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Une sorte de triple miracle

 

    Comme (presque) tout le monde j'avais donc vu cette video de l'homme athlétique et courageux qui a sauvé un petit garçon suspendu dans le vide. C'était déjà assez bluffant. 

Avez-vous déjà tenté un rétablissement à la force des bras ? Et le faire sans reprendre son souffle trois (ou quatre) fois ?

Après ça me turlupinait la position de l'enfant au vu de sa taille comment avait-il pu se retrouver ainsi suspendu. S'il était grimpé sur quelque chose pour tenter de voir au dessus de la rambarde (par exemple pour tenter d'apercevoir son père rentrer, puisqu'il a vite été dit que son père seul parent sur place s'était absenté), il aurait dû basculer la tête la première. Comment avait-il fait son compte ? 

Voilà que ce soir est sorti le témoignage du voisin que l'on voit tenir le petit par le poignet mais sans pouvoir faire grand chose d'autre sans risquer que tout deux ne tombent. Le petit était bien tombé sans doute en se penchant trop, mais d'un étage supérieur
Dans sa chute il se serait trouvé en position de se raccrocher et l'a fait. 

Voilà donc un triple miracle qu'à bien résumé @Kozlika :

 

Capture d’écran 2018-05-28 à 22.49.23

- Que l'enfant chu parvienne à se raccrocher à une rambarde ;
- Que le voisin du dessous soit là et ait la présence d'esprit et le sang froid et la force de le retenir ;
- Que Mamoudou Gassama passe par là et, n'écoutant que son courage, réalise son exploit.

Mamma mia ! 
Tous ont fait preuve concomitamment de qualités hors du commun.
Personnellement je n'aurais sans doute été capable que d'une seule chose ou deux : appeler les pompiers, filmer.

Ça n'est pas sans rappeler l'attentat manqué du Thalys : un lot de personnes avec différentes aptitudes avaient toutes fait preuve de courage et sang froid, permettant d'éviter le pire. Peut-être que tout n'est pas perdu. 

 

 


"Royal wedding day"

 

    C'est avec un peu de retard sur l'actualité que j'ai remis la main sur "The secret diary of Adrian Mole aged 13 3/4" de Sue Townsend dans lequel le jeune héros diariste relate le Royal wedding d'alors (Lady Di et Prince Charles, 29 juillet 1981). 

Curieusement le passage est plus long que dans mon souvenir, je ne saurais le reproduire en entier.

 

"Wednesday July 29th 
ROYAL WEDDING DAY !!!!!!

How proud I am to be english!
Foreigners must be sick as pigs!
We truly lead the world when it comes to pageantry!
I must admit to having tears in my eyes when I saw all the cockneys who had stood since dawn, cheering heartily all the rich, well-dressed, famous people going by in carriages and Rolls-Royce."

S'ensuit un passage dans lequel il décrit les réactions de ceux qu'ils ont invités à voir le mariage chez eux pour cause d'écran couleur et grand. Et comment ça se transforme peu à peu en fête des voisins.

"Thursday July 30th
I have seen the Royal Weeding repeats seven times on television.

Friday July 31st
New Moon
 Sick to death of Royzl Wedding"

 

 


Des romans et des rêves

 

    D'emblée lisant "Camille mon envolée" j'ai su que Sophie Daull ferait partie des auteures qui compteraient. Son travail se poursuit qui ne fait que me le confirmer. 

Elle sait mêler comme personne, fiction, réalité et réflexion sur le travail d'écrire, tout en restant très abordable, du moins pour qui aime lire.

Son nouveau livre sous forme d'épreuves non corrigées nous [libraires] a été remis la semaine passée et depuis j'aspirais à un moment calme pour pouvoir m'y plonger. Mon corps me l'a accordé aujourd'hui, je crois que j'avais trop forcé sur le sport, en plus du travail, ces jours-ci. Alors je me suis souvenue que mon dimanche est le lundi et qu'un jour par semaine j'ai droit de repos.

