La bibliothèque, la nuit
02 août 2017
version courte, BNF version longue l'expo elle-même
La lecture vous met le nez dans la réalité
J'avais déjà tâté de la réalité virtuelle lors d'un salon du livre de Montreuil, et ça ne m'avait pas déplu. Je pense que le principal usage de ces technologies sera bientôt d'offrir à tout être humain assez fortuné pour louer le matériel une vie sexuelle de bonne qualité et permettra par exemple de souffrir moins d'une rupture subie. Peut-être qu'alors l'acte sexuel physique réel ne sera plus réservé qu'aux couples souhaitant procréer à l'ancienne, ce qui ne sera pas nécessairement bien vu car les petits ainsi conçus seront d'une imperfection so XXIème. On trouvera d'ailleurs sans doute ça assez peu hygiénique.
Comme nous n'en sommes pas encore là, où seulement en labos, les casques servent pour les gamers, des expérimentations sérieuses, et des expositions.
Celle-ci est charmante et enchanteresse : il s'agit d'un voyage à travers les bibliothèques, une dizaine en tout et fait en trois temps : un vestibule d'expo classique avec quelques explications, une salle qui nous plonge dans une bibliothèque de vieux manoir écossais (1) un jour d'automne pluvieux. On peut s'asseoir regarder et toucher (mais pas photographier, ce que j'ai un peu regretté). La voix d'Alberto Manguel nous accompagne et qui parle des bibliothèques le jour et la nuit.
Puis l'entrée casque à la main dans une forêt avec des tables classiques de library et des siècles sièges pivotants, on s'installe, on enfile le casque selon les consignes qui nous ont été données dans la salle précédente et c'est parti pour un voyage un peu enfantin au pays des grandes bibli.
Il y a celle de Sarajevo en flammes sous la guerre (2) avec un violoncelliste qui résiste en musique, celle du Danemark avec ses spectres : les livres anciens n'y sont pas répertoriés, ils se trouvent donc réduit à leur fonction isolante et décorative, celle de Montréal gagnée par les oiseaux qui du grand grimoire semblent s'échapper, et quelques autres.
La qualité de l'image n'est pas encore tout à fait au point, mais suffisante pour s'amuser. L'effet 360 est un peu en risque de mal de mer, mais ça peut s'estomper (3) ; au bout du compte quelque chose d'assez jouissif. Les choix dans le menu sont fait par direction du regard, ce qui ne laisse pas de m'impressionner, et est sans doute ce qui m'a le plus impressionnée.
Après, si on ne met pas trop fort le casque son, on peut percevoir les bruits extérieurs, et lorsqu'on a le sens de l'orientation on ne perd pas celle du monde réel.
Mon seul regret : puisque l'expo sans doute pour éviter tout risque d'effets secondaires inattendues est interdite aux moins de 13 ans, les commentaires eussent pu être plus "adultes", nous apprendre vraiment des choses sur les bibliothèques, sortir un cran au dessus du pur divertissement. Mais peut-être est-ce un effet de l'âge : j'ai tendance à trouver les expos puériles ces dernières années, favorisant l'anecdote aux dépends de l'instruction.
Cela dit, le divertissement était parfaitement réussi. Et l'entrée dans la forêt - bibli un instant de songe parfait.
Je suis sortie de là heureuse et enfantine, la moi de douze ans aux anges comme en son temps rarement.
Ce qui manquait encore c'était de pouvoir se déplacer au sein des lieux visités (4).
Mon idéal serait, pas de mise en scène (même si je me suis bien amusée, je l'avoue) mais qu'avec l'équipement on puisse visiter comme par une sorte de google street view intérieur en 3D. Et que les commentaires puissent être d'un niveau culturel avancé, du moins que l'on puisse choisir cette option qui sur l'histoire de ces belles bibliothèques nous en apprendraient vraiment.
En attendant, quel bon moment !
(Si vous voulez y aller, prévoir du temps, si possible réservez le créneau horaire à l'avance, compter 1h30 pour être en paix et dépêchez-vous ça n'est que jusqu'au 13 août).
PS : Il manquait quand même celle des Ailes du Désir.
(1) J'ai décidé unilatéralement qu'il s'agissait d'Écosse.
(2) Je crains qu'elle ne vienne me hanter
(3) Je commençais tout juste à me demander si j'allais pouvoir tout regarder quand mon corps s'est trouvé habitué.
(4) C'est du 360 haut bas point fixe pour l'instant