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Bobigny, échos


    Il y avait donc à Bobigny une manifestation samedi 11 afin de réclamer que pour Théo, un gars d'Aulnay qui a été violé lors d'une interpellation par la police à l'issu d'un contrôle d'identité (1). 

Cette manifestation a dégénéré.

Certains casseurs étaient clairement d'extrême droite, leurs propos n'offrent pas de doutes ; d'autres peut-être vraiment des jeunes qui se contiennent en temps normal mais là, ne le peuvent plus. 

Il se trouve qu'une voiture avec une mère et ses deux enfants s'est trouvée bloquée puis mise en danger par un incendie de poubelles. La mère a pu s'extraire avec le plus petit. Un communiqué de la police avait laissé dans un premier temps entendre que c'était un membre des forces de l'ordre qui avait sauvé le second. Sa formulation pouvait être ambigüe et au moins un journal l'a reprise en affirmant que la police avait sauvé l'enfant.

Or il se trouve que le sauveur était un jeune homme, Emmanuel Toula, et que voyant ce qui se tramait, il s'est fait connaître. 

Interview par le Bondy Blog

Quelqu'un au moins avait filmé, il y avait des témoins, peut-être la petite fille elle-même une fois remise de ses émotions. 

La préfecture de police est finalement revenue sur son premier communiqué, et a rétabli la vérité.

Ce soir, le jeune homme, qui se défend d'être un héros mais dont l'action a été héroïque - aurais-je été capable de faire ce qu'il a fait, même avec toute l'expérience de vie que j'ai ? -, prouve par ses touites qu'il est non seulement courageux mais sage

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Un soir en rentrant de la maison de ma mère, je ne saurais dire si c'était juste avant ou juste après son décès, nous avions dans la voiture dont la radio captait France Inter entendu le frère (l'un des ?) de Théo et qui parlait lui aussi avec une grande sagesse. Je n'ai pas retrouvé le journal précis, incapable de me souvenir du jour ni de l'heure, mais une trace subsiste sur France Info. Là aussi, si quelqu'un de ma famille ou de mes proches amis s'était fait massacrer, je ne suis pas certaine, toute dame d'un âge respectable (en théorie) que je saurais garder un tel sang-froid et que je ne basculerai pas en mode révolutionnaire direct.

Pendant ce temps ce sont des hommes politiques qui se prennent pour les vrais français qui font honte au pays, non seulement en abusant des deniers publics, et y ajoutent le déshonneur du déni. 

Ce sont aussi des personnes qui sont soudain saisies dans leur vie quotidienne. Dans les vestiaires du club de gym, une femme racontait avec humour comment elle n'avait pu sortir samedi soir, un resto prévu et que qui venait la chercher l'avait appelée et disait Mais en voiture c'est impossible de passer, qu'elle lui avait répondu en mode Ah oui il y a une manif, c'est pas grave, je prends le métro, et qu'en voulant sortir de son immeuble elle s'était retrouvée en pleine guerre civile avec des flics qui intimaient aux habitants, Restez pas là, rentrez et qu'elle n'osait pas trop s'approcher pour négocier, "j'avais pas envie de me retrouver avec une matraque dans le cul". Une autre jeune femme, qui encaissait les événements moins glorieusement (2), lui a demandé, Vous êtes de Bobigny, moi aussi. Et elles ont brièvement échangé sur la violence dont elle avait été témoins. 

Celle qui ne semblait pas trop atteinte même si elle exprimait une forme de colère jamais atténuée (En même temps nous les noirs, on sait bien que les keufs on peut leur parler mais c'est mieux de loin), riait de son proprio qui avait qualifié lors du contrat le quartier de banlieue paisible.

Et les deux témoignaient de l'effort des jeunes du coin qui s'étaient rassemblés ensuite pour tout ranger et du bon job qu'ils avaient fait, En plus qu'à la base c'était pas eux qui avaient cassé.    

Je n'ai pas osé ajouter que le gars qui avait sauvé la gamine il venait de Clichy (3).

Quand on habite la zone urbaine d'une grande capitale, on se retrouve souvent au contact proche de l'actualité, ou parfois même de l'Histoire, même si son incidence pour les petites gens est rarement favorable.

Quelque chose dans ce qu'elles ont dit m'a fait prendre conscience d'une force qui perdure encore dans notre nation : presque à chaque événement collectif violent, un quidam répond présent et agi pour le mieux. C'est l'imprimeur et son employé qui parviennent à échapper aux terroristes, c'est Lassana Bathily (4) qui sauve des vies à l'Hyper Casher, ce sont des personnes qui ont survécu au Bataclan en se protégeant dans une loge et en s'organisant, quelqu'un par une fenêtre qui prend le temps de sauver une femme enceinte, deux personnes au moins à Nice (si ce n'est trois) dont un en deux-roues qui ont tenté d'arrêter la course folle du camion. 

J'espère encore ce soir que le populisme moisi et l'ultra-traditionalisme corrompu ne sont pas tout à fait parvenu à gangrener ce beau pays. Appuyons-nous sur qui l'aime et non sur qui veut en conserver une image fausse dans du formol. Accueillons les forces vives. Expulsons les fraudeurs fiscaux vers leurs paradis. Et, sauf si Trump déclenche la dernière guerre ou si notre usage de la planète engendre une catastrophe majeure, tous ensemble, on s'en sortira.

