Obsolescence déprogrammée
15 janvier 2018
(autres photos à venir)
Par deux fois lors des tris, rangements, jetages, dons, mises en carton, j'ai fait l'expérience de brancher des appareils ménagers des années 50 et 60 du siècle dernier. L'idée était plutôt de vérifier qu'ils ne fonctionnaient plus pour se donner le courage de les jeter (alors que des souvenirs y étaient associés).
Et bien tant ce robot de cuisine Moulinex que cette Boule Hoover fonctionnent encore au quart de tour. En revanche les accessoires n'ont pas toujours survécu car les parties en plus ou moins plastiques plus ou moins mous se sont corrodées, racornies ou que sais-je.
Et puis un Robot Charlotte dont ma sœur et moi gardons un vif souvenir n'est pas réapparu, je suppose qu'une panne avait poussé ma mère à s'en séparer.
Je me souviens qu'elle s'en servait pour nous préparer de la viande hachée. Oui parce qu'en ces temps reculés on forçait les enfants à manger de la viande, il se disait que c'était bon pour la santé et c'était être un bébé (1) que de s'apitoyer sur le sort du pré-poussin gobé, de l'agneau qui était un petit mouton et finissait le dimanche en garniture de flageolets, ou encore des veaux dont en plus on volait le lait.
J'aimais trop ce dernier pour laisser ma mauvaise conscience s'exprimer et pour le reste nous [les enfants] n'avions en ces temps-là pas voix au chapitre. Et les adultes de la génération de mes parents étaient d'autant plus fermes qu'ils avaient connus des périodes de restrictions alimentaires enfants ou ados pendant la guerre, alors ils mettaient un point d'honneur à ce que leur descendance ingurgitât des protéines animales à chaque repas.
J'avais tenu bon pour le cheval. Au point de créer un incident diplomatique entre ma mère et la mère de mon petit amoureux de l'époque qui me gardait, son fils et moi fréquentant le même groupe scolaire, pour les déjeuners.
Je suis plutôt contente que l'époque actuelle rejoigne les convictions de la moi de 6 à 7 ans, tout en conservant la capacité d'apprécier un plat de viande lorsqu'elle est particulièrement bonne ou bien préparée. Mais j'ai largement diminué ma consommation, du moins de viande de mammifères.
J'aurai (2) en revanche plus de mal à me passer des produits de la mer et des produits laitiers.
En attendant, c'est impressionnant de constater à quel point un temps exista durant lequel les outils qu'on achetait pour s'aider à tenir un ménage étaient fait pour durer, et pas 5 ou 10 ans mais bien une vie entière.
(1) Au sens dépréciatif : au lieu d'être une grande fille ou un grand garçon tu es encore un bébé.
(2) Futur volontaire, je pressens un temps où l'étendue des choix alimentaires se réduira, du moins pour nous du petit peuple. Ça se fera sous couvert d'hygiénisme, et combinaison avec les conséquences du réchauffement climatique, mais ça me semble inévitable. Ami-e-s romancières n'hésitez pas à garnir vos pages de mentions et dégustations d'excellents petits plats, vous serez lu-e-s plus tard par plaisir salivaire.