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Les infos perlées


    C'était déjà le cas dès lors que ma mère était tombée malade et que mon temps ne m'appartenait pas, même hors du travail : je ne suivais plus les infos que par morceaux, de façon lacunaire, essentiellement via les réseaux sociaux et la radio mais seulement à certaines heures : France Culture le matin et les flashs sur FIP quand aux librairies où je travaillais il se trouvait qu'il n'y avait ni clients ni coups de fil au 50 minutes d'une heure donnée (1). 

Ces derniers temps, sans doute à cause du déménagement des affaires de mes parents et tout le travail préalable et au fait que mon travail à et pour la librairie est très prenant - entre autre de belles plages de lectures quand je suis à la BNF ou chez moi, pour préparer les rencontres, et je me coupe bien du monde dans ces moments-là -, au fait aussi que la maison de Normandie est sans l'internet et que je me suis fait voler mes lunettes fin octobre sans les avoir encore réellement remplacées - j'utilise des lentilles progressives, formidables, mais ne les porte pas sans arrêt -, ce qui fait que lire sur l'écran de mon téléfonino est un peu hasardeux (2), c'est devenu particulièrement flagrant.

Et bizarre : par moment une info m'arrive pratiquement en temps réel. Et puis une autre, parce qu'elle s'est glissée alors que j'étais concentrée sur toute autre chose et qu'elle n'a pas eu tant de relais me passe totalement inaperçue. Ou alors je l'apprends par ses conséquences. 

Ainsi du crime écœurant commis sur une octogénaire à Paris parce qu'elle était d'origine juive, je n'ai eu vent que par le touite d'une amie qui s'apprêtait à se rendre à un hommage. Et j'avoue dans un premier temps n'avoir pas compris, avoir cru (naïve) qu'il s'agissait de quelqu'un que l'amie admirait - un peu comme j'étais allée à la cérémonie pour Lucie Aubrac -, et j'ai eu le temps de me dire, qui était-ce qu'elle admire ainsi et que je ne connais pas, avant de mesurer, et mon erreur et l'horreur. 
De la prise d'otage à caractère terroriste de Trèbes, je n'ai eu que le fait qu'il se passait un truc dans un supermarché, vers Carcassonne, et compris seulement au soir l'ampleur et là aussi l'horreur de cette tuerie.
J'ai découvert seulement ce soir que Philip Kerr était mort, alors que ça concerne mon métier - bizarre d'ailleurs que si peu de retentissement côté pro -. 

Pour autant pour d'autres choses, il se peut que j'en sois au courant dans l'instant, si par exemple je consulte Twitter pendant un trajet en transports et que ça tombe sur les téléscripteurs ou leur descendance en ce moment précis. 

Je me sens donc en même temps toujours autant en prise avec mon époque et à la fois pas du tout, décalée, déphasée, en parfaite inconscience de certains événements. Pour un peu ça me renverrait au temps où les informations ne parvenaient qu'au compte-gouttes jusqu'à la plupart des gens : journaux du matin ou du soir, informations à certaines heures précises sur les quelques radios officielles, journaux télévisés deux fois par jour au maximum pour qui cherchait à les regarder (3). Et je suis impressionnée de mesurer à quel point notre rapport à l'information, à intérêt constant - je cherche à savoir ce qui se passe, à me tenir correctement informée, je ne tiens pas nécessairement à tout savoir au plus vite dans tous les domaines tout le temps - a changé. 


(1) Ce qui est assez rare en fait : si on voit une seule personne sur une heure donnée, elle passera à moins dix. ;-) 

(2) En même temps ça me permet d'inventer des news en mode Professeur Tryphon, ce qui est parfois drôle.

(3) Et donc à être devant son poste allumé à l'heure dite, car les magnétoscopes n'étaient pas encore d'un usage répandu. 

 


Je pense souvent à elle, souvent à ses billets

 

    Peut-être parce que l'année et demi écoulée, depuis le décès de mon beau-père et la maladie puis le décès de ma mère a été proprement éreintante, sans compter certains chagrins complémentaires qui même s'ils ne me concernent pas directement me secouent, je pense souvent à La Fille aux Craies, à son humour qui faisait du bien, à certains de ses billets de blogs qui me sont restés au point que je ne peux voir ou lire certaines choses sans songer à ce qu'elle en écrivait : c'est de sa "faute" si désormais la polenta me fait penser à God Save the Queen, si je me sens moins toute seule à aimer les serviettes rêches et si j'ai des associations d'idées coquines dès qu'on emploie le mot mission. 

Alors oui, aujourd'hui j'avais besoin du réconfort de sa façon de penser et voilà que j'ai constaté, ce que je n'osais même plus espérer, que son blog pour le moment perdurait : 

La fille aux craies

Je ne sais qui remercier du fait qu'il soit encore en ligne. En tout cas merci.

