais, comme une autre côté XVIIème qui était en avance de façon amusante sur la construction dudit bâtiment.

Je me demande si ce sont les mêmes personnes qui ont pu rester (1). Il est en tout cas évident que ça n'est pas la même clientèle qui est visée. Finie la petite boulangerie artisanale de quartier populaire, bienvenue dans celle d'un monde corporate.

Je me demande si celles et ceux qui travaillent dans le palais prendront la peine de passer sous le périph et de s'enfoncer dans ce qui ressemble encore un peu à une banlieue.  

 

 

(1) Leur boulangerie avait été refaite et peu de temps après un sinistre dû au chantier voisin les avait contraints à une cessation d'activité. La nouvelle rénovation est-elle le fait d'assurances qui auraient fonctionné ou à une revente ? 


Émue

 

    Bien des billets esquissés, inachevés pour cause de vie trop vite ou d'internet trop lent (1) et que j'espère pouvoir faire apparaître peu à peu une fois la période des congés atteinte.

En attendant, ce soir avant de dormir je voulais garder mémoire de l'émotion ressentie au vu de trois images glanées en passant : 

- l'émotion de Lawson Craddock coureur du tour de France victime d'une chute et qui choisit de poursuivre tant que faire se peut. C'est à 8'28" de cette video. Je connais ces pleurs de rage d'être atteinte physiquement mais de ne pas abdiquer pour autant. 

- les larmes de joie et d'épuisement de Julian Alaphilippe après sa victoire d'étape ;

- quelques mots de Pavard dans le documentaire "Au cœur de l'épopée russe" dans lesquels il montre sa propre stupéfaction devant le but extraordinaire qu'il a marqué face à l'Argentine, et qui dit en substance Je n'ai pas l'habitude de marquer, je ne savais pas trop comment célébrer. 

La période à venir va continuer pour moi à être rude, mais pourrait être très riche en enseignements, en projets. Elle est déjà bien pourvue de défis à relever et qui pour une fois ne tiennent pas tous de la parade salvatrice du gardien de but ou de l'intervention décisive d'un défenseur résolu mais bien d'aller enfin peut-être avoir la possibilité de passer à l'offensive et de marquer des buts. 

Je pense que leurs exemples pourront me redonner espoir et forces quand passeront les moments de moins bien.

 

(1) L'internet par vagues du fin fond des Ardennes était une expérience, comme la lumière d'un phare