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Et pourtant il faisait gris

 

    Après la journée de la veille qui amorçait un début de printemps, l'hiver était revenu marquer son territoire météorologique et temporel. L'âge venant on se laisse moins surprendre par ces sensations de froid qui sont surtout celles d'une amplitude thermique, et d'une influence de la grisaille. Dans l'absolu il fait quand même 10 degrés Celsius ou peu s'en faut.

La journée, fors un "faux départ rejouez" du fait d'une faille organisationnelle à la piscine de Levallois, et une matinée consacrée à un tunnel de tâches administratives (1), fut pourtant des plus agréables. Je sais que la tristesse et la fatigue issue des mois d'accompagnement de ma mère et la fragilité induite face à un chagrin ancien, m'empêchent de savourer pleinement ce présent préservé, une phase de calme et de retrouvailles (2) avant de retourner au combat. 
Pas nécessairement sur le plan personnel, ou je me sens hâtive d'un beau défi à relever, sans parler du triathlon, et ça me plaît comme jamais, mais plutôt général, entre le pouvoir désormais en place aux USA, la Turquie qui semble aspirer à la guerre, et notre pays menacé par le résultat probablement catastrophique des prochaines élections (3).

Ce vendredi achevé par une belle rencontre littéraire avec Karine Reysset, qui fut aussi une belle rencontre tout court, à l'Attrape-Coeurs (du XVIIIème), là où il y a pour moi douze ans (4) tout a en quelques sortes commencé, sera parvenu à franchir ces obstacles pour constituer une fort belle journée.

Et pourtant il faisait gris.

 

(1) Finalement si Antidata proposait son thème "Phobie" à présent, je saurais quoi écrire.

(2) C'est terrible d'à quel point boulot + accompagnement d'un malade grave + les autres choses à faire font que l'on perd de vue les meilleurs amis, par effet mécanique de temps personnel asséché et absence de disponibilité d'esprit. 
(3) Il est terrifiant d'assister impuissants à la montée d'idées dangereuses et moisies, quand ses adeptes sont imperméables à la rationalité et parlent en anciens fidèles d'une secte enfin reconnue comme religion ou pire en néo-convertis. On en arrive au moment où comme lorsqu'un-e ami-e est saisi par un nouvel amour dont on voit bien qu'il le ou la conduira au fond du désespoir dès la lucidité revenue, on comprend qu'il n'y a plus rien à faire qu'à se maintenir à bonne distance et revenir présents une fois sa catastrophe consommée.

(4) La librairie va sur ses 15


Ça démarrait mal, ça finit fort bien

 

    Curieuse journée, débutée comme un little bad karma day, certes des broutilles mais qui dès 8 heures s'étaient accumulées et qui s'achève par une soirée où la vie revêt une part de magie, et des retrouvailles avec une femme que j'admire, une des personnes auxquelles je pense pour prendre courage lorsque la vie devient violente, jusqu'au vélibs qui le matin étaient en sort contraire (pas moyen de trouver où reposer celui que j'avais sans sinon être très en retard à l'entraînement où j'allais), et le soir étaient en mode Il n'en reste qu'un il est pour toi (au départ), il ne reste qu'une place elle est pour toi (à l'arrivée). Bref, j'ai eu le vélib magique.

Entre les deux il y aura eu ce démarrage étrange avec au radio réveil une voix d'homme qui prononçait ces mots 

"Certains ouragans qui viennent n'auront pris personne en traitre"

Ne voyant que trop bien ce qu'il voulait dire, j'ai songé qu'on pouvait peut-être faire meilleure mise en jambes.

Plus tard, une journée fort sympathique de librairie, avec l'exacte bonne dose d'animation - ce qui est rare : du monde mais jamais trop de personnes d'un seul coup ce qui fait qu'on n'a pas de temps morts mais que l'on peut s'occuper bien de chaque client -.

Il y aura eu ce film documentaire sur Pierre Bergounioux entomologiste (1), et son intervention personnelle qui suivait. J'étais déjà émue, et voilà donc qu'au petit verre offert après, il y a ces belles retrouvailles, ce qui m'a permis d'exprimer une nouvelle fois ma gratitude, j'espère pas trop lourdement, d'autant plus que j'apprends à cette occasion le prochain projet et qu'il renforce encore mon admiration - mais c'est peu dire qu'il ne me surprend guère -.

