Des casques au chant et puis un très beau billet chez un ami
23 août 2017
Mes journées de travail sont intenses et belles (sauf celle du mois où je dois faire la déclaration de TVA, je me sens totalement en erreur de casting sur ce coup-là, même si, si c'est bien ce que j'ai compris qu'on fait, ça n'est en rien compliqué), je ne vois pas le temps passer, à la radio je mets FIP et ses brefs flashs d'infos à tous les 50 d'une heure et j'ai toujours l'impression que je viens d'en entendre un quand le suivant survient.
Du coup lors d'un des trajets - pour certains éditeurs on est aussi un peu nos propres coursiers -, j'ai eu un petit endormissement de métro, avec un rêve, ce qui est rare, comme une sorte de vision.
Les dangers d'attentats venaient désormais dans les grandes villes des cieux (1) : les types mettaient des sortes de grenades à retardement sur des drones bon marché et larguaient ça n'importe où. Alors on avait pris l'habitude de ne jamais sortir dans Paris sans sur la tête un casque de vélo. On avait aussi pris le pli de se balader avec des ballons à hélium, comme des ballons d'enfants, auxquels étaient attachés des coussins (2) ; ça rendait la ville curieuse, tout le monde ressemblait à des enfants dont les parents auraient été des paranoïaques de la prudence (3). Et puis très vite il y avait eu de la fantaisie, et dans les casques et dans les coussins-ballons ce qui mettait plein de touches de couleurs. La ville n'avait jamais été si dangereuse fors en temps de guerres ouvertes, mais n'avait jamais eu l'air si insouciante (4).
De cette évolution des risques il ressortait que le métro était devenu le mode de transport le plus sûr. On s'y bousculait (5).
J'arrivais, je me suis réveillée, je n'en saurai donc pas davantage.
Mais ce rêve, même s'il n'y ressemblait pas, en fait, m'a rappelé celui du billet Le chant du canari qu'avait écrit en février l'ami Le Roncier, durant cette campagne électorale affolante et affligeante que nous avons traversée.
Je crois que c'est parce qu'il tente aussi, ce micro-songe, d'avertir de quelque chose qui ne sera pas entendu (et d'ailleurs, par qui ?)
* * *
J'ai lu sur le même blog dès lors de plus récents billets que ma vie trop chargée m'avait fait manquer.
Parmi eux, celui-ci : L'ïle des Morts.
Je ne sais rien dire de plus que Allez voir, lisez. Il part de la sortie d'un film qui se passe à Paris au début des années 90 et fait revivre cette période durant laquelle Act-up tentait de secouer l'inertie de la société.
Je ne pense pas que j'irai le voir : la mise en fiction de périodes et lieux que j'ai connus ou événement que j'ai vécus (6) me pèse, il y a donc un grand risque d'être exaspérée, désespérée, horripilée - et encore je ne fais pas partie de ceux qui ont connu le mouvement d'au plus près -. Néanmoins ce film, s'il a du succès, pourra avoir un bon rôle pédagogique auprès des populations qui ne se croient pas concernées et pourraient de fait sans l'existence de telles passerelles pour eux accessibles, se laisser séduire par les fausses affirmations des groupes réactionnaires qui sont si frétillants depuis plusieurs années.
Wait and see (or not)
En attendant et une nouvelle fois, toute ma gratitude envers Le Roncier pour ce qu'il écrit.
(1) Probablement car la circulation de véhicules particuliers était interdite intramuros sauf cas particuliers. Et que toute zone piétonne était protégée par des plots, des murets.
(2) Une fois sortie du rêve je ne comprends pas trop ce que ça empêchait - mais sur le moment ça semblait imparable et parfaitement cohérent -.
(3) J'ai eu une amie comme ça autrefois, faire une balade avec ses enfants petits et elle était épuisant. Elle était sans arrêt en train de leur crier des appels de prudence (alors qu'ils étaient plutôt du modèle enfants sages et raisonnables).
(4) J'ai dû lire trop d'articles sur Paris 2024 et les J.O. (sujet au sujet duquel je ne parviens pas à me forger une opinion).
(5) Ça, ça vient tout droit de "L'étoile jaune de Sadorski" de Romain Slocombe, lu pour la rentrée, avec (entre autre) ses scènes de métro surchargé pendant l'occupation
(6) Je me dis que ça nous pend au nez qu'un réalisateur se saisisse du sujet formidable que ferait l'aventure du comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, que c'est l'affaire d'une petite poignée d'années avant que ça fasse un truc super bankable, genre belle aventure humaine qui en plus fini bien, avec des tractations en hauts lieux et ce que font les petites gens. Et je sais que sauf si c'est [Bip] ou [Bip bip] ou Félix van Groeningen, qui revenu de ses (més)aventures hollywoodiennes voudra renouer avec le "vrai" ciné, ça va m'horripiler.
En revanche si quelqu'un de respectueux et d'honnête décide de faire un documentaire, je serais ravie d'y contribuer. Elles ne sont pas si fréquentes en ce début de XXIème siècle les luttes collectives victorieuses.