(Et je me demande comment vont ses proches, dont elle parlait avec tant de tendresse, le bébé dont on avait guetté la naissance doit probablement approcher des dix ans)

 


Ligne 13, moment magique


    Je rentre d'une de ces soirées de rêves auxquelles mon travail me permet de participer (scoop : Joël Casséus fera un excellent académicien), mais il est très très tard. Je pense cependant pouvoir prendre un métro. Oui, et cette ligne me rapproche bien. Puis un autre, tiens, ça convient. Soyons fous à Satin Lazare tentons de pécho la ligne 13. Ah mais il y en a encore ! (joie). Oh mais ils vont tous à Saint Denis (je finirai à pied ou avec un Mobike). Ah mais c'est vrai à la Fourche passé une certaine heure des trains pour Asnières Genevilliers Les Courtilles partent encore de la voie d'en face. 

Au moment de faire ce petit changement, assez peu indiqué - je soupçonne la RATP d'estimer que les voyageurs s'entraideront - je tombe effectivement sur une vieille dame et trois jeunes humains, un garçon, deux filles, lesquels semblent ensemble. Le gars a peut-être un peu bu ou bien il zézaye au normal de lui. Quand je m'assois et eux aussi il en est à parler avec la dame âgée comme pour la rassurer, S'excuse un peu, dit quelque chose comme C'est ça quand on fait la fête le week-end.

Et la dame dit alors :  - Je ne faisais pas la fête, j'étais à un concert.
Le gars : - Un concert ? Qui ça ?
la dame : - J'étais au concert de Sylvie Vartan. 

On la sent encore sous l'émotion. 
- Je la suis depuis ses débuts, précise-t-elle. 

Puis elle ajoute : - Elle a fait un très bel hommage à Johnny. 
Les trois jeunes personnes semblent touchées par son émotion à son âge, quelque chose de cet ordre. J'en suis à me dire, ils vont se dire que c'est sans doute une chanteuse d'autrefois, lors qu'une question du gars vient comme ça : 

- Et vous, l'affaire, vous en pensez quoi ?
- Je pense qu'il n'aurait pas dû déshériter ses enfants, les enfants c'est les enfants.

Une des deux jeunes femmes objecte alors : 
- Oui mais David et Laura n'était pas des bons enfants. 

La dame ne se démonte pas, qui argumente que ce qu'à fait Laetitia ça ne se fait pas. Et les voilà partis tous les quatre à peser le pour et le contre, sur fond de vérités et de contre-vérités (mais comment savent-ils tout ça de la vie privée de ses gens-là, certes gibier de paparazzi mais quand même. 
Mais c'est une très jolie discussion parce qu'elle est possible là comme ça, ligne 13 entre 1 et 2 heures du matin. Ils ont des points de vue divergents mais les expriment paisiblement.
Alors que j'en suis à songer que la gloire est un bien étrange phénomène qui fait que des anonymes se retrouvent à discuter en pleine nuit dans un métro parisien des détails d'une succession qui ne les concernent en rien. 
Ils en sont à parler rentes et appartements, étude comparative, lorsque l'initiateur de la conversation regardant par la porte ouverte s'écrit rigolard : 

- Trafic d'œufs, trafics d'œufs, vu ! 
Et nous voyons que sur le quai des hommes en abis de contrôleurs ou ressemblants et un type au brassard rouge de sécurités sont en train, effectivement, de s'échanger des œufs.

Ils ne prennent pas mal l'apostrophe et le gars de la sécurité vient causer collègue fermier au témoins téméraire. 
Sylvie Vartan et toute sa famille ne font plus partie du paysage mais les produits de la ferme  "mieux que du bio" leur ont succédé.

Je me dis que j'avais oublié à quel point la ligne 13 avait un petit côté Kaamelott, certains soirs. Je m'étais retenue de rire jusque-là mais ce n'est plus possible et plus trop nécessaire, tout le monde se marre avec cette histoire d'œufs. La traversée de Paris en plus contemporain et moins cochon.

Alors que je pense que le sketch va s'achever ainsi, que c'est déjà beaucoup cadeau. C'est le conducteur qui annonce l'imminence du départ en mode rock'n'roll joyeux, presque le En voiture les enfants d'un directeur de carrousel. 

Ce sont tous les passagers qui rient, sauf ceux qui ne comprennent pas bien le Français : l'heure est aussi aux retours des touristes en goguette.

Il y a une fin de sketch sur les lumières qui clignotent en indiquant faussement un retour vers Satin Lazare. 

À Brochant la dame descend, dûment saluée par la plus jeune génération.

Méfiante, je me dis qu'ils vont se faire un plaisir de la moquer, comme elle exprimait son admiration pour "Sylvie". Qu'il faudra faire avec cette insincérité. Je me prépare mentalement à entendre des propos injustes et déplaisants
Et puis : L'une des jeunes femmes s'écrie Elle était trop sympa la mamie. 