Je suis repartie sur un tel petit nuage d'exultation (ce n'est pas le mot exact, mais joie est trop faible ; elation), que j'en ai oublié de remercier l'éditrice qui m'avait invitée et de saluer d'autres personnes.

Les lieux étaient il faut l'avouer, très impressionnants. C'est un charme de la #vieparisienne : pour un motif pour un autre on peut passer des quartiers les plus modestes à des locaux faramineux. Je crois que peu de villes permettent aux mêmes personnes, pas nécessairement d'une caste privilégiée, de circuler avec une telle amplitude ; il ne faut simplement pas se leurrer, dans les très très beaux quartiers nous ne sommes admis qu'en simple passage.
Ils valent le coup d'œil. Et l'on peut trouver une forme de réconfort dans le fait que la richesse n'est pas nécessairement mésusée, mais débouche au contraire dans certains cas sur des zones d'harmonie.

La soirée fut si intéressante et riche en réflexion (matière à) que j'en ai oublié un temps l'état du monde et ses catastrophes potentielles prochaines. On en était revenu à un état de relative stabilité, il avait ses problèmes dont certains très graves, des guerres par trop d'endroits, famines et maladies, mais rien du chaos actuel qui, accentué par certains dirigeants cinglés, ne cesse de se préciser. C'était de nouveau l'illusion d'un endroit où la création avait sa place et non la seule survie. 

Pour couronner le tout il y aura eu le geste d'une gentillesse stupéfiante, d'un conducteur de gros scooter, qui à un feu rouge près d'une zone en chantier où les voitures étaient pressées contre les deux roues, la voie très rétrécie, voyant que j'attendais derrière lui, s'est reculé afin que je passe en premier et ne respire pas les gaz d'échappement de son engin à plein nez. Je n'en suis pas encore revenue. Quelle classe ! (2)

Moralité : il ne faut jamais désespérer d'une journée. Ça démarre parfois mal, ça peut finir fort bien.

 

(1) La capture de Geoffrey Lachassagne 
(2) Et puis ce qu'il y a de bien à mon âge c'est qu'on ne peut soupçonner les hommes qui ont envers nous des gestes élégants d'arrière-pensées séductives.

PS : J'oubliais, pour couronner le tout il a fait beau et chaud (de 18 à 19°c dans l'après-midi), c'était le premier jour de la nouvelle année où l'on pouvait par moment tomber le manteau et même au soir sortir dans la (somptueuse) cour intérieure de l'immeuble qui nous accueillait sans avoir à se couvrir. Il y a toujours un bonheur particulier lié à cette journée, celle où l'on se dit J'ai encore réussi à passer l'hiver.

Enfin j'ai reçu ma nouvelle carte d'électrice, ce qui fait toujours plaisir eût égard aux générations d'aïeules qui n'ont pas eu le droit de voter et au fait que mon père venait d'un autre pays.  


Une certaine absence d'étanchéité (petit mystère de fonctionnement des réseaux sociaux)

Capture d’écran 2017-03-16 à 10.11.32

Souvent je lis pendant mes trajets des nouvelles des amis ou des infos sur les réseaux sociaux. Je suis donc sur mon smartphone, modèle de ceux "offerts" par les opérateur, écran de taille raisonnable. 

Du coup je tape parfois à côté de l'option visée, sans parler des fantaisies que me rajoute l'autocorrect qui est assez imaginatif pour un outil.

Hier, il s'est passé un petit truc que je n'ai pas compris, même en admettant la fausse manip. 

Sur FB je vois cette photo de Didier da Silva qui me touche : c'est le genre d'image que j'aime à tenter. Et je suis le genre de personne capable d'attendre avec mon appareil en main que la lune soit pile dans l'axe. Il a réussi la photo parfaite. 

Je like et crois cliquer sur partager. Normalement s'affiche alors sur le mur FB de qui a ainsi cliqué l'image ou le lien avec la mention "a partagé la publication de". Et d'ailleurs ça a bien fonctionné.