 

(1) Résumé par le journal l'Express qu'on ne peut soupçonner de gauchisme effréné. Le fait est que la blessure infligée laisse peu de marge aux faux-semblants.
(2) À moins qu'elle n'ait un autre lourd tracas dans sa vie. Pendant les émeutes les emmerdes continuent.

(3) Et il se serait sans doute bien gardé de se faire davantage connaître s'il n'y avait eu le premier communiqué mensonger. Un article de Laurence Mauriaucourt pour l'Humanité l'explique parfaitement. 

(4) Lui aussi passé par le coin, il logeait au foyer de la porte de Clichy 


Dix ans plus tôt à un jour près

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C'était du temps insouciant, mais qui à mes yeux n'était pas ressenti comme tel, je me remettais mal, voire pas du tout, de la pire rupture subie de ma vie, du temps où nous nous levions certains vendredi matin à l'aube afin d'aller quérir des places d'opéra à pas cher, c'était donc un vendredi matin. Et soudain, tel qu'en lui même 30 ans plus tôt à l'arrêt de bus j'avais vu, cru voir, le frère de ma correspondante allemande. Avec la même coupe de cheveux et presque les mêmes vêtements. 

Voici le billet qu'alors il y a dix ans j'écrivais. 

(quelques fautes en moins)

Kaï-Uwe ou l'homme du passé

*            *            *

Un importun indélicat m'a fait lever les yeux de mon livre. Passé l'interlude, je regarde un peu dans le vague, les voyageurs qui de l'autre côté de la vitre du café et d'un large trottoir attendent leur bus, sous une pluie molle de neige fondue.

J'aimerais ne penser à rien, pouvoir me laisser dériver, lâcher prise un instant, sans qu'aussitôt la solitude ne s'insinue dans chaque interstice du corps et de l'esprit. Obligée de bouger l'un et occuper l'autre en permanence pour tenter d'y échapper. Ces formes rudimentaires de barrages ne fonctionnent pas toujours, mais grâce à eux, je résiste encore (1).

Je fais donc un essai, Just stop narrating in your head, just let Paris energize you, just look at them people (2). En même temps je suis sur mes gardes, j'ai Virginia à la main (3), prête à intervenir dés que la crise de solitude poindra.

Elle ne viendra pas.

C'est un homme du passé qui survient à sa place. Un jeune homme de jadis, d'il y a 30 ans, un Allemand.

Il est là qui attend le bus, tel qu'il était autrefois. Inchangé, jusqu'à la parka. J'en lâche Virginia (presque) sur mon café crème (4), attrape mon Olympus et prends une photo, aussitôt, sans rien viser ni régler.

Seulement après je me frotte les yeux, en me disant je rêve. Mais ce rêve me plaît bien alors je ne fais rien pour le briser. J'imagine à Kaï Uwe un fils français.

Il s'appelait ainsi, s'appelle sans doute toujours, si vivant il a mon âge, à peine plus. C'était le frère de ma correspondante Kerstin lors d'un de ces échanges scolaires qui dans les années 70 du siècle passé perduraient afin de solidifier la paix entre deux paix qui si souvent s'étaient combattus.   

En ces temps bénis d'avec la pillule et d'avant le SIDA, ils permettaient surtout de créer et consolider l'expérience sexuelle des adolescent(e)s échangé(e)s. Lors d'un voyage en France Kaï-Uwe avait tourné la tête de deux (au moins) de mes amies, il n'était pas d'une beauté renversante, mais possédait une certaine classe et contrastait élégamment avec les beaux blonds glaçants qui étaient de sa classe. Sa gentillesse naturelle lui donnait un charme fou. 

Pour l'entremetteuse que j'étais alors (5), il constituait le candidat parfait. Ça me changeait des petits machos qui, je le savais, rendraient mes copines malheureuses.

Aussi quand lors du voyage de l'année suivante je me suis retrouvée l'élue de sa soeur et donc chez leurs parents, des gens charmants qui ne se disputaient jamais et semblaient s'aimer tendrement, ce qui me sidérait (c'est donc possible ? même après autant d'ans ?), plusieurs m'avaient enviées. Mais je n'y étais pour rien. Et ne recherchais rien. J'étais bien en leur compagnie. Admise comme de la famille. Très heureuse du grand frère séduisant que le sort pour une fois clément m'attribuait.

De ce grand Kaï-Uwe je n'ai que des souvenirs tendres, sa façon de parler très bien français, d'exprimer de l'humour quand il racontait. Son absence de violence qui pourtant n'en faisait pas un mou.

Nos deux familles avaient sympathisé. Nous avions poursuivi l'échange pendant quelques années. Mais l'écart trop grand de niveau de vie, l'éloignement, l'absence d'internet à l'époque (je pense que sinon via les mails nous aurions su conserver un lien), la mésentente entre mes parents qui rendait toute invitation quasi impossible, la susceptibilité excessive de ma mère, mes études trop rudes avaient eu raison de notre lien collectif.

