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Trois mystères dont un (vraiment) mystérieux


    En vidant, rangeant, triant, les objets personnels qui dans la maison où vécurent mes parents restaient nous concernant, nous sommes tombées sur trois micro-mystères.

  • Une "boîte" de feutres sans marque des années 80 encore en pleine forme d'état de marche 

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  • Ma calculette du temps des premières un peu perfectionnées, dont je m'étais finalement peu servie car à mesure que j'avançais dans mes études les autorisations s'agrandissaient. Le droit à la calculatrice aux examens, était passé de la simple, à la pourvue de fonctions mathématiques assez complexes, jusqu'à sa cousine programmable. 
    J'avais donc passé la mienne à ma sœur au moment où la programmation entrait en jeu. Elle l'avait utilisée jusqu'à son bac, une bonne calculatrice Casio FX180. Le bachot c'était en 1987. Et voilà qu'en poussant machinalement sur le bouton de mise sous tension ma sœur constate que l'outil fonctionne.  P7142085
    Trente ans après, la pile même pas HS (ce qui est stupéfiant).  
    Il fut un temps où l'obsolescence programmée n'avait décidément pas encore été inventée.

 

  • - Dix-huit diapos du Mexique. Des paysages, une vue urbaine avec mention du PRI, aucun doute (sauf pour une qui fait davantage Cordillère des Andes), c'est bien du Mexique qu'il s'agit. 
    Elles se trouvaient dans le bureau (meuble) de ma sœur, laquelle n'y a jamais mis les pieds ni personne de ses proches connaissances. 
    Nos parents, jamais n'ont voyagé si loin. Ni non plus moi. Aucune des vues ne permet de voir quelqu'un de notre connaissance. 
    Ce sont de bonnes photos (mes reproductions ici en sont mauvaises), quelqu'un qui avait la technique et un plutôt bon regard. Certaines sont des kodachrome, et leurs couleurs sont resplendissantes. Quelques unes portent une inscription "SEP 81"  d'autres "OCT 83" d'autres rien. Il y a une vue aérienne, or aucun d'entre nous à ces dates n'avait encore pris l'avion. Pas d'inscription sur la boîte qui est de plastique jaune d'or (celui des dias Kodak).
  • Bref, nous n'avons aucune idée d'où elles sortent, de pourquoi elles sont là, de qui aurait pu les confier à ma mère ou ma sœur ou mon père (auquel cas : pourquoi se seraient-elles retrouvées parmi les affaires personnelles de ma sœur ?) ni pourquoi.
    Elles pourraient être à l'un de mes cousins, alors fameux voyageurs. Mais pourquoi ont-elles atterri là ? 
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Nous voilà donc avec un fameux "Mystère des photos du Mexique" pour lequel le secours du Club des Cinq, du Clan des Sept, de Mick Chat-Tigre ou de Sherlock Holmes seraient le bienvenu.

En vente

 

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Et donc voilà, la maison qui fut celle de mes parents, celle où ma sœur et moi avons grandi est désormais en vente auprès de deux agences.

Ni l'une ni l'autre d'entre nous n'avons les moyens de la garder et la louer serait trop lourd.

Nous en fûmes à partir de mai 68 les premiers occupants. 

Les travaux de rénovation que j'ai fait faire lui ont redonné un peu de son allure d'antan. Mes parents avaient respecté le bâtiment, sa conception. Pas abattu de cloison, pas vitrifié le plancher, pas transformé en PVC les fenêtres ni les volets. Tout est resté dans sa première beauté.

J'aurais aimé la garder.

Ça ne sera pas possible.

Puisse une nouvelle famille y vivre sans être malheureuse.

[photo : la maison à Noël 1967] 


Thirteen reasons why (suite)


    Très lentement, à raison d'un épisode les soirs où je ne tombe pas de sommeil tout droit en rentrant mais où je suis trop fatiguée pour lire, je poursuis ma vision de la saison 1.

Je regarde avec un peu de détachement, admirative du travail accomplie, peu dupe des ficelles - je suis trop âgée pour totalement apprécier -, très intéressée par le côté Jeunes de maintenant - je me sens d'un tout autre temps, pas meilleur pour autant, mais tellement différent -, mise en distance par le côté "gosses de riches".  Leur formule narrative à force flash-backs, leur montage nerveux est redoutablement efficace.

Tony (l'acteur qui joue) surclasse tout le monde. Je le vois bien faire une carrière remarquable, un peu comme lorsque je regardais 21 Jump Street par besoin de détente gravide j'avais repéré que le petit gars Depp n'allait pas en rester là. Quelque chose dans la façon d'habiter le rôle.