Seulement peu après j'ai vu passer dans mes mentions twitter, donc sur un autre réseau, un commentaire d'un de mes amis,  Capture d’écran 2017-03-16 à 10.34.22

et il m'a fallu un temps pour comprendre qu'il se référait à la photo que j'avais cru partager sur FB. J'ai été encore plus surprise de constater que non seulement elle apparaissait sur Twitter, sans que je n'aie rien fait de volontaire pour qu'elle bascule d'un réseau l'autre, mais qu'en plus elle y apparaissait comme si je l'y avais directement publié comme l'une des miennes 

Capture d’écran 2017-03-16 à 10.38.29Je n'ai pas compris comment ça avait été possible (1).  J'étais en mouvement, me suis dit, Je regarderai ça de plus près une fois au calme.

On est le lendemain, je suis enfin tranquille, j'ai pris le temps de regarder la mémoire de mon téléphone (pas trace de la photo donc l'hypothèse téléchargement involontaire, touitage par le biais d'automatismes / galerie du téléphone, est à exclure), de faire différentes "fausses" manips volontaires pour voir jusqu'où elles conduisent, je n'ai pas trouvé le moyen de reperdre l'étanchéité entre les deux réseaux (sur tél. : les deux applis). J'ai même regardé ce que ça donnait sur l'ordi mais rien.

J'ai aussitôt émis un correctif, et présente toutes mes excuses à Didier. Il n'empêche que j'aimerais bien piger comment ça a pu se passer.

Si quelqu'un a l'ombre du début d'une explication je suis preneuse. Y aurait-il quelque part une option par défaut à décocher ? Suis-je tombée dans un bug insoupçonné ?
Et donc je répète : ce que j'ai cru, voulu faire et fait (ça s'est bien effectué), c'était liker une photo d'un ami sur FB et la partager sur mon mur avec toutes les indications de sa provenance. Ce que je ne comprends pas : comment elle s'est retrouvée sur ma TL twitter et de plus sans plus aucune mention de qui l'avait faite et publiée.

Ça a beau n'avoir rien à voir, je trouve ça un peu flippant, un peu comme quand le virus de la grippe aviaire bondit des oiseaux aux humains. Je sais qu'il existe des options de publications simultanées mais comme je n'aime pas ça - pour moi les différents réseaux correspondent à différentes communications - je ne les ai pas activées. Alors ce manque d'étanchéité entre eux me semble inquiétant. Et qu'aussi on puisse si facilement involontairement publier quelque part quelque chose à notre insu.

Si l'ami Joachim n'avait eu la bonne idée de commenter l'image, jamais je ne me serais rendue compte de cette publication qui semble directe. Ce qui rajoute un cran dans ce qui semble inquiétant : n'est-ce pas déjà à nouveau survenu ?

Merci à lui en tout cas.

 

(1) Au passage, charmante mention Translate from french 


Oiseaux volants sur lac gelé

Laissés en jachère depuis novembre et la maladie de ma mère, mes appareils électroniques, photos, ordi, téléfonino ont tous leur mémoire saturée.

Au normal de la vie je prends soin d'eux chaque jour, comme un pêcheur relève ses filets, notes glanées, films, sons, vidéos, je trie, sauvegarde, jette aussi, chaque soir avant de m'en aller coucher. Mais la vie quotidienne a été bouleversée, surchargée, submergées, je n'en ai pas même fini avec les démarches consécutives au cambriolage et au décès, et les outils crient leur saturation.

Alors je prends le temps de tenter de rattraper une partie du retard, ne serait-ce que pour pouvoir continuer.

C'est ainsi que je retrouve cette video d'il y a environ deux mois : le lac d'Enghien gelé. Venue par le bus 138 je traverse Enghien les Bains pour me rendre près de la gare ferroviaire, à l'arrêt du 15 qui me conduira à mon lieu de travail en haut de la colline. Le lac est glacé, les oiseaux s'y posent. C'est d'une beauté qui me donne envie de ne pas me cantonner aux images arrêtées.   

Il fait bizarre de se dire qu'à l'heure où je les filmais ma mère encore vivait, pouvait communiquer. Et que nous ignorions combien de temps (semaines, mois ou année(s)) la mort prendrait pour achever l'approche irrémédiable qu'elle avait entamée.