Je suis restée un peu sceptique quant aux pensées d'un ancien assassin présent dans ce roman-ci. Il est presque sympathique, sincèrement repentant. Or si je peux croire que certains crimes commis par les hommes relèvent du pétage de câble, d'un truc qui leur revient d'un temps animal ancien et qu'ils ne peuvent contrôler, que ça n'en fait pas des monstres ni nécessairement des récidivistes, je reste persuadée que la plupart d'entre ceux-là s'en sort avec sa conscience par un splendide déni, ou des idées de légitime défense que les humains s'accordent. Ils réinventent l'histoire. S'estiment provoqués. Omettent en leur propre mémoire ce qu'eux-mêmes ont dit ou fait.

Pour un qui n'était pas un assassin direct mais tendait tel Ted Hughes à pousser au désespoir ses conquêtes successives, j'ai pu lire la réécriture tout en ayant encore les originaux. Il y a de quoi douter. De tout. De la réalité.
Quant à la parole donnée, c'est clair : chez la plupart des humains, elle ne vaut (presque) rien.

Bref, peut-être qu'une bonne personne n'est pas tout à fait capable d'incarner quelqu'un qui ne l'est que rarement.

Pour autant j'ai été embarquée et émue comme toute les fois d'avant. Et j'ai chéri la reconstitution du quotidien des jardiniers de la collectivité et de celui des libraires et de celui des écrivain-e-s et leurs voyages en train. That's it. Once and again.

Ce qui faisait que j'ai pu et dû rester chez moi à lire à également fait que je me suis endormie. 
Qu'il y a eu un rêve, dont je suis sortie sous l'effet de l'émotion, du réconfort, et du trouble qu'il me faisait éprouver.

J'étais à mon tour romancière.  Moi aussi je voyageais, devisais et signais. 
Et il y avait ce moment, dans une librairie de Roubaix, non loin de La Piscine où l'on ne va plus nager, où venaient parmi les lectrices et quelques lecteurs qui en étaient les habitués, tous ceux et les quelques celles qui avaient envers moi quelque chose d'un peu solide à se faire pardonner. Certains étaient des morts revenus pour l'occasion, dans leur vêtements d'antan. Leur présence semblait naturelle, fût leur air démodé. D'autres étaient des personnes dont je n'avais jamais soupçonné le forfait, mais qui correspondaient à des revirements de tiers que je n'avais pas compris (1). Et étaient venu-e-s les deux ou trois qui m'ont vraiment mise en danger. Échaudée, je me méfiais d'un calcul de leur part, sans notoriété qui pouvait servir la leur ou donner du poids à d'éventuelles révélations, ils seraient restés dans le confort égoïste de nos histoires par eux réécrites. Je savais qu'il ne me serait plus possible de croire en eux à nouveau. Seulement leur geste m'apaisait, me sortait du rôle de la serpillière après usage balancée, me remettait d'équerre, à égalité. 

À la fin de la file, ma grand-mère maternelle. Elle n'avait la pauvre strictement rien à se reprocher. Était en noir et blanc, un peu floue après tant d'années hors la planète. Trop d'espace-temps nous séparait pour que nous puissions nous parler, mais elle me tendait le livre avec un sourire réconforté. J'avais en signant l'impression que tout rentrait dans l'ordre. 


Je me suis réveillée la fièvre était tombée. Ces présences et ces pardons m'avaient rassérénée.

Je n'ai pas de haine ni de rancœurs, seulement de la tristesse, une souffrance des absences, et une intranquillité tant que je n'ai pas compris ce qui a pu pousser certain-e-s à agir comme ils ou elle l'ont fait. Je pouvais à présent espérer faire quelque chose de ma soirée, au moins m'occuper des lessives, du dîner, d'un peu ranger. 

Je pense que c'est à l'influence positive du roman de Sophie Daull que je dois ce regain. Ça ne sera pas la première fois que lire son travail me fait du bien.
Merci à elle, grand merci.