Sa réapparition en lui-même d'autrefois un mercredi de février, 30 ans plus tard, m'a réchauffé le coeur. J'avais oublié avoir croisé encore presque enfant des gens qui ne m'avaient pas mesuré leur affection.

Il est peut-être temps que je cherche à remercier ceux qui m'ont permis de grandir un peu mieux que dans l'enfermement parental, de partager de bons moments,  de mieux apprendre leur mot.

Holla, Kaï, vielen Dank für Duino (en V.O.) ! Si tu savais pour moi, le cadeau immense que c'est.

(1) à l'appel de la chimie (entre autre)

(2) comme je suis incapable d'avoir un dialogue intérieur avec moi-même en français et que je comprends que ça irait parfois mieux avec, plutôt que de continuer à m'adresser à ceux qui ne me pensent plus, je varie les langages. Bizarrement ça passe un peu. J'existe moins pas en anglais ou italien qu'en ma langue maternelle.

(3) ou plutôt son travail

(4) hé oui j'ai fait ça. Comme quoi l'instinct de la paparazza est très fort en moi. Redoutable.

(5) je me sentais aussi hors-jeu pour les actions de séductions qu'E.T. pour commander une pizza à peine tombé de sa soucoupe. En revanche j'étais un bon lien entre les êtres humains des deux sexes voire parfois du même. N'aurais-je à ce point pas changé ?

[photos : place de la Bastille mercredi 7 février au matin ; bord du lac d'Enghien, Pâques 1980]


Liste des objets et denrées manquants

  (à compléter)


    En vue du dépôt de plainte, les gendarmes m'ont demandé d'établir la liste précise des objets et des denrées qui nous ont été dérobés. C'est une petite maison de vacances, il n'y a et n'y avait rien de précieux, du moins en valeur marchande (1), et il ne nous est pas facile de nous souvenir de tout ce qu'il y avait qui n'y est plus.

  • Equipements : 
  • Une machine à expresso de la marque Krups fonctionnant à partir de café moulu
  • un four micro-ondes déjà un peu ancien mais qui fonctionnait très bien
  • Une grande couverture (pour lit double) en laine ancienne et super chaude un côté jaune un côté vert
  • Un oreiller en plumes
  • Une brosse à chiotte sans le socle (qui a été laissé) 

 

Objets : 

  • deux verres à bière de marque Leffe
  • deux ou trois verres à whisky de type dégustation
  • deux plats à four en grès

 

Matériel de papeterie : 

difficile à déterminer avec précision. Une équerre. Des stylos courants que l'on ne retrouve plus.

 

Consommables alimentaires :

  • des bouteilles de vin, il n'en reste plus une seule de celles qui étaient dans un casier à bouteilles qui pouvaient en contenir 16. Il en restait sans doute une dizaine. Dont en particulier un Sauterne que l'on conservait pour "une occasion" et six bouteilles de château Recougne 1995 et 1996
  • des alcools : d'un bar de buffet familial classique il ne reste rien.
    - deux ou trois bouteilles de whiskies dont deux bons (un Caol Ila, un Bowmore, un Longrow ?)
    - un vieux calva
    - un calva de la cidrerie à SaintPatrice de Claids (Alain Daudet)
    - un Dubonnet à peine entamé
    - un Vermouth blanc
    - un Campari
    - un porto milieu de gamme

  • deux bouteilles de Leffe 
  • le contenu d'une étagère de placard de denrées alimentaires de base et non rapidement périssable (riz, café, thé, sel, sucre, poivre, sardines à l'huille ...)

 

Consommables autres : 


  • 12 paquets de mouchoir en papier (encore dans leur sachet général)
    - 6 rouleaux de papier toilettes
    - un paquet de coton hydrophile presque neuf 

 

 La porte du réfrigérateur avait eu un gonds déformé mais un des hommes venus pour les constatations a été assez fort pour la redresser.

 

 

(1) affective, surtout après le deuil qui est le nôtre en ce moment, c'est une autre histoire 


De la difficulté de transmettre mémoire

 

    Ces derniers jours auront été l'occasion d'une série de révélations familiales, j'en reste stupéfaite. Un deuil donne toujours lieu à formation de précipités, mais celui-ci aura été particulièrement fort. Peut-être parce que l'année 2017 s'annonce celle de tous les dangers, sur le plan général s'entend.

Il y aura également eu de belles retrouvailles. J'en veux un peu à une société dans laquelle qui veut s'en sortir au boulot (simplement s'en sortir, sans même d'ambitions démesurées) ne peut le faire qu'au prix d'une vie privée et familiale réduite. Plus personne ne parvient à prendre en même temps que les cousins d'autres régions des congés, les gens las de déplacements professionnels ne partent plus que pour leurs longues vacances, fini les petits séjours dans les familles qui permettaient de rester proches. Les prix de l'immobilier en ville nous rendent les logis inabordables pour pouvoir y loger des visiteurs de passage. 
Quant aux réseaux sociaux, ils permettent certes de ne pas perdre tout à fait le contact mais ça ne remplacera jamais les joyeuses tablées.