C'est toutefois moins étrange que lorsque l'on retrouve des images saisies peu de temps avant une rupture subie, un accident fatal, un fait de guerre ou une catastrophe naturelle et qu'on se revoie, sujet ou opératrice, dans la totale inconscience de ce qui va nous advenir et modifier plus ou moins définitivement le cours de notre vie.

Consciente de la plus ou moins grande imminence d'une issue fatale, concernant quelqu'un dont j'étais proche de par la naissance au moins, j'étais fort triste au moment où j'ai filmé. Pour autant les oiseaux, le lac lui-même en sa configuration hivernale sont beaux. 

Je crois en de possibles rémissions par la beauté du monde, tant qu'elle existe encore.

 

 


Respiration glosso-pharyngée

(Grand merci à Chantal, qui vient peut-être de me rendre un profond service)

Tout est parti d'un statut entrevu la veille sur le fil FB d'une amie. Il se trouve que les histoires d'apnée m'intéressent, mélange des conséquences d'une enfance passée à beaucoup tousser (et d'une facilité à être malade de ce côté-là), de mon appétence pour la nage et tout ce qui s'y rattache, du travail que j'ai fait lorsque je chantais, et d'une curiosité liée à la thalassémie - tout ce qui peut aider à mieux respirer, doit pouvoir faciliter la vie quotidienne -.

J'aime aussi beaucoup nager sans trop prendre de respirations, ça peut paraître bizarre, mais je trouve ça fatiguant. Et donc je sais comment avec palmes parcourir 25 m, je mesure combien il n'est pas évident de faire davantage. 

Alors j'y vais voir, 175 m sous la glace, ça me paraît inatteignable - même pour un homme jeune et de pleine santé et s'entraînant et ayant un cœur lent et pratiquant différentes sortes de mises en condition -. Depuis que mon corps supporte moins mal qu'autrefois le froid, le côté "glace" m'impressionne moins, alors je vais voir de plus près les records sans conditions particulières. 

 

 

Fascinée, je vais voir une V.O. en italien  

 

Il y est question d'une technique de respiration particulière, le "frog" ou respiration glosso-pharyngée, je trouve un .doc qui l'explique, au départ elle sert aux patients atteints de pathologies qui les gênent pour respirer.

Songeant à La fille aux craies - je pense à elle souvent, ce dialogue interrompu -, je poursuis mes recherches et un jeune homme qui avait 22 ans en 1973 fait une démonstration instructive mais si triste (1), puis je trouve une video technique glossopharyngeal breathing 

 

 

et je ne sais pas encore exactement en quoi, mais je viens d'apprendre quelque chose qui me servira.

C'était donc une belle journée.

 

(1) Il travaille à sa survie, le présentateur frétille devant le spectaculaire.

PS : Et le danger, je m'en doutais, c'est le blackout. Celui-ci particulièrement impressionnant car je ne sais pas à quels indices les plongeurs accompagnant le décèlent, le plongeur à mes yeux de non-connaisseuse semble continuer. L'autre, que je ne connaissais pas est le samba (perte de contrôle des muscles)


Tout le monde se goure et le film est (rudement) bien

Alors pour une raison qui m'échappe, j'ai cru que le film pour lequel j'avais mobilisé l'homme de la maison était projeté ce soir. C'était hier.

Le jeune homme à l'accueil du cinéma, nous décrivant les films de la soirée, a confondu "C'est nous" et "Citoyen d'honneur", je m'en étais douté, mais peu désireuse de partir dans une longue discussion (c'était l'heure, il fallait prendre une décision) et vaguement prise d'un doute devant sa certitude, après une première objection (film Argentin), j'ai laissé dire (1). 

L'un dans l'autre, c'est bien Citoyen d'honneur que nous avons vu et pour une session de rattrapage, c'était un bonheur. Humour grinçant. Fond du propos touchant - surtout pour qui connait la vie des écrivains -, acteurs parfaits. Bref, nous nous sommes régalés.

Il en va parfois de la vie comme de la cuisine : certaines erreurs peuvent déboucher sur quelque chose de délicieux.  