 

(1) Un changement de décision, ou d'attitude induits. Manœuvres ou médisances. Délations infondées ayant trouvé échos. 
PS : Il m'est réellement arrivé lors d'un pot de départ du temps de l'"Usine" de recueillir confidences et excuses de la part d'un hiérarchique qui dans une affaire confuse - on m'avait mise sur une mission puis reprochée de m'y être consacrée, je n'en voulais à personne tellement je n'avais rien compris, en étais venue à supposer qu'on avait dû me dire un jour quelque chose que je n'avais pas entendu -, laquelle relevait de luttes d'influences intestines dont j'avais en toute innocence fait les frais ne m'avait donc absolument pas défendue. J'en ai surtout retenu l'intense soulagement de 1/ Soudain tout s'explique 
2/ Je n'avais donc rien à me reprocher, rien raté. Le songe d'un peu de fièvre m'a fait revivre ça.

PS' : Et sinon dans mon rêve s'intercalaient des images de la video amateur qui tournait sur les réseaux de l'homme sportif et courageux, Mamoudou Gassama, sauvant l'enfant imprudent. Mon admiration pour le sauveteur a eu le temps de s'exprimer, alors revenait une absolue perplexité : comment l'enfant a-t-il fait son compte pour se retrouver dans la position ou il était ? Q'avait-il diable voulu tenter de faire ?


Intempérie intempestive


    Nous reprenions le métro après une belle soirée en compagnie de James Morrow et sa femme, et après une journée de temps clément, plutôt gris, mais ni chaud ni froid, pas spécialement de vent, lorsqu'une annonce ligne 1 a stipulé qu'il n'y avait pas de correspondance à Porte Maillot pour cause d'intempéries.

Cette annonce nous a surpris. 

Ou alors c'est l'orage de la veille qui avait provoqué des séquelles dans la durée.
Ou bien un phénomène très violent du jour mais très localisé.

Ou enfin nous étions tellement bien à l'abri dans la librairie en compagnie de notre auteur, qu'une mini apocalypse météo a eu lieu sans que nous n'en ayons la moindre conscience.

 

PS : Après enquête la solution était "séquelles dans la durée", du moins au vu de l'état de la veille, le métro inondé porte Maillot au point que certain-e-s avaient ôté leurs chaussures pour pouvoir avancer.


La tornade de septembre 1896 à Paris (et un simple orage aujourd'hui)


    Un violent orage grêligène qui a duré au moins une heure s'est abattu dans l'après-midi sur le nord et l'ouest de Paris. Une magnifique vue via @Keraunos

Il se trouve que le mardi est pour moi jour non travaillé à la librairie et que j'emploie habituellement à mon travail personnel (à la BNF) ou familial (les choses à faire pour la maisonnée). Il faisait beau et après un bon début de journée (entraînement de natation) j'hésitais - plutôt à cause des grèves probables à la bibliothèque même, et du travail en retard de rangements dans l'appartement -, filer à la bibliothèque ou bien rester à la maison. Et puis j'ai été prise d'une faiblesse soudaine avec une sorte de pré-mal de mer, que je commence à savoir identifier quand il ne s'agit pas des prémices d'une gastro : chute de pression atmosphérique. 

Alors j'ai cherché à savoir ce qu'il en était, j'ai vu prévision d'orage(s), mais OK un orage ordinairement ne me rend pas malade, ne suffit pas. Alors quoi. En fait c'était un simple orage mais carabiné. Et peut-être que mon corps a sur-réagi parce que j'étais particulièrement fatiguée.

Au passage dans mes recherches, je suis tombée sur ceci : 

Tornade Paris 10 septembre 1896 

grâce au site Keraunos
auteurs de l'article Pierre Mahieu et Emmanuel Wesolek 

Il y avait eu l'année d'après une tornade sur Asnières. 

Mes enfants (adultes) sont rentrés trempés successivement, drinchés de la tête au pied, l'un rigolard, l'autre éreintée.