Ce qui m'aura marqué de ce que j'ai appris, et dont je peux parlé puisqu'il s'agit d'éléments du passé et fort révolu, c'est l'écart dans une même famille entre ce que les uns savent et les autres croient savoir.

J'ai appris aujourd'hui que sur un élément de l'histoire familiale, ce que j'étais persuadée de connaître concernant le décès de ma grand-mère maternelle était faux. Une de mes cousines avait une autre version plus complète et différente. Ce qui est intéressant c'est qu'il n'y a pas d'enjeu : il n'y a pas une version glorieuse et une autre qui l'est moins, donc on ne peut soupçonner aucune des personnes de la génération précédente l'ayant transmise d'avoir voulu enjoliver sa narration. Les deux sont aussi tristes.

En commun : 

Ma mère ses parents et ses deux sœurs habitaient dans le Contentin depuis de longues années lorsqu'a eu lieu Le Débarquement. Sa mère attendait un enfant. 
Les populations civiles recevaient des tracts qui avertissaient des bombardements sur les villes. Ma mère et sa famille s'étaient donc réfugié dans une ferme, payant leur logement et leur nourriture avec leurs dernières économies. Les lignes de front bougèrent plusieurs fois. Un jour ils finirent par regagner la petite ville en courant entre celles-ci. Les maisons dans le centre ville ayant été détruites, ils s'étaient logés dans une qu'ils possédaient à la sortie de celle-ci - non qu'ils fussent fort riches mais ils avaient économisé pour acquérir la maison au dessus de la boutique où ma future feu-grand-mère travaillaient et comme les propriétaires avaient refusés, ils avaient achetés à la place cette autre, que peut-être ils louaient en temps de paix et où ils n'habitaient pas, jusqu'à s'y trouver contraints.

 

La version que je croyais tenir de ma mère (12 ans à l'époque) : 

Un petit frère leur était né au tout début de l'automne. Mais les conditions sanitaires et de logements étaient terribles, et le bébé qui avait vécu un ou deux mois était mort. La mère de famille, qui avait avant guerre perdu deux autres enfants en bas âge, et malgré ses trois grandes filles (16, 14 et 12 ans), s'était trouvée très atteinte, très affaiblie, aux premiers frimas en novembre avait pris froid dans la maison de remplacement pleine de courants d'air et était morte d'une pneumonie. 

 

La version que m'a confiée une de mes cousines aujourd'hui et dont la mère avait 16 ans à l'époque : 

Notre future feu-grand-mère avait accouché puis avait eu un problème de santé lié aux suites d'accouchement dans des conditions difficiles (hémorragie ? septicémie ?). S'ils avaient eu la présence d'esprit ou la possibilité matérielle de la transporter à un hôpital de campagne américain des environs ou qu'elle eût consenti à (1) ce qu'on l'y emmène, elle eût pu être sauvé. Le bébé lui avait survécu plusieurs mois, les trois filles, surtout l'aînée s'étaient attachées à s'occuper de lui en l'absence de leur défunte mère. Mais il était mort malgré tout (problème de sevrage ?). 

Ce qui redevient commun :

Le cumul des deux chagrins avait été épouvantable. Ma mère en parlait très peu. Quand elle le faisait c'était avec une tristesse profonde et encore si vive. 
En ce temps là le soutien psychologique n'existait pas (ou peut-être pour les très riches), il fallait encaisser sans broncher, être dignes, avancer.

Je crois que mes cousins cousines ma sœur et moi avons tous soufferts du traumatisme de nos mères respectives, qui menèrent pourtant leur vie vaillamment et s'efforcèrent toutes de faire pour le mieux. 

Ma mère avait surinvesti le rôle, afin d'être certaine que nous n'allions pas souffrir du même manque que le sien. Il y avait une censure radicale de la violence du monde, elle nous en sur-protégeait. Je m'en suis défendu en lisant tout ce que je pouvais et très jeune les journaux que mon père recevait. Mais quelque chose était bancal. Certaines transmissions n'ont jamais eu lieu car ma mère n'avait pas eu le temps de les hériter de sa propre mère. D'où une grande liberté, mais dans mon cas précis, assez naturellement anti-conformiste, des façons d'être qui furent souvent mal interprétées - je n'avais aucune référence, esthétique en particulier -.

Ce qui reste curieux c'est l'écart entre les deux versions. Après avoir entendu ma cousine j'ai un doute solide : peut-être ma mère m'avait-elle tout bien dit au sujet du petit Jean-Louis ("Nous n'avions pas réussi à le sauver") et que c'est moi qui ai inversé les décès.
Mais pourquoi me serais-je inventé une grand-mère morte en quelque sorte de chagrin ?

Pourquoi ma mère était-elle persuadée qu'il s'agissait d'une pneumonie (pourquoi serait-elle allée inventer un tel détail, et sur ce point j'en suis certaine ?) s'il s'agissait de suites de couches. Combien de fois ma mère ne m'avait-elle pas dit concernant la sienne "Elle avait pris froid dans la maison pleine de courants d'air et mal chauffée" avec un parfois un complément "Les travaux [de réparation]  de la maison de la place avaient trop traîné".