Et puis soudain il y a cette scène où le jeune premier craque, il avoue à sa mère qu'il connaissait très bien la jeune femme qui s'est suicidée et qu'il ne se remet pas de son absence. Qu'il ne comprend pas comment font les autres pour continuer comme si de rien n'était, que lui ne peut pas, que l'absence prend toute la place. Peut-être que j'ai regardé toute cette série uniquement pour cette scène. 

Je me suis sentie moins seule et de les voir portés par un autre a un temps allégé l'emprise de mes propres chagrins d'absences insupportables.

(à part ça, cette série est vraiment méritoire sur certains points, contre le "bullying", contre la culture du viol, contre tout racisme, et c'est bien). 

    


Il faudrait que j'écrive

 

    Il faudrait que j'écrive le bonheur que c'était de boucler aux 3/4 3/4 un triathlon, un vrai et qu'en fait je tiens bien le choc. Mieux que ce que je croyais. 

Une année d'entraînement normale (sans deuil, sans grands tourments, avec le boulot raisonnable), un vélo nouveau (peut-être) correspondant aux normes actuelles, et je ferais peut-être partie du grupetto plutôt que d'être la dernière à qui une visite touristique de sécurité est accordée - en même temps, c'était formidable, et grand merci à la dame qui m'a accompagnée -.

Me restera en mémoire la beauté du Léman.  20170709_184738

Que nous y fûmes heureux.

Je suis lente, plafonnée par les battements de mon cœur, sans doute liés à la thalassémie - pomper plus pour oxygéner -, mais les jambes sont solides et assez infatigables, la #viedelibraire n'y étant sans doute pas pour rien. Quant au mental, si j'ai survécu à bon nombre de coups durs, ça n'est pas pour flancher aux premières douleurs.

Il faudrait que je passe à des courses longues distances, en natation c'est évident - j'ai un tel bonheur de nager en eau libre quand elle est agréable, je pourrais tenir 2h avec la combi -, en trail aussi peut-être - courir en forêt me rend heureuse -.

Pour l'heure pause dans le sport, à part de m'entraîner seule, tranquillement, nager en Normandie si j'y passe quelques jours. Et priorité à mon travail, à la maison de mes défunts parents, tout ce qui est devant être fait. J'y verrai plus clair, beaucoup plus clair après. 

Je dois trouver le temps d'écrire même sans disposer de temps personnel. 

 

 


Ça se passe comme ça, à Levallois

 

    Navrée de n'avoir pu me lever à temps pour aller encourager les copains [au triathlon de Paris], j'ai tenté de sauver ma journée en allant courir. 

De Clichy, l'île de la Jatte permet de faire un petit 10 km presque bucolique. 

J'arrive à ce feu rouge traversant des voies le long de la Seine, alors qu'un homme d'un âge certain de mon âge, s'y tient depuis un moment une enveloppe à la main. En bonne bécassine béate je le remarque en me disant qu'il n'y a que nous autres vieux pour écrire encore des lettres, puis je rigole in petto de mon romantisme, juste le gars il est en train de chercher une boîte pour payer une facture. Au moment où je parviens à sa hauteur, une voiture de vieux riche s'arrête sur le passage piétons, un autre homme pas tout jeune et ventripotent installé à la place de qui se fait conduire par un chauffeur personnel, un vrai, salue l'autre avec un grand sourire, fait exactement comme si j'avais mis une cape de transparence (et je lui en sais gré), alors que le teneur d'enveloppe a un bref regard inquiet dans ma direction - je tripote alors ma montre de sportive avec application -, On se téléphone lui dit-il jovialement, Oui répond l'autre avec aménité et la voiture redémarre, le feu est vert piéton, je bondis sans demander mon reste.

On dira que c'était deux cousins qui préparaient le cadeau collectif pour les cent ans de leur chère tante Suzanne, c'est évident, vraiment. Je n'en doute pas un seul instant.

Ma montre m'a indiqué que j'ai accompli le deuxième 10 km le plus rapide (1) de ma vie de triathlète (débutante, certes, et encore pucelle de la finisherialité).

Si je vivais à Naples ou dans quelques coins précis de la Sicile, je serais sans doute à l'heure qu'il est  peut-être un peu trop morte pour écrire ce billet.

(et à part ça, il y a quelque chose avec ce passage piéton protégé : c'était au même endroit qu'un autre coureur nous avait tenu un jour des propos prophétiques avant de filer à belles foulées)

 

(1) Tout est extrêmement relatif, mon vite à moi est la petite foulée d'échauffement des autres.

PS : Aucun des deux n'était Balkany, ne soyez pas déçus.
PS' : Ce n'était qu'une simple enveloppe, pas une valise de billets