Je crois qu'il convient de noter ces choses pour plus tard, je pressens des temps violents, sans doute aussi climatiquement. 
Paris, 22 mai 2018


Reconversion

En janvier trois étudiants de l'ESJT étaient venus m'interviewer dans le cadre d'un article multimédia qu'ils préparaient sur le thème des reconversions radicales, plus particulièrement lorsque le premier métier a perdu sens. Voici leur article et voici l'excellent montage qu'ils ont fait de notre entretien : (seul petit regret j'aurais dû insister sur l'importance à mes yeux d'un travail utile aux autres) Grand merci à eux.

Semaine #18 : Hector Mathis


    Puisque je les écris d'un moment à la BNF l'autre, la semaine s'achève au lundi soir (16 mai) par la présentations de rentrée littéraire Les Escales, dans un local arty du XVIIème. J'y revois mon ancienne patronne, l'autre Sylvie mon amie, Béatrice, Hadrien, le neveu de mon vieil ami (1) et quelques autres connaissances et ami-e-s.

La présentation est menée à bon rythme. Et voilà que surgit un jeune auteur, Hector Mathis, dont la parole est préparée, presque un slam le rythme en moins, et sa voix qui est aux inflexions incluses celle de Grand Corps Malade, il serait Dyonisien ça ne me surprendrait pas. J'ai la conviction que son bouquin est bien, ce que me confirme Béatrice qui l'a lu pour Page (2). 

Je m'y mets aussitôt et oui, aux erreurs de jeunesse plutôt sympathiques près (et qui plairont à beaucoup) : trop la recherche de la belle phrase et quelques passages d'envolées lyriques qu'une dame de mon âge ressent comme superflues (boys will be boys), c'est un That's it absolu. Assez incroyable que quelqu'un d'aussi talentueux et bosseur, sinon le produit fini n'aurait pas ce niveau, choisisse encore les livres, l'écrit, comme mode d'expression. C'est pour ce genre de découvertes que l'on exerce ce métier [de libraire] si mal rémunéré. L'envie de le faire connaître à toutes celles et tous ceux qui savent lire.

Au passage et en marge, je découvre l'existence de la neuropathie héréditaire de Leber, et une fois de plus je me sens chanceuse avec ma béta thalassémie mineure, même si rôde le regret des grandes choses que j'eusse pu entreprendre sans, à capacité intellectuelles égales, et même si je récolte à présent les fruits de la bonne hygiène de vie à laquelle elle m'a contrainte ne serait-ce que pour être en état de gagner ma vie.

La découverte de ce roman ("K.O." chez Buchet Chastel) et du nouveau romancier restera le point marquant de cette semaine. 

J'ai hâte de pouvoir l'inviter à une rencontre-dédicace.

*                    *                   *

Mon kiné s'occupe de mon poignet droit, douloureux. Je sais depuis le vendredi qu'il ne s'agit pas d'une fracture ni de quelque chose de cet ordre. Nous pensons lui et moi qu'il ne s'agit pas d'une tendinite. 

Il me travaille donc l'articulation en replaçant depuis le coude et presque instantanément je ressens un regain de souplesse. Pour autant pas question de pouvoir reprendre appui. Ça créé une douleur qui fuse, qui irradie. 

*                    *                    *

Entre kiné, puis décathlon (équipement du nouveau vélo, pédales comme si ou ça), et BNF je déjeune par manque de temps et curiosité dans un restaurant de hamburgers, le Big Fernand. Il ne font que ça mais à ma plus grande surprise (3) les font bons. Je me régale. 

L'accueil est au commercial optimal actuel, c'est confortable quoiqu'agaçant (on sent la courtoisie mécanique et le désintérêt absolu au fond ; mais au moins en cet endroit il font l'effort de cette courtoisie avec entrain).

20180523 1049

(billet incomplet) 

 

(1) Vieillir c'est aussi : pouvoir écrire "vieil ami" pour ami de longue date car les deux vont aussi.
(2) Déception : La journée Page de la BNF est cette année réservée aux librairies qui l'achètent - on ne saurait leur en vouloir, tout a un coût -. M'en voilà malgré moi exclue.
(3) Je ne goûte pas trop les hamburgers, je date de la génération d'avant.

 

Le semainier est une idée d'Anne Savelli pour Fenêtres Open Space