L'autre certitude est que je n'avais jamais entendu parler qu'il y avait eu l'ombre d'une chance de ma grand-mère ait pu être sauvée. Ma mère disait : "Si ça avait été au temps des antibiotiques elle aurait pu être sauvée" parfois elle ajoutait "Et le bébé aussi". 

Je n'ai aucun doute que la version de ma cousine, fille de celle qui avait 16 ans alors et a dû se trouver remplaçante de la mère, de fait, est la bonne. N'avait-on pas tout dit à la benjamine afin de tenter de la protéger d'un déchirant regret ?

Il est troublant de se dire que chacun des éléments de nos histoires personnelles et de l'histoire générale puisqu'elle est la résultante de toutes les existences combinées, est soumis à d'aussi grands écarts. Que la vérité de la réalité une fois celle-ci passée peut se trouver à ce point déformée qu'elle en arrive à créer une sorte de fiction. Et ce même s'il n'y a aucun enjeu, pas une version plus favorable que l'autre. 

On est simplement autorisés dès lors à systématiquement douter de toute version, surtout si l'une semble glorieuse et l'autre non.

Je sens que les historiens du futur (si tant est qu'un futur ait le droit d'exister) n'ont pas fini de s'arracher les cheveux (si les cheveux n'ont pas évolué), sur notre époque actuelle et ces politiciens chantre des alternative facts. Déjà quand tout le monde est d'accord, il y a des choses tant et tant de versions. 

 

(1) Il y a visiblement dans cette famille d'où je viens pour partie un problème partagé dans le rapport à la médecine.


La fin d'une vie

 

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Au termes de deux mois d'une lente descente vers l'extinction ma mère est donc morte ce matin. C'est à la fois trop long et néanmoins inattendu. Son état s'était soudainement dégradé entre jeudi et vendredi.

Elle était née en 1932 en Normandie et avait vécu les conséquences civiles du débarquement. Jeune adulte elle avait eu ce cran de "monter" à Paris. Plus tard elle y avait rencontré puis épousé un étranger, mon père, qui faisait alors partie de ces cohortes d'ouvrier que l'industrie française recrutait dans leur pays par le biais séduisants de contrats tout compris (le premier logement, une formation, du soutien logistique pendant tous les premiers temps, des cours de français sans doute aussi). Ma sœur et moi sommes donc d'une génération issue des conséquences d'une guerre. Jamais ni l'un ni l'autre n'auraient quitté leur région d'enfance et de prime jeunesse sans la pression féroce et stimulante de la nécessité.

Quand elle s'est sentie libérée de ses devoirs de mère, elle s'est mise (ou remise) à la poésie. Longtemps je lui ai tapé ses textes à la machine puis saisi sur l'ordi, avant que les turbulences (littéraires finalement aussi) de ma propre vie me rendent indisponible. Ma fille a pris un temps le relais. Ma mère m'avait signalé certaines de ses publications, offert quelques-unes. Je n'avais pas mesuré la réelle ampleur de son activité. 

Ce soir, j'en ai trouvé quelques traces numérisées. 

Quelques formes brèves : dans Traces 158
L'annonce d'une publication dans Poésie sur Seine n°45

Des petits cailloux éparpillés par là

Ma mère n'utilisait ni ordinateur ni aucun internet (pas même le minitel qui l'avait précédé), je n'avais donc pas songé à chercher des éléments de son travail dans ce coin-là. 

Mes parents et leurs frères et sœurs et les conjoints de chacun formaient un ensemble de vingt personnes. Trois seulement vivent encore. Quant à mes grands-parents, le dernier à rendre l'âme l'a fait en 1982, et je le connaissais finalement assez peu.
Le XXIème siècle aura réellement débuté en 2016. 
Nous sommes déjà les nouveaux anciens.

Non sans regret car elle avait la constitution pour devenir une vaillante centenaire, on peut considéré que ma mère est bien allé jusqu'au bout de sa vie, cycle complet, tous bonheurs et malheurs accomplis. Jusqu'à la perte de son énergie vitale, de l'élan.  

Ce soir nous sommes soulagés, c'était une tension difficile à soutenir que celle de savoir la malade seule sauf aux passages de soignants prévus et quand nous pouvions nous tenir (et encore, si impuissants), à ses côtés. Très vite nous serons épuisés. Puis viendra la conscience de l'éternelle absence et sans doute un fort chagrin.
Lorsque je lis ce soir certains de ses poèmes que je ne connaissais pas, j'avoue éprouver également une forme de fierté.

[photo : tout à l'heure, un arc-en-ciel en son jardin]


vendredi 3 février 2017 (to later remember)

     

    Il m'arrive parfois des intuitions fulgurantes. En traversant jeudi une soirée formidable, de littérature et d'amitié, au point d'en oublier par instant le dictateur fasciste fou des États-Unis, et presque un peu l'état de ma mère, je savais que ça serait la dernière avant un moment. Je suis alors restée jusqu'au bout ce qui m'arrive rarement [le plus souvent je dois me lever tôt le lendemain et je sais qu'il me faut un bon morceau de sommeil pour éviter les coups de pompe des lendemains]. Il faut dire que j'étais en formidable compagnie et que je m'y sentais à ma place comme rarement je me sens à ma place dans la vie.