(1) Le garçon est venu très gentiment se confondre en excuses à la fin de la séance. J'ai trouvé sa démarche très élégante, même si au fond nous avions sans doute passé une plus légère soirée que si le film programmé avait été celui dont il nous parlait. 


La photo perdue

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C'était jeudi soir dans le RER C, celui qui partait peu après 20h d'Ermont Eaubonne et se dirigeait, après une boucle intra-muros, vers le sud de Paris. 

Alors que je me levais Porte de Clichy, j'ai cru voir une dame s'engouffrer dans les escaliers de ce RER à étage après avoir quitté les places qui en étaient le plus proches, et sur lesquelles restait, comme tombée d'un sac, cette photo.

Je l'ai saisie, pensant rattraper la personne concernée. Mais déjà des gens montaient, sans tout à fait attendre la descente des derniers passagers dont je faisais partie. 

L'escalator qui menait vers la sortie était tout à côté, et pas très long avant les guichets et divers virages qui ne permettent pas une longue visibilité.

Dès lors, le temps que je m'extirpe de la mini-foule des montants, plus trace de la silhouette entrevue. 

Me voilà donc bêtement détentrice d'une image tirée sur papier en un format assez grand (13x18 dirait-on) et qui représente deux femmes assises pendant un événement probablement festif, la tenue de l'une et le verre de l'autre semblent l'attester. Si le tirage de l'image n'a pas été inversé, elles sont toutes deux droitières.

Si vous pouvez faire tourner, peut-être que la personne qui l'a égarée sera heureuse de la récupérer. 

PS : Aucune inscription au dos, rien, pas le moindre incide


Prendre exemple

 

    Voilà comment un écrivain, professionnel, parvient (s'il a la bonne santé) à mener à bien ses chantiers.

Il y a un peu plus de trois ans (Thomas Gunzig)

Le livre devrait sortir à la rentrée et s'appeler "La vie sauvage". Je suis très admirative devant la ténacité du travailleur. Et je doute assez peu, sauf accès de "jambes interminables", de la haute qualité du résultat.

(Prends-en de la graine, petit Padawan, said I.V.)


Trois jours pour reprendre souffle

 

    C'était peu, mais beaucoup mieux que rien. Longtemps que je n'avais pas eu droit à une aussi longue trêve et un peu de bonne vie avec zéro intendance, de bons repas (surtout ce midi) et du carburant intellectuel pour le cerveau, peut-être au fond ma seule addiction. 

Après, il reste de sombres nouvelles du monde et du pays dans lequel je vis - et s'en couper quelques jours ou ne suivre que de plus loin c'est se manger des coups au moral encore plus violents lorsque l'on reprend contact avec le courant du monde - ; il reste à hauteur personnelles que les nouvelles amours d'une personne, ou plutôt deux puisqu'il y a une nouvelle aimée, plombent la vie de quatre autres et assombrissent les pensées d'au moins neuf autres. J'espère que le nouveau couple est vraiment heureux et qu'il durera un peu parce que sinon ce serait faire du mal à beaucoup pour un résultat qui n'en valait pas la peine. Les séparations sont très différentes selon qu'un couple ne s'entend plus et qu'un jour l'un des deux finit par faire le mouvement vers la fin qui s'imposait, ou que les choses semblaient aller pour le mieux, du moins l'un en avait la certitude et que l'autre unilatéralement se détache au profit d'une nouvelle expérience, non sans l'avoir déjà bien entamée en loucedé.
En attendant, et dans le cas qui me concerne un peu, même si je n'en suis qu'un élément de marge, c'est un chagrin de plus qu'il faut assimiler et sans doute un nouvel absent. Ce qui me fait plus particulièrement mal c'est qu'il s'agissait d'un des rares et derniers hommes pour lesquels j'éprouvais de l'admiration. Il en reste que j'admire pour leurs talents professionnels, mais pour la vie dans son ensemble, j'ai quasiment perdu tout référent. Ma foi en l'humanité ne passe presque exclusivement plus que par des femmes. Et je suis triste que ça ait ainsi tourné.

Après, on ne peut pas reprocher aux amoureux de totalement négliger les peines collatérales. C'est le propre et la force de l'amour d'être ainsi sans pitié et facteur de liberté. C'est terrible pour qui reste sur le carreau, son plus solide soutien transformé en bourreau.  