Et l'autre : - Je n'ai plus de grand-mère j'aimerais bien l'adopter.

et le troisième de renchérir. Et les voilà à partager leur enchantement de cette rencontre.

Heureusement que nous arrivions, ils m'ont émue aux larmes. Ç'avait été un moment de grâce jusqu'au bout.

Je me souviendrai longtemps de cette soirée, et aussi pour sa première partie qui déjà m'avait enchantée (merci Joël Casséus, et Lucie et Frédéric)


C'est ma première Mobike partie

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Depuis deux semaines je tente chaque fois que je croise une station néo-vélib avec des vélibs dessus d'activer mon pass navigo support de mon abonnement annuel - lequel finira par expirer sans que j'aie pu remonter une seule fois en selle - mais pour l'instant sans succès : des petits sabliers apparaissent ou des signes d'une connexion en cours qui n'arrive pas au bout. Et je n'ai pas le temps d'attendre trop longtemps. 

Du coup j'ai craqué et comme un pass est possible pour 180 jours, quoiqu'un peu coûteux, j'ai décidé de tenter ma chance avec Mobike. Contrairement aux néovélibs il y en a dans les quartiers qui me concernent (domicile, travail) et contrairement aux autres vélos sans accroches ils me semblent bien costauds.

La première opportunité d'essai s'est présentée pour moi ce soir en revenant de la librairie.

Essai concluant : une fois l'appli téléchargée sur le téléphone, le pass payé et une appli de scann de QR code installée, il est extrêmement facile de trouver un vélo, le déverrouiller. Le verrouillage est également logique et simple (une tirette sur l'antivol). 
Quant aux vélos, la surprise est leur légèreté. Au vu de leur allure je les croyais lourds. Mais non. Et leur confort est remarquable, en tout cas pour quelqu'un de ma taille (1). Le panier est parfait pour déposer un sac à dos de type sac d'ordi.

Deux petites réserves : je n'ai pas pu voir si le feu avant s'allumait vraiment (2). Et ces vélos n'ont pas de vitesses (3) et sont réglés sur un développement qui fait qu'on mouline - après, c'est certain, on tourne les gambettes sans effort aucun -. C'est peut-être ce dernier point qui me fera peut-être in fine rester dans le giron vélib du moins si ceux-ci un beau jour s'en venaient à fonctionner (ce dont je finis par douter). Et s'ils disposent d'un développement "sport" au moins. 

En tout cas, voici mon premier Mobike  20180310_210920

et sur un trajet court nous nous sommes fort bien entendus. 

 

(1) 1,65 m et pas de longs bras 

(2) Il est censé le faire en avançant mais comme il est sous le panier, je n'ai pas vu s'il éclairait.

(3) ou alors elles sont super cachées.

PS : Le titre, je le précise pour les moins de vingt ans ou trente, vient d'une chanson de Sheila. 


La sacoche suspendue

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Même si je les emprunte moins que l'an passé puisque mes trajets de travail vont vers Paris intra-muros, j'apprécie toujours autant les trains de banlieues encore neufs de chez Bombardier. Il y a réellement un confort supplémentaire tel que la fatigue de la répétition pendulaire des déplacements quotidiens s'en ressent : elle s'allège.

Pour autant je n'avais jamais remarqué qu'ils étaient également équipés de crochets permettant de suspendre quelque chose, un habit, un objet. 

Un des usagers qui partageait le train ce matin-là avec moi l'avait bien repéré, venait sans doute de Versailles Rive Droite, le départ de la ligne (1), avait eu et pris le temps de confortablement s'installer. 
Sa serviette de travail se balançait donc légèrement au dessus de la large fenêtre, complétée d'un autre sac, lequel semblait léger.

Ces trains sont bien conçus.

 

(1) Pendant quelques temps, histoire de les tester ?, les Bombardiers étaient plutôt réservés aux lignes à destination de Nanterre Université et Cergy Le Haut, tandis que Versailles restait désservie par les gris et bleus. Mais peut-être qu'une protestation versaillaise y aura mis bon ordre, désormais c'est l'inverse. 


Mystère neige et jardins (publics)

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Il aura donc cet hiver 2017/2018 neigé à Paris au moins (1) par deux fois début puis fin février. Peut-être un peu plus ou plus de jours la première fois mais pas d'une façon monstrueuse. 

Pour autant dans ma ville, les parcs et jardins furent fermés, ce qui pour celui que nous traversons afin d'aller prendre le train, et bien des gens le font, était un brin gênant.

Seulement lors de la seconde session, le parc est resté ouvert. C'était beau.

Et bien plus pratique. 

J'aimerais comprendre pourquoi il était fermé dans un cas, ouvert dans l'autre. La seule explication que j'aie trouvée serait la plus grande brièveté de l'épisode neigeux. Mais c'est quand même curieux.

 

(1) L'hiver n'est pas encore officiellement fini

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