Je suis rentrée en vélib en traversant Paris et ce sont toujours malgré les risques des moments magiques : la belle grande ville au cœur de la nuit. 

J'étais en forme.

Il y a eu cette conversation entre Pierre et Marion au sujet des dédicaces "imprimées" et des remerciements qui correspond à des questions que je me pose. Grâce à eux, j'ai avancé dans mes pensées. 

Il me manque quelqu'un dans ma vie qui me ferait au quotidien ainsi avancer. Ça fera quatre ans sans en juin prochain.

Ce vendredi s'annonçait bien, même si j'ai dû renoncer à l'entraînement de natation - d'autant plus que les suites du rhume féroce sont toujours là -. Il devait y avoir un déjeuner avec une grande amie, puis le travail, et je mesure chaque jour le privilège que c'est d'exercer un métier que l'on aime et qui nous va, et un film technique en fin de soirée à Montreuil au cinéma, traitant de "Jour de fête" de Jacques Tati.

Seul le travail fut conservé.

Les "personnes qui passent" nous ont averti que ma mère avait perdu conscience. 
Nous avons cru que. 
Puis finalement non.

L'ironie cruelle du sort : l'homme de la maison avait prévu d'aller voir sa sœur afin de régler une part de paperasse consécutive à la mort de leur père. L'urgence pour ma mère le contraint à reporter. Riante période.

Ma fille, courageuse, m'a accompagnée. Nous aurons ainsi pu passer un peu de temps ensemble. Marcher dans ma ville d'enfance et de jeunesse. Parler des choses difficiles. C'est parfois nécessaire. 
Son frère était à son travail.

À nouveau des personnes venant faire celui des soins m'ont impressionnées par leur professionnalisme. On sent certes que les plus jeunes appliquent vis-à-vis des proches des grilles de comportement un peu téléguidées, mais elles le font avec cœur. Quant au boulot lui-même, c'était saisissant, la malade presque apaisée après une toilette qu'elles lui avait faite. 

J'ai parlé, lu à voix haute (1), fait ce que je pouvais. La mort ne me dérange pas, je ne saurais dire pourquoi. Ou plutôt si : quand elle n'a pas été provoquée avant l'heure par la violence ou un accident ou tout autre forme de catastrophe, je la trouve admissible. Les bonheurs éventuels qu'un vivant connaîtra sont à ce prix : notre fin. 

Je sais que je paierai plus tard de l'avoir côtoyée, dans doute par deux ou trois semi-crises d'angoisse, c'est-à-dire les symptômes de la crise mais sans que la sensation de mort imminente ne s'accompagne de la panique assortie. C'est plutôt une résignation jointe à un regret ["Déjà ?"]. J'aurais pu sans problème travailler dans les pompes funèbres côté exécution du boulot.

Un médecin devait passer. Mon expérience me rappelle que l'entre-deux peut durer. La carcasse respire. Le cerveau peut-être fonctionne encore un peu. Je pose une main. J'émets des sons parlés.

Remerciements infinis envers Sophie Calle qui par ses travaux m'aura tant aidée dans ma propre vie. Un peu comme une grande sœur qui pour avoir déjà traversé les bonheurs et les épreuves me confiait par avance les points importants et me permettait de franchir les obstacles certes à ma façon, et légèrement différents, mais avec moins de souffrance que sans ses indications. Alors aujourd'hui, merci. Ici tout n'est pas encore fini mais je sais certaines choses par avance et ça m'aide, ça nous aide.

Il fut temps d'aller travailler. 

Dans notre peine cette question récurrente : combien de temps cela va-t-il durer ? 
Déjà en novembre lors de l'hospitalisation. 

Le premier jour on bouscule entièrement notre vie : urgence. 
Le deuxième il faut déjà composer : si l'on peut savoir que la durée sera brève le gagne-pain peut être mis entre parenthèse le temps de. Mais sinon ? Alors le reprendre, aménager ses horaires, accomplir des doubles journées : le travail / la veille (l'accompagnement). 
Les jours suivants très vite : toutes les tâches d'intendance domestique que nous avions repoussées et qui ne peuvent l'être davantage. 
Ensuite : ce que l'on accomplit pour conserver la forme et qu'il faut maintenir, si une durée doit se prolonger.

Nous sommes dans une nouvelle boucle de ce type. 
Quelques heures encore ?
Quelques journées ?
Une semaine ?

Sans doute que longtemps plus tard, si l'humanité ne s'est pas autodétruite, nos descendants trouveront barbare cette façon de laisser les nôtres s'éteindre à feu doux. Pour l'heure, we have no choice.

Travailler était un secours.

Plus tard un SMS de ceux qui étaient resté veiller m'apprit qu'aucun médecin n'était passé. 
J'étais en transports en commun. 
Je suis rentrée.

Communiquer des nouvelles, du moins leur absence de réelle détermination. 

La malade ne semblait pas souffrir. C'est parfois comme aussi long de retourner d'où l'on vient que de s'extraire du corps qui nous avait porté.