Me cueillent au retour d'inquiétantes nouvelles d'une grande amie. J'ai peur de la perdre elle aussi.

Je songe aux jolies photos de mariages de deux petits-cousins, pour lesquels nous n'avions pas été au courant - tout s'explique à présent -, c'est la vie qui avance, la nouvelle génération qui prend les rênes du monde, que nous leur laissons dans un piteux état - en même temps, à ma hauteur, je ne vois vraiment pas ce que j'aurais pu faire d'autre ou de plus - et fonçant vers une fin prématurée. Leur bonheur de jeunes mariés fait plaisir à voir même s'il est étrange d'y voir, sur certains visages, une part de faux-semblants a posteriori éclatants. 

J'apprends des éléments de l'histoire familiale, rien de secret, simplement des points, y compris très positifs, qui par taiserie ne m'avaient pas été transmis - et je ne pose que très rarement des questions directes -. Certaines choses en expliquent d'autres. J'aime quand la logique ou des cohérences, même dans le malheur, (re)prennent le dessus.

Le film "Laisser-passer" de Tavernier, revu dans le cadre de ce week-end, tout romancé et glorifiant qu'il soit (pas dupe), me donne une pinte de courage. La soirée de vendredi, l'effort remarquable de prise de parole par celui qui n'était pas fait pour ça et son succès dans l'exercice, resteront pour toujours un appui par pensée. Ainsi qu'un souvenir ébloui. Et peut-être, qui sait, le jalon d'entrée vers une nouvelle phase. Ce moment-là plutôt qu'un autre. P3031121

Je ne suis pas encore sortie du plus récent deuil, mais me voilà d'attaque pour de nouveaux bonheurs et [pratiquement] d'aplomb pour les prochains combats.


Un vendredi qui instruit

Alors j'avais nagé puis au petit déjeuner qui suivait, Luc et un camarade ont parlé des phantom shares et c'est là que j'ai pigé (non sans joie) que ça faisait un moment que j'avais quitté la banque car je ne savais pas ou plus ce que c'était (1).

Au soir il y eu Jean-Philippe Uzon et Cédric Villani qui chez Charybde ont partagé des livres qu'ils aimaient et c'était magique - Cédric Villani ferait un redoutable libraire et il lit à voix haute avec une intensité impressionnante -. J'ai appris au passage pas mal de choses sur le système métrique et que le kilogramme changerait de définition officielle en septembre. La lecture qu'il a faite d'"On m'appelle l'avalanche" de Francis Masse fut un moment de grâce : il n'est pas donné à tout le monde d'être capable de lire à voix haute une BD. Et complexe en plus.

Pour couronner le tout il y eut Bidibule qui en aparté en fin de soirée nous expliqua les neutrinos et les théorèmes sur lesquels Cédric Villani avait travaillés et d'un seul coup le monde bousillé par les haineux et les politiciens ambitieux et véreux ainsi que les pervers narcissiques manipulateurs (merci à Meta pour le lien, il n'est pas sans défaut mais éclairant), redevenait celui que je connaissais d'avant, lorsque l'intelligence et le progrès et les sciences avançaient et portaient davantage d'espoirs que de destructions et d'ultérieurs dangers. Quand Bidibule explique, j'ai l'impression d'être moi aussi d'une intelligence supérieure, c'est assez gratifiant. 

Ce fut donc un vendredi fort instructif et à tous points de vue, y compris de l'amour, quoi qu'indirectement.

Entre deuils et contexte politique affolant, ça faisait fort longtemps que je ne m'étais pas sentie si heureuse et pourvue d'un appétit pour l'avenir. 

Merci à eux tous, ainsi qu'à Anaïs (qui avait convaincu Jean-Philippe Uzon de venir, si j'ai bien compris).

 

(1) En gros des actions que tu n'as pas mais que tu détiens quand même en vue d'une opération un jour, le truc que si un jour la boîte marche du tonnerre tu auras ta part, en attendant, rien mais pas d'impôts non plus et si ça foire tu ne perdras rien non plus puisque tu ne les avais pas vraiment en fait. 
Encore une grosse arnaque sociale légale. De bien meilleures explications moins tendancieuses ;-) par là (wikipédia)