En crue
26 janvier 2018
Je n'avais pas l'impression que les eaux en juin 2016 fussent montées si haut. Mais je n'avais pas tellement fréquenté les quais Paris Intra-Muros puisque je travaillais dans le Val d'Oise.
La force du courant est impressionnante à l'œil nu. Je sais qu'elle est supérieure à ma force de nage.
Le propre des images de crues est qu'on ne perçoit la plupart du temps leur ampleur qu'en étant habitués des lieux et de leur aspect normal. Non, le pont Neuf n'a pas de toutes petites arches !
J'entends qu'en 1910 la Seine était montée à 8,25 m à Paris. Nous serions aux alentours de 6 m. Ça laisse une marge.
Comme le remarquaient d'autres membres de ma famille, nos vies semblent avoir été aspirées dans une faille de temps en tout cas depuis que notre mère est tombée malade (et d'autres événements moins dramatiquement définitifs mais tristes aussi). À l'aune de cette crue je le mesure plus fort : juin 2016, je crois être enfin dans un moment stabilisé de ma vie, personne n'est souffrant, j'ai un bon travail Au Connétable à Montmorency et la principale difficulté est de me débrouiller pour y aller malgré les perturbations induite dans la circulation des RER C.
Voilà la crue suivante.
Il s'est passé un an et demi.
Où est passé cet an et demi ?
Mes parents ne sont plus ni l'un ni l'autre en vie. Je n'ai pas fait de rencontre qui puisse au moins un temps sauver. Le quotidien est surchargé par ce qui est devant être fait et mon bonheur et mon énergie au travail, un nouvel emploi stimulant, entravés par ce que les suites de deuils et de successions pompent comme vitalité et comme temps (tic tac).
Le soleil manque.
PS : Rien à voir si ce n'est peut-être qu'à la nature on ne peut que se plier en tentant de canaliser, mais cette video-ci d'Aksel Rykkvin désormais baryton est impressionnante. Ça doit quand même représenter un sacré bouleversement intérieur que de changer de voix, ce marqueur si puissant de notre identité, fros à être muets, aussi radicalement et en si peu de temps. Je suis également impressionnée par sa capacité à avoir si rapidement pris la maîtrise de son nouvel outil [de travail et d'être].