Quand on est partis précipitamment d'un logis au matin, la soirée est chargée. 

J'apprends avec décalage qu'une photo que j'avais vue passer sur Twitter juste avant d'être appelée au chevet de ma mère, concernait une attaque qui avait eue lieu au Carrousel du Louvre. Un djihadiste ou pseudo qui s'en est pris à des soldats qui patrouillaient là. Il va sans doute mourir, l'a très volontairement cherché. Le conditionnement qu'il faut pour pousser un humain jeune à si stupidement se sacrifier dépasse mon entendement. Le souvenir me revient d'un autre type seul qui vers la Goutte d'Or avait en 2015 attaqué bille en tête un commissariat. Comment peuvent-ils croire soutenir la moindre cause en pratiquant comme ça ?

Un livre lu depuis quelques jours dans de brefs interstices de librairie "14 novembre" de Vincent Villeminot (2). Je ne sais qu'en penser. Certains passages excellents : l'état de choc lorsque l'on fait partie des victimes survivantes d'attentats. D'autres beaucoup plus discutables dont une agression sexuelle sur une jeune femme afin de faire pression sur le frère de celle-ci, ainsi qu'une scène de torture culinaire. Même si le protagoniste n'est pas dans son état normal lorsqu'il agit ainsi et que c'est clairement dénoncé et dit, quelque chose de malsain s'en dégage. D'autant qu'ensuite s'esquisse une histoire d'amour. L'expression de fantasmes tordus (typiquement : la femme qui ne peut s'empêcher d'éprouver "quelque chose" après avoir été dans un premier temps physiquement maltraitée ; euh non, ça ne marche pas pour ça comme pour les idées politiques, un syndrome sexuel de Stockholm, ça n'existe pas) même sous couvert de les dénoncer, me gêne. Ce livre néanmoins est intéressant. Un effort de pédagogie (ne pas laisser la haine provoquer une autre haine). Et puis ça n'est pas mal écrit puisque sinon j'eusse été incapable de le parcourir avec la collection de raisons d'absence de concentration qui fleurit en ce moment.

Avant d'aller dormir je commets l'erreur de tenter de consulter ma TL Twitter, quelques fils d'infos. Trump est plus déchaîné que jamais, Fillon a un peu adapté sa com de crise mais pour l'instant persiste, le Front National est peu à peu rattrapé par ses propres magouilles. Un ami fait remarquer que pendant que l'info est bloquée sur la folie de certains hommes et femmes ou leur malhonnêteté, le fond des choses n'est plus abordé. Or il y a un certain nombre d'urgences planétaires, environnementales en particulier.

Je me console en lisant d'autres analyses intelligentes chez Le Roncier, même si c'est pour y comprendre pourquoi un des candidats auquel je n'étais pas hostile a priori, prône sur certains sujets des idées plus qu'un brin moisies.

Je me console de l'incomplétude de la première consolation, en lisant quelques billets du blog de Carl Vanwelde, tout en évitant de remonter jusqu'à celui qui m'avait peinée - tout en m'ayant intéressée, la peine avait un mauvais motif -.

 

Les autres soirs de ces temps derniers je tardais par inquiétude d'une Trumpitude durant notre européenne nuit et de préférer ne pas apprendre une décision catastrophique au réveil. Aujourd'hui j'ai droit à une forme de soulagement : le remplacement d'un mal par un autre.

Étrange situation en effet qui consiste à devoir aller dormir si quelqu'un de sa proche famille est mort ou encore en partie vivant. 
Mais tout à l'heure, sauf dégradation ultime de son état, je devrai aller travailler. Il n'était donc pas question d'aller plus au nord veiller. Et qui d'autre aurait pu rester ?

Quelqu'un manque.

 

(1) Katherine Mansfied "Dans la baie". Ma mère aime particulièrement cette auteure.

(2) Un des auteurs de U4


"Après" (Annie Saumont)

 

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J'étais dans le restaurant japonais du bout de la rue, en train d'attendre que ma commande - menu B4 et menu D) - à emporter soit préparée, lorsque lisant sur mon téléfonino mon fil info FB je suis tombée sur l'annonce de la mort d'Annie Saumont, chez Paul Fournel et Anne Savelli
- Oh ! et l'envie de pleurer.

Je me rends compte qu'une part de mon cerveau semble avoir pris un curieux raccourci : tous les artistes majeurs qui ont survécu à l'hécatombe culturelle de 2016, seraient promis à tenir des records de longévité. Dès lors tout décès récent de l'un-e d'entre eux/elles me laisse surprise et vulnérable.

Alors, Annie Saumont, là, maintenant, comment était-ce possible ?

Elle fait partie de celles qui pour mon chemin de lire et vers écrire ont beaucoup compté.

Nous ne nous connaissions pas personnellement, nous sommes seulement à plusieurs reprises croisées.

Je me souviens ce soir plus fort de l'une d'elle. C'était à la bibliothèque de Clichy la Garenne. À la fin des années 90 ou au tout début des années 2000. Elle était venue nous parler de son travail. J'avais été émue et impressionnée. Je connaissais la force de ses nouvelles. C'est Patricia Highsmith (qu'elle a traduite) qui m'y avait menée. Comme souvent les artistes les plus forts ne se considèrent pas comme tels, elle se tenait paisible à nous parler de son travail comme s'il s'était agi d'un petit artisanat qui allait de soi. Je me souviens de sa gentillesse. 

Je me demande si ça n'est pas elle, ce soir-là, qui m'a lancée sur la trace de Cortazar qui fut une découverte de lecture fondatrice.  Voilà que je ne pourrais même pas l'en remercier. J'ai trop tardé.

 


Un roman plausible ... jusqu'au Canard de mercredi

 

    Lu sur FB chez Nicole Masson une sorte de roman qui bien tourné rendait presque plausible l'hypothèse d'une Penelope Fillon embringuée à l'insu de son plein gré dans les opérations de grand banditisme de monsieur :

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On notera qu'en ce moment les femmes des hommes politiques en vue, pourtant fort éduquées à l'art du paraître, ont l'air d'otages contraintes face caméra à des déclarations Ils me laisseront la vie sauve si vous payez la rançon.

Je commençais presque à y croire, et c'est vrai que c'était plutôt cohérent (chez les ultra-conservateurs, la femme est au foyer, active à l'intendance, pas le nez dans les comptes ni à l'extérieur à travailler), lorsqu'est apparue la Une du Canard Enchaîné de demain : 

Ils estimaient peut-être en avoir dit assez pour que la candidature de l'indélicat n'ait plus lieu d'être. Puisqu'il a persisté, ils poursuivent les révélations :

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Décidément, ça coûte cher l'entretient d'un château. 
S'il s'agissait d'un cas isolé, on pourrait s'en gausser.

Seulement il est loin d'être le seul, même si son cas est d'école puisqu'on a de la part de ce candidat toutes sortes de déclarations contre "L'assistanat" et très virulentes contre la corruption et l'irréprochabilité nécessaire des hommes politiques.


L'état de notre classe politique en France est effarant. Je crois qu'on tient une sorte de record. Tant d'entre eux se sont pendant des années comportés comme si l'argent public était le leur.
Et lorsqu'on les surprend, tels des enfants trop gourmands les doigts dans le pot de confiture, ils n'ont pas même la décence de démissionner de leurs fonctions ou d'abandonner la campagne électorale en cours. Ils sont tous victimes d'immondes machinations, non, vraiment, ils n'ont rien fait.

 


Une fine analyse, des cons décomplexés

 

    Quelqu'un qui n'avait peur de rien m'avait dit en novembre (ou écrit), Trump en président des USA, ça va faire bouger les lignes. J'avais dû répondre en substance qu'a priori ne faisant pas partie des nantis et ne détestant pas une part de rock'n'roll dans la marche du monde - je ne serais pas une bonne habitante s'il existait du paradis -, bouger les lignes je ne détesterais pas, mais s'il s'agissait d'agir pour plus d'humanité, de respect des pauvres gens, de partage, d'écologie (quitte à bousculer les habitudes), pas pour les bouger vers un max de haine, de rejet de l'autre, de dresser les gens les uns contre les autres en leur faisant croire que l'autre pauvre était responsable de leur plus grande pauvreté. Bref, Trump, en plus belliqueux comme il s'annonçait risquait surtout de faire avancer la fin du règne humain.

L'ami-e avait de toutes façons parfaitement raison, en même pas une semaine on en est à traverser une sorte de 40èmes rugissants.

Presque personne ne peut rester neutre.

Il y a des réactions courageuses et intelligentes, qui rassurent.

Des analyses d'une grande finesse. Pour n'en garder qu'une, celle-ci, dont je dois la lecture à François Thomazeau (merci !) :

How to build an autocracy by David Frum

(et dont le seul défaut serait à mes yeux de ne pas prendre suffisamment en compte le côté Va-t-en guerre du bonhomme et de sa garde rapprochée)

Michael Moore parle, lui, de coup d'état en cours par Donald Trump [article d'Andrew Griffin pour the Intependant] et on ne saurait lui donner tort. Merci à Meta pour le lien.

D'autres analyses font preuve d'une grande intelligence. Dommage qu'à cause de ce président dévastateur, elles soient mobilisées sur son sujet. 

Des réactions immondes, violentes, qui donnent envie de vomir. Forcément tous les racistes, fous, violents, potentiels se sentent autorisés à passer à l'action puisque c'est en quelque sorte le président des États-Unis qui le dit. 
Donc un blanc-bec fait un carton dans une mosquée au Canada à l'heure de la prière. Ce n'est certes pas prouvé qu'il y ait un lien mais comment ne pas supputer que le type c'est dit Ça y est notre heure est arrivée et Je serai un héros du nouvel ordre mondial, ce genre de délire.
En Italie, une association d'extrême droite a appelé à s'en prendre aux réfugiés (et à tout le moins les rejeter) "Ils ne méritent pas le respect". En filigrane, vous voyez bien qu'on a raison même un homme aussi important que le président des États-Unis le dit.

Ce ne sont hélas que deux exemples parmi d'autres.

Pour bouger, ça bouge. Avis de tempête.